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des satellites; et l'on trompe royalement sa garde pour sortir de nuit et sans suite!

Jamais son intention n'a été de sortir du royaume. Etqui nous en garantira? La bonne foi de Louis XVI? On rit de pitié. Si ton intention n'eût pas été de sortir du royaume, de te mettre à la tête des conspirateurs, si tu n'eusses point appelé à ton secours tous les tyrans, toute cette race croisée de l'homme et du tigre, pourquoi des légions d'esclaves seroient-elles sur pied dans tous les états voisins? Pourquoi la Prusse, l'Autriche, la Sardaigne, l'Espagne, l'Angleterre, la Suède seroientelles en armes ? Pourquoi Monsieur, ce frère hypocrite, t'a t-il devancé à Mons, à Bruxelles? Tu n'a eu aucun concert sur cet objet ni avec tes pa. rens, ni avec les puissances étrangères; tu le prouves en disant que des logemens étoient préparés à Montmédi pour recevoir ta famille. Il faut donc encore une fois te croire sur parole? Va, le myse tère est découvert; nous savons aussi bien que toi que ta première retraite étoit à Orval, province du Luxembourg. Toi qui n'étois pas assez comiñodément logé dans le palais des Tuileries, tu tẻ faisois préparer des logemens propres et commodes dans une petite ville, dans une bicoque, qui, toute entière, est moins vaste que ce que l'assemblée nationale avoit destiné à ton usage. dans la seule vil'e de Paris. Louis! tu en as dit plus qu'il ne falloit en parlant de logement dans la ville de Montméli. Montmédi est une place de guerre, et c'est une place de guerre que le roi d'un peuple libre choisissoit pour sa demeure! Nous reviendrons sur cet article.

Tu l'avois choisie pour y étre en sureté: Et contre qui? contre l'armée des contre-révolutionnai, res ? Elle en est à deux pas. Tu croyois être mieux défendu dans une ville de 4 à 5 mille ames que dans la ville la plus peuplée de l'Europe. Parjure! tu n'as eu, tu n'as pu avoir d'autre intention que de nous faire la guerre, de t'envelopper de nos

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ennemis, de figurer à la tête de la ligue, et de te mettre en sureté contre des hommes libres, que, dans ton mémoire, tu oses appeler tes sujets, Eire au coeur de la France, avoir le sénat pour égide, pour garde une armée de 30 mille hommes, et aller se metie en sureté dans une très-petite ville frontière ! Cette réponse est de toi, nul homme qui a de la raison ne peut te l'avoir dictée. Que nous parles-tu d'étre à portée de l'opposer à toute espèce d'invasion, de te porter toi même où tu aurois pu croire qu'il y cut eu du danger? La constitution, Louis! la constitution; tu t'en étois déclaré le chef, et elle te défendoit de commander en personne! Les rois ne sont pas des guerriers ;. les Français avoient essayé d'en faire des hommes.

Enfin tu avois choisi Montmédi comme le premier point de ta retraite, jusqu'à ce que tu eusses trouvé à propos de te rendre dans telle autre partie du royaume qui t'eût paru convenable. -COMME LE PREMIER POINT DE TA RETRAITE : tu t'es donc retiré tu as ful? Nous en prenons acte au nom de la nation, ainsi que de la reconnoissance de ton mémoire: tu croyois donc que tout te fût encore permis? Tu parles de te rendre dans telle autre partie du royaume qui t'eût paru convenable, comme si tu eusses été libre de choisir le lieu de ta demeure. Les charges de roi sont des charges à résidence; on les abdique de fait quand on ne veut pas résidor.

Un de tes principaux motifs, en quittant Paris, étoit de faire tomber l'argument qu'on tiroit de ta non-liberté. Et tu fuyois de nuit comme un captif qui rompt sa chaine, comme un voleur qui s'échappe de prison! Toi, Louis! toi qui dis dans ton mémoire que tu n'as pas été libre; toi qui protestes contre tous les actes émanés pendant ta captivité; tu as fui pour prouver que tu étois libre, pour faire tomber l'argument de ta non-liberté, pour fermer la bouche aux ennemis de la constitution, de cette constitution que tu renies,

que tu critiques, et contre laquelle tu protestes! Mais il falloit donc désavouer ta proclamation! Que peux-tu répondre, quand, à chaque ligne, on t'oppose à toi-même ?

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Si tu avois eu l'intention de sortir du royaume, tu n'aurois pas publié ton mémoire le jour méme de ton départ. Dis plutôt que tu ne l'aurois pas publié du tout, si ton intention eût été de rester en France! Quand on veut rester dans un pays, on n'y appelle pas la sédition; et ta protestation est bien l'écrit le plus incendiaire, l'acte le plus criminel qui soit sorti de la p'ume d'un scélérat!

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Tu conservois toujours le dessein de retourner à Paris. Oui, tyran, tu conservois le dessein de venir nous y asservir, de venir t'y baigner dans notre sang, d'y venir rétablir ton trône de fer sur nos cadavres fumans, sur les débris de notre sainte constitution! Nous n'oublierons pas la dernière phrase de ton mémoire; nous n'en perdrons le Souvenir qu'avec celui de ta tyrannie.

