Page images
PDF
EPUB

ce, jufques-là que pour y vaquer, les Moines étoient VISIECLE, difpenfés du travail des mains, au contraire la Regle de Tarnat prefcrit la pfalmodie à certaines heures, & le travail des mains à d'autres ; & bien loin de difpenfer du travail à caufe de la pfalmodie, elle dispense du jeûne à cause du travail, fur-tout au temps de la moiffon & des vendanges.

Mais ce qui met la chofe dans un dégré d'évidence,

qui leve toute difficulté, 'c'est que la Regle qui fait le L. 1. n.73 | app. fujet de ce point de critique, eft nommée la Regle de p. 680. 1. Tarnat à caufe d'un ancien Monaftere de ce nom, fitué

au Diocèse de Lyon fur le Rhône, pas loin de Vienne. C'eft ce que Dom Mabillon a prouvé d'une maniere qui ne fouffre point de replique.

'Cette Regle qui contient vingt-trois chapitres ou Cod. reg. 1. 2. p. articles, eft une de celles dont faint Benoît d'Aniane a 107. 116. formé fon Code des Regles, & qu'il emploïe fouvent dans fa concorde. Elle eft fort bien écrite pour le fiecle auquel elle a été dreffée. On ne sçauroit au refte en fixer l'année précise. Mais il paroît hors de doute que ce fut avant la fin de ce VI fiécle, & quelque temps après que faint Céfaire eut publié la fienne, done on y apperçoit plufieurs traits, & par conféquent vers l'an 55o. Il y en a d'autres tirés de celle de faint Pacôme, & plus particulierement de celle de faint Augustin, qui n'eft autre que la 211 autrefois 109e letre de ce Pere. On remarque même que les dix derniers chapitres de cette Regle font pris prefque en entier de la même letre. Il femble auffi à en lire le premier & le fecond chapitre,que l'Auteur avoit connoiffance de la Regle de faint Benoît Ce qui fait naître cette penfée, font les endroits où il parle des épreuves par lefquelles il veut qu'on fafle paffer les Novices, avant que de les recevoir, & de la def appropriation où ils doivent fe mettre de leurs biens, foit en les vendant, ou les cédant au Monaftere, dont ils mettront la ceffion fur l'Autel. Ce font-là des expreffions qui fe lifent dans la Regle de faint Benoît. Ce qui y est dit des outils à l'ufage du Monaftere, & la défense faite aux Moines de parler de ce qu'ils ont vu dans leurs voïages, font encore des traits de la même Regle.

'L'Auteur de la Regle de Tarnat veut qu'on la life en P. 116. c. 23.

VI SIECLE. Communauté une fois chaque femaine, afin que l'on puiffe voir en quoi l'on manque de l'observer. Que fi l'on reconnoît qu'on y eft fidéle, il exhorte à en rendre graces à Dieu, comme au diftributeur & à la fource de tous les biens. 'Il y avoit à Tarnat dès le commencement une bibliotheque reglée, & un Moine prépofé pour en avoir

P. 115. C. 22.

223.

foin.

Outre le Code des Regles où fe trouve celle de TarCoint. ib. n. 200- nat, 'le P. le Cointe l'a inférée en entier dans fes annales, avec des obfervations de fa façon, & la Regle de faint Augustin, en la conférant avec les dix derniers chapitres de l'autre.

***

Conc.t. 5. p.325327.

Boll. 16. Juh. pi

212. n. 4.

SAINT AURELIEN,

A les,

EVÊQUE D'ARLE S.

S I.

HISTOIRE DE SA VIE.

UXANE qui avoit fuccédé à faint Céfaire d'Arles, ne gouverna pas long-temps cette Eglife. 'Dès avant le mois d'Août 546, Aurelien avoit été élû & ordonné Evêque en fa place. Cette ordination fe fit avec l'agrément du Roi Childebert, à qui obéïffoit alors la ville d'Artes; & fur le témoignage que ce Prince rendit au nouveau Prélat, le Pape Vigile lui accorda les mêmes prérogatives dont avoient joüi faint Céfaire & Auxane les prédéceffeurs. Elles confiftoient ces prérogatives à ufer du Pallium, à faire les fonctions de Vicaire du Pape dans les Gaules, & à juger les differends des Evêques, en fe faisant affifter d'autres Evêques en nombre compétant.

