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« pleine faculté libératoire possède une valeur excédant de beau<«< coup sa valeur intrinsèque, le danger que je viens d'indiquer « existe, et je n'hésite pas à dire qu'une circulation monétaire se a composant en grande partie de pièces semblables, se trouve dans « un état anormal, en contradiction directe avec les règles les plus « connues et le plus généralement admises ».

Le moment peut donc venir où tous les États à étalon boiteux se trouveront dans la nécessité d'ôter à leurs monnaies d'argent la faculté libératoire illimitée qu'on a su leur conserver jusqu'ici, et dans ce cas là nulle hésitation ne sera plus possible; la démonétisation générale de l'argent deviendra de la plus grande urgence, et ce ne sont pas les Indes néerlandaises qui pourront suivre une route à part, en continuant à se servir de l'argent, comme on a pu le faire jusqu'ici. Elles aussi devront entrer en lice pour compléter leur réforme monétaire sur la base unique de l'or, car quelque peine qu'il puisse en coûter pour introduire l'étalon d'or dans ces contrées, on ne saurait admettre qu'à cause de cela seul il soit indispensable que l'Inde continue à se servir comme base de son système monétaire d'un métal, qui, par la dépréciation graduelle dont on a été témoin depuis 1873, vient de perdre la qualité essentielle et indispensable d'étalon de valeur.

« S'il est des phrases sonores qu'on aime à redire et qu'à la fin « tout le monde répète sans s'être bien rendu compte si elles sont « justes ou non, c'est, comme l'a remarqué M. Vrolik, l'autre déléagué des Pays-Bas à la conférence monétaire de 1881, c'est celle-ci : « que l'or doit être l'étalon des nations les plus civilisées, et l'argent « celui des nations plus ou moins incultes, que l'or est pour les « peuples occidentaux, l'argent pour ceux de l'Orient ». Pour peu qu'on soit à la hauteur des exigences de la circulation monétaire dans les pays d'outre-mer, on ne pourra que souscrire à l'observation si juste de M. Vrolik. Il va sans dire que c'est un grand avantage lorsque le système monétaire d'un pays se trouve être en rapport parfait avec les besoins particuliers de la population, et il est sans conteste qu'aux Indes néerlandaises l'argent est plus propre à servir de base à la circulation que l'or; mais ici non moins qu'ailleurs la monnaie est destinée à remplir une autre fonction encore, celle d'étalon de valeur, et l'instabilité d'un pareil étalon est bien plus à craindre que les difficultés que peut rencontrer l'introduction de l'or comme moyen d'échange parmi des populations qui jusqu'ici n'ont employé que l'argent.

1 Procès-verbaux de la Conférence monétaire internationale, avril-mai 1881; Paris, Imprimerie nationale, 1881, p. 78.

Les mêmes arguments actuellement mis en avant pour combattre l'introduction de l'or dans les possessions néerlandaises de l'Inde archipélagique ont servi autrefois pour empêcher l'abolition du régime du cuivre dont il a été question au commencement de cet article. Les conservateurs de cette époque croyaient de bonne foi que seule une circulation de cuivre pouvait être en harmonie avec les besoins restreints de la population et que toute tentative pour remplacer le cuivre par l'argent ne pourrait manquer d'échouer. Mais on sait maintenant à quoi s'en tenir sur cette question si contestée il y a quarante ans, et l'expérience acquise depuis atteste qu'on pourra surmonter d'une manière ou d'une autre les difficultés que rencontrera le complément de la réforme commencée sur la base de l'or.

