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dans quelques autres pays. M. Adolph Vogt communique ensuite un mémoire sur la manière de calculer les tables de mortalité, et M. Liardet fait des « propositions relatives aux recensements fédé

raux ».

Signalons encore les articles sur les produits etc. des forêts suisses, sur l'école des cadets (École militaire) et sur les banques d'émission. On comptait, à la fin de 1886, 33 banques qui présentaient le mouvement suivant aux années ci-après (en milliers de francs) :

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Nous nous bornons à faire connaître le titre de l'ouvrage qui suit: Essai comparẻ sur les institutions, les lois et les mœurs de la Roumanie, depuis les temps les plus reculés jusqu'à nos jours, par Nicolas Blaramberg, édition française, Bucarest, imprim. du Peuple roumain, 1886. Cet ouvrage de 800 et quelques pages très compactes promet beaucoup; nous avons pu nous convaincre qu'on y trouve beaucoup de documents utiles, mais il faudrait l'étudier pour le juger, et c'est ce que nous n'avons pas encore pu faire.

Russissche Revue (Revue trimestrielle russe) de M. R. Hammerschmidt, 1887 n° 3.Nous y trouvons un article étendu sur le commerce russe dans les dix dernières années. Nous constatons d'assez grandes fluctuations l'exportation s'élève de 379 millions de roubles en 1876 à 508 millions en 1877 et baisse de 606 millions en 1879 à 476 millions en 1880. Il en est de même pour l'importation : 420 millions en 1876, 317 millions en 1877, 565 millions en 1878, etc. Ce n'est pas là un commerce et une industrie qui se portent bien. Si nous prenons des périodes quinquennales, nous avons pour l'exportation 513 millions en 1876-80 et 548 millions en 1881-85: c'est une augmentation, mais elle n'a pas pris la forme saine d'un accroissement successif; à l'importation, les moyennes sont de 482 millions en 1876-80 et de 476 millions en 1881-85. En 1886 Importation, 382 millions, exportation, 436 millions. On devine la cause de la

diminution de l'importation: c'est la majoration plusieurs fois accentuée des droits de douane que l'importateur réduise ses bénéfices et que le consommateur consente à payer plus cher, cela va un certain temps, mais il vient un moment où le mur douanier est si épais et si élevé que vendeurs et acheteurs ne peuvent plus se joindre. Ajoutons que la diminution des entrées est une des causes de la diminution des sorties. L'autre cause est sans doute financière les fortes dépenses de l'Etat l'obligent à émettre beaucoup de papier, ce papier suppose un agio élevé, ce qui gêne très sensiblement le commerce international.

Annonçons en deux mots l'apparition d'un Atlas statistique de la ville de Moscou, publié par le bureau de statistique de cette ville, avec de nombreux diagrammes et cartogrammes.

El Economista mexicano, qui paraît sous la direction de M. Zapata Vera à Mexico, nous apprend qu'on ne cesse pas de frapper de l'argent au Mexique. Sous ce rapport, le tableau suivant ne sera pas sans intérêt (no du 27 août).

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Le n° du 3 septembre donne un article sur l'esprit d'entreprise qui règne - ou ne règne pas au Mexique. En d'autres termes, il est actif dans<< certaines branches de la spéculation » et inactif dans d'autres. Ainsi, on bâtit des maisons pour les pauvres, on établit des montsde-piété etc., mais on ne fonde pas de banque d'avances pour l'agricultrue. On ne sait pas encore s'élever à la hauteur de certains Européens qui brassent des millions: on se contente de prêter sur hypothèque, parce que le capital est placé en toute sûreté et que vous allez tranquillement toucher vos intérêts chez le notaire. On fait aussi de l'usure, impunément et avantageusement, car le taux courant, je crois même encore légal, est de 12 0/0. L'auteur est d'ailleurs convaincu que le capital ne manquerait pas aux grandes affaires, s'il s'en établissait, car la banque nationale et la banque mercantile qui viennent de fusionner, ont ensemble un capital de 20 millions de

piastres fortes. Et pourquoi ont-elles fusionné? On ne nous le dit pas. Est-ce parce que chacune d'elles n'avait que la moitié d'un esprit d'entreprise et qu'il fallait les réunir pour avoir un esprit entier?

Dans un autre article, signé Gilberto Crespo y Martinez, nous voyons que « l'on perd par ignorance ». Voici comment on le fait. Le ministre de l'intérieur de Mexico a adressé une circulaire aux maires, prescrivant le relevé de la culture de la vanille; il s'est trouvé qu'on en rencontre, poussant à l'état sauvage, dans 80 localités, mais qu'on ne la cultive que dans 7. Or la culture est nécessaire pour que la vanille ait de la valeur commerciale. Naturellement l'auteur fait entendre des doléances patriotiques. On en rencontre aussi relativement à la culture du café... Décidément un peu plus de espirito de empresa (esprit d'entreprise) ferait l'affaire du Mexique.

Mentionnons avec éloge l'Etoile du Sud du Brésil, parce que cette étoile bi-mensuelle pousse à l'abolition de l'esclavage. Peut-être aurions-nous à critiquer ses vues sur d'autres points, mais ne mettons cette fois aucune réserve à notre éloge.

Nous recevons une Descripcion historica, geografica y politica de la Républica de Colombia (autrefois Nouvelle Grenade), Edicion oficial, qui a paru à Bogota, en 1887 dans l'imprimerie de « la Luz » (la lumière), Marco A. Gomez, directeur. Eh bien, je demande un peu plus de lumière. La brochure que le gouvernement de la Colombie a bien voulu envoyer en Europe n'est qu'une excellente intention, ce n'est pas encore une bonne action. Nous voyons qu'on connaît, à Bogota, les mots: description historique, géographique et politique (qu'on y ajoute: statistique, ce ne sera pas de trop); pourquoi ne referait-on pas la brochure, qui n'a que 23 pages, en ajoutant assez de faits intéressants pour qu'elle atteigne 230 pages? On doit savoir, au-delà de l'Atlantique, que les excellentes intentions servent à paver l'enfer, tandis que les bonnes actions sont des monuments qui gardent le souvenir de leurs auteurs.

