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VII SIECLE. ftere qui ne fubfifte plus aujourd'hui. Il étoit déja revêtu du Sacerdoce, lorfque le même Prélat l'envoïa à Rome pour en apporter des Reliques. En 609 1 l'Eglife d'Angers fe trouvant I fans Evêque par la mort de Caidulfe, fucceffeur de S. Lezin, Maimbœuf fut élû & ordonné en fa place. On nous a confervé peu de chofes certaines & importantes de fon épifConc. t. p.1689. copat, quoiqu'il fût fort long. On fçait néanmoins qu'en 625 il fe trouva au Concile de Reims, avec plus de quarante autres Prélats. Il continua de gouverner fon Eglife jufques vers l'an 654, auquel on croit devoir mettre la mort. 'Il fut enterré dans l'églife de S. Saturnin, qu'il avoit bâtie, & qui eft aujourd'hui une Collegiale fous le nom de nôtre Saint.

Mab. ib.

S. Maimbœuf ne laiffa point d'autres écrits de fa façon, que l'on fçache, que la vie de S. Maurille, l'un de fes prédeceffeurs, Gr. T. pr. n. 80. mort avant la fin du IV fiecle. Il la compofa la dixiéme année de fon épifcopat, trente-fixiéme du regne de Clotaire II, ce qui revient à l'an 619 de l'ére commune. C'eft ce qu'on lit dans un manuscrit de l'abbaïe de Vendôme, ancien de plus de fix cents ans. L'Auteur, qui parle lui-même dans l'avertissement qu'on vient de citer, témoigne s'être fervi pour l'exécution de fon ouvrage, des mémoires qu'avoit laiffés un certain Prêtre nommé Jufte. Il avoit befoin de ce fecours, puifqu'il y avoit plus de deux cents ans que S. Maurille étoit mort, lorfque S. Maimboeuf entreprit d'écrire fa vie.

Ibid. fr. p. 1282.

Coin. an. 606;

'Cette hiftoire conferva fa pureté originale jufqu'au commencement du X fiecle. Alors Rainon Evêque d'Angers s'avifa de la faire retoucher, en y faifant inférer diverses chofes étrangeres. Et afin de donner quelque crédit à un ouvrage ainfi défiguré, on jugea à propos de mettre à la tête une letre, fous le nom de S. Grégoire de Tours à S. Germain de Paris, où l'on fait dire au premier, qu'il a revû, à la priere de l'autre, les vies de S. Maurille & de S. Aubin, compofées par Fortunat. Cette letre fuppofée fe lit dans le manufcrit de Vendôme déja cité, & dans un autre de S. Germain des Prés ancien de près de cinq cents ans.

C'eft cette vie ainfi interpolée, qu'on trouve dans Vincent de Bauvais, Mombritius, Surius & les autres imprimés, mais

I'Le P. le Cointe met cette élection dès 606, parce qu'il lie, comme font quel2.4 Gill chr. vet. ques autres, la dixième année de l'épifcopat de S. Maimbœuf avec la trente-troifiéme du regne de Clotaire II Mais c'eft avec la trente-fixiéme de ce Prince que concou roit cette dixième année, comme le porte un ancien manufcrit de l'abbaie de Ven dôme.

t. 2. p. 115.

Gr. T. pr. n.80.

fans la letre prétendue de S. Grégoire de Tours. On a déja VII SIECLE. remarqué ailleurs, que Surius qui la donne au treiziéme de Septembre dans fon recueil, l'attribue mal à propos à Fortunat de Poitiers. Tout le monde fçait que M. de Launoy a fait une fçavante differtation pour prouver la fuppofition de cet ouvrage à l'égard de Fortunat & de S. Grégoire de Tours. !Dès le X fiecle, environ foixante ans après Rainon, Had- Ib. pr. n. 80. mere, qui compofa un livre des miracles de S. Maurille, diftinguoit de l'ouvrage interpolé par ordre de Rainon, la véritable vie que S. Maimboeuf en avoit compofée. Elle s'en trouve auffi diftinguée dans le manufcrit de Vendôme dont

on a parlé ; ' & le P. le Cointe affure l'avoir vûe fans les ad- Coin. an. 6.6. ditions de Rainon, dans un manuscrit de la bibliothèque de n. 2. S. Victor à Paris.

೧೧೧೧೧೧೧೧೧:೧೪

DIVERS AUTEURS

Ten

ANONY ME S.

OUT le fiecle que nous parcourons a été fort fécond en Legendes de Saints, dont la plupart des Auteurs n'ont pas jugé à propos de nous faire même connoître leurs noms. On en a déja vû un grand nombre de ce genre, & en voici encore quelques autres, qui nous femblent avoir écrit vers le milieu de ce fiecle.

