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l'échange. Et comme conséquence, toute transmission subséquente amène une nouvelle fixation qui peut varier, et qui d'ordinaire varie à chacune de ces aliénations, par la seule volonté, par le seul accord des parties contractantes, et très souvent sans qu'il se soit produit aucun changement dans l'état matériel de la chose échangée.

La valeur est donc une qualité purement conventionnelle et purement intellectuelle, intellectuelle et conventionnelle dans son origine, dans son essence et dans ses applications. Elle est une pure création de la pensée humaine. Elle n'a pas d'existence dans les choses malgré les apparences et les appellations contraires. Les choses n'ont que la valeur que les hommes leur attribuent par des appréciations qui ont l'esprit humain pour auteur, et sur lesquelles d'ailleurs influent des considérations qui prennent fréquemment leur source dans des circonstances et des particularités étrangères aux choses elles-mêmes. Ainsi tel vêtement, telle pièce d'étoffe, tel objet de haut luxe, valaient 100 l'an dernier; aujourd'hui qu'ils sont démodés, ils ne valent plus que 50; dans quelque temps, ils ne vaudront plus que 25, ou moins, bien que ces objets n'aient subi aucun changement en eux-mêmes, et qu'ils soient susceptibles de rendre les mêmes services matériels; bien que ce soit seulement l'opinion que l'on se fait de ces services qui ait changé. Cet exemple prouve de la manière la plus manifeste l'importance du rôle que remplit l'esprit humain en matière de valeur, et la part considérable qu'il prend dans sa détermination.

En résumé, la valeur a été imaginée pour faciliter entre les hommes l'échange, à titre onéreux, des choses propres à satisfaire soit directement, soit indirectement leurs divers besoins. I.e but immédiat (non le but dernier), c'est l'échange; le moyen généralement usité dans les temps actuels, c'est la fixation d'une valeur, opération dans laquelle l'esprit humain fonctionnant simultanément chez les deux contractants, agissant concurremment, quoique en sens opposé, joue un rôle absolument prépondérant. Si d'ailleurs on envisage les choses d'une manière générale, et quant à une société dans laquelle règne la séparation des intérêts et la diversité des professions, il faut absolument que le but commun qui est l'échange, soit atteint; il faut que chacun des contractants obtienne ce qu'il désire, que l'un ait la chose, et l'autre, l'argent qui en forme le prix; car c'est sur ces transmissions réciproques qu'est fo ndée l'existence des modernes sociétés. Et à cet effet, on se résout, le cas échéant, à toutes sortes de concessions et même de sacrifices : tantôt c'est l'acheteur qui élève son prix au-delà de toute mesure; tantôt c'est le vendeur qui réduit le sien au-dessus de toute prévision. Les conditions habituelles de la vente et de l'achat, relativement à telle ou telle catégorie d'objets, les éléments qui président d'ordinaire à la détermi

nation de la valeur, l'utilité, la rareté, l'offre et la demande, les frais de production, tout cela descend à un rang secondaire, tout cela est transgressé, méconnu, oublié. Ce ne sont pas là en effet des lois naturelles procédant avec la précision et la rigueur de celles qui régissent le monde physique. Ce sont de simples arrangements conventionnels qu se forment à chaque contrat, selon les besoins, les intérêts et les convenances des parties intéressées. D'où il suit qu'il n'y a pas à la hausse et à la baisse de limites absolument infranchissables. Et c'est ce qui explique toutes les irrégularités et les anomalies que l'on remarque dans ces sortes de rapports. C'est là aussi ce qui donne à la valeur son caractère distinctif, ce qui en fait une notion d'une nature particulière, à laquelle nulle autre ne ressemble, à laquelle nulle autre ne peut être comparée. Ce sont ces données essentielles, jointes à quelques autres de moindre importance, qui constituent notre théorie de la valeur.

