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Récompense décernée par l'Institut de France.

Dans sa séance du 28 décembre 1913, l'Académie des sciences morales et politiques a décerné, sur les arrérages du Grand prix Audiffred, un prix de 1.500 francs à l'ensemble des « Etudes d'Economie et de Sociologie dans les hautes montagnes françaises » de M. l'Inspecteur des Eaux et Forêts Fabre, vice-président de l'Académie des Sciences, Arts et Belles-Lettres de Dijon.

Retour à la Terre et à la Forêt.

Le retour à la terre! que d'encre il a fait couler, ce retour à la terre, qui, malgré la guerre, malgré les bénéfices réalisés par la culture, apparaît toujours de plus en plus éloigné. Economistes, savants, polémistes, hommes politiques, l'ont tour à tour encensé et prôné, sans le moindre succès d'ailleurs. Pourquoi? Parce que l'homme est de plus en plus avide des plaisirs capiteux de la ville, et de plus en plus contempteur de la paix tranquille des campagnes. Le campagnard veut avoir sa part de toutes les jouissances terrestres, depuis le bar jusqu'aux cinémas, depuis le cirque jusqu'aux théâtres, depuis la course de bicyclettes jusqu'aux hippodromes. Il veut non seulement voir, mais se faire voir. La ville est l'aimant qui l'attire irrésistiblement. Donnez à l'homme de la campagne les moyens de se rendre facilement, rapidement, économiquement à la ville, et du même coup, vous aurez résolu le problème du retour à la terre. Au risque de paraître dément, je voudrais montrer que seul l'usage de l'automobile peut rendre la vie à nos campagnes désertes. C'est, en effet, à l'automobile que l'Amérique doit la culture de son immense territoire. Là-bas, il n'est guère de propriétaire terrien qui ne possède son auto. C'est cette dernière qui le rattache au monde citadin, elle encore qui lui permet de traiter rapidement ses affaires, elle toujours qui lui donne les moyens de se procurer promptement les pièces de rechange nécessaires à ses outils et à ses machines agricoles.

Mais, pour arriver à ce résultat, il fallait mettre l'automobilisme à la portée des bourses les plus modestes. Voici comment ce résultat a été obtenu :

Les automobiles fabriquées en série, par la maison Ford par exemple, sont vendues neuves, en Amérique, au prix de 2.000 fr. environ. Au bout d'un an, elles sont échangées par les premiers possesseurs contre de nouvelles machines et revendues à des prix qui varient entre 1.000

(58. ANNÉE).

1er FEVRIER 1919.

XVII.

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et 1.200 fr. Au bout de 2 à 3 ans, ces voitures qui avaient fait jusqu'alors un service de ville ou de tourisme, sont remises complètement en état dans des usines spéciales, ce qui ne coûte guère plus de 150 à 200 fr., puis elles sont enfin rétrocédées aux fermiers de l'Intérieur, moyennant 700 à 800 fr. Tel est le cycle d'une voiture Ford en Amérique. Ce cycle comporte une part sérieuse d'enseignement pour notre service. Quelle source énorme d'économie pour l'Etat, le jour, en effet, où ses fonctionnaires pourront se transporter rapidement sur les différents points de leur territoire! Quel énorme gain de temps ne s'ensuivrait-il pas ! Et ne pourrait-on pas alors dédoubler les postes? L'un de mes étonnements en terre australienne n'a-t-il pas été de voir le brave Brigadier Fergusson venir rejoindre en automobile son Conservateur, mon excellent ami M. Lane Pool, à Jarradale!

Pourquoi donc ce qui est possible en Amérique et en Australie, ne l'est-il pas en France? Pourquoi considérer comme un luxe le transport en automobile qui devient une nécessité de l'heure, en ces temps où il va falloir décupler la production? Et l'étatisme, si fort à la mode aujourd'hui, ne se traduira-t-il pas autrement quc par une restriction de la liberté dans un pays qui a combattu pour le Droit et pour la Liberté. Sans doute, il n'y a pas que la question des machines à résoudre. Le problème de l'essence à bon marché se pose également. Je me suis laissé dire qu'il existe, proche de la mer Rouge, en Arabie, des gisements considérables de pétrole inexploités. La France songe-t-elle à faire valoir quelques droits sur eux? Il serait temps d'y penser.

A. M.

Les fauves aux Etats-Unis.

