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Août 587. S'il s'étoit déja fait un mérite, de conferver à la VII SIECLE pofterité la mémoire de plufieurs Saints qui lui étoient perfonnellement inconnus, il ne pouvoit refufer ce devoir à une Sainte, qui l'avoit honoré de fa confiance l'efpace de quinze ans. Perfonne n'étoit plus en état que lui de remplir ce deffein. Auffi l'a-t-il beaucoup mieux exécuté que tous les autres qu'il avoit entrepris jufqu'alors, & qu'il entreprit même dans la fuite. Il y donne un affez grand détail des principales actions de la fainte Reine, pour nous en faire connoître le vrai caractere. Il y parle très-fobrement des miracles qu'elle opéra pendant fa vie, & ne rapporte aucun de ceux qui fe firent à fon tombeau après la mort. Il avertit en plus d'un Mab. ib. p. 324. endroit, qu'il abrege få matiere, tant elle étoit riche & fé- 325. n. 31. 39. conde. C'eft ce qui au bout de quelques années engagea p. 326. Baudonivie Religieufe du monaftere de fainte Radegonde, à

y ajoûter, du vivant même de Fortunat, qui étoit alors Evêque, une espece de supplément.

L'ouvrage de Baudonivie s'imprime ordinairement à la fuite de celui de Fortunat, dont il fait comme le fecond li

pa

629-636 Mab.ib. P. 319-3:6.

vre de la même vie.' Surius & Dom Mabillon après lui les Sur. 13. Aug. p. ont publiés de la forte; mais on ne marquera ici que les ges que contient le premier livre. Quoique Surius ne paroiffe pas avoir touché au ftyle, il s'eft néanmoins glifsé diverfes fautes dans fon édition. L'ouvrage eft correct dans Dom Mabillon, qui l'a revû fur trois bons manufcrits, l'un de S. Germain des Près, l'autre de l'Abbaïe de Conches en Normandie, & le troifiéme de M. d'Herouval. On trouve en un petit volume in-4°. imprimé à Poitiers en 1527, une traduction de la vie de Sainte Radegonde faite en nôtre langue,

par Jean Bouchet, dont on a divers autres écrits.' Il y en Mab. ib. p. 33 4. eut une autre édition retouchée & augmentée en 1622. Dès Mib.ana. t. 1. p. le XII fiecle Hildebert Evêque du Mans, puis Archevêque 296.

de Tours, compofa fur l'ouvrage de Fortunat & de Baudonivie une nouvelle vie de Sainte Radegonde.

Ce que Baudonivie fit en faveur de cette fainte Reine, en ajoûtant un livre à fa vie écrite par nôtre Prélat, celui-ci l'avoit déja fait en faveur de S. Hilaire, en compofant une relation de ses miracles pour la joindre à la vie qu'un autre S. Fortunat, dont on a parlé en fon lieu, en avoit déja publiée. C'est tout ce qui nous paroît y avoir de vrai dans l'opinion, qui attribue à Venance Fortunat l'ancienne vie qui nous refte

Fort. vit. p. 201

VII SIECLE. de S. Hilaire Evêque de Poitiers. On ne répétera point ici tout ce qu'on a dit à ce fujet à l'article de l'autre S. Fortunat, après le milieu du fiecle précedent. Qu'on fe donne la peine de le confulter. Nous ajoûterons feulement à ce que nous avons déja dit en cet endroit, 'que ceux qui étoient le plus verfés dans les écrits de Venance Fortunat, comme le Pere Brower, ne reconnoiffent point fon ftyle dans le premier livre Coint. an. 556.n. de cet ouvrage.' C'est ce qui a porté le P. le Cointe à l'attribuer à Probien Evêque de Bourges, dont il eft parlé dans le premier chapitre du fecond livre. Mais la conjecture eft fans Six.bib. 4 p. nul folide fondement. Il eft encore à propos d'avertir,' que Sixte de Sienne en donnant cette vie à Fortunat de Poitiers, le nomme Fortunatien, & dit qu'elle eft écrite en vers hexametres, quoiqu'il foit certain qu'elle eft en profe.

22.

272. 2.

Jur. 4. Nov. p.78.

Lab. bib. nov t.2.
P. 480.

Sur. ib. p. 78-80.

'On convient de donner auffi à nôtre Prélat la vie de S. Amant Evêque de Rodes, mort à la fin du V fiecle. Surius paroît être le premier qui en a ainfi jugé par le style, qui a effectivement beaucoup de reffemblance avec celui de Fortunat. C'eft fur ce principe, que ce Compilateur n'a point fait difficulté de faire porter à cette piece le nom de notre Ecrivain, quoiqu'il ne l'eût pas trouvé dans les manufcrits. Mais on ne voit point à quelle occafion il auroit pû entreprendre cet ouvrage. Peut-être quelque fucceffeur de S. Amant l'en avoit-il prié, comme il arriva à l'égard de quelques autres vies de Saints qu'il compofa, fans en avoir d'autres motifs particuliers. On y lit cependant un trait qui paroît contrai re à l'opinion qui attribue cette piece à Fortunat. C'eft un miracle dont il affure avoir été témoin avec toute la ville de Rodès. Il eft vrai après tout, qu'on peut dire que Fortunat, qui depuis même fa retraite à Poitiers voïageoit beaucoup, s'étoit trouvé dans cette Ville, ou pour affaire, ou par occafion.

