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REVUE DES PRINCIPALES PUBLICATIONS ÉCONOMIQUES DE L'ÉTRANGER

SOMMAIRE: Journal de la Société de statistique de Londres. La phtiste dans l'armée anglaise. L'histoire du canal de Suez. = Travaux de la Société de statistique de Manchester. Les bases de la prospérité sociale. ration de l'Angleterre avec ses colonies. - Le libre échange. social de la coopération. The Economist. Deux légendes à détruire.

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- M. Macleod.

quence inattendue des faits.

=

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La fédé-
L'aspect

L'enseignement technique. =
La crise monétaire. -- Élo-

La Contemporary Review. Un travail de M. D. Wells sur la prétendue hausse de l'or. - Une brochure de M. Giffen. The quarterly Journal of economics. La théorie des bénéfices industriels de M. Fr. Walker. Les marchés à terme. Le mouvement des opinions en Angleterre. = The Banker's Magazine. L'épuration projetée de l'immigraRevue des Sciences politiques de Tubingue. Études administratives. La science financière et le socialisme d'État. = Revue trimestrielle d'économie

tion.

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politique de M. K. Braun. De la viande au lieu de sucre, du lait au lieu d'eau-de-vie. Les grands et les petits revenus. - Divers. Les Annales de l'Empire allemand de MM. Hirth et Seydel. Le cadastre en France. Divers documents et notamment la statistique de l'assurance contre les accidents. Annales de l'économie politique, etc. de M. J. Conrad. Les prix aux XVIIIe et XIXe siècle et la rareté de l'or. La Nation. L'assurance obligatoire. Le travail des femmes. La spéculation sur les grains. La Feuille commerciale bavaroise. Exposition de perles d'eau douce. La cherté de l'assurance obligatoire. = Revue mensuelle de statistique. Divers La statistique conjecturale. Les publications de MM. E. Jäger, H. Scheffler, Schimmelpfeng = Giornale degli Economisti de M. Zorli. Divers. = L'Economista. Une banque ou six banques? Il primo congresso dei cooperatori italiani. Publications de MM. G. Majorana et L. Rava. tistique suisse. Le vote populaire sur le monopole de l'eau-de-vie. Les banques d'émission. = La Roumanie, par M. Blaramberg. = Russische Revue. Le commerce de 1886 et le papier-monnaie. L'atlas statistique de la ville de Moscou. = L'Économiste mexicain. Monnayage. Esprit d'entreprise. Une description de la Colombie.

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Le Journal of the royal statitiscal Society de Londres 1, trimestre de septembre 1887, renferme deux articles de fond très intéressants. Le premier est relatif à la mortalité causée dans l'armée anglaise

1 Nous ferons au Journal un compliment, celui de ne pas se laisser envoyer en rouleau. La plupart des bureaux de statistique semblent vouloir adopter ce mode d'envoi des imprimés. Ce mode est peut être commode pour ceux qui envoient, mais il ne l'est pas pour ceux qui reçoivent. Or, ceux qui reçoivent ne doivent-ils pas primer ceux qui envoient?

par la phtisie, dù à M. Robert Lawson L. L. D. (docteur en droit,) inspecteur général des hôpitaux. C'est un article à recommander à tous. ceux qui s'occupent des affaires sanitaires de l'armée ; on y verra qu'il existe des moyens efficaces pour diminuer le nombre des maladies, et qu'un de ces moyens, c'est l'hygiène. Nous signalerons, par exemple, les très bons effets de la substitution des chemises de laine aux chemises de coton et de lin (à partir de 1864). Ce seul moyen a suffi pour que d'une année à l'autre (1865) on ait constaté une notable diminution du nombre des décès causés par la phtisie. L'article de M. Lawson est trop spécial pour être analysé ici, nous nous bornons à le signaler. - Il en est de même du second article, qui est de M. Joseph Rabino; il a pour titre : « l'histoire statistique du canal de Suez ». L'auteur parle de l'importance politique du canal, il raconte son histoire, décrit les difficultés techniques qu'il fallait vaincre, fait connaître les résultats financiers obtenus et apprécie l'utilité commerciale de cette célèbre voie de communication. Tout cela est excellent, mais je pense qu'il lui manque, pour nos lecteurs, le charme de la nouveauté.