En effet, ces difficultés seront insignifiantes en comparaison de celles auxquelles le monde entier devra faire face quand la démonétisation générale de l'argent forcera aussi les Indes à prendre place parmi les concurrents qui se disputeront leur part dans la production déjà si restreinte de l'or. Cette éventualité n'est pas aussi éloignée peut-être qu'on le croit, et en tout cas les Indes néerlandaises auront tôt ou tard à se procurer l'or nécessaire pour accomplir la réforme de leur système monétaire. Un retour à l'étalon unique d'argent, comportant la reprise de la frappe libre de monnaies de payement de ce métal, est d'autant plus impossible qu'il devient de jour en jour plus évident que les fortes et continuelles oscillations de hausse et de baisse auxquelles le métal blanc se trouve être sujet depuis qu'on a commencé à le proscrire presque partout en Europe lui a fait perdre pour tout de bon la stabilité relative qui est une des conditions essentielles de la monnaie, qu'il s'agisse d'un moyen d'échange ou pour les nations civilisées, ou pour les peuples encore incultes de cette partie du monde.

Sans doute, une dépréciation graduelle et continue de l'étalon monétaire n'est pas sans procurer des avantages, et de très grands avantages même, à une partie de la communauté. Comme le prouve l'exemple de l'Inde anglaise, les producteurs ont retiré pour le moment des profits énormes de la baisse de l'argent, tout comme il y en a d'autres qui ont fait fortune sous le régime du papier-monnaie en Autriche et aux États-Unis. Mais vouloir prétendre qu'une dépréciation constante de la monnaie soit un bienfait sans réserve pour un pays quelconque est une erreur tout aussi grossière que celle de soutenir que le meilleur régime monétaire pour un pays serait celui où la monnaie cesserait d'avoir une valeur intrinsèque. Étant admis qu'une dépréciation de 25, de 30 0/0 soit un bénéfice pour le pays

en général, une dépréciation s'élevant à 60, à 80, à 90 0/0 le sera à bien plus forte raison encore.

Donc, sans contester que les industries agricoles aux Indes néerlandaises, celles surtout qui travaillent pour l'exportation, ont été entravées par les mesures prises par le gouvernement pour garantir la circulation monétaire des effets de la dépréciation de l'argent, et que la position des planteurs, qui ont à lutter contre la concurrence de l'Inde anglaise, de Ceylan et de la Chine, est devenue des plus difficiles, on ne saurait nier que le gouvernement de la métropole a agi honnêtement à l'égard des colonies en fixant leur système monétaire sur la même base que celui de la mère-patrie, sur la base de l'or; car, comme l'a dit Copernic il y a plus de 350 ans dans son Traité de la monnaie (traduction L. Wolowski) : « La monnaie est « en quelque sorte une mesure commune d'estimation des valeurs; << mais cette mesure doit toujours être fixe et conforme à la règle <«< établie; autrement, il y aurait, de toute nécessité, désordre dans l'État acheteurs et vendeurs seraient à tout moment trompés, <«< comme si l'aune, le boisseau ou le poids ne conservaient point une « quotité certaine ».

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Ce serait aller contre toute évidence que de vouloir prétendre que l'or ait gardé une valeur intrinsèque fixe et invariable, depuis que la dépréciation de l'argent a commencé à se manifester; mais les variations de valeur que l'or peut avoir subies sont sans conséquence en comparaison des fluctuations de l'argent dont on a été témoin pendant les dix ou douze années qui viennent de s'écouler. La proscription de l'argent a été un grand malheur pour le monde entier; malheur dont les conséquences funestes ne se sont fait sentir que partiellement encore; mais une fois entré dans cette voie, ce n'est pas l'Asie qui à elle seule pourra empêcher l'argent de tomber à un niveau où son usage comme étalon monétaire deviendra absolument impossible tant en Europe que dans les autres parties du monde.

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Considérant qu'il est nécessaire d'introduire de nouvelles modifications dans la loi du 1er mai 1854 concernant le règlement du système monétaire des Indes néerlandaises, déjà modifiée par les lois des 20 avril 1855,

24 décembre 1857, 22 juin 1862, 26 décembre 1863, 15 septembre 1866 et 27 novembre 1873,

-

Art. 1er. L'article 1er de la loi du 1er mai 1854 est modifié ains qu'il suit :

« L'unité de compte de la législation monétaire des Indes néerlandaises est le florin, divisé en cent cents.