Tel eft l'Ecrivain qui nous a laiffé une vie de S. Orient Evêque d'Auch, dont nous avons donné l'éloge fur l'année 440. On voit par-là que cet Auteur eft bien éloigné des temps où fe font paffées les chofes qu'il rapporte. Auffi s'y en trouve-t'il quelques-unes qui paroiffent au moins fufpe&tes. Mais comme il y en a quelques autres qui s'accordent fort bien avec l'hiftoire du temps, il faut dire que fi l'Ecrivain a donné dans des traditions peu fures & populaires, il pas laiffé d'avoir quelques bons mémoires. Son ftyle eft fimple, mais clair & affez bon pour fon fiecle. Nous n'avons au refte rien de meilleur pour l'hiftoire de S. Orient, fi l'on en excepte fes propres ouvrages.

n'a

'Le P.Labbe avoit déja publié cette vie au fecond volume de fa bibliothèque de manufcrits, lorfque fes confreres

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VII SIECLE. les Continuateurs de Bollandus, l'ont fait réimprimer au premier jour de Mai, tant fur l'édition précedente, que fur deux manufcrits, après l'avoir enrichie de remarques critiques &. hiftoriques. A la fuite de cette vie ils en ont donné une autre, qui ne paroît être qu'un Sermon fait au jour de la fête du Saint, mais fi rempli de minuties & de puerilités, qu'il ne méritoit pas d'entrer dans leur recueil, non plus qu'un trèspetit éloge dans celui du P. Labbe qui le rapporte, quoique de fon aveu il foit plein de fables.

325-330.

lui

A l'Anonyme précedent, il faut joindre celui qui nous a laiffé une hiftoire du martyre de S. Maurice & de fes compagnons, & que l'on croit avoir été un Moine d'Agaune. Son Sur. 22. Sept. p. ouvrage fe trouve dans Mombritius & dans Surius au vingtdeuxième de Septembre, fous le nom de S. Eucher, à qui on l'a attribué, jufqu'à la découverte & la publication de ceque ce grand Evêque avoit compofé fur le même fujet. Bib. Tell. p, 249. Il a même paru fous fon nom à Ingolftad en un volume séparé l'an 1617. Mais on ne répétera pas ici tout ce qu'on a déja dit de cet Anonyme, en parlant de l'ouvrage de S. Eucher, p. 286 de nôtre fecond volume, que l'on peut conTill. H. E. t. 4. fulter. Seulement nous ajoûterons,' qu'au jugement d'habiles connoiffeurs, le ftyle de nôtre Anonyme eft fort beau, dans les endroits même qu'il n'a pas copiés & pris de S. Eucher; & M. de Tillemont n'a pas fait difficulté de s'en fervir pour l'hiftoire de S. Maurice. Ses additions en effet ne font pas à rejetter, 'les aïant pû faire fur la tradition de fon mo, naftere, bâti sur le lieu même du martyre de ce Saint & dẹ fes compagnons.

P. 422,

P. 421.

P. 150. n. 2.

Le temps auquel fut écrite la vie de S. Arnoul Evêque de Metz, eft beaucoup moins équivoque que les dates affignées Mab.ac. B.t. 2. aux deux ouvrages précedents.' Il eft certain que fon Auteur étoit contemporain du faint Prélat, qui mourut en 640. De forte qu'il put mettre la main à fon hiftoire environ douze à Voff. hift. lat. 1 2. quinze ans après la mort du Saint. Voffius l'a même jugée c. 24. p. 83.2. plus ancienne, & a cru devoir la placer dès l'empire de Phocas ou d'Heraclius, lorfque S. Arnoul avoit encore plus de vingt ans de vie. Mais l'erreur ne vient que d'avoir ignoré Oud. Scri. t. 1. p. l'époque de fa mort: ce qu'Oudin pouvoir éviter, '& ne pas prétendre par conféquent fur l'autorité de Voffius, que IEcrivain Anonyme dont il s'agit, étoit plus ancien de deux fiecles que Paul Diacre d'Aquilée. C'eft en reprenant Cave

1926.

d'avoir

d'avoir donné à ce Diacre la vie de S. Arnoul, qui eft dans VII Siecle. Surius & parmi les œuvres du vénérable Bede, qu'Oudin Bed. t. 3. p. 2) 3confirme l'erreur de Voffius. Il devoit cependant craindre 258.

qu'on ne lui reprochật 'd'être tombé lui-même dans la faute Oid.ibid. p.1691. qu'il prétend relever dans Cave.

'L'Auteur de cette vie, quoiqu'un peu défigurée dans les Cave, p. 85. 16 deux éditions qu'on vient de nommer, n'eft autre qu'un Moi

ne du monaftere où le Saint finit fes jours. Ainfi c'eft fans Mab. ib. p.149. fondement que Baronius a crû que ce pouvoit être l'Abbé Jonas Hiftorien de S. Colomban. Cet Anonyme paroît p. 157. avoir entrepris fon ouvrage à la priere de S. Cloud, 'fils & fucceffeur de S. Arnoul, à qui il l'adreffe par une petite apoftrophe qui fe lit tout à la fin. Il n'y a donc guéres de vies plus authentiques pour la certitude des faits. Auffi les Sçavants en font-ils beaucoup de cas; & les plus habiles connoiffeurs lui donnent de beaucoup la préference fur celle de S. Cloud, dont quelques Ecrivains out voulu fe fervir pour en diminuer l'autorité.' C'eft fans doute la même hiftoire de Paul. geft. Long. S. Arnoul, dont Paul Diacre fait mention dans celles qu'il a écrites des Evêques de Metz & des Lombards.

