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alors très-fréquent. Il se rendit ensuite à Pavie, où pendant la semaine de la Pentecôte, il convoqua un second concile qui confirma les décrets du précédent. De Pavie il se rendit en Allemagne, en passant par Cluny, où il confirma l'institution de la fête du jour des morts, et alla ensuite à Cologne célébrer la Saint-Pierre avec l'empereur Henri. Il revint en Italie, en prenant son chemin par la France, visita son ancienne église de Toul, fit la dédicace de l'église de Saint-Remi de Reims, le 1er octobre, et, deux jours après, présida à l'ouverture d'un concile dans lequel on travailla à réformer un grand nombre d'abus qui s'étaient introduits dans les Gaules, tant de la part des laïques que des ecclésiastiques. Il continua sa route par Verdun, où il dédia l'église de SainteMadeleine, et accorda divers priviléges aux abbayes de Saint-Vannes et de Saint-Maur; par Metz, où il consacra la basilique de Saint-Arnoul; et par Mayence, où il convoqua un concile de quarante évêques. Toutes ces assemblées de prélats n'avaient pour but que de porter remède à l'avarice et à la dépravation du clergé. Tous leurs canons ne parlent que de sinonie et d'adultères, et prononcent l'excommunication des coupables.

Son retour à Rome fut un sujet d'allégresse publique. Il y réunit après Pâques dans la basilique de Latran un nouveau concile, où les erreurs de Bérenger sur l'Eucharistie furent discutées et condamnées pour la première fois. Là aussi furent excommuniés comme simoniaques tous les évêques de Bretagne. Après avoir en septembre renouvelé le premier de ces décrets, dans le concile de Verceil, Léon IX reprit le chemin de la Lorraine et de l'Allemagne. Il assista à la translation à Toul des reliques de saint Gérard, évêque de cette ville, pendant qu'un synode, assemblé à Paris le 16 octobre, par le roi Henri I", confirmait la condamnation de Bérenger, et à l'imitation du concile de Verceil faisait jeter aux flammes le livre de Jean Scot, sur lequel cet hérésiarque s'était particulièrement appuyé. Un nouveau concile tenu à Rome, en 1051, condamna l'évêque de Verceil comme adultère, et statua qu'à l'avenir les femmes qui se prostitueraient à des prêtres seraient adjugées comme esclaves au palais de Latran. Cependant l'Italie méridionale, ravagée par les Normands, réclamait ses soins. Léon IX visita la Pouille où il réforma les mœurs. Il retourna bientôt en Allemagne, atin d'obtenir des secours contre les incursions des hommes du Nord. Au milieu de toutes ces occupations, le saint Pontife travaillait à la réconciliation du roi de Hongrie et de l'empereur. Enfin il revint en Italie avec les troupes destinées à repousser l'ennemi. Leurs efforts ne furent pas heureux; après une défaite complète, le Pape qui les accompagnait dans cette guerre, tomba luimême au pouvoir des Normands, qui cependant respectèrent son malheur et sa dignité. Le comte Humphroi le fit conduire avec honneur à Bénévent, où il passa dix mois,

dans les prières, les jeunes et les austérités, couchant sur le plancher de sa chambre, recouvert d'un seul tapis, avec une pierre pour oreiller. C'est pendant cette captivité qu'il adressa plusieurs lettres aux évêques d'Afrique, à ceux de Constantinople et d'Antioche, pour essayer d'établir sur ces derniers la suprématié de son siége, et à l'empereur pour l'engager à le soutenir contre ses vainqueurs. Si ce prince ne put lui envoyer les secours qu'il réclamait, il l'en dédoininagea, en favorisant ses pieux tra vaux, et en recevant avec bienveillance ses nonces à Constantinople. Ces occupations et l'étude du grec à laquelle Léon IX se livrait avec ardeur, le respect même des Normands ne purent le distraire de ses chagrins, et le comte Humfroi ne le rendit aux Romains que ruiné par une maladie mortelle. Il rentra à Rome au mois de mars 1054, et peu de temps après il termina par la mort la plus édifiante une vie remplie de bonnes œuvres. La veille de ce jour fatal, il s'était fait porter dans l'église de Saint-Pierre, où il avait passé toute la journée à prier. Remis dans son lit, il entendit la messe, reçut les derniers sacrements, et expira sans douleur le 19 avril, à l'âge de 52 ans et après un pontificat de cinq ans, deux mois et neuf jours. Il fut enterré à Saint-Pierre près de l'autel de Saint-Grégoire. Pour toute épitaphe, on mit sur son tombeau ce distique, qui exprime beaucoup dans sa concision:

Victrix Roma dolet, nono viduata Leone, Et multis talem non habitura patrem. Plusieurs miracles attestèrent sa sainteté: l'Eglise honore sa mémoire le 19 avril, et son nom est inscrit au Martyrologe.

