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celui des Français, puisqu'il forme aujourd'hui près de 3 0/0 de la population totale, tandis qu'il n'y entrait que pour 1 0/0 en 1851. Et cela malgré les francisations légales ou par naturalisation. Cette population étrangère est formée de 43 0/0 de Belges, 25 0/0 d'Italiens 8 0/0 d'Allemands, 7,5 0/0 d'Espagnols 7 0/0 de Suisses, 40/0 d'Anglais et 6,5 0/0 de nationalités diverses: Américains, Orientaux, Russes, Portugais etc. C'est le département du Nord qui renferme le plus d'étrangers: 305.524 en 1886 sur 1.670 184 habitants, soit près du cinquième puis celui des Alpes-Maritimes qui en renferme la même proportion: 45.415 sur 238,057 habitants. La Seine n'en a que 213.000 sur près de 3 millions d'habitants et 130/0 de la population des Bouches-du-Rhône sont aussi de nationalité étrangère. La ville de Marseille est très comparable aujourd'hui à Buenos-Aires: les étrangers, en majeure partie des Italiens y forment le cinquième de la population totale. On peut y parcourir des rues entières habitées exclusivement par des Italiens.

A Paris se portent les étrangers de toute condition, mais surtout ceux qui viennent dans notre pays pour y étudier ou pour y jouir de notre luxe. Partout ailleurs, c'est dans les régions voisines de la frontière qu'ils se fixent de préférence. On ne compte que 201 étrangers dans la Creuse, 818 dans l'Allier, 762 dans l'Ardèche, 462 dans le Finistère et 526 dans l'Aveyron.

Cette situation de la France au point de vue de l'immigration est tout à fait spéciale et ne se retrouve nulle autre part en Europe. L'Allemagne elle-même ne comptait, au recensement du 1er décembre 1885, que 156.969 étrangers sur une population totale de 46.840.587 habitants soit moins de 3 pour mille. Elle a provoqué en ces derniers temps des discussions assez sérieuses.

On y a vu un danger pour notre nationalité et une concurrence désastreuse pour les travailleurs français d'une part, une compensation à notre faible natalité d'autre part. Sans formuler ici un avis définitif nous pensons que l'affluence des étrangers chez nous ne peut avoir que d'heureuses conséquences. S'il y a à prendre des mesures quelconques, on ne doit les demander qu'à un plus facile accès de la nationalité française. Notre sol est assez riche, notre population dispose d'assez de ressources et d'initiative, notre génie national est assez caractérisé en luimême et notre puissance d'assimilation assez grande pour que l'on puisse accepter avec reconnaissance tous les éléments de force qui nous viennent de l'étranger et qui pourront nous aider à racheter notre infécondité voulue. Les sociétés où règne le bien-être ont peu d'enfants. Ce serait pour nous le commencement de la décadence si nous ne pouvions retrouver une énergie nouvelle. L'étranger nous apporte ce stimulant. Acceptons-le.

IV

Les pays de peuplement se développent avec une rapidité d'autant plus grande que toute création première ne remplace rien d'ancien, qu'elle ne se heurte à aucun usage traditionnel, à aucun intérêt préexistant et que l'on n'a pas à se préoccuper d'un outillage économique antérieur qu'il faudrait abandonner au prix de sacrifices parfois trop lourds. Les populations y sont également pourvues d'une plus grande initiative, en raison même de leur recrutement. Aussi faut-il compter que, à bref délai, toute l'Amérique, suffisamment peuplée, qui est aujourd'hui un immense débouché pour les produits manufacturés de l'Europe, deviendra une concurrente sérieuse en Europe même. Elle disposera de moins de produits végétaux pour nos usines, mais elle nous les vendra tout fabriqués pour notre consommation. Ce n'est plus le blé ou le coton qu'elle exportera, mais la farine et le calicot.

Ce progrès établira l'équilibre définitif des forces productrices de notre planète. Il peut être considéré comme le dernier à réaliser par l'humanité dans la concurrence pour la vie. Celle-ci sera alors plus vive, mais on peut prévoir que le bien-être étant plus grand, l'accroissement de la population se ralentira et qu'en tous cas, une plus grande somme de travail intellectuel utilisera de mieux en mieux les ressources naturelles disponibles.