Y a-t-il quelque chose de nouveau dans cette théorie? Oui, répondronsnous l'élément nouveau que nous avons mis en lumière, c'est le rôle spécial et tout à fait exceptionnel que l'esprit humain remplit dans la formation et la fixation de la valeur, c'est le pouvoir discrétionnaire et absolument prépondérant qu'il exerce à cet égard et qui en fait l'arbitre souverain de la valeur.

Telle est, d'après nous, la véritable théorie de la valeur. Si donc, comme nous le croyons, cette théorie peut fournir, dès ce moment, l'explication de tous les faits et de tous les rapports qui ont trait à la valeur, tant dans l'ordre spéculatif que dans l'ordre pratique; si elle éclaire d'une pleine lumière ce qui était resté plus ou moins obscur; si enfin elle concilie d'une manière satisfaisante ce qui paraissait contradictoire, nous aurons rencontré la solution complète et définitive du problème qui fait l'objet de la présente étude.

DABOS.

UN TABLEAU A PEINDRE

Mon cher collègue, connaîtriez-vous un dessinateur intelligent capable de traduire, en quelques coups de crayon expressifs, l'état économique du monde, tel que sont en train de le réaliser les progrès de jour en jour plus accusés de la logique protectionniste? Si vous aviez sous la main cet oiseau rare, voici, sauf les accessoires dont son imagination pourrait l'orner, la double scène que je lui demanderais de m'aider à placer sous les yeux de nos concitoyens.

Au milieu du tableau,un poteau indicateur portant, d'un côté ces mots : Route du pays d'abondance et de l'autre : Route du pays de misère. Dans 4a SÉRIE, T. XLI.

15 mars 1888.

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la première direction, un homme modestement mais convenablement vêtu en bon point, faisant, d'un air de satisfaction, son choix parmi des marchandises de toutes provenances, blés de l'Inde ou de la Californie, jambons d'Amérique et bœuf d'Australie, sucres de France et d'Allemagne à 30 cent., huiles végétales et minérales de la côte d'Afrique ou du Caucase, bois de Norvège ou du Brésil, suifs, chanvres et lins de Russie, etc., etc., chaque article surmonté des mots Without duty (exempts de droits). Et, derrière notre homme, un autre personnage, à la mine piteuse et aux vêtements râpés, Monsieur le monopole, lisant au-dessus de sa tête: No protection here, et tournant avec rage le dos à ce maudit pays où il n'y a plus rien à faire pour se diriger vers la terre promise du pays de la protection.

Dans celui-ci, c'est-à-dire du côté opposé du poteau séparateur, un pauvre diable d'ouvrier, à peine couvert de quelques haillons, les joues creuses et le ventre plat comme la bourse, l'œil tendu avec la rage du désespoir vers un étalage analogue: pains, viandes, jambons, vêtements, houille, outils, sucres côtés 1 fr., huiles et graines oléagineuses, etc., etc., le tout surmonté, à l'inverse,de ces mots : Marchés réservés, protection du travail national. Et, derrière ce pauvre diable comme derrière le premier, Monsieur le monopole, remplumé cette fois, souriant, fleuri et rebondi, tendant la main au malheureux et lui disant, la bouche en cœur : « Pour la protection, s'il vous plaît! »

Ne pensez-vous pas que ce petit tableau aurait au moins le mérite de l'exactitude et qu'il vaudrait bien peut-être, pour l'instruction et l'édification de nos concitoyens, les illustrations de tous genres qu'on leur met sous les yeux et les déclamations de tout ordre qu'on leur crie aux oreilles?

Peut-être, après cela me direz-vous qu'il y aurait quelque chose de plus simple encore et de non moins significatif : ce serait de représenter, étendu par terre à côté de la nourriture qu'il n'a pu atteindre et des outils qui se sont échappés de sa main, le cadavre d'un artisan que la vie vient d'abandonner et, au-dessous : Protégé à mort !

