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cialement désignés. Les pièces de viande de bœuf ou de porc devront être présentées avec le poumon adhérent. Les viandes reconnues dangereuses ou suspectes seront immédiatement détruites, etc, etc. C'est, assure-t-on, une mesure de représailles dirigée contre l'Angleterre, qui refuse de recevoir nos viandes fraîches, sous prétexte d'épizootie. Mais parce que le gouvernement anglais vexe ses consommateurs en les privant de nos viandes, est-ce une raison suffisante de vexer les nôtres en les privant de viandes britanniques? Est-il nécessaire d'ajouter qu'au sens des protectionnistes, qui inspirent ces pratiques empruntées au droit japonais, les viandes malsaines, ce sont les viandes à bon marché?

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Un autre décret établit un droit de 5 0/0 ad valorem sur les marchandises exportées des territoires du Gabon et du Congo français. N'est-ce pas une prime d'encouragement allouée aux exportations des territoires anglais, portugais et autres?

L'Union syndicale belge a émis un vœu en faveur de la création d'une Bourse du travail destinée à servir d'intermédiaire entre l'offre et la demande de travail.

1o En les mettant en rapport permanent dans un lieu déterminé et en facilitant le placement et l'embauchage immédiats des ouvriers, domestiques et employés, de l'un et de l'autre sexe, sans frais d'aucune sorte, ou aux moindres frais et avec le plus de sincérité et de promptitude possible;

2o En organisant pour chaque corporation, et en général pour l'ensemble de la population industrielle, un système d'informations exactes sur l'état du marché du travail en Belgique et autant que possible à l'étranger; en renseignant les ouvriers de l'agglomération sur le rapport de l'offre et de la demande du travail dans les principaux sièges industriels et spécialement en signalant les points où le travail est demandé.

Mais, au lieu de se borner à demander la création d'une Bourse du travail, l'Union syndicale ne ferait-elle pas mieux de la créer? On disait autre fois; Aide-toi, le ciel t'aidera; on préfère dire aujourd'hui; Aide-moi! C'est plus commode, mais est-ce plus digne et plus sûr?

Le protectionnisme coule décidément à pleins bords. Voici maintenant que les Allemands se protègent contre l'invasion des fautes d'orthographe. Nous lisons dans la Revue des banques, que dirige notre savant collaborateur M. Fournier de Flaix :

<< Le bruit a couru que des mesures étaient prises en Allemagne contre les valeurs françaises. Voilà ce qu'il ya de vrai: le payement de certaines traites a été refusé parce qu'elles étaient libellées en marks ou en marck, orthographe vicieuse. Il est rappelé, en conséquence, aux chambres de commerce et aux établissements financiers de tout ordre que, conformément aux mesures arrêtées après la guerre de 1870-71, les banques allemandes, par ordre supérieur, refusent toutes les traites françaises qui portent le mot « mark » avec un S, encore bien que ce mot soit employé au pluriel ».

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Le Reichstag a adopté à une majorité de plus de cent voix le projet de loi qui porte à 5 marks les droits sur les froments et les seigles.De plus, il a décidé que cette votée loi le 15 décembre serait appliquée à dater du 26 novembre, sauf pour les céréales importées en vertu de marchés conclus avant cette date. [On voit que les « monopoleurs furieux » dont parlait Adam Smith il y a un siècle sont aujourd'hui les maîtres incontestés de l'Allemagne. Quelques voix courageuses continuent cependant de protester contre leur domination. Dans la discussion du traité austro-allemand, M. Bamberger, par exemple, a qualifié le protectionnisme de politique commerciale du nihilisme.

« Une politique commerciale, a-t-il dit, qui nie que le libre-échange des produits soit le meilleur moyen de servir les intérêts de tous, ne saurait se maintenir longtemps. Si nous donnons le mauvais exemple en prenant des mesures restrictives, si nous frappons de droits incroyables les objets de consommation les plus indispensables, il ne faut pas nous étonner que la Russie, qui n'est pas un pays aussi civilisé que l'Allemagne, suive notre exemple, et que l'Autriche nous imite également.

