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& 1 3. cp. 33• | l. 6.

des avis fur fa conduite, & des livres pour fon inftruction.Il I pouffa la dévotion jufqu'à doter quelques monafteres, à fe charger de la direction du patrimoine de S. Pierre en Provence: ce qu'il fit au moins depuis l'année 593 jufqu'en 597, que le Prêtre Candide vint de Rome en prendre foin. Dyname s'acquita de cette adminiftration avec tant de zéle & de fidelité, que S. Grégoire ne pouvant autrement lui en marquer fa reconnoiffance, lui envoïa une petite croix où il y avoit de la limaille des chaînes de S. Pierre, & aux quatre coins des particules du gril de S. Laurent.

cp. 6.

'Il femble que Dyname ne quitta cette occupation que 1.7.cp. 12-36. pour fe confacrer tout entier à la retraite, en la compagnie 2 d'Aurele, qui nous paroît avoir été fon frere. Ce fut à la priere & en confidération de l'un & de l'autre que S. Grégoire accorda à Refpecte Abbeffe de S. Caffien à Marseille, de grands privileges en faveur de fon monaftere. Une des principales occupations de Dyname dans fa retraite, fut de méditer les merveilles que Dieu avoit opérées par fes Saints. Il compofa même les vies de quelques-uns, dont on parlera dans la fuite. La mort le prit dans ces exercices de pieté en 33 601, lorfqu'il n'étoit encore âgé que de so ans. Il fut en- 75 uchef. ib. p terré dans l'Eglife de S. Hippolyte à Marseille, auprès d'Euquerie fon époufe. Ceft ce qu'on apprend de l'épitaphe fuivante, que le jeune Dyname leur petit-fils dressa par ordre de

Gr. M. 1. 11. ep.

519 Val. ib.

P. 348.

1 ' M. Dupin ne pouvant concilier deux conduites fi oppofées en la perfonne de Dy. Dupin, bib. t. 6, name, a cru pour lever la dia culté devoir diftinguer deux perfonnes de même nom. Mais outre que l'antiquité ne nous fournit rien pour autorifer cette diftinction, il faut fe faire violence pour ne pas reconnoître la même perfonne,en ce que S. Gregoire le Grand, S. Gregoire de Tours & Fortunat de Poitiers, nous apprennent de Dyname. C'est le méme nom, c'eft la même dignité; car que l'un lui donne le titre de Gouverneur, l'autre celui de Patrice des Gaules, cela revient au même. Ce font les mêmes habitudes, même lieu de refidence, enfin même temps où chacun en parle.

2. Il y a une plus grande difficulté entre d'autres fçavants, fur le nom & la qualité du compagnon de Dyname dans fa retraite. 1 S. Gregoire Pape en parle dans trois de fes letres, dans deux desquelles il le nomme Aurelie ou Aureliene, quoique divers manufcrits portent Aurele au lieu d'Aurelie & dans la troifiéme il le nomme Aurele, ce que tous les manufcrits retiennent fans variation. Ceux qui font pour cette derniere leçon, & qui font les mieux fondés, prétendent qu'il y a faute dans les deux autres letres, & que cet Aurele étoit frere de Dyname. Les autres prétendent au contraire que la faute confifte à lire Aurele pour Aurelie ou Aureliene, & que c'étoit la fœur de notte Patrice. Pour nous, il nous paroît qu'il faut lire Aurele, & que c'étoit plutôt le frere de Dyname, comme le qualifie ce Saint Pontife, que fa fœur.

3. Cette époque devoit faire éviter a Goldaft & à Voffius l'anachronisme où ils font tombés: l'un en confondant nôtre Patrice avec Dyname le Grammairien, dont on a donné l'éloge fur le IV fiecle; l'autre en le plaçant fous l'Empereur Anastase à la fin du V, ou au commencement du VI.

Gr. M. 1. 7. ep. 12-36 | 1. 11. cp. 75. not. p. 858. | Val. ib. Val. ib. p. 137.

fon

Duchef. ib.

&. p. 799.867.

pere à la mémoire de l'un & de l'autre. Il y a auffi fur la mort de nôtre Patrice une letre du Pape S. Grégoire le Grand à Aurele, où l'on voit combien ce Saint Pontife fut touché de

cette mort.

EPITAPH E.

'Conjugii dulcis hoc eft commune fepulchrum,
Quod nec poft fatum liquitamicus amor.

Quos pietate pares etiam poft funera junctos,
Unus & affectus & locus unus habet.
Dynamius hic nam pariterque Eucheria conjunx
Martyris Hippolyti limina fan&ta tenent.
Stemmate fublimes quamquam, fed moribus ortum
Vicerunt probi nobilitate fua.