« Les monnaies du royaume dans les Indes néerlandaises sont les monnaies de payement d'or et d'argent, les monnaies d'appoint d'argent et de cuivre et les monnaies d'or de commerce ».

Art. 2.

-

L'article 2 de cette loi est modifié ainsi qu'il suit :

<< La monnaie de payement d'or est la pièce de dix florins, comme elle est créée par la loi du 6 juin 1875 ».

Les monnaies de payement d'argent sont les suivantes : le florin ; le ryks-daaler ou pièce de 2 1/2 florins; le demi-florin, tels qu'ils sont créés par la loi du 26 novembre 1847.

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L'article 5 de la loi du 1er mai 1854 est modifié ainsi qu'il

« Les monnaies de commerce sont : « Le ducat d'or et le double ducal, tels qu'ils sont créés par la loi du 26 novembre 1847. »

Art. 4.

L'article 12 de la loi du 1er mai 1854, modifié par la loi du 27 novembre 1873, est de nouveau modifié comme il suit :

« Les monnaies étrangères d'or et d'argent, dont le cours est fixé par ordonnance du gouverneur général, sont acceptées dans les caisses publiques désignées par ordonnance du gouverneur général ».

REVUE CRITIQUE DES PUBLICATIONS ÉCONOMIQUES EN LANGUE FRANÇAISE

SOMMAIRE: Revue des Deux-Mondes. Le socialisme d'État en Allemagne. Le Correspondant. Bilan de la politique coloniale.

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combat contre le vice. Les étrangers en France. — Nouvelle Revue. Le parti conservateur. Revue Britannique. Les colonies pénales françaises. — Bibliothèque universelle et Revue Suisse. La condition des femmes. Revue Générale. Le travail en Hollande. Association catholique. La dissolution sociale et le capitalisme. - Réforme sociale. Les nouveaux théoriciens de l'éducation. Science sociale. Les décorations. Revué socialiste. Qu'est-ce que le socialisme? Journal de la Société de statistique. La criminalité. Le Globe. Ingénieurs et agents voyers. L'instruction publique. L'imitation de l'Allemagne en France. Bulletin de la Société de géographie commerciale de Paris. Une colonie libre. Journal d'agriculture pratique. La mendicité dans les campagnes. La surproduction agricole. Journal d'hygiène. L'ensoleilL'hygiène pratique. Le droit des naufragés.

lement des habitations.

- Répertoire de médecine dosimétrique. La pléthore médicale en Amérique. Chambre de commerce du Mans Les syndicats professionnels. Rapport de M. Yves Guyot sur le projet de budget de 1888. Frédureau : Remède au déficit budgétaire. A. Navelle: De Thi-Nai au Bla. Galarce: Buenos-Ayres, sa propriété et son commerce. - Fr. Vigano : Vade mecum de la coopération. H. Cernuschi Le pair bimétallique. E. Gelin La monnaie. - F. Jarlauld: L'alcool et les bouilleurs de cru. Ch. Lacaux : Réforme de l'impôt des boissons. - L. Bertrand : Qu'est-ce que le socialisme?

Après avoir analysé les panégyriques et les mièvres poésies des Romains de la décadence, Ampère se livre aux réflexions suivantes dans son Histoire littéraire de la France: « Rien ne ressemble plus aux rhéteurs tels qu'Ausone que les lettres chinois. Ces rhéteurs étaient de véritables mandarins, se délectant comme eux, de futilités littéraires; de même aussi ces futilités étaient pour eux le chemin des emplois et des honneurs. Ainsi, à la suite de ces petits vers (les deux cousines), Ausone fut revêtu, par son élève Gratien, devenu empereur, de plusieurs dignités ; il fut fait comte et questeur; il fut successivement préfet du prétoire d'Italie puis des Gaules. Ces deux préfectures, qui comprenaient en outre, l'une l'Afrique et l'Illyrie, l'autre la Bretagne et l'Espagne, embrassaient tout l'occident. Ausone se trouva donc, dans l'espace de quelques années, avoir gou

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