Si la race européenne réussit à coloniser l'Afrique comme elle a colonisé l'Amérique, l'échéance de ce terme de peuplement se trouvera considérablement retardée, peut-être de plusieurs siècles. On peut prévoir toutefois que les races dites inférieures ne disparaitront pas entièrement; nos idées sociologiques se sont bien modifiées à cet égard depuis un siècle. Et le nombre des individus qu'il s'agirait d'éliminer est tellement considérable, leur vitalité est si grande que ce serait folie d'y songer.

Il reste cependant une grande inconnue dans cet avenir. La terre doit-elle être livrée à l'hégémonie d'une seule race? Et, dans ce cas, quelle serait cette race? Ou bien plusieurs civilisations, plusieurs langues devront-elles persister concomitamment ? La Chine, l'Angleterre, l'Allemagne, la France, la Russie et l'Espagne peuvent prétendre chacune à une large part d'influence dans le monde à venir. C'est pour cette lutte future que se préparent les nations par la colonisation, par ces prises de possession quotidiennes sur tous les points du globe déclarés sans maître, auxquelles nous assistons, comme s'il s'agissait de gagner le prix d'une course suprême.

Si la guerre ne disparaît pas de notre civilisation, que seront les guerres futures? Une moitié de l'humanité se ruant sur l'autre moitié et

disposant toutes deux d'engins d'une puissance destructive impossible à soupçonner.

Mais le progrès matériel entraîne avec lui le progrès des idées. Il est vraisemblable que nos petits neveux verront le bonheur dans une tout autre voie et que la jalousie internationale ne sera plus alors qu'une simple émulation pour le bien-être général.

FRANÇOIS BERNARD.

LES TRADE'S UNIONS EN ANGLETERRE

Statistique des principales Sociétes. Crise qu'elles traversent.

Les trade's unions sont les associations de secours mutuels qui, dans certaines conditions déterminées prêtent assistance à leurs membres, des corporations professionnelles qui veillent sur les intérêts de leurs membres, dans leur capacité d'ouvriers. Enfin, à l'aide de congrès où siègent les délégués de toutes les sociétés, elles exercent une action politique dans des matières qui les affectent comme classe.

Après avoir accordé seulement des secours en cas de maladie et pour les frais d'enterrement, elles sont arrivées à donner des subsides aux membres sans ouvrage; avec l'accroissement des membres et des fonds, elles ont même pu payer de petites pensions et organiser des paiements spéciaux pour les grèves. Elles ont certainement encouragé les habitudes de prévoyance et d'économie. Le montant des droits d'entrée et des cotisations varie dans les grandes unions, il est de 1 sh. par semaine; dans les autres, il descend jusqu'à 3 pence, suivant les secours accordés. La somme de 1 sh. par semaine a été souvent dépassée lorsque les contributions ordinaires ont été insuffisantes à couvrir les besoins de la société. Les plus anciennes ont une règle prescrivant la levée de contributions spéciales lorsque les fonds tombent au-dessous d'un minimum déterminé.

Le Board of trade a publié en 1887 un document sur les tradeunions, qui permet d'en suivre le développement. Ce document ne s'applique qu'à 18 sociétés, à une partie du chiffre total, mais ce sont les plus anciennes et les mieux organisées; elles comprennent le tiers environ des ouvriers adhérents aux trade's unions. Les principales sociétés, en dehors de ces 18, sont les mineurs (environ 70.000 membres), les ouvriers agricoles (25.000), les tailleurs (15.000).

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Quelques sociétés ont perdu de leur importance numérique; elles se sont aperçues qu'elles avaient voulu trop embrasser. Ces associations ont ressenti le contre-coup de la dépression industrielle.

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Er 1886, il a été dépensé peu pour des grèves, beaucoup en secours de chômage. Généralement, les associations payent entre 5 et 10 sh. par semaine pendant un nombre déterminé de semaines. Les maçons, peintres, cordonniers payent ces secours seulement en cas de grève, de fermeture des ateliers par le patron ou si le membre voyage en quète de travail. Il y a des secours de maladie (5 à 12 sh.). La retraite payée aux membres âgés varie de 4 sh. à 10 sh. la semaine, suivant la société

et la durée de la participation. C'est là le point le plus difficile à maintenir, au fur et à mesure que les associations deviennent plus anciennes. Quelques-unes accordent des indemnités en cas d'accident grave; les fondeurs de fer, 150 £, les charpentiers et mécaniciens, 100 €, les ouvriers de chemins de fer, 5 à 20 £. Pour frais de funérailles, le secours varie de 5 à 10 £.

3o Secours aux membres hors d'ouvrage:

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