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Mühlbrecht, 1888). Cet ouvrage renferme une série de monographies ou d'articles: chaque partie forme donc un recueil séparé. On trouve dans le présent volume, pour ne citer que quelques-uns des sujets traités, des articles ou chapitres sur la homestead lato américaine, sur la distribution du sol, sur la petite propriété, sur le droit de partage, etc. L'auteur examine ces questions de bonne foi, il les expose plus souvent qu'il ne les discute, ce dont nous le louons, car c'est ce qu'il y a généralement de mieux à faire. D'abord parce que ses opinions sont souvent contestables, et puis parcequ'il n'y a peut-être pas une seule mesure qui soit absolument bonne, ou même absolument mauvaise, ce qui ne veut pas dire que nous les regardons d'un œil sceptique. Il n'y a pas l'ombre de scepticisme dans notre pensée. Nous tenons seulement à mettre le lecteur en garde contre une appréciation exagérée. Personne n'ignore d'ailleurs que toute médaille a son revers. Par exemple, la loi sur le homestead empêche de vous exproprier pour payer un créancier, mais alors votre crédit est réduit d'autant. Aussi la loi américaine n'est-elle pas absolue; pour que le homestead perde son effet pratique, il suffit que la femme signe le billet ou l'obligation avec son mari; et comme généralement la femme ne peut pas refuser, c'est souvent comme s'il n'y avait pas de homestead.Il n'y a pas de panacée, il n'y a que le choix entre deux maux (Voy. aussi the Economist du 7 août 1887).

L'auteur n'ignore pas, par exemple, que la grande comme la petite propriété ont chacune un bon et un mauvais côté, et il signale les deux, mais n'en tire pas toujours les conséquences. C'est qu'il n'a pas l'esprit libre, il a des idées préconçues. Il est profondément religieux nous ne lui en faisons pas un crime nous sommes même assez disposé à regretter avec lui, qu'on enlève aux classes peu instruites le sentiment religieux sans rien mettre à la place. C'est leur enlever un soutien moral très précieux. Mais l'auteur n'y met peut-être pas la mesure voulue. Il a aussi des idées économiques préconçues, et il semble ignorer que souvent on n'évite Scylla que pour tomber dans Charybde. Par exemple, il a un faible pour la liberté de tester, car il voudrait que les biens ruraux ne fussent pas divisibles à l'infini et restassent assez grands pour nourrir une famille. Ce but est désirable, mais si l'on en conclut qu'il faut donner son bien à l'un des enfants, que deviendront les autres ? Ne croyez pas de vous tirer du dilemme en préconisant la contrainte morale; il vous reprochera d'être pour le Zweikinder system (l'usage de n'avoir que deux enfants). Du reste, M. Jäger est assez fortement l'adversaire des grandes propriétés dans l'Est pour admettre qu'on puisse les morceler sans le complet assentiment de leurs propriétaires. Il

y a là aussi un dilemme. Je veux bien admettre que tout ne soit pas pour le mieux dans la meilleure des Poméranies et des Prusses possibles; mais si vous donnez à l'Etat le droit de toucher aux grandes propriétés pour les morceler, vous ne pouvez pas l'empêcher de toucher à la petite pour réunir les lopins de terre jugés peu avantageux. Et qui est-ce qui lui refusera le droit ensuite de régler d'autres propriétés, de dire, par exemple: il y a déjà longtemps que M. Jäger dirige son journal, passons cette feuille à un autre rédacteur: il y en a tant qui attendent après. Vous savez ce qu'est une digue ? L'eau commence par y produire un petit trou; puis le trou s'agrandit, enfin la digue est emportée et le pays inondé. Le petit trou c'est la première atteinte portée à une loi importante.

La même librairie publie aussi un livre de M. Hermann Scheffler, intitulé: Die Reglung der Steuer, Einkommen und Geldverhältnisse und das natürliche Wahlrecht (Le règlement de l'impôt, du revenu, du système monétaire et le droit électoral naturel). L'auteur est un homme instruit, qui reconnaît les erreurs des socialistes, mais qui tient néanmoins à les satisfaire. Il fait comme certaines mères qui, quand l'enfant pleure, se disposent à battre la table. Il a quelquefois des idées ingénieuses, il a raison dans certains cas, mais il n'est pas pratique. Il n'est donc pas nécessaire d'entrer dans des détails.

Mentionnons encore : Le problème de l'assurance du crédit par M. Schimmelpfeng (mêmes éditeurs). L'auteur pense que cette assurance est impossible, les entreprises qui l'ont tentée n'ont pas réussi.