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Français, disois tu, et vous sur - tout Pari» siens, vous habitans d'une ville, que les ancêtres » de sa majesté se plaisoient à appeler la bone » ville de Paris, méfiez-vous des suggestions et des » mensonges de vos faux amis; revenez à votre » roi, il sera toujours votre père, votre meilleur » ami; quel plaisir n'aura t il pas à oublier toutes »ses injures personnelles, et de se revoir au mi» lieu de vous, lorsqu'une constitution, qu'il aura acceptée librement, fera que notre sainte religion sera respectée, que le gouvernement sera » établi sur un pied stable, et que, par son action, » les biens et l'état de chacun ne seront plus trou» blés; que les loix ne seront plus enfreintes impunément, et qu'enfin la liberté sera posée sur » des bases fermies et inébranlables »>!

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Si tu n'avois que 13,000 liv. en or, et 560,000 liv. en assignats, malgré que cela fasse la fortune de rente honnêtes citoyens, nous convenons que cest peu pour un roi; mais les millions qui t'a

voient précédé, mais tout l'or de la France que tu avois engloui, mais les lingots que tu as fait fondre, mais ces 800 marcs d'argent qu'on vient encore d'arrêter, mais le mystère ténébreux de tout ce qui se pratique à la monnoie de Paris, où tous les jours on frappe des écus pour 40.000 livres, et d'où l'on ne voit pas même sortir de la monnoie de billon ?

Tu n'as prévenu Monsieur de ton départ que peu de temps auparavant. Il n'a passé en pays étranger, que parce qu'il étoit convenu entre toi et lui que vous ne suivriez pas la méme route; et il devoit revenir en France auprès de toi. Sans doute que tu n'avois rien dit à ton frère, non plus qu'à ce Bouillé, qui avoit reçu du ciel l'ordre de protéger ta fuite? Et parce qu'il étoit convenu entre ton frère et toi que vous ne suivriez pas la même route, il a dù, lui, passer en pays étranger, à Bruxelles, et de là venir te joindre à Montmédi; c'est-à-dire que pour ne pas suivre la méme route, pour te joindre à 70 lieues, il auroit décrit un cercle de plus de 170 lieues; dis plutôt que ce cher et tendre frère alloit au gouvernement de Bruxelles consulter Merci, l'infâme visir du tyran des Belges, pour aller à Worms ou à Luxembourg te reporter les dernières résolutions de l'exécrable frère de ta femme!

Tu veux aussi disculper ces trois gardes-du-corps que tu as fait déguiser en courriers. Misérable! songe plutôt à te sauver qu'à sauver les autres; ils ne sont plus en ton pouvoir.

Tu n'as pris un passe-port sur l'étranger que parce qu'au bureau des affaires étrangères on n'en délivre pas pour l'intérieur du royaume. Mais la municipalité en délivroit pour l'intérieur; tu n'as donc pu parvenir à la mettre du complot, cette municipalité; il a fallu que tu aies recours à tes ministres, à ton infàme Montmorin, et encore ce traitre n'a pas voulu te trouver coupable. Cidevant roi des Français! comment as-tu osé par

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ler de ce passe-port? Ta majesté y étoit désignée sous le nom d'un valet de chambre, du valet de chambre d'une femme, et de quelle femme, grand Dieu! De la tienne. Tu as beau dire que ton intention n'étoit pas de sortir de la France; si tu n'eusses voulu te retirer que dans l'intérieur, la municipalité eût pu délivrer des passe-ports à cet effet, en se servant du stratagême imaginé par Montmorin, et le passe-port que tu avois pour te rendre à Francfort sera toujours une pièce de conviction contre toi.

Tu n'as jamais fait aucune protestation que le memoire que tu as fait à ton départ. On le croit aisément. Sais tu qu'un frêle individu ne proteste pas deux fois contre une grande nation ?

Ta protestation ne porte pas méme, ainsi que ton mémoire, sur le fond de la constitution, mais sur la forme des sanctions. Qu'entends-tu par-là? Explique-toi, parle. Ta protestation et ton mẻmoire ne font qu'un; c'est la même main qui a tracé en entier celibelle, et rien ne peut soustraire son auteur à la rigueur des loix. Ton mémoire porte bien sur le fond; mais ta protestation nơ porte que sur la forme? Pouvois-tu protester contre le fond des décrets, toi qui comptes les décrets pour zéro, tant et si long temps que ta royale main ne les a point approuvés ? On ne proteste pas contre des actes matériellement nuls, on les argue de nullité; mais les décrets, qui déplaisoient fant à ta maje té, étoient matériellement bons et valables; et comme tu y avois eu quelque part, tu as protesté de n'avoir rien fait que comme contraint. Il résulte de ta distinction que tu as fait deux crimes séparés; le premier, c'est ta protestation qui seule te fera déchoir de la couronne, en dépit du sénat; le second, c'est ta diatribe insultante,' qui ne nous laisse plus le moindre doute que le res taurateur de la liberté ne soit l'ennemi le plus dangereux de la liberté. Tu ajoutes, dans le même article de ta réponse, que les décrets de l'ayant

pas

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