L'orateur a terminé en disant : « Il est impossible de citer un cas où les droits imposés par nous auraient eu pour effet de forcer nos voisins à nous faire des concessions. Nous n'avons obtenu qu'une chose. c'est que nos voisins nous ont imités. Lors des dernières discussions qui ont eu lieu en Autriche à ce sujet, nous avons pu et dû constater ceci : toutes les fois que l'on proposait de surélever un droit, on en appelait

pour justifier cette surélévation à l'exemple donné par l'Allemagne. La politique qui repose sur les droits protecteurs est une politique d'écervelés et de désespérés qui n'ont ni idées ni principes; c'est la politique commerciale du nihilisme. >>

Au point de vue de l'intérêt particulier de l'industrie française, nous n'avons pas à nous affliger, toutefois, des progrès du protectionnisme en Allemagne. Plus les Allemands renchériront les denrées qui servent à nourrir leurs ouvriers et les matériaux bruts ou fabriqués, à divers degrés, qui alimentent leur industrie, moins nous avons à craindre leur concurrence sur les marchés du dehors; car on ne peut protéger le marché intérieur qu'aux dépens du marché extérieur, et tout droit protecteur a pour effet naturel et inévitable de diminuer ce qu'on pourrait appeler « la puissance d'exporta

tion D.

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Les protectionnistes espagnols viennent de constituer une « Ligue agraire », qui se propose principalement de réclamer la dénonciation des traités de commerce, et, en attendant qu'ils viennent à expirer, l'application de surtaxes provisoires sur les articles qui n'y sont pas compris. On sait que le protectionnisme n'a été nulle part aussi florissant et aussi persistant qu'en Espagne ; on sait aussi ce qu'il a fait de l'agriculture et de l'industrie espagnoles.

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Une autre Ligue agraire vient de se constituer dans le pays de Galles, mais chose extraordinaire, celle-ci n'est point protectionniste. Elle se propose:

1° D'obtenir l'établissement d'une base équitable pour la répartition des impôts et de soutenir ceux qui sont l'objet de poursuites légales pour le non-paiement de la dime;

2o D'arriver à la séparation de l'Eglise et de l'Etat dans le pays de Galles et à l'application de sa dotation à des objets nationaux;

3o La réforme des lois relatives à la propriété foncière, aux redevances prélevées sur le charbon et le minerai, et des lois sur la chasse, ainsi que de celles qui intéressent la principauté en général;

4o L'élection au Parlement de représentants au courant des besoins des fermiers et des classes ouvrières, et le payement desdits représentants par la principauté.

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L'année 1888 a été inaugurée à Vienne par un joli « coup de Bourse » dû à une erreur de la télégraphie officielle. Voici, d'après une correspondance de l'Indépendance belge, comment l'affaire s'est passée.

M. Tisza, président du conseil hongrois, a reçu comme de coutume, le 1er janvier, une délégation de députés du parti gouvernemental et il s'est exprimé sur la situation. On avait annoncé d'avance que le discours de M. Tisza aurait un caractère rassurant, plutôt pacifique; vous jugez de l'effet produit lorsque le matin les journaux publièrent le texte officiel du discours de M. Tisza avec cette phrase: « Je déclare franchement que je suis de ceux qui croient à l'imminence de la guerre. » Aussitôt panique! Les Crédit dégringolent à 260 et le reste à l'avenant. A midi seulement le bureau de correspondance envoie aux journaux une note déclarant que le télégraphe a mal rendu la phrase alarmante du ministre hongrois, et que M. Tisza a déclaré qu'il NE CROYAIT PAS à l'imminence de la guerre. On a oublié (!!!) de télégraphier le « ne pas », et la négation du péril est devenue une affirmation dans la bouche du ministre. Je ne saurais vous dépeindre quelle indignation a soulevée cette « erreur » du bureau de correspondance qui a coûté quelques millions à la fortune publique; ce qui aggrave singulièrement la chose, c'est que la rectification a été envoyée lorsque le coup de bourse a pu se produire et alors que des éditions du soir des principales feuilles étaient sous presse et avaient déjà inséré la version alarmante.

Si le télégraphe était entre les mains d'une compagnie, les victimes de ce coup de bourse auraient un recours contre elle et pourraient la faire condamner à de gros dommages-intérêts. Mais allez donc faire condamner un gouvernement !

