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d'Autun, fut inftruit dans toutes les fciences convenables à un jeune homme de condition, fous la difcipline d'un fçavant Prêtre du choix de Didon Evêque du lieu, a diverfis ftudiis quibus fæculi potentes ftudere folent, ad plene in omnibus difciplina lima effet politus.

XXI. Outre l'Ecole épifcopale,' il y avoit encore au Mo- p. 954-6. 7. naftere de S. Hilaire, à un des Fauxbourgs de Poitiers, une autre Ecole très-célebre du temps de l'Evêque Anfoald. Celle-ci étoit fous la direction du Moine Ansfrid, qu'on nous représente comme un perfonnage d'un fçavoir peu commun en fon fiecle, & d'une fainteté reconnue. De cette Ecole fortit entre autres grands hommes, S. Aicadre, qui fut depuis Abbé de Jumieges en Neuftrie. A l'exemple, & peut-être fur le modéle des Ecoles de la ville epifcopale, il s'en forma d'autres dans le Diocèfe. Il eft certain qu'à Ligugé en par- Mus, ir. p. 12 3. † ticulier on faifoit encore en ce fiecle de fort bonnes étu- an. 1. 17. n. 30. des. Nous avons un ouvrage qui fut alors compofé dans ce Monaftere, le plus ancien qu'on eût vû dans les Gaules ; & l'on en conclud que la bibliothèque étoit fournie de prefque tous les Peres Grecs & Latins, dont on y cite un grand nombre. Urfin ou Urficin Abbé du monaftere, fous act. P.1 2.p.679) qui écrivoit l'Auteur de cet ouvrage, étoit lui-même un Bol.1. Fcb. p. 222 homme de Letres, & d'une profonde érudition pour le temps,

1. 11. n. 12. appi

P. 704. Co 230

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& nous a laiffé une vie de S. Leger. 'Dès le fiecle précedent Mab. act. ib. p on cultivoit les Lettres avec fuccès à Anfion, aujourd'hui 1101. n. 3.4 S. Jouin de Marnes au même Diocèfe; & il s'y forma quelques Evêques & plufieurs Abbés. Il ne paroît point que l'on difcontinuât de le faire en ce fiecle-ci, d'autant moins que les études fe foûtenoient mieux dans le Diocéfe, comme on vient de le voir.

XXII. On ne doit point douter non plus, que l'Ecole épifcopale de Paris, fi floriffante fous S. Germain, au fiecle précedent, ne confervât en celui-ci quelques traits de fa premiere fplendeur. Que fi elle eut le malheur de tomber, comme tant d'autres, elle fe releva infailliblement fous l'Epifcopat de

S. Ceraune, ce Prélat fi ftudieux, dont on a déja parle. On Mab. ib. t. 3. ps vit une autre Ecole à Châtre dans le même Diocèfe, où 500.101.803. S. Corbinien qui en étoit natif,& qui fut depuis Evêque de Frifingues, & l'un des Apôtres du Norique, fut inftruit dans les Letres. Il en ouvrit une autre lui-même dans le lieu de fa retraite au voisinage de Châtre, &y forma des difciples avant que de fortir du païs pour famiffion. Celle qu'on a remar- t. p. 335.7.3}

Hhhiij

an.l. 18. n. 19

678-682.

quée dans la ville de Chartres au fiecle précedent, fous la direction du Prêtre Chermire, fe maintint en celui-ci dans toute fa vigueur. Ce fut-là que Saint Leutfroi, après avoir pris une premiere teinture des Letres à S. Taurin d'Evreux, alla fe perfectionner dans les hautes fciences qu'on y enseignoit encore alors avec beaucoup de fuccès, ubi diverforum ftudiorum doctrinam abundare noverat. On ne trouve rien touchant les autres Ecoles de ce Diocèse en ce fiecle; mais il n'y a pas lieu de douter que l'on ne continuât encore à faire de bonnes études aux célebres monafteres de Piciac & de