Aurelien avoit alors quarante-fept ans, étant né en

qui fut trouvée, lorfqu'en 1308 on decouvrit fon tombeau à Lyon.

1. Ces époques font fondées fur les Boll. ibid. p. 111. deux Vers fuivants, qui font partie d'une 31. 3. efpece d'épitaphe de faint Aurelien, Præcipit heu ! rurfum numerans quinquennia quinque, Et tribus adjectis metas volventibus annis.

P. 42.47.

499, apparemment à Arles même, ou dans le Diocèse. VI SIECLE. Ainfi il ne peut pas être le Prêtre de ce nom, à qui faint Enn. 1. 8. ep. 35t Ennode de Pavie adrefle deux de fes letres, comme le 19. ep. 27 | not, prétend le P. Sirmond. Saint Ennode en effet est mort en 521, lorfqu'Aurelien n'avoit encore que vingt-trois ans, & qu'il ne pouvoit pas par conféquent être encore élevé au Sacerdoce.

C. M. I. 7. epl

En montant fur le fiége de faint Céfaire, Aurélien hé, rita de tout fon zéle pour l'ordre Monaftique, 'Il fon- Cod. reg. t. 2. p. da à Arles même deux Monafteres, l'un pour des hom- 69.3. P 37.| mes, l'autre pour des filles. La fondation du premier fut 117 Mab. ann. 13 faite par la libéralité du Roi Childebert, le quinziéme s.n. 31, des calendes de Décembre indiction onzième, la cin quiéme, ou plutôt la feptième année après le Consulat de Bafile: c'est-à-dire, l'an 548, & fur enfuite confirmée par le Pape Vigile. Ce Monaftere fut dedié fous l'in vocation de tous les Apôtres, & de tous les Martyrs, & eut faint Florentin pour premier Abbe. La fondation de l'autre fuivit de près, & fe fit fous l'invocation de la Sainte Vierge. Le faint Fondateur leur donna à l'un & à l'autre chacun une Regle, dont on parlera plus en détail ciaprès. 1

'Au mois d'Octobre 549 il affifta au célébre Con- Conc. ib. p. 390. cile d'Orleans, que l'on compte pour le V, & y fouf 397. crivit après faint Sacerdos de Lyon qui y préfida, & avant fept autres Métropolitains. On trouve même des manuf Gall. Chr. nov. t. crits de cette affemblée, où la foufcription de faint Au- 1.p. 337relien précéde celle de faint Sacerdos : ce qui marque qu'il

y auroit préfidé; & le rang qu'il tenoit dans l'Eglife des Gaules le feroit croire.

'Saint Aurelien aïant appris la même année que le Pa- Conc. ib. p. 5 5pe Vigile avoit condamné les trois Chapitres, & le bruit 560.. fe répandant que cette condamnation retomboit fur le Concile de Calcédoine, il refufa d'y ajoûter foi, fans s'en être afluré par lui-même. Il envoïa donc vers le Pape, qui étoit encore à Conftantinople, un Clerc de fon Eglife nommé Anaftafe, avec des letres où il prioit Vigile de lui faire fçavoir, fi ce qu'on publioit de lui étoit véritable. Le Pape lui répondit par une letre qu'on nous a confervée, & dans laquelle il loue le zéle de faint Au

VISIECLE. relien pour la foi, & affure qu'il n'a rien fait contre leg décrets de fes prédéceffeurs, ni contre l'autorité du Concile de Calcédoine en particulier. I le prie fur la fin de s'emploïer auprès du Roi Childebert, afin que ce Prince engageât les Gors qui s'étoient emparés de Rome, à ne rien faire au préjudice de la foi & du Saint-Siége. Cette letre du Pape Vigile eft du vingt-neuvième jour d'Avril de l'an 550.

Gall. chr. ib.

Boll.ib. n 3. 4.