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L'un des précurseurs du collectivisme, M. Constantin Pecqueur, vient de mourir, complètement oublié, à Taverny-Saint-Leu. Né à Arleux (Nord), en 1801 M. Pecqueur a été, de 1848 à 1851, sous-bibliothécaire de l'Assemblée nationale, et il a rédigé, avec M. François Vidal, le Rapport de la fameuse commission du Luxembourg, organisée et présidée par M. Louis Blanc. Il a publié un grand nombre d'ouvrages, dont l'un intitulé: Des intérêts du commerce, de l'industrie, de l'agriculture et de la civilisation en général, sous l'influence des applications de la vapeur, a été couronné, en 1838, par l'Académie des sciences morales et politiques.

Que voulez-vous, dit à ce propos M. Benoit Malon dans l'Intransigeant, c'était alors le temps des Sismondi, des Rossi, des Michel Chevalier, des Droz, des Eugène Buret, des Villeneuve de Bargemont, des Adolphe Blanqui; les grandes lumières de l'économisme négatif français qui étincellent dans le Journal des Economistes et dans l'Economiste français, et à la Société déconomie politique n'avaient pas encore projeté leur éclat. On croyait encore, en 1838, qu'il convenait de s'occuper non seulement de la production des richesse, mais aussi de leur répartition.

Notre « économisme » est négatif, soit ! mais à qui la faute? Si le socialisme était moins affirmatif, le Journal des Economistes serait probablement moins négatif.

Paris, 14 janvier 1887.

G. DE M.

Bibliographie économique.

OUVRAGES ENREGISTRÉS AU DÉPOT LÉGAL EN DÉCEMBRE 1887.

AGUILLON (Louis). Législation des | mines française et étrangère. 2 vol. In-8 de XVI-450-464 p. Paris, Baudry. ANGE (baron D') [BISSON (J.).] La nouvelle république sociale, étude pratique du socialisme. In-8 de 8 p. Paris, Chaudron.

ASSIER (Alexandre). Le portefeuille des pères de famille, étude nouvelle sur la Bourse, sur les valeurs, sur les journaux financiers et sur les désastres que ces derniers ont causés depuis 1860. In-18 de 72 p. Paris, Guédon.

ASSIRELLI (Pierre). L'Agro romano et sa colonisation. In-8 de 8 p. Paris, à la Société d'économie sociale.

BAPST (Germain). Du rôle économique des joyaux dans la politique et la vie privée pendant la seconde partie du XVI siècle. In-8 de 58 p. Paris, Picard. [Extrait des « Séances et travaux de l'Académie des sciences morales ».

BARBERET (J.). Le travail en France; monographies professionnelles. T. IV. In-8 de XII-470 p. Paris, Berger-Levrault.

BARBIER. Rapport sur un projet de réforme de l'impôt des boissons, adopté par la Chambre syndicale... de la vallée de la Marne. In-8 de 14 p. Meaux, Destouches.

moderne. In-8 de 36 p. Paris, Palmé.

BERTILLON (Dr Jacques). Rapport présenté à la Commission de statistique de Paris sur les travaux de l'Institut international de statistique et sur l'organisation de la statistique en Italie. In-8 de 102 p. Paris, Impr. nationale.

BISSON (J.). V. ANGE (baron D'). BLANCARD (Théodore). Questions algériennes (actualités). In-8 de 48 p. Paris, Challamel.

BLAYAC (E.). Une colonie scolaire (vacances 1887). In-8 de 16 p. Paris,

Chaix.

BOUCHAUD-PRACEIQ (F.). Boulangerie coopérative d'Angoulême; rapport présenté à l'assemblée générale du 31 janv. 1886. In-8 de 80 p. Angoulême, Chasseignac.

BRELAY (Ernest). La coopération. III. Les sociétés de consommation. Nancy, Berger-Levrault.

BUZIN (J.). La Bourse et ses opérations; explications pratiques et détaillées de toutes les combinaisons qu'offre le marché. In-18 de 96 p. Paris, Sevin.

CALVO (Charles). Le droit international, théorique et pratique, précédé d'un exposé historique des progrès de la science du droit des gens. T. 1. In-8 de XXXIV-608 p. Paris, Guil

laumin.

BEAUNE (Henri). La démocratie et CAMPISTRON (abbé L.). Du sociale suffrage universel. In-8 de 30 p.lisme, discours au petit séminaire Paris, à la « Réforme sociale ». d'Auch (28 juillet 1887). In-8 de 14 p.

BECHAUX (A.). Le salaire à l'époque Auch, Duroux.

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