Courgeon. Celui-ci devoit fa fondation à S. Laumer, qui Boll. 13. Feb. p. avoit été fort bien inftruit dans les Letres. A Angers fur la fin du VI fiecle, & les premieres années du fuivant, le Clergé de cette Eglife avoit en la perfonne de S. Lezinfon Evêque, un exemple capable de lui infpirer de l'amour pour la fcience eccléfiaftique. L'Auteur de fa vie nous le représente en effet comme un Prélat auffi docte qu'éloquent, qui laifia même quelques écrits de fa façon, qu'on a négligé de nous faire Gall chr. vet. 2. connoître. C'eft fans doute pour cela que l'Univerfité de cette ville l'a choifi pour fon Patron,

P. 115.

Fort 1. 3. c. 27.

188.

XXIII. Il paroît par l'idée que l'antiquité nous donne du mérite de plufieurs grands Evêques qu'eut l'Eglife du Mans en ce fiecle, que l'Ecole épifcopale s'y foutint encore avec quelque honneur. S. Bertchramne qui la gouverna jufqu'en 623, étoit un homme de Letres, qui fe mêloit Mab. ana. t. 3. p. même de poefie.' Aiglibert ou Engilbert, qui rempliffoit le même Siege après le milieu du fiecle, paffoit pour un Prélat fort verfé dans l'intelligence des faintes Ecritures; ce qui fuppofe qu'il avoit fait de bonnes études, & qu'il avoit foin de les maintenir dans fon Clergé. De la ville épifcopale le goût pour act. B. t. 1 p. 273. les Letres fe répandit dans le Diocèse à la campagne. Dès le temps de S. Domnole, le monaftere qu'il avoit bâti au-delà de la Sarte, connu depuis fous le nom de S. Pavin, devint une Ecole publique, où l'on inftruifoit la jeuneffe ; & l'on continua fans doute en ce fiecle à y enfeigner les Letres. On ne nous apprend point fi ce fut à cette Ecole, ou à celle de la Cathédrale,'que S. Siviard natif du Maine, les avoit étudiées. Mais il eft certain qu'il y avoit fait des progrès confidérables, avant même qu'il se retirât à Aninfole, dont il fut Abbé en ce fiecle, & où il compofa la vie de S. Calais Fondateur du monaftere: doctiffimus in cunctis falutaribus difciplinis, dit l'Auteur de fa vie. ' Ce dernier Ecrivain Moine d'Anin

n. 7.

63. P. 486,

Boll. 1. mar. p. 65.65.

fole, dont on eftime l'ouvrage, & qui s'y montre fort inftruit de la doctrine de S. Auguftin, porte à juger qu'on s'appliquoit ferieusement aux Letres dans fon Monaftere. S. Serenede Mab. ib t. 2. p. ou Serenés'étant retiré de Spolete fa patrie, à Saulge dans le 72. n. 179. Maine, y forma auffi quelques difciples dans les Letres qu'il

avoit fort cultivées, au même temps qu'il les formoit aux exercices de la pénitence.

n.9.

XXIV. Si du Maine on paffe à Bourges, on verra que p. 163. 170. n. 1. l'Ecole de la Cathédrale y étoit très-floriffante fous l'Epif- 8. copat de S. Auftregifile. S. Sulpice le Débonnaire,qui n'étoir encore que Clerc de cette Eglife, y enfeignoit avec un concours prodigieux, & beaucoup de réputation; eò quod ad ipfum doctrina gratia multitudines convolarent. On ne faifoit guéres moins d'honneur aux Letres en quelques autres endroits

14.

du Diocèfe, que dans la ville épifcopale. 'Le monaftere Boll. 25. Mar. p. de Lonrey, aujourd'hui S. Siran, étoit ouvert à la jeune $72. 573.n, 10. nobleffe du pais, qui y venoit recevoir les inftructions convenables à få naiffance. Le Scribe qui prêta fa plume en ce même fiècle pour écrire la fameufe vifion de S. Baronte, témoigne avoir été élevé lui-même dans cette Ecole fous l'Abbé Francard, en qui l'érudition alloit de pair avec la pieté, & qu'il qualifie le nourricier & le maître des enfants