Transactions of the Manchester statistical Society (Transactions de la Société de statistique de Manchester), session de 1886-87. Le premier article est intitulé: « The basis of social prosperity », par M. Th. B. Moxon, président de la société. Dans un article charmant, écrit avec verve, l'auteur, s'appuyant sur About, Rousseau et Bentham, démontre que les bases de la prospérité sont le travail, l'instruction (education), l'économie et la liberté, et avec cette dernière la stabilité. Car, dit-il, en citant entre guillemets cette proposition « economic liberties are incompatible with uncertainty and agitation in the public mind. » Qui a dit cela? J'encourage fortement M. Maxon à écrire de pareils articles, mais je le prie en même temps d'indiquer le volume et la page, et même le nom des auteurs: il cite de si belles choses!

Le second article, de M. C.-E. Howard Vincent M. P. prêche éloquemment l'Imperial federation, c'est-à-dire la fédération de la métropole avec ses colonies. On sait que ce projet se discute depuis quelque temps : l'auteur en recommande chaudement la réalisation.

Le troisième article relève les objections des adversaires du libre-échange, et l'auteur, M. William Fogg, répond très bien : aussi ne pourrions-nous qu'affaiblir ses arguments en les analysant.

Le quatrième article, de M. Vansittart Neale, traite de « The social aspect of co-operation ». L'auteur commence aux temps préhistoriques, passe, sans mentionner le déluge, aux Grecs, glisse, sans

appuyer, sur les « dix-neuf siècles de christianisme » qui vont s'accomplir, cite Dante et Milton et arrive à la coopération, et pour prouver qu'elle va bien aux Anglais, il cite le Familistère de M. Godin en France et termine en disant qu'il espère pour l'avenir. We see not yet the full day here,

But we do see the paling night.

L'espoir est une consolation. Mais malgré les belles pensées que l'auteur a semées sur les bords du long chemin qu'il a parcouru, sans nous rien dire de nouveau, nous aurions préféré des chiffres; ils constituent, en ces matières, les pièces de résistance: le reste ne sont que des hors d'œuvre, qui excitent l'appétit, mais ne le satisfont pas.

Nous trouvons ensuite un article étendu de M. Macleod sur « la science économique moderne », un très bon résumé de sa doctrine, dont nous avons rencontré la traduction dans une revue italienne. Enfin, mentionnons un article de M. Reynolds sur l'enseignement technique. Il rappelle que la nécessité de cet enseignement est connue de longue date, qu'on n'a pas cessé de le demander depuis l'exposition de 1851, qu'il devient de plus en plus urgent depuis qu'on ressent les effets de la concurrence de l'Allemagne et la gêne causée par les tarifs étrangers. Mais qu'est-ce que l'enseignement technique, ou comme s'expriment les Anglais, la technical education, et quelle direction cet enseignement doit-il prendre « pour le plus grand avantage du développement industriel de la nation anglaise »>? Suivent des définitions, par exemple: selon Huxley cet enseignement provoque « the marriage of science with industry » ; pour Scott Russel c'est le moyen de rendre les Anglais supérieurs aux autres nations; pour M. Slagg, il est, pour les autres nations, le moyen de rendre leurs ouvriers aussi forts que les plus habiles ouvriers anglais. On voit que les définitions ne semblent pas le meilleur moyen d'éclaircir les questions.

The Economist, comme d'autres feuilles économiques ou non, est souvent obligé de parler des crises qui affligent notre époque tourmentée crises politique, sociale, agricole, industrielle, commerciale, monétaire sans nommer les autres. Réunissant plusieurs articles du 29 octobre, 5 et 26 novembre, nous pouvons traiter de deux crises à la fois, l'agricole et la monétaire : c'est faire d'une pierre deux coups. The Economist, se fondant sur les récentes statistiques agricoles publiées par le Board of Trade, s'applique d'abord à détruire deux légendes qui n'ont pas seulement cours sur le continent,