Mittheilungen des statistischen Bureau der Stadt München. communications du bureau de statistique de la ville de Munich (Munich, librairie Lindauer.) Excellente publication sur la population et les finances de la capitale bavaroise.

Giornale degli Economisti (Journal des Économistes), dirigé par M. le professeur Alb. Zorli (Bologne, impr. Garagnani, vol. II, fasc., 6. Le premier article est de M. G. Ducati et traite des principes et formes d'organisation variées de l'économie politique. L'auteur donne une analyse des opinions de certains économistes allemands comme MM. Wagner, Schäffle, Knies, Cohn, auteurs plus ou moins favorables au socialisme. M. Ducati doit encore être jeune, d'après son article, car les jeunes acceptent facilement les grandes erreurs de leurs maîtres et se montrent très raides pour les petites. C'est une jouissance que d'attaquer les gros bonnets.

Dans le second article, M. Boccardo traite en homme compétent de

l'enseignement industriel ou technique, et dans le troisième M. B. Stringher compare l'ancien et le nouveau système d'impôt sur l'eau de vie, tant en Suisse qu'en Allemagne. Il y a enfin des revues économiques de la coopération, de l'agriculture et du crédit populaire. L'Economista, de Florence, s'occupe, depuis quelque temps, surtout des banques; une série d'articles est consacrée à cette question. On sait que l'Italie à six banques d'émission ces six banques sont bien une « catégorie d'histoire » comme on dit volontiers maintenant dans un certain monde économique. Lorsque les divers états italiens se sont fondus en un seul et unique royaume d'Italie, chaque Etat apporta dans ses bagages une banque qu'il fallait accepter. On fit donc des lois destinées à leur permettre de vivre côte à côte. Cela prouve que les Italiens sont accommodants, ou qu'ils savent tenir compte des exigences de la politique, mais ces bons sentiments et cette sagesse ne pouvaient pas changer la nature des choses. Les banques d'émission exercent une influence sur la circulation; quand il n'y en a qu'une, elle peut prendre des mesures tant bien que mal combinées, mais quand il y en a plusieurs, il y a des chances que les mesures se contrarieront. La multiplicité illimitée des banques réduit l'émission, car leur grand nombre empêche la confiance de de se répandre et de se fixer: on refuse les billets des banques qu'on ne connaît pas; mais quand la pluralité est limitée et que chacune est soutenue par une région,comme en Italie, on les connait toutes et sous un pareil régime, la circulation a une tendance à passer la mesure. Aussi la théorie d'une banque unique, grande et puissante, voit le nombre de ses partisans augmenter en Italie; seulement, dans la politique, la ligne courbe étant le plus court chemin pour atteindre le but, beaucoup de personnes, surtout les ministres, cachent leur pensée tant que le fruit n'est pas mûr, car un ministre qui ne réussit pas perd son portefeuille...

Ces exigences de la politique arrêtent bien des réformes économiques quand elles ne les font pas dévier... Quoi qu'il en soit,il paraît que, dans le cas présent, le roundabout way, c'est-à-dire les détours que prend la politique, sont prêts à être parcourus. Ce qui rend le mouvement plus rapide, ce sont des crises monétaires qu'on a ressenties à plusieurs reprises et dont les effets paraissent encore subsister. Les causes de ces crises, qui se manifestent sous la forme d'un change défavorable, sont, d'après les hommes les plus compétents: 1 L'importance des dettes de l'État dont les intérêts se payent à l'étranger; 2o le nouveau tarif des douanes qui, en élevant beaucoup de droits, a fait importer des provisions considérables de marchandises surtaxées, qu'il faut maintenant payer et qu'on ne peut

payer avec les exportations courantes il faut un supplément en métaux précieux. Dans cette situation, l'Economista n'a pas tort de reprocher aux ministres l'accroissement continuel de la dette comme une faute particulièrement grave. Et à quand la réforme des banques?