433.

de condition: Nutritor & doctor filiorum nobilium.' Quatre ou- Mab ib. p.95 9. vrages affez bien écrits, qui nous reftent d'autant d'Auteurs 167-186.432du païs, qui vivoient, les uns vers le milieu, les autres vers la fin de ce fiecle, nous fourniffent des preuves fuffifantes, que les Letres ne fouffrirent pas un déperiffement confidérable dans ce Diocese pendant tout ce temps-là. Ces ouvrages font les vies de S. Auftregifile, de S. Sulpice le Débonnaire, & de S. Siran.

XXV. Ce qu'on a dit du mérite & du fçavoir de deux Evêques de Clermont en Auvergne, S. Prix & S. Bonet fait préfumer qu'ils prirent un foin particulier de foutenir l'Ecole de leur Eglife. On parle avec quelque détail d'une t. 3. po9 cath 3autre Ecole de la même ville, comme differente de celle de la Cathédrale. Elle devoit être célebre, puifqu'outre la Granimaire & la Rhétorique, on y enfeignoit le Droit Ro main en se servant du Code Théodofien: ce qu'on ne lit point dans l'histoire d'aucune autre Ecole de France en ce fiecle. S. Bonet en fa jeuneffe y fit tant de progrès, qu'il mérita la préférence entre tous les autres Sophistes de fon temps. La préfence de ce Prélat à Manlieu, fervit fans doute beau

P. 95. n. 18.

y

coup à foûtenir la profeffion qu'on faifoit de cultiver les Letres, lorfqu'à la fin du même fiecle il abdiqua l'Epifcopat, pour fe retirer dans ce monaftere. ' Les études étoient déja floriffantes; puifque les hérésies de Novatien & de Jovinien s'étant renouvellées en Auvergne, les Moines de cette 1.2. p. 646. n. 2. maifon entreprirent de les réfuter par un écrit public. On n'é

3.

P. 541. n. 2.

Gr. M. 1. 9. ep. 48.

tudioit avec guéres moins de foin dans le monaftere de faint
Auftemoine à Içoire au même Diocèfe. Il y avoit, comme à
Lonrey, une Ecole ouverte à la jeune nobleffe du païs. Ce
fut-là que S. Préject prit la premiere teinture de cette éru-
dition & de cette éloquence, que loue en lui un des Auteurs
de fa vie. Il y eut auffi, felon toute apparence, pour
ciple le S. Prêtre Evode, qui fut depuis le compagnon de ses
travaux dans les fonctions de l'Epifcopat, & dont le même
Ecrivain releve la pieté, le fçavoir & le talent qu'il avoit pour
la controverfe.

condif

XXVI.' A Vienne l'Ecole épifcopale fe foûtenoit encore dans quelque réputation fous S. Dizier, à la fin du VI fiécle & au commencement du VII. On y enfeignoit les Arts libéraux avec les sciences eccléfiaftiques. Mais S. Grégoire le Grand ne pouvoit fouffrir que ce fut ce Prélat qui enfeignât luimême la Grammaire. La raifon qu'il en donne, eft qu'il ne convient point qu'une bouche confacrée aux louanges de Dieu, s'ouvre pour celles de Jupiter. Il paroît par-là que ce faint Pontife auroit voulu que c'eût été tout autre qu'un Eccléfiaftique qui eût enfeigné les fciences humaines, même dans les Ecoles deftinées à l'inftruction des Clercs. On ne voit point cependant que cela fe foit pratiqué dans les Gaules, non plus qu'ailleurs. Quoiqu'il en foit, l'idée qu'on a donnée fur les fiécles paffés de l'état des études dans les monafteres du Diocèfe de Vienne, ne fe trouve point détruite par aucun monument de ce fiécle. On peut donc croire qu'elles y étoient encore cultivées avec quelque foin, & que le nombre des EcoMab. ib. p. 483. les de ce Diocèfe étoit prodigieux,' puifqu'on y comptoit jufqu'à foixante monafteres, fans y comprendre ceux de la ville capitale. L'hiftoire ne nous apprend rien en particulier de l'état des Letres à Lyon en ce fiécle. Mais rien n'empêche que cette grande ville ne fût encore,' comme elle étoit les fiécles précedents, un lieu d'exercices pour les Sciences & les p. Arts. Ce fut-là effectivement que S. Vilfrid, depuis Evêque d'Yorc, & l'un des plus illuftres Prélats de la grande Bretagne, fe forma pendant trois ans aux fciences convenables à un

