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Une seconde sous-commission, composée de MM. Krantz, Guichard et de Lafayette, a été chargée de se mettre en relations avec le groupe forestier constitué en Algérie.

Une troisième sous-commission, composée de MM. Oudet. Frezoul, Marcel Barthe et Massé (de la Nièvre), est chargée de dépouiller les voeux des conseils généraux sur les questions forestières.

Nous enverrons sous peu de jours, à nos abonnés de l'année dernière, la table des matières et le frontispice pour l'année 1885.

FANTAISIE SUR LES PROJETS D'UN DÉPUTÉ

Lettre à Marcel Taillis.

C'était à prévoir!

Vous souvient-il, mon cher et jeune ami, de cette séance de la Chambre des députés du 6 décembre 1884? Vous bondissiez de fureur en voyant nos députés rire à gorge déployée des injustes attaques qu'un de leurs plus spirituels collègues égrenait contre le corps forestier, et vous vous étonniez de me voir sourire.

Vous devez comprendre aujourd'hui combien j'avais raison. Quand M. Viette faisait, d'une façon si amusante, un tableau si séduisant des charmes de la vie forestière; quand il dévoilait la nature ignorée des inspecteurs généraux des forêts qui sont, comme on sait, de véritables évêques, faisant de pastorales tournées sur la lisière des bois, déjeunant copieusement, et non de châtaignes, sur l'herbe des fraîches clairières, au bord d'un ruisseau Deshouliérien, vous ne prévoyiez pas ce qui allait arriver, vous ne com

preniez pas quel but inattendu atteignait la diatribe de l'honorable député du Doubs! Moi, je le pressentais et cela me faisait sourire.

Aujourd'hui, vous le constatez.

Il ne fallait cependant pas être grand clerc, ni avoir été à l'administration centrale, pour prédire que cette place de forestier, où il y avait tant de loisirs et tant de diners épiscopaux sur l'herbe, allait être recherchée par tout le monde!... Il y a tant de gens en France qui veulent faire le bonheur de l'Etat... en faisant d'abord le leur! M. Viette, en dénonçant d'odieuses et peu démocratiques sinécures, devait réveiller ces désirs: cela n'a pas manqué.

Séduit par les charmes du paradis forestier, MM. les maires, conseillers municipaux et généraux ont fait une pétition.

Pourquoi, écrivait un maire du Jura-Maritime, ne serions-nous pas, à notre tour, chargés de la chlamyde épiscopo-forestière? Pourquoi ne nous confierait-on pas le soin de faire les tournées de MM. les inspecteurs généraux des forêts? Du moment où la tàche de ces messieurs se réduit à tenir tête à des agapes qui ne ressemblent en rien aux repas castanéens des bergers de Virgile, nous nous en acquitterons mieux que ces forestiers déjà âgés et dont l'estomac est sans doute délabré par des orgies aussi continuelles. >>

Que répondre? rien, n'est-ce pas, c'était écrasant de logique.

Aussi lit-on dans les journaux qu'un député a déposé sur le bureau de la Chambre le projet de loi dont on va lire le texte (renseignement pris, ce n'est encore qu'un ballon d'essai, rien n'a été déposé à l'heure où nous faisons crier la presse):

« Article 1er. Pour toutes les opérations forestières, autres que les actes qui concernent l'investiture et la discipline du personnel des préposés et des agents, c'est-à-dire pour les aménagements, le martelage, la délivrance des coupes, des chablis et bois de débit, l'estimation des coupes

affouagères, les ventes, etc., l'administration agira contradictoirement et à la requête de la partie la plus diligente avec une délégation du conseil municipal.

<< Article 2. En cas de désaccord, la Commission départementale du conseil général sera saisie du différend à la requête de la partie la plus diligente et jugera en dernier ressort. Toutefois, ne peut prendre part à la délibération de la Commission départementale le conseiller général représentant le canton où le conflit s'est élevé. »

Pas de commentaires, n'est-ce pas? et dire qu'il n'y a pas cent ans encore que l'on a consacré le principe de la séparation des pouvoirs!...

SAINT-SYLVAIN.

COMMERCE DES BOIS

Ecorces.

Le marché des écorces a été animé cette année: il reste peu de lots invendus, sauf dans le Loir-et-Cher, et les prix sont fermes.

