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les premiers cínq Métropolitains: Honorat de Bourges qui y préfida, Injuriofus de Tours, Flavius de Rouen Afpafe d'Eaufe, & Julien de Vienne. Leon de Sens, autre Métropolitain, ne pouvant y affifter,envoïa le Prêtre Or batus. Quoique les Evêques de Lyon & de Bourdeaux n'y paroiffent pas, on y lit néanmoins les noms de plufieurs de leurs fuffragants.De forte que ce Concile fut composé des Evêques de huit à neuf Provinces, nommément des quatre Lyonoifes & des trois Aquitaines. Il y en a plufieurs que l'Eglife honore comme Saints. Tels font entre autres S. Flavius ou Flieu de Rouen, S. Lanto ou Lo de Coûtence, S. Eleuthere d'Auxerre, S. Innocent du Mans, S. Gal de Clermont en Auvergne.

'Les Actes de cette aflemblée confiftent en vingt-un Canons précedés d'une petite préface. Les plus remarquables portent en fubftance: Que les Métropolitains auront foin d'affembler tous les ans le Concile de leur Province. 'Que lorfqu'il s'agira de l'ordination d'un Métropolitain, on obfervera l'ancienne difcipline à cet égard,que le malheur des temps avoit abolie. Ôn défend donc qu'il foit ordonné autrement que par tous fes fuffragants, & après avoir été élu par le Clergé & le peuple de la Province.

'On y condamne la fimonie, foit pour l'ordination d'un Evêque, ou d'un autre Ministre inferieur, foit pour parvenir au facerdoce, foit dans d'autres occafions.' Il y eft défendu d'ordonner un Prêtre ou un Diacre non letré, ou qui ne fçauroit pas les cérémonies du Baptême.' Les Clercs négligents doivent être privés de leur dignité. Les Prêtres ne demeureront point avec des perfonnes féculieres, fans la permiffion de leur Evêque. On y abolit l'etabliffement des Diaconeffes, ne voulant plus à l'avenir qu'on en inftitue, à caufe de la fragilité du sexe.

'Il y eft permis de recevoir les oblations de ceux qui auroient été tués en quelque action criminelle; pourvû néanmoins qu'ils ne fe fuflent pas tués eux-mêmes. On voit ici les prieres pour les morts. Le Concile interdit tout mariage entre un Chrétien & une Juive, & réciproquement entre un Juif & une Chrétienne.' Il excommunie les Fidéles qui auroient le malheur de retourner à l'idolâtrie, ou qui participeroient aux viandes immolées aux Idoles. Il condamne à la même peine, ce qui eft remarquable,

ceux qui mangeroient des animaux tués par les bêtes,

étouffés ou morts de maladie.

'Ces Canons font foufcrits par tous les Evêques qui p. 1783 étoient préfents,& par les Députés des autres. Suivant l'ordre que tiennent ces foufcriptions, il paroît qu'on y a eu égard, non à la dignité des fiéges, mais à l'ancienneté des Evêques. Honorat de Bourges figne le premier en qualité de Président de l'Affemblée, & Leonce d'Orleans après lui. Injuriofus de Tours & Flavius de Rouen ne le font qu'après plufieurs fimples Evêques, & Julien de Vienne feulement le vingt-troifiéme. C'est ce qui a fait croire à Binius, que l'ordre de ces foufcriptions avoit été renverfé par quelque Copiste ignorant.

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EL PIDE,

DIACRE DE L'EGLISE DE LYON.

USTICUS ELPIDIUS ou HELPIDIUS pa- Avit. ep. 55 Boll. roît avoir vêcu jufques vers ces temps-ci,c'est-à-dire 5. feb. p. 668. n. jufques vers l'an 533. C'étoit un Diacre de l'Eglife de 21 | Bib. pp. t. 9. 5 Cæf. vit.l. 1. n. Lyon, diftingué par fon fçavoir & fa pieté. Il s'appliqua P. 462. 2. particulierement à la Medecine,& s'y rendit fi habile, que La réputation étant allée à Theodoric Roi des Oftrogots, ce Prince voulut l'avoir à fon service, & trouva le fecret de l'attirer à la Cour. Elpide quitta les Gaules fa patrie, pour aller en Italie à la fuite de ce Roi, fans que fa religion, qui étoit l'Arianisme, l'en détournât. Il s'y conduifit à peu près, comme un autre Leon à la Cour d'Euric autre Roi Arien, & fçut fi bien faire par fes bons offices, qu'il gagna l'amitié & la confiance de Theodoric. Il avoit tout credit près de fa perfonne; & il y a quelques preuves qu'il exerça la Quefture dans fes Etats. Cette charge l'obligeoit quelquefois de quitter la Cour pour vaquer aux affaires de fon Prince. Il est au moins vrai, que depuis qu'il fut à fon service, il fit quelque réfidence à Arles qui étoit encore alors de l'obéiffance de Theodoric. Ce fut la que S. Céfaire beniffant la nouvelle maifon de ce Diacre le délivra d'une douleur violente dont il étoit travaillé..