Il primo congresso di cooperatori italiani, compte rendu du premier congrès des coopérateurs italiens, tenu à Milan en octobre 1886 (Milan, tip. delli operai, 1887). Ces messieurs, il faut leur rendre cette justice, se sont occupés de leurs affaires et rien que de leurs affaires. On s'étonnera que je mette ce renseignement en tête de l'éloge que je désire faire des coopérateurs italiens, mais je tiens à les distinguer avantageusement de ceux qui se sont occupés, en France, de politique et de religion. Ils sont donc plus sérieux que les nôtres (ou qu'une partie des nôtres) et ont plus de chances de succès. Je le leur souhaite. Ils ont déjà formé 201 associations avec 66,532 membres, chiffres considérés comme incomplets. Sur ces 201 associations, 88 sont des sociétés de consommation, 42 de production, 25 de crédit, 14 de construction, 32 poursuivent plusieurs buts à la fois. J'aurais voulu faire connaître les promoteurs les plus zélés de ces utiles associations, mais les noms sont trop nombreux; quelquesuns sont d'ailleurs déjà connus en France, comme les Luzzati, les Vigano, les Wollemborg, les Ugo Rabbeno et autres, et plusieurs de ceux que je ne nomme pas ne sont pas moins méritants que ceux dont je rappelle les noms. L'analyse des travaux dépasserait l'espace dont nous disposons; une partie de ces travaux n'a d'ailleurs de l'intérêt que pour les membres de la Société. C'est encore un éloge.

Mentionnons encore deux publications italiennes qui mériteraient un examen plus ample que celui que nous pouvons leur consacrer aujourd'hui :

Teoria del valore, par Joseph Majorana (Rome, E. Loscher et C. 1887). Cette monographie de la valeur semble bien étudiée: l'auteur connaît presque tout ce qui a été écrit sur la matière, mais je n'accepte pas sa définition de la valeur, quoique ce soit celle de J. B. Say. J'y reviendrai en un autre endroit.

Le Pensione, etc. (Les pensions de retraite dans l'Etat et dans les administrations locales) par Luigi Rava (Sienne, E. Torrini 1887). Malgré M. Ad. Wagner-et M. L. Rava je ne vois aucun rapport nécessaire entre la philosophie du droit et l'économie politique. L'auteur expose ses idées sur les pensions de retraite.

Jaarcijfers, Annuaire statistique des Pays-Bas pour 1886 et années antérieures, publié par l'Institut de statistique fondé par la Société de statistique des Pays-Bas. Le président de la Société est M. Pierson, le président de l'Institut statistique M. Beaujon, le secrétaire M. Willem P. J. Bock. (Siège: hôtel de l'Université, Amsterdam.) L'Annuaire que nous annonçons aujourd'hui semble un ouvrage très complet; il renferme, sur les Pays-Bas, tous les renseignements statistiques possible, avec la traduction en français des têtes de colonne. On y trouve la population, l'instruction publique, l'état économique et social de la population (statistique morale, justice, division des propriétés, etc), l'industrie, le commerce, la navigation, les moyens d'échange et de transport (monnaies, crédit, voies de communication), les finances de l'État et des communes, etc. On le voit, c'est un recueil qui fait lui-même son éloge et qui fait en même temps honneur à ceux qui le publient.

Ce même Institut statistique publie aussi des Bijdragen van het Statistisch Instituut, contributions, ou mieux communications de l'Institut statistique, 2 fascicules pour 1887. Ces fascicules renferment une série de statistiques comparées, embrassant un certain nombre d'États, et en outre des renseignements statistiques sur les colonies néerlandaises. C'est encore une publication méritoire.

Journal de Statistique Suisse, publié par la Société de statistique de la Suisse; 3o trimestre 1887 (Berne, Schmid Francke et Cie.) Le premier article donne les résultats, par cantons et par subsivisions de canton, du vote populaire sur la loi du 15 mai 1887 relative au monopole de l'alcool. Le nombre des inscrits était de 649,494, le nombre des votants de 405,618, soit 62.5 0/0; il y eut 267,122 oui, et 138,496 non (66.2 0/0). Les cantons où la majorité a voté non sont: Fribourg, Soleure et Genève. Dans Berne, les non se rapprochaient beaucoup des oui (32,489 contre 34,323). Je regrette que le Journal n'ait pas mis en tête du tableau la formule exacte du vote; à l'étranger, peu de personnes l'ont retenue; même en Suisse, on ne se la rappellera peut-être pas dans 2 ou 3 ans et tout le monde n'aura pas sous la main les documents nécessaires pour la retrouver. Cela soit dit pour tous les votes populaires.

Dans le second article, M.Geigy-Koechlin examine une proposition de faire intervenir le gouvernement dans le commerce extérieur par la multiplication des consulats et la création « d'attachés commerciaux » et par d'autres mesures encore. L'auteur pense avec raison que rien ne vaut l'initiative personnelle des fabricants. Chemin faisant, il donne d'intéressants renseignements sur ce qui se fait

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