MAURICE BLOCK.

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Je me trouvai placé, en entrant à l'Académie des sciences morales et politiques, à côté de M. Louis Reybaud. Les séances de notre Académie sont souvent très intéressantes. Elles l'étaient alors d'une façon toute particulière par la présence d'un certain nombre de causeurs illustres, qui faisaient le charme des salons de Paris, et qui, naturellement, faisaient aussi le charme du nôtre. La science s'y montrait environnée de toutes les grâces du monde. Ceux qui n'ont entendu M. Guizot qu'à la tribune ne connaissent que très imparfaitement cette parole qui, majestueuse et puissante dans une assemblée politique, devient familière et quelquefois enjouée dans l'intimité. M. Cousin, tout le monde le sait, était le roi de la conversation. Anecdotes, traits d'esprit, curiosités inédites, vues profondes, détails charmants, tout se pressait en abondance sur ses lèvres. Nul n'était plus redoutable et plus impitoyable dans l'ironie. M. Giraud, qui était un jurisconsulte, lui tenait tête, en histoire et en littérature, avec une érudition très sûre et très étendue. M. Michel Chevalier, dont les écrits étaient devenus graves avec le temps, retrouvait son ancienne verve à l'Académie. M. Hippolyte Passy, très écouté, très respecté et très singulier, très indifférent à tous ces jeux d'esprit quoiqu'il les comprît à merveille, donnait une note grave dans ce brillant concert. Nous n'avions plus M. Michelet; mais M. Mich ele brillait surtout dans le monologue, et il aimait mieux, pour auditoire de jeunes écoliers que de vieux académiciens. Il arrivait souvent, surtout quand M. Cousin parlait, et qu'il chantait une antienne à quelque philosophe d'une autre paroisse, que l'Académie éclatait de rire. Mon voisin regardait de tous ses yeux, et me disait : « De quoi rit-on ? » Je ne pouvais pas toujours lui répondre,parce que, pour lui répondre, il fallait crier, et qu'il y a des choses qui ne se disent qu'à l'oreille. Je pris le parti de lui écrire. Il m'écrivait aussi. « Mais, lui disais-je, je ne suis pas sourd. C'est que je n'entendrais pas ma voix, je pourrais parler trop haut, attirer l'attention, gêner l'Académie ». Nous avions l'un et l'autre la plume à la main pendant

1 Lecture faite dans la séance publique annuelle du 17 décembre de l'Académie des sciences morales et politiques, par le secrétaire perpétuel, M. Jules Simon.

toutes les séances; et quelquefois, quand par hasard, par très grand hasard, la lecture était ennuyeuse, nos correspondances roulaient sur la politique, sur des bruits de salon. Je suis sûr qu'en nous lisant on nous aurait pris pour des écoliers. Nous n'étions jeunes ni l'un ni l'autre, quoiqu'il y ait de cela un quart de siècle. La séance finie, Louis Reybaud prenait avec soin tous nos petits papiers et les serrait comme choses précieuses dans son portefeuille. Peut-être les relisaitil dans ses moments de solitude, comme ces désœuvrés qui font la partie avec un mort.

Marie Roch-Louis Reybaud est né à Marseille le 15 août 1799. Il fit de bonnes études au collège de Juilly. Son père était négociant. Il fit, pour sa maison, de nombreux voyages dans le Levant et en Amérique. Possesseur, à vingt-neuf ans, d'une petite fortune, il quitta Marseille pour Paris, et le commerce pour les lettres.

Je dirai d'abord ici qu'il a été homme de lettres toute sa vie, et qu'il n'a jamais été autre chose; ni professeur, ni administrateur, ni homme d'affaires en quelque genre que ce soit. Rien ne lui aurait été plus facile que d'avoir une place après 1830. Il était ami de M. Thiers, qui connaissait son mérite. Il fut député pendant quelques années, et député très occupé dans les grandes commissions. Il ne voulut ni rien demander ni rien accepter. Sa plume lui suffisait; il fut toute sa vie indépendant par sa position comme il l'était par son caractère. Il chercha longtemps sa voie : il fit des vers, des récits de voyage, des romans, des pamphlets, de l'histoire, de l'économie politique. A ne consulter que cette nomenclature, il faut dire de lui que c'est un polygraphe. Il a dù ses plus grands succès à l'économie politique. Il était classé chez nous dans la section de morale, parce qu'il avait succédé à Villeneuve-Bargemont. Mais Villeneuve-Bargemont luimême était moins un moraliste qu'un économiste. Il est tout simple que nous ayons quelquefois, dans la section de morale, des économistes et des philosophes. Louis Reybaud n'y était pas déclassé. Peut-être l'auteur de Jérôme Paturot et des Etudes sur les réformateurs socialistes était-il là à sa véritable place.

De même, dans un autre ordre d'idées, il était arrivé par un long circuit à ses opinions définitives. Il avait été républicain avant la république, quand les républicains étaient bien clairsemés et bien persuadés eux-mêmes que la république ne reviendrait plus. Elle revint, en 1848, et, quand elle fut revenue, Louis Reybaud, qui était un républicain de la veille, et qui, à ce titre, pouvait prétendre à tout, ne se sentit pas, en se tâtant, très convaincu d'être un républicain du lendemain. Ce qu'il vit de plus clair dans ses convictions, c'est qu'il était à la fois très conservateur et très libéral. Il fut ennemi

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