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du Saint, qu'il détaille & circonftancie affez bien & avec ordre. Mais fa narration a deux défauts ordinaires aux Ecrivains de fon fiecle. Elle eft trop chargée de miracles, & en un ftyle trop diffus, & un peu trop guindé. Du refte l'Auteur paroît homme de mérite, de pieté, de jugement.

'Son ouvrage étoit anciennement divifé en cinq livres ; & p. 167. n 20 Dom Mabillon l'a trouvé dans quelques manufcrits avec cette même division, qu'il a eu foin de marquer aux marges de fon imprimé. Les trois premiers livres conduifent l'hiftoire du Saint jufqu'aux premiers miracles opérés après fa mort, & en font la premiere partie. La feconde eft formée du quatriéme & cinquiéme livre, qui contiennent la fuite des miracles, & paroit visiblement n'avoir été compofée que quelque temps après l'autre. Le ftyle en eft encore plus guindé, mais le même que celui de la préface de la premiere partie squoiqu'il ne foit pas fi bien foûtenu, & qu'il y ait plus de rimes & de cadences.

Sur. 17. Jan. p. 427-436.

Boll. 17. Jan. p.

167-174

Surius nous a donné au dix-feptiéme de Janvier la premiere partie de cet ouvrage, mais après l'avoir retouchée & abregée fuivant fa mauvaise maniere. Bollandus lui rendit depuis fa premiere intégrité, à l'aide de trois manufcrits, fur lefquels il le fit imprimer avec des remarques préliminaires & d'autres éclairciffements au même jour que Surius. Ces deux Editeurs n'ont rien fait imprimer de la feconde partie; 'mais le P. Labbe l'aïant trouvée dans quelques manufcrits, l'a publiée au second tome de fa bibliothéque. a Enfin DomM.b. b p.163. Mabillon a réuni l'une & l'autre enfemble dans le fecond 17. fiecle de fon recueil, tant fur les manufcrits, que fur l'édition de Bollandus, & a eu foin de les accompagner de courtes obfervations, qui y répandent beaucoup de lumiere.

Labb. bib. nov.

45 1-455.

'A la place de la feconde partie de l'ouvrage précedent, le Boll. ib. p. 174même Bollandus nous a donné une autre vie du même Saint, 176. Celle-ci, comme la premiere, a été compofée par un Ecri

vain,' qui avoit vû ou appris de témoins oculaires ce qu'il p. 174. 1. pr. rapporte,& qui écrivoit lous Wlfolen fucceffeur immédiat p. 175. n. 8. de S. Sulpice. Ce fecond Auteur n'a point copié l'autre ; & fon ftyle vaut beaucoup mieux. Mais il a trop abregé fa matiere. C'eft dommage qu'il ne nous apprenne pas tout ce qu'on trouve dans l'autre, fon ouvrage feroit préferable au premier.

! Nous avons dans Bollandus au vingt-feptiéme de Février, Boll 27. Feb. p. Ddddij

683.684.

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VII SIECLE.

une vie de S. Baldomer, plus connu dans le vulgaire fous le nom de S. Garmier, Soûdiacre de l'Eglife de Lyon, mort vers le milieu de ce fiecle. L'Auteur anonyme, qui paroît Coin. an. 642. n. avoir été de la même ville,' eft regardé comme contemporain. Son écrit a en effet tout l'air d'une piece originale. On n'y voit que des faits rapportés avec une extrême précision, beaucoup de candeur, de fimplicité, & dans un ftyle grave & édifiant. Le P. le Cointe fuppofe même que ce petit écrit fut fait du vivant de Gaudric Evêque de Lyon, qui avoit ordonné le Saint; mais il eft vifible que l'Auteur n'y mit la main qu'après fon épifcopat.

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1. 1. p. 632 633.

'Quelques Ecrivains appuïés de l'autorité de Dom Mabillon, placent encore vers le milieu de ce VII fiecle, l'Auteur anonyme de la vie de S. Maximin Abbé de Micy au diocèfe d'Orleans. Mais nous ferons voir en fon lieu qu'il y a de fortes preuves pour ne le mettre que fous Charles le Chauve au IX fiecle.

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HISTOIRE DE SA VIE.