D'après les statistiques que publie le service forestier des Etats-Unis, le loup dit de forêt (timber wolf) est l'animal le plus nuisible de l'Amérique du Nord.

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Les ravages que ces grands fauves font dans les troupeaux sont évalués à 3000 francs par an et par tête de loup, soit 15000 francs par mille de loup. Le Forest-Service s'efforce de détruire ces ennemis de l'agriculture, mais leur intelligence leur permet d'éventer les pièges et de reconnaître les appâts empoisonnés. Durant l'année 1914, les forestiers n'ont pu tuer que 64 loups adultes et 97 louveteaux. Les autres fauves abattus pendant la même année sont énumérés comme suit: 306 ours, 3541 coyotes (loup de petite taille), 133 cougouars, 62 lynx, 583 félins sauvages.

Chaussures à semelles de bois.

La fabrication des succédanés de cuir pour semelles prend chaque jour plus d'extension en Allemagne et est devenue une industrie très importante.

Il y a actuellement, en Allemagne, 25 grandes firmes fabricant des succédanés pour semelles et leur capacité productrice est évaluée à 100 millions de paires de semelles par an.

Le succédané principal est le bois, surtout le bois de hêtre, mais tout bois dur, à l'exception du chêne, convient à cette fabrication.

(L'Echo Forestier.)

Réponses aux questions écrites des membres du Parlement.

M. Hubert-Rouger, député, demande à M. le ministre de l'agriculture et du ravitaillement s'il ne croit pas le moment venu, comme cela a été fait en 1917, pour l'indemnité de chauffage, de relever l'indemnité de logement allouée aux préposés sédentaires des Eaux et Forêts et fixée à 150 fr. par an; ajoute que cette indemnité qui était déjà jugée insuffisante, par la circulaire n° 409 du 20 mai 1889, est absolument dérisoire aujourd'hui pour loger un ménage en ville. (Question du 18 septembre 1918.)

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Réponse. D'accord avec l'union amicale des préposés sédentaires, l'administration des Eaux et Forêts a substitué à son projet primitif de relèvement de l'indemnité de logement de 150 fr. par an allouée à cette catégorie de personnel, un projet d'augmentation des traitements dont le montants actuel, variable de 1,300 à 1,700 fr suivant la classe, sera porté de 1,500 à 2,700 fr, Une demande de crédit supplémentaire aux dépenses des services civils de l'exercice 1918 a été déposée par le Gouvernement en vue de réaliser dès maintenant ce relèvement des traitements des préposés sédentaires. Cette demande a été adoptée par la commission du budget de la Chambre des députés.

M. Paul Bluysen, député, demande à M. le ministre de l'agriculture et du ravitaillement si, afin d'accroître l'alimention en poisson d'eau douce, il ne croît pas utile d'obtenir des autorités militaires la mise en sursis d'hommes de la R. A. T. qui sont fermiers de cantonnements de pêche fluviale et qui les exploitaient eux-mêmes (Question du 26 septembre 1918.)

Réponse. Le ministre de l'agriculture étant intervenu récemment

pour obtenir la mise en sursis d'exploitants d'étangs, M. le ministre de la guerre lui a fait connaître que, dans la situation actuelle des effectifs, il était indispensable de ne pas étendre sans nécessité absolue les catégories de sursitaires. Dans ces conditions, et tout en reconnaissant l'intérêt que présente le développement des pêches de poisson d'eau douce pour l'alimentation publique, le ministre de l'agriculture ne peut qu'ajourner de nouvelles démarches en faveur de la pêche jusqu'au moment où les circonstances seront devenues plus favorables. En attendant, les fermiers du droit de pêche dans les cours d'eau du domaine public peuvent, ainsi qu'ils y sont autorisés par leur bail, remettre tout ou partie de leur exploitation à des pêcheurs recrutés dans la population civile.

Nécrologie.

M. Casalis, Inspecteur des Eaux et Forêts au Quesnoy, est décédé le 18 octobre 1918, des suites de la grippe, à Rambouillet, où il remplaçait, par intérim, l'Inspecteur mobilisé:

Ses obsèques ont été célébrées à Rambouillet, le 21 octobre. L'Administration était représentée par MM. Géneau, Duplaquet, Conservateurs, Coutttolenc, Volmerange, Granger, Jagerschmidt, André; tous les préposés de l'Inspection de Rambouillet s'étaient joints au cortège. M. Gėneau a prononcé sur la tombe les paroles émouvantes que nous reproduisons :

Mesdames, Messieurs,

C'est avec un profond déchirement que je viens adresser un dernier adieu à un ami très cher, à un camarade d'école retrouvé après bien des années, qu'une mort impitoyable vient de ravir à notre affection. Il y a quelques jours à peine, nous le voyions plein d'énergie, de gaieté et d'espérance; il est tombé brusquement, laissant sa tâche interrompue, et ce coup terrible nous accable de douleur.