1.6.n. 16.

I. P. 194-200.

Mab. ib. p. 149.

'Elle fe trouve dans le troifiéme tome des œuvres du vé- Sur. 16. Aug p. nérable Bede, & au fixiéme d'Août dans Surius, d'où Barrali 723-728 | Lerin. t. l'a fait paffer dans fon recueil. M. Du Bouchet l'a auffi publiée dans fes preuves de l'origine de la feconde & troifiéme lignée de nos Rois. Mais l'ouvrage dans toutes ces éditions eft confidérablement alteré, tant pour les chofes que pour le ftyle. Il le fut encore d'avantage vers le milieu du IX fiecle par un certain Umnon, qui y fit de grands changements & n. 2. beaucoup d'additions. C'eft pourquoi on en voit tant de differents exemplaires dans les manufcrits, comme dans les imprimés. Dom Mabillon eft le premier qui ait rendu à cette vie fa pureté originale, fur un manufcrit de M. du Chefne. 'Après y avoir fait des obfervations hiftoriques & critiques, p. 149-157. il la fit imprimer au fecond volume ou fecond fiecle de fon recueil.' Les Continuateurs de Bollandus l'aïant revûe de- Boll. 18. Jul. p. puis fur d'autres manufcrits, l'ont publiée à leur tour au dix- 435-440. huitiéme de Juillet dans la grande collection, où elle est accompagnée d'un fort ample Commentaire. On en a une traduction en nôtre langue parmi les Saints illuftres de M. Arnauld d'Andilly, mais cette traduction a été faite fur l'édition défectueufe de Surius.

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VII SIECLE.

357. n. 13.

Il nous femble qu'on doit rapporter vers ce temps-ci, un peu moins d'un fiecle après fa mort, qui arriva en 565, la Mab. ib. t. 1. p. vie de S. Lifard Abbé de Meun au diocèfe d'Orleans.' Il eft visible qu'elle n'a été écrite que quelque temps après l'établissement du culte de ce Saint. Mais comme elle existoit avant Flore Diacre de Lyon, & que l'Auteur anonyme y entre dans quelque détail des actions du faint Abbé, quoiqu'il y donne beaucoup dans le merveilleux, on ne peut la placer guéres plus tard que vers le milieu du VII fiecle. L'épilogue feroit juger ou qu'elle a été faite pour fervir à l'office du Saint, ou qu'elle a été prononcée au jour de fa fête en maniere de Sermon. Le ftyle en eft fimple, mais clair & affez bon pour le temps. L'Auteur avoit de la pieté, poffedoit affez bien. l'Ecriture, & avoit des fentiments fort oppofés aux SemiPélagiens.

Sur. 3. Jun. p. 459-461.

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'Surius a publié cette vie au troifiéme de Juin, après l'avoir un peu abrégée, mais fans préjudice aux principaux faits Mab. ib.p. 1ss qu'elle contient. Dom Mabillon l'a donnée dans la fuite en fon entier fur deux manufcrits, l'un de S. Germain des Prés, l'autre de S. Benoît fur Loire, & y a joint quelques notes Boll. 3. Jan. p. pour en éclaircir divers endroits. Après lui, 'les Continuateurs de Bollandus y ont fait de plus amples obfervations, & l'ont inférée dans leur grand recueil au même jour que Su

300-3020

not.

Mab. ib. p. 154. rius. 'Dom Mabillon fait mention d'une autre vie du même Saint, qui fe trouve dans un manuscrit de l'abbaïe de la Coûture du Mans. Mais ce n'eft proprement qu'un abrégé de la précedente. 'On a encore deux autres écrits fur la translation & les miracles de S. Lifard, dont on pourra dire deux mots fur le XII fiecle, auquel ils appartiennent.

P. 157-164.

Mab. ib. to.

On peut placer quelques années après le milieu de celuici, les deux vies de S. Sulpice le Pieux, Evêque de Bourges, mort en 644. Elles paffent effectivement l'une & l'autre pour originales. On donne cependant la préference à celle qui 2. tient le premier rang dans les imprimés; & l'on ne doute P. 167. n. 2 Boll. point qu'elle ne foit l'ouvrage d'un Moine du monaftere où 17. Jan. p. 166. n. le Saint finit fes jours, & qui porte encore aujourd'hui fon nom. 'Cet Ecrivain qui n'a pas jugé à propos de fe faire connoître autrement, nous affûre qu'il n'avance rien dont il n'ait été témoin oculaire, ou qu'il n'ait appris de ceux qui avoient vêcu avec le faint Evêque depuis fa plus grande jeuneffe. Il fait voir effectivement qu'il étoit fort bien inftruit des actions

Mab. ib. p.169.

170. P. 4. 11.

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