SES ÉCRITS. Nous avons remarqué plus haut que Léon IX avait fait de bonnes étu des; cependant quoique Wibert, son princi pal historien, nous assure qu'il y avait acquis un grand fonds d'érudition, ecclé siastique et profane, nous ne voyons pas qu'il ait laissé après lui de monument considérable ou d'ouvrage de longue haleine. Ce qui nous reste de ses écrits se réduit quelques lettres dogmatiques, quelques épitres familières, quelques petits trailes ou discours, un grand nombre de bulles et plusieurs décrets faits en concile.

A Michel Cérularius. — Parmi ses lettres dogmatiques la première est celle quil adressa au patriarche de Constantinople Michel Cérularius. Elle mériterait plu le nom de traité par son importance et les développements que l'auteur donne à s matière. Le but de cette lettre est de repousser les reproches mal fondés que les Grecs adressaient à l'Eglise latine, surtout au sujet du pain sans levain dont elle use dans la célébration des saints mystères. Léo leur demande pourquoi ils ont condamné cette Eglise sans l'avoir entendue. Il ajoute qu'ils n'étaient pas recevables à vouloir lui apprendre la manière dont elle devait cele brer les mystères, puisqu'on ne pouva douter qu'elle ne l'eût apprise de celui à qui

le Fils de Dieu a dit: Vous êtes heureux, fils de Jonas, parce que la chair ni le sang ne vous l ont point révélé, mais mon Père qui est dans le ciel. Cette Eglise, fondée par saint Pierre, a réfuté et condamné toutes les bérésies, même celles qui se sont élevées chez les Grecs, et en particulier dans l'Eglise de Constantinople. Il n'appartient à personne de juger l'Eglise romaine, suivant la décision du concile de Nicée; elle est le chef de toutes les Eglises, de l'aveu unanime des évêques du premier concile de Constantinople. Quoique le pouvoir des clefs ait été donné à toutes les Eglises catholiques, il appartient spécialement à celle qui a eu pour pasteur le prince des apôtres. Le Pape relève ensuite toutes les prérogatives accordées par Jésus-Christ à saint Pierre, ses travaux pour l'établissement de l'Eglise, ses miracles et son autorité. On ne pouvait douter que l'Eglise romaine ne suivit la doctrine que cet apôtre y avait enseignée. La preuve en était claire: Je rends grâces à Dieu pour vous, disait saint Paul, de ce que votre foi est annoncée dans tout le monde. D'où saint Augustin et saint Chrysostome ont conclu que la foi des Romains était la même que l'on annonçait dans toutes les Eglises de l'univers. Aussi cet apôtre ne changea-t-il rien dans leur doctrine; il se 5 contenta de les exhorter à la persévérance. Bien loin d'en user de même avec les Grecs, il les reprit fortement d'avoir abandonné la foi, presque aussitôt après qu'il la leur eût annoncée. Par une suite de leur inconstance dans la saine doctrine, ils ont supprimé le culte des images, et donné le noin de concile général au conciliabule de Constantinople, sous Constantin Copronyme, qui ordonna de les détruire. Mais le Pape Nicolas en prit la défense; il s'opposa à la déposition d'Ignace et à l'intrusion de Photius. Il établit ensuite un parallèle entre l'Eglise de Rome et celle de Constantinople. Celle-là est la mère, celle-ci est la fille. La première avait déjà souffert dix persécutions, renversé l'idolâtrie, immolé à Dieu des arInées de martyrs, et foulé aux pieds le prince du monde et son royaume, lorsque la seconde est née dans les délices. Comment donc ne rougit-elle pas de s'arroger la priruauté, et de manquer de respect envers une mère, vénérable au moins par ses cheveux blancs? Il rappelle au patriarche Michel, que c'est à l'Eglise romaine qu'il est redevable de son siége, puisqu'elle a ordonné dans plusieurs de ses conciles, que l'évêque de Constantinople serait honoré comme le Pontife de la ville impériale, sauf l'ancienne dignité des siéges principaux et a ostoliques, c'est-à-dire d'Alexandrie et d'Antioche. I reproche à ce patriarche d'avoir fait fermer toutes les églises des Latins et d'avoir enlevé les monastères aux abbés et aux moines, jusqu'à ce qu'ils consentissent à vivre suivant les usages des Grecs. Combien l'Eglise romaine est plus modérée, lui dit-il, puisqu'au dedans comme u dehors de Rome, il y a plusieurs monas