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Avit. ib Enn. l. 7.

9. ep. 14.21.

'Outre S. Céfaire d'Arles, Elpide étoit encore lié d'aep. 71. 8. ep. 81. mitié avec quelques autres Evêques des plus célebres de fon temps. S. Avite de Vienne, qui le connoiffoit particulierement depuis plufieurs années, lui écrivit en une occafion, pour lui recommander le fils d'un Seigneur Gaulois, qui étoit dangereufement malade. Elpide étoit alors en Italie. La letre eft un témoignage de fon habileté dans la medecine. Il y en a quatre i de S. Ennode qui lui font 1 adreffées. Ce Prélat y témoigne faire beaucoup de cas de celles d'Elpide. Illes y loue en effet comme des letres d'un homme qui fçavoit écrire avec autant d'agrément que d'éloquence. Il l'y félicite de la place qu'il occupoit auprès du Roi des Oltrogots, & lui dit que Dieu l'avoit ainsi ordonné, afin que l'Etat Eccléfiaftique alors déja bien tombé, ne fût pas entierement anéanti. Depuis la decadence des letres, il ne fut point étrange de voir des Eccléfiaftiques & des Moines même exercer la medecine, parce qu'il n'y avoit plus qu'eux qui étudiaffent.

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Sur la fin du regne de Theodoric, Elpide forma le deffein d'embellir la ville de Spolete, en y rétablissant divers édifices ruinés. Il en demanda la permiffion au Prince, qui la lui accorda gracieusement, en relevant fon merite & fes longs fervices. Il y a toute apparence qu'Elpide finit fes jours en Italie, & peut-être à Spolete-même.

'On nous a confervé fous le nom de Rufticus Helpidius, deux pieces de poësie qui font des témoignages de fa pieté. L'une comprife en foixante-douze vers hexametres qui forment vingt-quatre ftrophes, chacune de trois vers, traite de divers points hiftoriques de l'ancien & du nouveau Teftament. L'autre eft un poëme de même mefure fur les bienfaits de J. C.

Elpide dans la premiere piece a tellement difpofé la plupart de fes ftrophes, que les traits de l'ancien Teftament y font fuivis par ceux du nouveau, qui y ont rapport. De forte que l'une établit la figure; & l'autre en montre l'accompliffement. Par exemple, après que le Poëte a rapporté la féduction d'Eve dans le paradis terreftre, il y joint

1. Le P. Sirmond conjecture d'une de ces letres, qui eft la 21e du ge livre, qu'Elpide étoit de Milan. Mais l'endroit d'où il le tire, ne fignifie rien autre chofe, finon que S. Ennode fe plaint à Elpi

de de ce que fur fa route il ne s'étoit point arrêté à Milan. Il y a beaucoup plus de fondement à le faire de Lyon, puifqu'il étoit Diacre dans cette Eglife.

auffi-tôt l'Annonciation de la Sainte Vierge. Après avoir parlé du facrifice d'Abraham, il parle auffi-tôt du facrifice de J. C. fur la croix.

Son poëme fur les bienfaits de J. C. a quelques beautés; mais le deffein qu'il s'y eft propofé, n'eft point rempli. En général la verfification dans l'une & l'autre piece

n'eft pas mauvaise pour le fiecle où vivoit ce Poëte.' On Bib. PP. ibid. p. tire des deux vers fuivants, qu'il avoit compofé un autre 462. 2. 463. poëme, que nous n'avons plus, pour tâcher de charmer la douleur où il étoit plongé. Il ne paroît pas néanmoins clairement, que ces vers aïent le fens qu'on y attache: c'est-à-dire qu'ils fuppofent un poëme perdu. Les voici.