Hos pietas, hos prifca fides, hos gloria perpes,
Pacifer hos fenfus fecit ubique honos.
Hos junxit fic caftus amor, ut mente fub una.
Alter in alterius corde maneret homo.
Luftra decem felix tulerat poft terga maritus,

Cum dedit hanc fedem morte fuprema dies.
Cujus nam geminis privato lumine luftris

Vixifti conjunx vita abeunte minus.
Non lugere pios placide poft fata parentes,

Vita brevis quorum præmia longa dedit.
Patricium te culmen habet, tu Rector in orbe es,
Sit tibi perpetuo tempore læta dies.
Dynamius parva lacrymans hæc carmina fudi.

Nomen avi referens, patre jubente, nepos.

Telle eft en abregé l'hiftoire de ce célebre Patrice, conformément à ce que nous en apprennent les Auteurs contemporains, qui parlent de lui, & qui prefque tous l'avoient conGall.chr.nov.t. nu perfonnellement. A cela on oppofe des mémoires de Dom Polycarpe de la Riviere Chartreux, qui portent qu'après que Dyname eut exercé les Charges dont on a parlé, il fut fait Prêtre de l'Eglife de Marfeille, puis en 605 ordonné Evêque d'Avignon. Et ce qui rend la prétention plus fpécieufe, c'eft qu'on y trouve une épitaphe qui contient les principaux traits de fon hiftoire, tels qu'on les a donnés, & une inf cription qui marque fa mort en la quarantiéme année du regne

de Clotaire II, indiction quinziéme, après vingt-deux ans d'épifcopat, & foixante dix-huit ans de vie: ce qui revient à l'an 627, & s'accorde fort bien avec le temps de la naissance de Dyname. C'eft fur cela que les derniers Auteurs de la Gaule Chrétienne n'ont point fait de difficulté de le mettre au rang des Evêques d'Avignon.

Mais de quelque poids que puiffent être ces mémoires, bien loin de mériter la préférence fur les monuments que nous avons cités, tels que la letre de S. Grégoire le Grand, qui marque difertement la mort de Dyname en 601, & fon épitaphe compofée par fon propre petit-fils, qui ne lui donne que 50 ans de vie, & ne fait aucune mention de fon épifcopat prétendu; ils ne font pas même capables de les contrebalancer. Il aura pû fe farre qu'au commencement du VII fiecle il y ait eu un Dyname Evêque d'Avignon, & que dans la fuite des temps à la faveur de l'ignorance, on l'ait pris pour Dyname le Patrice, comme étant plus connu dans l'histoire. En confequence on lui aura dreffé après coup l'épitaphe & l'infcription dont il s'agit ici. D'ailleurs il eft certain qu'en général les mémoires de Dom Polycarpe ne font pas affez autorifés pour nous obliger à croire un fait qui regarde des temps auffi éloign s de lui. On peut mêm dire qu'ils font trop fufpects, puifqu'ils établiffent des Evêques à Avignon dès le I fiecle de l'Eglife: ce qui eft contredit par des autorités auffi graves qu'anciennes, comme on l'a montré ailleurs. §. II.

SES ECRIT S.

On ne nous a point confervé, & l'on ne doit pas même fe flatter d'avoir connoiffance de tous les écrits qui font fortis de la plume de Dyname. Nous avons déja remarqué que pendant fa retraite il s'occupoit à travailler fur les vies des Saints.

1°. 'Il compofa celle de S. Mari ou Marius Abbé de Bodane, ou Bévon au Diocèse de Sifteron en Provence, mort vers le milieu du VI fiecle. Mais il ne nous refte plus aujourd'hui qu'un abregé de cet ouvrage, fait par quelque Moine poftérieur, pour être lù à l'office du Saint au jour de fa fête, comme il paroît par la fin du même abregé. M. de Peiresc Confeiller au Palement d'Aix, l'aïant tiré d'un ancien Bre

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Boll. 27. Jan. p.

773. No go be

F.774 776.

P. 105-107.

P. 107. 108.

viaire, où il étoit divifé en neuf leçons, l'envoïa au P. Sirmond, & celui-ci à Bollandus,' qui l'a publié avec fes obferMab. act. B. t I. vations au vingt-feptiéme de Janvier.' Dom Mabillon l'a fait réimprimer depuis fur l'édition précédente, au premier tome des actes des Saints de l'Ordre de S. Benoît. A la fuite de cette édition, fe lifent quelques miracles de S. Mari, recueillis par un autre Moine de Forcalquier, où le corps du Saint fut transferé à la fin du IX fiecle, ou au commencement du X. De forte que ce petit recueil qui a la forme d'homélie, eft poftérieur à cette époque.

Lerin t. 2. p. 120.

Till. H. E. t. 15. P. 393.

