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VI SIECLE. Fauftien, le nourriroient tour-à-tour, & lui païeroient cent fous d'or par an. Ces trois Prélats étoient Bertran de Bourdeaux, Pallade de Saintes & Orefte de Bafas, Urficin Evêque de Cahors fut excommunié pour avoir reçu Gondebaud, On lui impofa de plus trois ans de péniten ce, pendant laquelle il ne couperoit point fa barbe ni fes cheveux, s'abstiendroit de vin & de chair, & feroit interdit de fes fonctions facerdotales, quoiqu'il confervât le gouvernement de fon Eglife. vật

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'Il nous refte de ce Concile vingt Canons, avec une préface qui fe lit à la tête, & dans laquelle les Peres de l'affemblée témoignent une joje mutuelle de fe voir réunis, pour regler ce qu'il convenoit de faire dans les befoins préfents de l'Eglife. Ni la préface ni les Canons ne font aucune mention de l'affaire des Evêques dont on vient de parler. C'est pourquoi il ne faut pas féparer des actes de ce Concile, le vingtiéme chapitre du huitiéme livre de l'Hiftoire de faint Grégoire de Tours, qui contient la relation d'une partie de ce qui fe pafla dans cette affemblée. On y difputa fçavoir, fi-l'on pouvoit donner à la femme le nom d'homme,

Tous les Canons qu'on y drefla, font importants. 'On y recommande l'obfervation du Dimanche qui étoit fort négligée, & de fêter à Pâques pendant fix jours, Comme la coûtume de baptizer à cette folennité tomboit infenfiblement, le Concile ordonne qu'on la fera reviyre, & qu'on ne baptizera même qu'à cette fête, hors les cas de néceffité. Il oblige tous les fideles de l'un & de l'autre fexe à faire tous les Dimanches leur offran de de pain & de vin à l'autel,' & de païer les dixmes aux Miniftres de l'Eglife, fuivant la loi de Dieu & la coûtume immémoriale des chrétiens. Il eft à remarquer qu'il attache la peine d'excommunication au violement de ce Canon,

'Le Concile rappellant les ordonnances de ceux d'Afrique, défend à tout Prêtre de célébrer la Sainte Messe autrement qu'à jeun, 'Il veut que les caufes des Afranchis de l'Eglife foient portées devant les Evêques, & celles des Evêques devant les Métropolitains, ou en plein Concile. 'Il est défendu aux Evêques d'avoir des oifeaux de proïe, ou des chiens même domestiques, & ordon

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né aux Laïcs d'honorer les Clercs majeurs. De forte vI SIECLE. qu'en fe rencontrant en chemin, fi l'un & l'autre est à cheval, le laïc ôtera fon chapeau; & fi le clerc est à pied & le laïc à cheval, celui-ci defcendra pour faluer Î'autre. On peut voir ce que portent les autres Canons, aux endroits cités de la collection des Conciles.

O

EVANCE,

Δ

EVE QUE DE VIENNE.

N fçait peu de chofes de l'hiftoire de ce Prélat

'Son nom fe trouve même differemment énoncé Canif., t. 5. pi dans les monuments qui font mention de lui. Dans $54.

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chr. an.

les uns il eft nommé Evantius ou Evantus, & dans d'autres Eventius ou Aventius. 'Il fucceda à Philippe dans le Ado fiége Epifcopal de Vienne, quelque temps après l'an 575. 573. Evance gouverna cette Eglife avec tant de follicitude & de vigilance, qu'il mérita d'être compté au nombre de fes faints Evêques.' Il eut part à ce qui fe fit Conc. t. 5.p. 971. dans quatre Conciles qui fe tinrent dans les Gaules 975. 976.987. dant fon Epifcopat. En 581 il fe trouva au premier de Mâcon, & quatre ans après au fecond qui fut affemblé au même endroit, & où l'on dreffa les beaux reglements dont on a parlé. Dès 583 il affifta au cinquième de Lyon, & l'année fuivante au quatrième de Valence. Dans les trois premiers il foufcrivit le fecond des Metropolitains, qui fe trouverent à ces faintes affemblées.

'Il mourut, felon faint Grégoire de Tours, en l'onziéme Gr. T. hift. 1. 8. c. année de Childebert Roi d'Auftrafie, 586 de J. C. Sa 39. not. ib. fête eft marquée dans nos martyrologes à divers jours :

en quelques-uns au treizième de Janvier, & en d'autres

au troifiéme de Février.