4840

Dipl. fuppl. c. 3.

n. s.

Act. B. t. 5.

68c. 681.

Clerc,

Clerc, fous la difcipline de S. Annemond, autrement nommé
Delphin, Evêque du lieu.

Boll. 1. Mai. p. 109. n. 3. | Mab.

XXVII.' A Châlons-fur-Saone, S. Loup qui gouvernoit Gall. chr. nov. t. cette Eglife vers le milieu de ce fiécle, ou peu après, étoit lui- 4. p. 869. 87.0. même à la tête de l'Ecole de fa Cathédrale, & avoit grand foin d'y faire fleurir les fciences divines. Comme un autre S. Céfaire d'Arles, il étoit auffi ingénieux qu'affidu à faire à fes Clercs de fréquentes queftions fur l'Ecriture, pour leur en donner une plus grande intelligence. Quoiqu'on ne trouve rien touchant l'Ecole épifcopale de Cahors, la grande répu tation où étoit S. Didier, comme un Prélat des plus éclairés de fon temps, fuffit feule pour perfuader que les Letres n'y furent pas négligées fous fon épifcopat. Mais il n'y en eut guéres de plus célebres au commencement de ce fiécle, & dès la fin du précedent, que celle de l'Eglife de Gap, fous la diretion de S. Arige qui en étoit Evêque. L'éclat que je la réputation de cette Ecole, paffa les Alpes,& y attira des Eleves d'Italie comme des Gaules. On y élevoit les enfants dès leur plus tendre jeuneffe. Il y avoit un Ecolâtre pour leur apprendre les Letres; & lorfqu'ils étoient plus avancés, ils partageoient leur temps entre la pfalmodie, la méditation de la Loi de Dieu, & les études les plus férieuses. Le faint Evêque fe réservoit le foin de former lui-même le cœur à ces jeunes plantes. Ce fut à cette Ecole & de cette façon que S. Attale, depuis Abbé de Bobio, fut élevé dans fa jeunesse.

ib. t. 2. p. 123.

Mab. ib. t. 3. PO

XXVIII. De cette extrémité des Gaules du côté des Alpes, tranfportons-nous à une autre extrémité du côté du Rhein. On vit à Utrect une Ecole épifcopale dès l'origine de la fondation de cette Eglife par S. Villebrod,qui y forma plufieurs illuftres Eleves pour fa miffion de Frife. Verden ou Keifersvert, Monaftére établi peu après par S. Suidbert,pas loin d'Utrect, eut aussi fans doute fon Ecole pour fournir des fujets propres à foûtenir laFoi,nouvellement annoncée en ces païs-là.' Celle An. 1. 13. n. 55, de Maeftricht paroît avoir été célebre pendant la plus grande 56.[1.15.n.73. partie de ce fiècle fous la conduite de plufieurs grands Evêques, S. Amand, S. Theodard, S. Landebert. Ce dernier avoit été inftruit en fon jeune âge, avant que de paffer à la Cour; & après qu'il eut été élevé sur le Siége de cette Eglise, S. Hubert, iffu d'une ancienne noblesse d'Aquitaine, quitta la Cour de Theodoric III' pour aller fe mettre fous fa difci- 1.19. n. 3 pline. Il y fit tant de progrès, qu'il mérita de lui fuccéder dans

Tome 111.

Iii

y

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