2°. 'Dyname compofa auffi la vie de S. Maxime Evêque de Riès, qui étoit mort depuis cent quarante ans ou environ. D'abord il avoit fait une hiftoire affez courte de ce faint Prélat, & en un ftyle fort fimple. Mais Urbique l'un des fucceffeurs de S. Maxime, aïant recueilli diverfes chofes, & recouvré d'anciens mémoires fur le même fujet, engagea Dyname à les faire entrer dans fon ouvrage. Celui-ci le fit, de forte qu'il en fupprima néanmoins beaucoup de chofes, de peur de devenir à charge à fes Lecteurs par fa prolixité. Il dressa cette feconde hiftoire, qui n'étoit autre que la premiere retouchée & augmentée en forme d'éloge, pour être lûe chaque année au jour de la fête du Saint. Dyname affure que fon deffein et d'y conferver à la poftérité, ce qu'il a appris de S. Maxime par des relations certaines & inconteftables, pour empêcher que des traditions populaires n'y mêlaffent dans la fuite quelque chofe de fabuleux, ou de moins conforme à la vérité. C'eft ainfi qu'il s'en explique lui-même dans la préface de fon ouvrage, adreffé à l'Evêque Urbique.

Dyname dans l'execution de fon deffein a fuivi tout le génie de fon fiecle; c'est-à-dire, qu'il s'y eft plus attaché à rapporter des prodiges & des miracles, qu'à nous faire la relation des fairs plus inftructifs & plus importants, qui regardent l'hiftoire de S. Maxime. Nous avons déja obfervé ailleurs, que l'homélie de Faufte fur le même Saint, qu'on imprime ordinairement avec l'ouvrage de Dyname, eft plus rempli de faits hiftoriques que ce même ouvrage. Il eft furprenant que Dyname à qui l'on avoit fourni des mémoires, n'ait pas eu connoiffance de cette homélie ; & s'il l'a connue, il eft encore plus étrange qu'il n'en ait pas tiré plus de fecours pour l'éxecution de fon deffein.

'On ne laiffe pas au refte de faire beaucoup de cas de sa

piece. Il n'en eft guéres effectivement en ce genre, qui méritent plus de créance, après les vies écrites par des Auteurs contemporains. D'ailleurs quelques grands & extraordinaires que foient les miracles qu'elle contient, ils ont néanmoins quelque chofe de naturel & de faint, qui perfuade & attire le respect.

Surius eft le premier qui l'a mife au jour; mais après en Sur. 27. Nov. p. avoir changé, ou plutôt défiguré le ftyle, fous prétexte de 601-606. le polir,' Barrali l'a donnée en fon ftyle original dans la chro- Lerin. ib. p. 110. nologie des Saints de Lerins. 'Les hymnes fur S. Maxime 16. 1 p. 128. 129. qu'il a fait imprimer à la fuite, en font tirées, aussi-bien que

ce qu'en a dit Pierre des Noels.

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p. 859.

3. Nous avons auffi deux letres de Dyname: l'unc qui n'eft Frch. hift. Fr. t. 1. qu'un fimple compliment eft adreffée à un ami, fur le plaifir P. 15. Duchef. qu'avoit Dyname, de recevoir de fes letres; l'autre à Villicus Evêque de Mets, pour s'excufer d'avoir tant tardé à lui rendre compte d'une commiffion dont il l'avoit chargé. Dy

name étoit encore fort jeune lorfqu'il écrivit celle-ci; s'il Coin.an.'s 43. n. eft vrai, comme on le prétend, que ce Prélat foit mort en 16. 568, on voit & par ces deux letres, & par la Préface qui est à la tête de la vie de S. Maxime, que le ftyle de Dyname eft fort embaraffé, fuivant le génie de fon fiecle: à force de vouloir paroître éloquent, il fe rend prefque inintelligible.

4°, 'Dyname en fa jeune le avoit compofé quelques pieces Fort. 1. 6. c. 11. en vers, qui mériterent les éloges des plus célebres Poëtes de 12.c. 12, fon fiecle. Il en avoit envoïé quelques-unes à Fortunat, 'lorf- c. 11: que celui-ci étoit encore à la Cour d'Auftrafie, comme il pa

par l'endroit fuivant d'une de fes réponses.

roît par

Maffiliæ tibi regna placent, Germania nobis.

On voit tout à la fois dans ce feul vers, & la confirmation de ce que nous avons avancé touchant l'éducation de Dyname, & une preuve qu'il étoit déja connu par fes poëfies, avant 573, ou même 572, lorfqu'il n'avoit encore que vingtun à vingt-deux ans. On y peut remarquer auffi qu'il étoit déja résident à Marseille, où il pouvoit dès-lors exercer quelque charge. Au défaut des poëfies de Dyname qui nous manquent, nous avons deux poëmes que Fortunat lui adressa, au fujet de ceux qu'il lui avoit envoïés, & où par une espece de modeftie, il s'étoit caché fous un nom emprunté. Mais ce Poëte n'eut pas de peine à l'y reconnoître. Voici de quelle

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