IDIER nâquit à Cahors d'une famille Gauloise, diftinguée par fa noblesse. Salvius ou Sylvius fon

pere

& Herchenefrede fa mere, lui donnerent entre autres deux freres, Ruftique & Syagre, qui furent illuftres, l'un dans l'Eglife, l'autre dans le fiecle. Ruftique après avoir fait les fonctions d'Abbé à la fuite de la Cour, remplit le Siege épifcopal de Cahors ; & Syagre fe vit Comte ou Gouverneur de Marseille. Si-tôt que Didier eut fait fes études, où il acquit un fçavoir peu commun, il fut mis au service de la Cour. Tout jeune qu'il étoit, Clotaire II en fit fon Tréforier, & 703| Nab. an. 1. Dagobert fon fils le continua dans la même charge. Didier y brilla par une prudence, une probité, un defintéressement qui lui attirerent une eftime génerale. Sa pieté foutenue des inftructions que fa mere lui donnoit par écrit, & l'exemple

Lab. ib. p. 700

12. D. 9. 34.

de plufieurs faints perfonnages, qui étoient alors à la Cour, VII SIECLE. tels que S. Eloi, S. Sulpice, S. Ouen, S. Faron, l'y fit vivre plutôt en difciple de Jefus-Chrift qu'en courtifan. De forte qu'au milieu des délices d'une Cour, comme celle de Dagobert, il conferva toûjours des mœurs très-pures.

'C'est le témoignage que ce Prince lui rendit lui-même, Lab. ib. p. 703. lorfqu'il annonça à tout fon roïaume l'élection de Didier, 704. pour fucceder à Ruftique fon frere dans le gouvernement de l'Eglife de Cahors. Il eut bien de la peine à ceder un Officier, qui de fon propre aveu, lui étoit fi néceffaire. Mais préferant le bien général de l'Eglife à fes interêts particuliers, il confentit que le diocèfe de Cahors profitât de fa perte. En conféquence il écrivit à S. Sulpice de Bourges, pour qu'il allât avec fes Suffragants faire la cérémonie de fon ordination. 'La letre eft du huitiéme d'Avril, la huitiéme année de fon Bal. capit. t.-k. regne. Ainsi ce fut en 629 que Didier commença fon épif- P. 144.

copat.

On peut juger de la conduite qu'il y tint, par la vie qu'il avoit menée à la Cour, vie toûjours occupée, laborieuse, éloignée

Gall. chr. nov.t.l.

de la façon d'agir des gents du monde.' Son principal foin fut Lab. ib. p. 704d'extirper le vice & de faire regner la vertu à fa place, fans 711. négliger la conftruction, l'embelliffement & la décoration des Eglifes, & la propagation de l'ordre monaftique. Il eft peu d'Evêques dans l'antiquité qui aïent fait paroître en cela plus de magnificence & de zéle que S. Didier. Outre le grand nombre d'autres preuves qu'on en a, fon teftament en contient plusieurs non fufpectes.' Il le fit la feizième année du p. 710.711|Mab. regne de Sigebert III, & mourut l'année fuivante, non le ana. 3. P. 53x | treiziéme des Calendes de Decembre, en la vingt-troifiéme p. 122. année de fon épiscopat, comme le porte l'hiftoire imprimée de fa vie, mais le quinziéme de Novembre en la vingt-fixiéme année depuis fon ordination, fuivant un ancien manuscrit de la même vie, que Dom Mabillon affûre avoir lû. Ce calcul nous conduit jufqu'à l'an 654 de l'ére commune. 'S. Di- Gail. cht. ib. p. dier fut enterré dans le monaftere de S. Amant, qu'il avoit 153.154.157. rétabli avec sa magnificence ordinaire, & qui en fon honneur a porté dans la fuite le nom vulgaire de S. Geri. 'L'Auteur Lab. ib. p. 708. de fa vie étoit fi plein de fon mérite, qu'il doutoit qu'il y eût au monde en fon temps un Evêque qui lui fût comparable. Il eft certain qu'il fe fit une très-grande réputation, & qu'il devint un des Oracles de l'Eglife Gallicane.

Dddd iij

VII SIECLE.

Canil. t. 5.p.526. 537/B...p.636. 642 Frech. hift.

875-881 Bib. PP. c. 8. p. 579.583.

S. II.

SES ECRIT S.

L nous refte de S. Didier un recueil de letres, feulement au nombre de seize, quoiqu'il paroiffe par celles qui lui FLC1.p.2/2-218 font adreffées, qu'il en avoir écrit beaucoup d'autres. CaniDu Chef. t. r. p. fius eft le premier qui les ait tirées de la pouffiere, en les faifant imprimer à la fuite de celles de S. Rurice de Limoges. De fon recueil elles font paffées dans ceux de Frecher & de du Chefne pour les monuments de l'hiftoire de France. On les a auffi inférées dans les diverfes Bibliothèques des Peres. Mais de toutes les éditions il n'y en a point de plus correcte que celle qu'en a donnée M. Bafnage, en faifantr éimprimer les Leçons antiques de Canifius.