'On nous a confervé fous le nom d'Evance une letre Canif. ib. p. 555contre ceux qui prétendoient que le fang des animaux 557. Bib. PP. t. eft immonde, quoiqu'ils regardaffent autrement leur 1. p. 1092.1093. chair. L'Auteur y prouve qu'on peut fans fcrupule,manger de leur fang, & que de s'en abftenir ce feroit une fuperftition Judaïque. Canifius eft le premier qui nous a donné cette letre ; & de fon recueil elle eft Tome III.

Xx

I

VI SIECLE paffée dans la Bibliothèque des Peres.

Poll. app. t. I.

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ve, p. 350. Mir.

C.

1472. du Pin.ib. 6. 6. p. 214.

Canif. B. t. 1.

521.

p.

'Prefque tous les Modernes conviennent fans difficulapp. 2. p. 29 Ca- té, que l'Auteur de cette letre quoique qualifié Abbé, au&t. c. 160. n'eft autre qu'Evance Evêque de Vienne. C'est ce que Oud. Scri. t. 1. p. poffevin, Aubert le Mire, Cave, Oudin & M. du Pin fuppofent comme un fentiment reçu de tout le monde. Mais M. Bafnage, qui a fait réimprimer cette letre avec le recueil entier de Canifius, prouve par de fortes raifons, qu'elle eft plûtôt l'ouvrage d'un Abbé nommé Evance, qui n'écrivoit qu'au VII fiècle, que de l'Evêque de Vienne de même nom. M. Bafnage fe trompe néanmoins en faisant Espagnol l'Auteur de cette letre. Nous montrerons dans la fuite que c'étoit l'Abbé d'un Monaf tere dans le voifinage de la ville d'Albi.

Mab. a&. B. t. I.

P. 319 n. 2. Gr.
T. hift. 1. 3.c. 4.

7.

Mab. ib. p. 320. n. 3-13.

SAINTE RADEGONDE,

R

REINE DE FRANCE.

Adegonde, fille de Berthaire Roi de Thuringe, nâquit en 519. Dix ans après, les François aïant defait les Thuringiens, emmenerent quantité de prifonniers de la premiere diftinction. La jeune Princeffe Radegonde fut du nombre, & tomba en partage à Clotaire, qui la fit élever à Athiés, maifon roïale en Vermandois, où elle fut inftruite dans le Chriftianif me & la connoiffance des letres.

'Au bout de quelques années Clotaire l'époufa. Mais bien loin que le brillant d'une couronne & les délices d'une Cour telle qu'étoit celle de Clotaire, afoibliffent la pieté que Dieu avoit infpirée à Radegonde, elies ne fervirent qu'à la fortifier, & à la faire paroître avec un nouvel éclat. Tout le temps qu'elle y paffa, fut un enchaînement de pratiques de toutes fortes de bonnes œuvres. De maniere qu'on difoit hautement, que le Roi avoit plutôt époufé une Religieufe qu'une Reine. Tout ce qu'elle voïoit à la Cour, lui en donnoit de plus en plus du dégoût, & lui fit enfin former la réfolution de la quitter. Elle faifit l'occafion de la mort d'un frere que Clotaire fit mourir injuftement, pour exécuter fon pieux deffein, Elle alla trouver faint Médard Evêque de Noïon

P. 322. n. 14.15
T.hift. 1. 9. c. 14.
P. 472.

P.327. n. 5. Gr.

pour le preffer de la confacrer à Dieu; & fur le refus, VISIECLE. qu'il en fit elle fe coupa elle-même les cheveux, & fe couvrit la tête d'un voile. Le faint Prélat voïant une générofité fi héroïque, l'ordonna Diaconeffe, quoiqu'elle n'eût pas encore l'âge prefcrit par les Canons. Radegonde ainfi confacrée, alla à Tours honorer p: 322. n. 14. 15? le tombeau de faint Martin, & de-là fe retira à Poitiers, où avec la permiffion, & par les libéralités du Roi Clotaire, elle bâtit le célébre Monaftere de Sainte Croix. Bien-tôt elle y affembla une grande communauté de Vierges fous la conduite d'une Abbeffe, à laquelle elle fe foŭmit elle-même avec l'humilité d'une fimple particuliere. 'Ce fut-là qu'elle fit voir qu'elle n'avoit renon. Fort. 1. 8. c. I. p. cé aux grandeurs paflageres, que pour s'attacher à Dieu, 184. en qui elle avoit mis tous fes thréfors. Aïant une fois changé fes ornements roïaux contre le plus vil vêtement, fes richeffes contre la pauvreté, fon état de Reine contre la condition de fervante des époufes de J. C. elle ne fit plus confifter le véritable honneur qu'à être méprifée; & lorfqu'on lui en rendoit quelqu'un, elle le regardoit comme une injure. Pour tout dire en un mot, elle fit revivre en fa perfonne, par fa pieté, fes abftinences', fes jeûnes, fes veilles, fes affiduités à fervir les pauvres, elle fit revivre les Marthes, les Paules, les Euftoquies, les Marcelles, les Melanies, les Blefilles.

n. 8. 9.