Sorti de l'Ecole de Nancy en 1881, Paul Casalis avait fait ses débuts à Châtillon-de-Michailles, dans le département de l'Ain. Son stage terminé, il fut envoyé dans la Meuse à Etain, puis il dirigea pendant trois années le Cantonnement de Tarbes. En 1891, il obtenait de revenir dans la petite patrie qui n'avait jamais cessé de l'attirer et qu'il ne devait plus quitter jusqu'aux jours sombres de l'invasion. Inspecteur adjoint à Valenciennes, puis inspecteur au Quesnoy, il administra pendant vingt-cinq ans, avec une maîtrise incomparable, ces magnifiques forêts du Nord dont il se plaisait à évoquer la splendeur et où il avait laissé le meilleur de lui même.

Lorsqu'au début de 1915, il vint chercher un refuge dans ce coin hospitalier de l'Ile-de-France, il y porta ses belles qualités d'organisation, d'activité joyeuse et de droiture qui partout lui assurèrent l'estime et la sympathie universelles.

Ce réfugié avait le cœur ferme et haut placé. Dans la résidence de fortune où l'avaient jeté les vicissitudes de la guerre, il ne connut jamais le découra. gement; tout entier à ses fonctions, il travaillait sans relâche pour le bien du pays, sans s'inquiéter de savoir si son exil durerait des mois ou des années, conservant et communiquant autour de lui une foi inébranlable dans la victoire.

C'est qu'il avait la première des vertus du forestier : la patience. Aussi bien, Casalis était-il un forestier comme on n'en rencontre guère. Il ne démentait pas sa réputation depuis longtemps établie et tous ceux qui l'ont approché l'ont tenu pour un maître. Il possédait un sens merveilleux de la forêt; elle lui était familière et docile, car il avait pour elle cet amour éclairé qu'elle exige des hommes pour répondre à leur appel et développer, dans toute leur plénitude, sa vigueur et sa beauté. Les quatre années qu'il a vécues à Rambouillet marqueront son passage d'une empreinte ineffaçable; pendant des générations, les chênes de la forêt rendront témoignage de la sollicitude et des talents de l'Inspecteur Casalis.

Son souvenir demeurera aussi au cœur des hommes, car il fut juste et bon envers tous. Ses collaborateurs ne s'y trompaient pas; quand ils le voyaient, malgré ses épreuves, toujours vaillant et de belle humeur,payant de sa personne, encourageant les bonnes volontés, réconfortant les souffrances, faisant en toutes choses plus que son devoir, ils reconnaissaient en lui le Chef digne de les commander et qu'il est bon de suivre.

Il est mort sans avoir revu ses chères forêts du Quesnoy et sa ville natale de Saint-Quentin dont la délivrance l'avait rempli d'allégresse. Mais si Dieu lui a refusé cette consolation, croyons que c'est pour lui donner la récompense promise à ceux qui ont toujours marché dans les voies de la justice.

Puisse cette certitude alléger l'immense douleur de l'admirable compagne de sa vie, de ses filles en qui refleurit la bonté paternelle, de son fils dont la modestie et les succès étaient si doux à son cœur.

Adieu, cher Ami, adieu !

M. Guerlesquin (François-Louis-Marie), Inspecteur-Adjoint des Eaux et Forêts à Morlaix, chevalier de la Légion d'honneur, est décédé le 18 octobre 1918 dans cette ville, après quatre mois d'une douloureuse maladie, dont il avait ressenti les premières atteintes à Vesoul, étant en fonctions au Service Forestier du Groupe des Armées de l'Est, après avoir servi pendant près de quatre ans au 86e territorial, comme capitaine, puis comme chef de bataillon.

Admis le 15 octobre 1894 à l'Ecole Secondaire des Barres, M. Guerlesquin avait été nommé en 1896 Garde Général stagiaire à Vigneulles (Meuse), puis Garde Général, sur place, le 3 août 1898 et s'y était marié quelques mois après.

Appelé en Mai 1899 au cantonnement de Forcalquier, il était promu

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