Ces letres de S. Didier nous font connoître quelles étoient fes liaisons. Elles font adreffées, ou à des Princes, comme Dagobert I, Sigebert III, ou à des Seigneurs, comme Grimoald Maire du Palais, Clodulfe connu depuis fous le nom de S. Cloud, ou enfin à des Evêques les plus célébres qui fuffent alors en France. Tels font S. Sulpice de Bourges, S. Eloi de Noïon, S. Ouen de Rouen, S. Modoald de Treves, S. Paul de Verdun, S. Abbon ou Goëric de Metz. Ces letres au refte ne font point imprimées fuivant l'ordre de leurs dates, ou des années auxquelles elles ont été écrites. Ce ne font d'ailleurs, ou que des letres de compliment, ou des recommandations pour les perfonnes qui en étoient les porteurs, ou enfin des billets de remerciment. La plus remarquable eft celle à l'Abbeffe Afpafie, pour l'animer à la pénitence qu'elle avoit déja entreprise, afin de fatisfaire à la juftice divine pour un péché capital. En général on trouve dans ces letres un fond de pieré, & le caractere d'un excellent cœur. Dans une de celles au Roi Sigebert, S. Didier l'exhorte à fe fouvenir de ce qu'il fera après cette vie.

On peut encore obferver dans ces letres, les differentes qualités que l'Auteur prend dans leurs infcriptions. La plus fréquente eft celle de pécheur, déja en ufage avant le fiecle de $. Didier. Souvent il fe donne celle de ferviteur des ferviteurs de Dieu. En prenant la qualité d'Evêque de Cahors, il ajoûte quelquefois: par la grace de Dieu, formule qui est aujourd'hui fi commune parmi nos Evêques. En écrivant aux

Princes Souverains, il joint à la qualité de ferviteur des ferviteurs de Dieu, celle de fidéle fujet.

y

1,

VII SIECLE.

Canif. ib. p. 640651/B. ib. P-644218 224 Du Chef. ib. p. 882 83-588.

650 | Freh. ib. p.

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888 B. PP. ib. p.

'A la fuite des letres de S. Didier on a coûtume d'imprimer celles qui lui ont été écrites, & qui font comme un fecond livre. On en compte jufqu'à vingt ou vingt-une. Il en a deux de Sigebert III Roi d'Auftrafie, fils de Dagobert qu'on trouve auffi au premier de Février dans Bollandus & ailleurs. Il y en a trois de S. Sulpice de Bourges, dont on a donné l'éloge, & une de S. Eloi de Noïon, dont on parlera dans la fuite. Il y en a deux de Verus Evêque de Rodès, qui affifta en 625 au Concile de Reims, & qui vivoit encore en 649, comme il paroît par fa souscription au bas d'un privilege de S. Faron de Meaux, accordé la même année au monaftere de Sainte Croix. Il y en a deux de S. Paul Evêque de Verdun, mort le huitiéme de Février 648, & deux autres de Conftance d'Albi, mort en 673. On y en trouve auffi une de S. Pallade Evêque d'Auxerre, mort en 660; une autre de Goëric, autrement nommé Abbon, Evêque de Metz, mort le dix-neuviéme de Septembre 645; une autre de Raurace Evêque de Nevers, qui vivoit encore en 653; une autre d'un Felix, qu'on fait communément Evêque de Narbone, mais que les Auteurs de l'hiftoire de Languedoc montrent fort bien avoir été Evêque de Limoges. C'est peutêtre le même,' qui felon Frifius, écrivit plufieurs letres au Pape Honorius, qui ne fubfiftent plus aujourd'hui. Enfin par-Canif. ib. mi les letres adreffées à S. Didier il y en a quatre autres, dont l'une eft de S. Gal fecond du nom, Evêque de Clermont, mort vers l'an 650, & non de S. Gal Abbé, comme Uffe- U. ep. hib. p. 164 rius l'a crû.

a

On apprend de ces letres & de leurs infcriptions, divers ufages du fiecle où elles ont été écrites. On y voit que les Evêques affectoient, comme on l'a déja remarqué ailleurs, de fe donner des titres extraordinaires d'honneur en s'écrivant les uns aux autres. On y voit que les Rois prenoient beaucoup de part aux élections des Evêques, & que l'on ne convoquoit point de Concile fans leur ordre ou leur permiffion.

Frif. bib. ph. p.

76.1.

A toutes ces letres écrites à S. Didier, 'il en faut joindre Lab. ib. p. 702. trois autres qui méritent d'être connues. Elles font d'Archenefrede fa mere, qui les lui écrivit lorsqu'il étoit à la Cour. La pieté y parle de concert avec la tendreffe ; & l'on ne peut

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