Aprés la priere, une de fes principales occupations Mab. ib. p. 318. étoit la lecture. Elle y donnoit la plus grande partie du jour & de la nuit. Et afin de la foulager dans ce travail, elle avoit toûjours près d'elle une Religieufe qui lui fervoit de lectrice. 'Elle lifoit les Peres Grecs, comme les Fort. ib. Latins, & leurs ouvrages dogmatiques, comme les moraux, les Poëtes Chrétiens, comme les Hiftoriens Ecclefiaftiques. 'Ce fut par-là qu'au jugement d'une de fes Ele- Mab. ib. p. 332. ves, qui a écrit fa vie, elle acquit autant de fçavoir qu'aucune autre perfonne de fon fiecle.

n. 24.

'Lefçavoir de Radegonde ne fut point en elle un fonds n. 21. ftérile. Elle s'en fervit pour contribuer à l'inftruction des Vierges avec qui elle vivoit, & leur infpirer une noble émulation pour la lecture. De forte, dit l'une d'entre elles dans la vie de la Sainte, qu'il n'y en avoit aucune qui pût s'excufer fur fon ignorance. 'Lorfqu'on faifoit la p. 328. n. 8. 9. lecture en commun, la pieufe & fçavante Reine leur en

P. 332. n. 24.

VI SIECLE. expliquoit les endroits obfcurs & difficiles, avec une grace & une onction qui enlevoient les cœurs. Entre les autres pieufes maximes qu'elle établit dans fon Monastere, elle voulut qu'on fît aux Religieufes des exhortations reglées, qui fe continuerent encore après fa mort.

A l'amour des letres, Radegonde joignit l'eftime pour ceux qui les cultivoient. La réputation qu'avoit le prêtre Fort. ib. p. 183. Fortunat, nouvellement venu d'Italie, d'y exceller, enga

1.2. not. p. 21. Gr. T. hift. 1. 9.

C. 40.

ib.

C. 2.

gea la Sainte à l'attirer près d'elle pour en faire fon Aumônier & fon Directeur. Ce grand homme s'attacha tellement à cette religieufe Princeffe, qu'il fixa fon féjour à Poitiers, dont il devint enfuite Evêque. Ce fut là, & avant fon épiscopat, qu'il compofa la plupart des poëfies qui nous restent de lui. Une des plus remarquables est l'hymne Vexilla regis, que l'Eglife chante encore dans fes offices, Fortunat la fit avec quelques acroftiches fur le même fujet, à l'occafion de la particule confiderable de la vraïe croix, que fainte Radegonde reçut de l'Empereur Juftin, & qui fit donner à fon Monaftere le nom de Sainte Croix.!

Mab. ib. p. 333. La Sainte mourut le treizième jour d'Août qui étoit un n. 26. 27. Gr. T. Mercredi, en la foixante-huitième année de fon âge, la douzième du regne de Childebert II, 587 de J. C. On différa de trois jours fes obfeques, pour attendre l'Evêque du lieu occupé à vifiter fon Diocèfe. En fon abfence la cérémonie en fut faite par S. Grégoire de Tours, avec qui nôtre Sainte de fon vivant étoit fort liée. Elle fut célebre par les miracles avant & après fa mort.

Gr. T. ib. c. 42.
P-472-476.

'Il nous refte de fainte Radegonde un Teftament en forme de letre, adreffé à tous les Evêques de France. Elle les y prie avec larmes d'emploïer toute leur auto rité, à ce que les biens qu'elle & d'autres avoient donnés à fon Monaftere, & qui lui avoient été confirmés par les Rois Cherebert, Gontran, Chilperic & Sigebert, lui foient confervés. Qu'il ne foit jamais trouble dans la poffeffion de fes privileges, nommément celui d'elire fon Abbeffe. Qu'elle même Radegonde ne foit point privée de la confolation d'être enterrée avec plufieurs de fes fœurs dans l'Eglife de la Sainte Vierge, qu'elle avoit commencé à faire bâtir. C'est aujourd'hui une Collegiale qui porte le nom de la Sainte, tout proche fon monaftere de Sainte Croix,

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