'Surius n'a publié qu'une partie de cet écrit, c'est-à-dire, que ce qui regarde l'hiftoire du Saint, fans la relation de fes miracles opérés après fa mort, & même fans la petite préface qui eft à la tête. Encore s'eft-il gliffé dans ce fragment Lab. ib. p. 474- beaucoup de fautes. Mais le P. Labbe l'aïant recouvré en fon entier, lui a rendu fon intégrité originale, & l'a fait imprimer dans le fecond volume de fa bibliotheque de manuscrits. Fortunat y a fuivi, comme dans prefque tous fes autres ouvrages de ce genre, tout le génie de fon fiecle. Il n'y rapporte guéres d'actions du Saint, qu'il ne les revête de quelques cir

480.

conftances

conflances merveilleufes. Du refte il a négligé de nous yin- VII SIECLE ftruire, ou il n'en a pas été inftruit lui-même, de ce qu'il y auroit eu de plus édifiant à nous apprendre.

491.

Nous avons encore du même Ecrivain un abregé de l'hi- Sur. 1. Oct. p.489stoire de S. Remi Evêque de Reims, mort, comme on l'a dit, en 533. On le trouve dans Surius au premier jour d'Octobre. 'Cette hiftoire qui fuivit de près l'époque qu'on vient de mar- 13. Jan. p. 278. quer, n'étant pas du goût de la fin de ce même fiecle, où l'on ne fe plaifoit pas à lire des ouvrages auffi prolixes, ne pouvant d'ailleurs être lûe commodément à l'Office du Saint, l'Evêque Gilles un de fes fucceffeurs, engagea Fortunat à l'abreger. Celui-ci l'exécuta ; mais franchement fon travail ne répond ni à fa réputation, ni à l'idée de la vie originale d'un des plus grands Evêques de l'Eglife en fon temps. Ce qu'il y a encore de fâcheux, c'eft que cet abregé eft cause qu'on a perdu l'original.

On fçavoit depuis long temps que Fortunat avoit compofé la vie de S. Médard Evêque de Noïon, mort vers l'an 545, outre fon poëme fur le même fujet. C'eft fur cela que Surius 8. Jun. p. 553. publiant celle que Radbod II, un des fucceffeurs du Saint, en écrivit fur la fin du XI fiecle, fans en connoître le véritable Auteur, tâcha de la faire paffer pour l'ouvrage de Fortunat. Il eft vrai que n'y appercevant pas fon ftyle, il eut foin d'avertir qu'elle avoit été retouchée & fourrée par quelque autre Ecrivain poftérieur. Mais l'écrit véritable & entier de nôtre Prélat eft demeuré enfeveli dans la pouffiere, jufqu'en l'année 1668. Alors Dom Luc d'Acheri le donna au public, Spic. t. 8. p. 391– en l'inferant dans le huitiéme tome de fon Spicilege, fur un 396. manuscrit de M. d'Herouval. De-là cette vie eft paffée au Boll. 8. Jun. p.79huitiéme de Juin dans le recueil des Continuateurs de Bol- 31. landus, où on lui a joint le poëme que nôtre Auteur avoit d'a

bord compofé fur S. Médard. 'Le P. du Bois Céleftin avoit Flor. bib. t. 2. p. déja publié une partie de cette même vie, mais fans nom d'Au- 150 153. teur, & avec beaucoup de fautes. L'ouvrage au refte n'est pas ce qu'on pourroit s'imaginer. Il entre à la vérité dans quelque détail des actions du Saint en fa jeuneffe ; mais il ne nous apprend prefque rien, à quelques miracles près, de ce qu'il fit pendant fon épifcopat. C'eft cependant ce qu'il y auroit eu de plus intereffant à rapporter. Fortunat y mit la main fous Spic. ib. p. 396. le regne de Theodebert, petit-fils de Sigebert, à la fin du fiecle précédent.

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VII SIECLE.

Mab. ana. t.2. p. 429.

· L'Auteur de l'histoire des Archevêques de Rouen, qui écrivoit au XI fiecle, affure que Fortunat avoit compofé avec beaucoup d'art, la vie de S. Gildart & de S. Médard fon frere: quorum vitam magnifico ftylo Beatus Fortunatus fcripfit. On ne voit pas bien ce qu'on doit penfer de ce témoignage ; car il eft certain que cet Auteur n'entend point parler de l'écrit dont nous venons de rendre compte; puifqu'il n'y eft nullement fait mention de S. Gildart. Il ne défigne point non plus, pour la même raison, le dix-feptiéme poëme du fecond livre des poëfies de Fortunat, qui contient l'éloge de S. Médard, comme on l'a remarqué. Faudroit-il dire que nôtre Prélat auroit compofé une autre vie, qui auroit compris l'hiftoire des deux frères? Ou ne feroit-il pas arrivé que l'Auteur qui le donne à entendre, auroit pris l'ouvrage de Radbod, qui pou voit ne pas porter fon nom pour être de Fortunat? Ĉeft ce Spic. ib. p. 397. qui paroît plus naturel. 'Un autre Auteur plus ancien que lui de près de deux fiecles, qui a fait un fupplément à l'écrit de Fortunat, ne connoiffoit point d'autre ouvrage de cet Ecrivain fur S. Médard que fon poëme, & la vie qu'en a publiée

Gr. T. gl. conf.