Quelques Ecrivains placent en cette même année, la mort de faint Aurelien. D'autres la renvoient jufqu'en 553. Mais la véritable époque de cette mort se doit pren. dre d'une infcription, que l'on trouva en 1308 en décou vrant fon tombeau dans la chapelle de faint Nicet ou Ni. zier à Lyon. Suivant cette infcription, faint Aurelien mourut dans cette Ville le feizième des calendes de Juil let, l'onzième année après le Confulat de Juftin, indic tion quatorziéme, ce qui revient au feizième jour de Coint. ann. 551. Juin 551, & s'accorde avec l'année à laquelle fe tint le II Concile de Paris, où préfida Sapaude fuccefleur de nôtre Saint. Sa fête eft marquée dans les martyrologes au jour de fa mort. :

n. j.

Gall. chr. ibid.

Boll. ib. n. 3.

37-45.

'A la découverte de fon tombeau l'on trouva fon épitaphe , qu'on ne put entiérement déchiffrer. Elle est trop défectueufe pour la donner ici. Ce qu'on y peut lire au reste, malgré tous fes défauts, eft très-honorable à la mémoire de faint Aurelien.

S II.

SES ECRITS.

Cod.reg. t. 2. p. 'Les deux Regles que faint Aurelien donna à fes deux 58-681 t. 3. p. différents Monafteres, font venues l'une & l'autre jufqu'à nous. On en eft particulierement redevable à faint Benoît d'Aniane, qui les recueillit dans fon Code des Re. gles, & en fit entrer divers endroits dans fa concorde. Egbert Archevêque d'Iorc & Smaragde en citent auffiquelques chapitres. Ces deux Regles toutefois font fonciere. ment les mêmes, & n'en font proprement qu'une. Celle qui eft pour les filles, a été copiée fur l'autre presque ·

mot à mot, & n'eh differe qué par le changement des VI SIECLE, noms mafculins en féminins, & par le retranchement de certains endroits qui ne conviennent pas à des filles. Du refte les obfervances font les mêmes, & exprimées en mê

mes termes..

'Celle pour les Moines eft divifée en 5 articles ou T.2. p. 61.68. petits chapitres, fans y comprendre la préface & l'ordre de la pfalmodie, & des repas, qui en fait la clôture. Il paroît manifeftement qu'elle a été tirée pour la plus grande partie, des Regles de faint Céfaire & de faint Be. noît. Que faint Aurelien ait eu connoiffance de celle-ci, l'on n'en peut douter; puifqu'il prefcrit l'office de Com' plies, qui doit fon origine à cette Regle. Mais il n'en a pas pris tout l'ordre de la pfalmodie ni des jeûnes. Il prefcrit beaucoup plus de pfeaumes pour chaque heure canoniale, que ne fait faint Benoît. Pour les jeûnes, il n'en ordonne aucun depuis la Pentecôte jufqu'au premier de Septembre. Pendant tout ce mois-là on devoit jeûner trois jours de la femaine, le lundi, le mercredi & le vendredi, & point du tout pendant le mois d'Ottobre. Mais depuis le premier de Novembre on reprenoit le jeûne tous les jours jufqu'à Noël, excepté les famedis & les dimanches. De même depuis l'Epiphanie jufqu'à Pâque, hors les mêmes jours, & ceux auxquels tombe quelque grande fête. Depuis Pâque jufqu'à la Pentecôte on ne jeûnoit que le vendredi feulement.

La Regle de faint Aurélien differe encore de celle de faint Céfaire & de faint Benoît, 'en ce qu'elle ordonne p. 61. 63. C. 2-14. aux Moines une clôture fi rigoureufe, qu'elle ne veut pas qu'ils fortent jamais du Monaftere, ni qu'ils reçoivent aucun laïc foit dans l'Eglife, ou dans le refte de la mai

fon, mais feulement au parloir. 'Elle enjoint à tous d'ap- p. 4. c. 28.32. prendre les letres, & de s'occuper à la lecture depuis prime jufqu'à tierce. 'A la fin de la Regle fe lifent ces p. c8. paroles, qui marquent la grande humilité de l'Auteur : Aurelianus peccator Regulam hanc in Chrifti nomine infti

tui.

'Celle des Religieufes eft divifée en 40 articles, & t. 3. p. 37-45. adreflée aux vénérables Sœurs du Monaftere de fainte

Marie dans la ville d'Arles. A celle-ci eft jointe une letre de Jean Evêque du lieu l'un des fuccefleurs de

« PreviousContinue »