En voici un succinct aperçu d'après le Bois:

Normandie 180 fr. les 104 bottes; Loir-et-Cher, Indre-etLoire 100 fr. les 1040 kilos; Indre, Doubs 95 fr. les 1040 kilos; Haute-Saône 90 fr.; Nièvre, Saône-et-Loire 85 fr.; Gâtinais, Jura 80 fr.; Yonne, Dordogne 75 fr.; Côte-d'Or, Aube, HauteMarne 60 fr.; les 1040 kilos.

Les beaux lots dépassent ces prix de 2 à 5 fr. par 1040 kilos. PAGANEL.

Le gérant 0. DOIN.

Paris.

Imprimerie G. ROUGIER et Ci, rue Cassette, 1.

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Les forêts couvraient autrefois le sol de la France. Pendant que la civilisation se substituait à la barbarie, la culture prenait la place des bois. Cette transformation, légitime au début, ne s'arrêta malheureusement pas à temps. Le flot montant du progrès agricole dépassa le niveau qu'il aurait dû garder; il reflua, mais laissa de tous côtés, en se retirant, des plages demeurées stériles: il existe entre les forces productives d'un pays, un équilibre que l'on ne rompt pas impunément. Les terrains incultes occupent, en France, une superficie évaluée à plus de sept millions d'hectares. Cette immense étendue, disséminée sur les montagnes, sur les coteaux et dans les plaines, se compose en presque totalité d'anciennes forêts inconsidérément défrichées. C'est en vain qu'on a tenté d'en rendre çà et là quelques parties à la culture on a semé du blé, il est venu des genêts. Les essais de prairies n'ont pas été plus heureux. Ainsi la régénération, par la forét, des terres improductives apparaît comme œuvre d'une utilité incontestable. Malheureusement cette opération ne rentre point dans les attributions de l'administration forestière. Bien souvent, elle s'est vue dans l'obligation de rejeter les demandes de subvention ou de prime qui lui sont adressées par des communes pour le reboisement de leurs friches situées en dehors des régions où la loi du 4 avril 1882 sur la restauration des montagnes est applicable. D'un autre côté, la direction de l'hydraulique agricole, chargée de l'exécution de la loi du 28 juillet 1860 sur la mise en valeur des terrains communaux, paraît également impuissante à venir en aide à ces mêmes communes, car la loi précitée ne

permet à l'Etat de consentir en faveur des municipalités que des avances ou prêts remboursables soit en argent, soit par l'abandon de moitié des terrains améliorés.

En dehors de l'attribution aux travaux de l'espèce de quelques récompenses honorifiques dans les concours régionaux, la direction de l'agriculture ne semble disposer d'ailleurs d'aucun moyen pour favoriser d'une manière effective le reboisement des friches communales.

Le ministre de l'agriculture ne peut donc rien pour les communes qui entreprennent ces utiles améliorations.

Cette abstention forcée de l'Etat, en présence des sacrifices que s'imposent les communes pour la mise en valeur d'une partie du sol national jusque-là improductive, doit être considérée comme le résultat d'une lacune regrettable de notre législation. Le reboisement des friches communales présente un caractère d'utilité publique suffisant pour justifier le concours de l'Etat alors qu'il s'agit pour les intéressés d'engager des dépenses dont la génération suivante sera seule appelée à recueillir le bénéfice. Cette mise en valeur, si désirable au point de vue de la fortune publique, n'intéresse en rien la sécurité nationale. Le sol ne produit rien, mais il ne se dégrade pas comme celui de certaines montagnes dénudées. Personne n'ignore, en effet, que quand les montagnes sont dénudées, les eaux de pluie ou de la fonte des neiges se précipitent avec une rapidité incroyable entraînant dans leur course, pâturages, terre végétale, détritus minéraux; elles creusent et remplissent les ravins, gonflent subitement les torrents qui déversent en quelques instants dans les rivières ou dans les fleuves des masses d'eau trop considérables pour que les voies d'écoulement les plus larges puissent les débiter dans un temps égal; de là ces catastrophes qui détruisent tant de richesses, compromettent tant d'existences et produisent des misères que les sacrifices du budget, joints aux largesses de la bienfaisance, ne parviennent point à soulager complètement. Cette action destructive des agents atmosphériques ne s'exerce que sur les

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