car beaucoup d'Anglais y croient également. L'une est que la grande culture règne en maîtresse en Angleterre et que les fermes y sont trop souvent démesurément grandes; or la statistique constate que la grandeur moyenne d'une ferme anglaise est de 60 acres, soit 24 hectares, et qu'on rencontre un grand nombre de petites cultures (2 hectares et au-dessus). Mais cette légende de l'absence de culture moyenne et petite est la moins intéressante des deux. L'autre concerne, non la culture, mais l'exploitation de la propriété. Or, la même statistique a encore constaté qu'un grand nombre de fermes étaient cultivées par leurs propriétaires. Il est des comtés où le tiers environ de la superficie (par exemple Surrey 34, 4 0/0, Berks 31, 8 0/0, Hampshire, 29 0/0) est sous le régime du landlord farming (culture par le propriétaire). Il y a, bien entendu, des comtés où la proportion descend jusqu'à 10 0/0, mais, un peu plus, un peu moins, dans tous les comtés une partie des terres est cultivée par ceux auxquels elle appartient. Il convient d'ajouter que d'aucuns prétendent que la crise agricole est pour quelque chose dans ces gros chiffres un certain nombre de propriétaires n'ayant pas trouvé de fermier, ils auraient été forcés de cultiver eux-mêmes; mais la statistique a encore aidé à réduire ce fait à sa juste limite. Les chiffres nous apprennent en effet qu'en 1881 un ensemble de 43.817 acres, soit 17.520 hectares sont restés sans occupant et ce chiffre s'est trouvé réduit en 1887 à 25.286 acres, ou 10,114 hectares. Du reste, nous ne voulons pas faire naître l'idée que nous trouvons tout pour le mieux dans le monde agricole anglais : nous ajouterons donc qu'il est fort regrettable que le nombre des agriculteurs exploitant leur propriété ne soit pas bien supérieur à ce qu'il est.

Quant à la crise monétaire, voici dans quel rapport on l'a mise avec la crise agricole. Quelques membres de la chambre d'agriculture anglaise, que sans doute les lauriers des agrariens de Prusse ne laissaient pas dormir (lauriers d'ailleurs non cueillis) ont imaginé de faire la motion suivante :

<«< L'avilissement des prix qui cause un mal si profond à notre agriculture est en grande partie l'effet de l'usage nouvellement introduit de refuser la libre frappe et l'usage des monnaies d'argent... >> et l'auteur de la motion demande que le gouvernement anglais se joigne à la France et aux Etats-Unis pour établir la libre circulation de l'argent. La chambre n'a pas admis la motion tout-à-fait en ces termes, quoiqu'elle semble partager l'opinion des agrariens que le bi-métallisme ferait monter les prix des denrées agricoles. The Economist a beau jeu contre ces amateurs de hauts prix. Il les plaisante d'avoir cru que le monnayage de l'argent avait été libre en Angle

terre avant 1873 comme en France; c'est depuis 1816 que le gouvernement est seul autorisé à frapper des pièces d'argent (car elles n'ont pas leur valeur nominale, comme chacun sait). Il ajoute que les agriculteurs anglais ont d'autant moins raison de se plaindre qu'en réalité la frappe de l'argent a considérablement augmenté en Angleterre dans les quinze années qui ont précédé 1871, la monnaie de Londres a émis pour 5.344.000 £. de monnaies d'argent, tandis que dans les quinze années de 1871 à 1886, elle en a émis pour 10.656.000£. On sait encore que les Etats-Unis aussi ont considérablement augmenté le monnayage de l'argent. Mais cela n'est encore rien; voilà ce qui dépasse tout ce qu'on pouvait imaginer : il paraît que, malgré la suppression de la frappe de l'argent depuis 1873 dans l'Union latine, le montant du monnayage de l'argent dans les autres pays a dépassé la production. Voici les chiffres:

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(Extrait d'un appendice au troisième Rapport de la commission royale on Trade depression; les calculs ont été faits par M. R. H. Inglis Palgrave.)

On peut considérer ces chiffres comme seulement approximatifs, ils n'en restent pas moins instructifs. Du reste, on va voir combien les bimétallistes anglais sont à court d'arguments et combien il est facile à l'Economist de les rouler. Ce dernier ayant trouvé plaisant que l'auteur de la motion citée plus haut ait traité de new policy ce refus de frapper de l'argent à volonté, l'auteur de la motion s'étonne que l'Economist ait oublié que de 1666 à 1797 existait la libre frappe des deux métaux ; il ne demande, dit-il, qu'à retourner à l'usage établi par Locke et Sir Isaac Newton. A quoi the Economist donne une réplique qui ressemble aux solutions «< élégantes » des mathématiciens elle est courte, claire et topique. Le fait, dit-il, qu'on a essayé le free coinage et qu'on l'a abandonné est précisément le meilleur argument qu'on puisse lui opposer.

Pour terminer, indiquons où l'on peut trouver la réponse donnée par M. Goschen aux bi-métallistes : elle se trouve dans the Economist du 19 novembre dernier.

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