C. 45.

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Sur. 13. Sept. p. 195-203.

Dom Luc d'Acheri.

C'est

'Fortunat, au rapport de S. Grégoire de Tours, avoit encore laiffé de fa façon une vie de S. Severin Evêque, qui vint des parties d'Orient à Bourdeaux, fous l'épifcopat de S. Amand dans les premieres années du V siecle. L'Auteur la compofa au même temps que S. Grégoire travailloit à fon traité de la Gloire des Confeffeurs, c'eft-à-dire vers l'an 584 ou 585. Mais cette piece ne fe trouve plus nulle part. La perte en eft d'autant plus grande, qu'elle auroit pû nous donner plus d'éclairciffement fur un fait extraordinaire rapporté par le même S. Grégoire, dans ce qu'il nous apprend de l'hiftoire de S. Severin. Il y dit que S. Amand lui fit ceffion de fon Siege, pour gouverner l'Eglife de Bourdeaux en fa place.

'Surius a inféré dans fon recueil au treiziéme jour de Septembre, une vie de S. Maurille Evêque d'Angers, à laquelle il a fait porter le nom de Fortunat. Ce n'eft pas, comme en avertit lui-même, qu'il l'eût ainfi trouvée dans les manufcrits; mais parce que d'une part l'Abbé Trithéme affure que Fortunat avoit écrit la vie de ce Saint, & que de l'autre la piece de Surius paroît retenir tout le ftyle de nôtre Auteur. Gr. T. 1. p. 1282. Cette prétention pourroit être appuiée d'une letre fuppofée à S. Grégoire de Tours, qui dans quelques manufcrits fe.trou

ve à la tête de la vie en queftion, & dans laquelle S. Gré- VII SIECLE. goire témoigne à S. Germain de Paris, qu'il a retouché, à sa priere, les vies de S. Aubin & de S. Maurille, écrites d'abord par Fortunat. Mais toutes fes autorités apparantes ne prouvent nullement que celui-ci ait jamais compofé de vie de S. Maurille. Le témoignage de Trithéme n'eft appuïé que fur la prétendue letre de S. Grégoire, qui eft une piece fauffe & fuppofée, comme M: de Launoy l'a prouvé dans une differtation faite exprès, & imprimée jufqu'à trois fois. Auffi Till. H E. t. 10. tous les Sçavants la regardent-ils aujourd'hui comme l'ou- p. 784.785. vrage ou de Rainon Evêque d'Angers au commencement du X fiecle, ou de celui qu'il emploïa à retoucher la vie de S. Maurille. Quant à la reffemblance du ftyle de cette vie avec celui de Fortunat, il n'eft pas étonnant que cette piece étant l'ouvrage de S. Magnobode ou Maimbœuf, qui a vêcu plufieurs années du temps de nôtre Prélat, & qui pouvoit avoir fait quelque ufage de fes écrits, elle ait retenu quelques traits de fa maniere d'écrire, quoiqu'elle ait été retouchée dans la fuite.

17.

'On donne encore à Fortunat la vie de S. Marcel Evêque Sur. 1. Nov. p.14de Paris ; & Surius l'a fait imprimer fous fon nom. Mais nous avons montré ailleurs par des raifons qui nous paroiffent convaincantes, jufqu'à ce qu'on nous en ait donné de meilleures, que cette vie appartient plutôt à l'autre Fortunat, dont nous avons fait l'hiftoire en fon lieu. 'Il eft vrai que Dub. hift. cccl. le P. Dubois de l'Oratoire dans fon hiftoire de l'Eglife de Par. p. 46. Paris, emploïe divers raisonnements pour établir le contraire: mais après les avoir pefés avec les nôtres, ils nous paroiffent ne pouvoir les contrebalancer.

La réputation qu'avoit Fortunat de Poitiers d'écrire beaucoup de vies de Saints, a porté plus que d'autres motifs plus réels, à lui faire honneur de quelques autres ouvrages de même nature, outre ceux dont on vient de faire l'énumeration. M. de Marca a prétendu qu'il étoit encore Auteur des actes de S. Denys Evêque de Paris, publiés par M. Bofquet; & M. Adrien Valois lui a auffi attribué la vie de S. Lubin Evêque de Chartres. Mais on n'apperçoit aucun fondement pour appuïer l'une ou l'autre prétention. Il eft prefque certain que les actes de S Denys font plus récents que Fortunat ; & il n'y a qu'à lire avec quelque attention la

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