Si vous croyez, mon cher collègue, que ces quelques indications puissent avoir quelque utilité, je vous les livre; je ne réclame pas de brevet d'invention; vous me diriez avec trop de raison, que je n'y ai pas de droit. Mais je demanderai un exemplaire du dessin pour en faire hommage, le jour où, suivant sa promesse, il aura fait voter un droit de 10 fr. sur le pain, au président du groupe agricole de la Chambre des Députés. Agréez, etc.

FRÉDÉRIC PASSY.

BULLETIN

2 février.

Rouen.

5 février.

PUBLICATIONS DU « JOURNAL OFFICIEL ».

(Février 1888.)

Décret modifiant les droits de courtage maritime à Tableau y annexé (page 437).

· Loi portant approbation du traité d'amitié, de commerce et de navigation signé à Mexico le 27 novembre 1886, entre la France et les États-Unis du Mexique (page 481).

-

· Décret relatif aux conditions d'obtention des secours de l'État pour les écoles primaires facultatives (page 481).

nommant un membre de la commission consultative de contrôle et de finances de l'Exposition de 1889 (page 483).

6 février. Rapport adressé au Président de la République par le ministre de l'instruction publique, des cultes et des beaux-arts sur les opérations faites en vertu de la loi du 20 juin 1885, en ce qui concerne les établissements d'enseignement primaire (page 497).

Application de la loi du 14 août 1885 sur la surveillance des étalons (page 514).

7 février.

Loi concernant la répression des fraudes dans le commerce des engrais (page 517).

Note relative à la publicité à donner aux travaux du comité d'hygiène publique de France (page 519).

8 février. Décret relatif au retrait d'autorisation de la Caisse d'épargne de Seyssel [Ain] (page 535).

10 février. - Loi autorisant le département de l'Allier à contracter un emprunt pour la création d'une école pratique d'agriculture (page 565). Circulaire adressée par le ministre de l'instruction publique, des cultes et des beaux-arts aux préfets, au sujet des Écoles publiques facultatives (page 568).

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11 février. Réglement pour l'emploi de la photographie à l'Exposition universelle de 1889 (page 582).

12 février.

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Rapport adressé au Président de la République par le ministre du commerce et de l'industrie, relatif à l'état des travaux et au

compte détaillé des dépenses autorisées et liquidées au 31 décembre 1887 pour l'Exposition universelle de 1889 (page 597).

13 février. Rapport présenté par le ministre de l'instruction publique, des cultes et des beaux-arts au Président de la République sur les opérations de la caisse des lycées, collèges et écoles primaires pendant l'année 1887 (page 621).

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Relevé des ouvertures et concessions de chemins de fer français et algériens en 1887 (page 625).

14 février. Loi ayant pour objet d'autoriser la vente aux enchères publiques d'une portion des biens provenant de l'ancien majorat du comte Defermon (page 633).

- Rapport adressé au Président de la République par la commission de contrôle de la circulation monétaire (page 633).

Décret approuvant une délibération du conseil général des établissements français de l'Océanie, qui détermine les articles d'importation exonérés du droit d'octroi de mer (page 637).

15 février. Rapport adressé au Président de la République par le ministre de la marine et des colonies, et Décret portant annulation d'une délibération du conseil général de la Guyane, du 25 novembre 1887 (page 653).

adressé au Président de la République par le ministre de la marine et des colonies, et Décret établissant des droits de douane à Mayotte (page 654).

16 février.

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Campagne agricole 1887-1888; renseignements sur les semailles d'automne (page 667).

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20 février. Tableau présentant la situation provisoire du réseau des chemins de fer français au 31 décembre 1887 (page 732).

22 février. Rapport adressé au Président de la République par le ministre de l'agriculture, ayant pour objet l'extension des attributions des conservateurs des forêts. Décret conforme (page 749).

Décret concernant les taxes à acquitter sur les correspondances pour la Nouvelle-Guinée (page 750).

relatif au service des recouvrements par la poste avec la Norvège (page 750).

portant organisation des groupes et détachements de relégués à titre collectif (page 750).

Répartition des bourses d'enseignement primaire supérieur pen dant l'année 1887 (page 753).

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