Hinc etiam noftro nugata eft Schema dolori,
Garrula mendofis fingens fatyromata Mufis.

Les deux pieces de poëfie d'Elpide fe trouvent dans l'Ecole Chrétienne, ou recueil des Poëtes Chrétiens, que Georges Fabricius publia à Bafle en 1562.' Elles ont été p. 462-464. inférées depuis dans la Bibliotheque des Peres. Il y en a Fab.Bib. lat. app; une édition particuliere faite à Leipfick en un volume in P.42. 8°, dans lequel on a joint les poëfies qu'on attribue à Lactance & celles du Poëte Marbaudès. On eft redevable de cette édition à André Rivinus qui l'a enrichie de notes. de fa façon.

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L

Es Martyrs dont nous entreprenons ici de difcuter les Actes, font d'une part S. Felix Prêtre, S. Fortunat & S. Achillée Diacres, & de l'autre S. Ferreol Prêtre & S. Ferrution Diacre, tous Difciples de faint Irenée qui fouffrirent, comme l'on croit, vers les premieres années du III fiecle; les uns à Valence dans la Viennoife, où ils annonçoient l'Evangile, les autres à Besançon dans la Sequanoife, où ils faifoient la même fonction, Ce qu'on

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Sur. 23. Apr. p.

823-826 16. Jun.

P.536-538. Boll.

bp. 98-100. p. 8 Chif. Vefon.

2. p. 17-23.

7

t.

Boll. 23.Apr. p. 98. 116. Jun. P.

5. n. 2.

Till. H. E. t. 3.

p.

628 Bail. 23.Avr.

tab. cr. n. 2116,

Juin, ib.

nous apprend de leur vie & de leur martyre, eft tellement lié ensemble, quoiqu'on en ait fait deux hiftoires à part, que nous ne croïons pas devoir le feparer. On en verra les raifons dans la fuite.

'Surius paroît être le premier qui a fait imprimer ces deux hiftoires, l'une au vingt-troifiéme jour d'Avril, & l'autre au feizième de Juin. Les Continuateurs de Bollandus, les aïant revûes depuis fur divers anciens manuscrits, & enrichies de fçavantes notes, les ont publiées de nouveau & plus correctement dans leur grand recueil, aux mêmes jours que Surius. Avant cette derniere édition, Jean Jaques Chifflet avoit auffi donné dans son histoire de Befançon celle de S. Ferreol & de S. Ferrution, mais après en avoir retranché le commencement, & avec quelques changements de peu de conféquence.

Les Critiques ne conviennent point entre eux du merite de ces Actes. Les Continuateurs de Bollandus regardent ceux de faint Felix & de fes compagnons, comme une ancienne piece écrite par un Auteur contemporain,& les mettent beaucoup au-dessus des autres actes de faint Ferreol, qu'ils ne fuppofent écrits qu'au V, ou même au VI fiecle. MM. de Tillemont & Baillet foûtiennent au contraire, que ces premiers actes font étrangement éloignés du temps des Martyrs dont ils rapportent l'histoire, & qu'ils ne meritent aucune créance, finon dans quelques faits principaux qu'on a pû fçavoir d'ailleurs. Dom Ruinart n'en a pas jugé plus avantageufement, puifqu'il leur a refufé une place dans le recueil de fes actes finceres & choifis.

Il faut avouer, qu'en lifant ces actes avec quelque attention, l'on n'y apperçoit aucun des caracteres des pieces originales. Le ftyle y eft trop étudié, & n'y retient rien de l'aimable fimplicité des premiers fiecles de l'Eglife. Les faits y paroiffent trop groflis & trop ornés. Les réponses qu'on met dans la bouche des Martyrs, font trop longues & peu naturelles. Le merveilleux & l'extraordinaire l'emBoll. 23. Apr. p. portent prefque par-tout fur le folide & le vrai.' Telle est la vifion myfterieufe de faint Felix. Telle eft la letre des faints Ferreol & Ferrution aux trois autres Martyrs, où l'on prête à faint Ferreol une autre vifion à peu près femblable.' Tel eft encore le prodige éclatant, par lequel un Ange au milieu de la nuit répand la lumiere de toutes parts,

98. n. 3.4.

P 99.1. 10.

brife

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