tères et plusieurs églises dans lesquelles on n'empêche pas aux Grecs de suivre les tradi tions de leurs pères. Au contraire, on les y exhorte, parce que nous savons que la diffé rence des coutumes, selon les lieux et les temps, ne nuit point au salut, pourvu que l'on soit uni par la foi et la charité, qui nous rendent tous également recommandables à Dieu.» Léon reproduit plusieurs exemples de la présomption des patriarches de Constantinople: et insistant sur l'indéfectibilité de la foi de l'Eglise romaine, il répète que c'est à ses évêques, comme successeurs de saint Pierre, qu'appartient le jugement de toute l'Eglise, et que le Saint-Siége n'est jugé de personne. D'où il conclut que Michel CéruÎarius, et Léon d'Acride qui le soutenait dans sa rébellion, en voulant diminuer l'autorité de ce siége par leurs reproches, travaillent à renverser tout l'édifice chrétien. I les exhorte à l'unité, en leur remontrant que l'honneur de l'Eglise romaine les intéressait autant que le membre d'un corps est intéressé à la conservation du corps lui-même. Il leur envoie, dit-il, quelques passages des Pères, pour réfuter leur écrit contre les azymes, en attendant qu'il y réponde lui-même. Nous ne connaissons point cette réponse; il parait que le Pape en chargea ses légats, car dans sa seconde lettre à Michel Cérularius, il le renvoie à un écrit plus ample, où l'erreur des Grecs touchant le pain fermenté est réfutée.

Il y a dans cet écrit deux passages qui demandent particulièrement à être remarqués. Le premier, c'est qu'en parlant de la souveraineté temporelle unie à la juridiction spirituelle des Papes, Léon IX l'établit sur la prétendue donation de Constantin, qui depuis longtemps est reconnue pour fausse par tous les savants. Il semble même qu'elle dût l'être dès cette époque. En effet la cession de la ville de Rome faite par Pépin le Bref, puis confirmée par Charlemagne et par Louis le Débonnaire, ne suffisaitelle pas pour détruire le fait de cette spécieuse donation, tant vantée par les Romains. La seconde remarque à faire sur l'écrit de notre saint Pontife, c'est le reproche qu'il fait aux Grecs, d'avoir admis des eunuques et même une femme sur le siége de Constantinople; reproche qui montre clairement que la fameuse fable de la papesse Jeanne, dont on place l'époque au moins deux cents ans avant ce pontificat, n'avait pas encore été inventée.

-

Au patriarche d'Antioche. Nous avons du Pape Léon IX une lettre à Pierre, patriarche d'Antioche, qui mérite d'être connue. C'est une réponse à celle que ce patriarche avait écrite à notre Pontife, pour lui faire part de sa promotion et lui demander sa communion. Le Pape le loue de son amour pour l'unité, et l'exhorte à maintenir luimême les prérogatives de son Eglise, la troisième après celle de Rome, lui offrant son secours contre ceux qui s'efforçaient de diminuer l'ancienne dignité de l'Eglise d'Antioche, c'est-à-dire contre Michel, pa

triarche de Constantinople, qui, s'attribuant le second rang, rejetait par là même le patriarche d'Antioche au quatrième. Pierre avait prié le Pape de lui donner des raisons de la division qui régnait dans l'Eglise universelle. Léon répond que, par la grâce de Dieu, l'Eglise romaine conserve le lien de l'unité; et que s'il y a quelque semence de schisme, c'est de la part de l'Eglise grecque. Eusuite il approuve la promotion de Pierre au patriarchat d'Antioche, à la condition toutefois qu'elle avait été faite conformément aux canons. Il reconnaît pour catholique sa profession de foi, et suivant l'usage, il lui renvoie la sienne, en marquant à l'article du Saint-Esprit, qu'il procède du Père et du Fils. Sur la prédestination, il dit que Dieu ne prédestine que les biens, quoiqu'il prévoie les biens et les maux; que sa grâce prévient et suit l'homme, sans détruire son libre arbitre; que l'âme est créée de rien, et coupable de péché originel, tant qu'elle n'a pas été purifiée par le baptême. Il approuve les sept premiers conciles généraux, et ne dit rien du huitième, parce qu'on n'y décida aucun point de doctrine.

A Michel Cérularius. - Au mois de janvier de l'an 1054, le Pape envoya à Constantinople trois légats, chargés de deux lettres, savoir, une pour le patriarche et l'autre pour l'empereur; et l'une et l'autre en réponse à celles qu'il avait reçues d'eux. Le patriarche avait témoigné dans la sienne un grand désir de la réunion des deux Eglises. Le Pape l'en félicite et témoigne que de son côté il ne le souhaitait pas moins vivement; mais il ne lui dissimule point les bruits fâcheux que l'on répandait sur son compte. On dit que vous êtes néophyte; que vous n'êtes pas monté par degrés à l'épiscopat; que vous voulez soumettre à votre domination les patriarches d'Alexandrie et d'Antioche, et les priver des anciens priviléges de leurs dignités; que, par une usurpation sacrilége, vous vous donnez le titre de patriarche universel que saint Pierre ni aucun de ses successeurs n'ont voulu prendre, quoique le concile de Chalcédoine eût ordonné qu'on l'accorderait à saint Léon et aux Pontifes suivants. «< Mais qui donc n'aura pas lieu de s'étonner, ajoute le saint Pape, qu'après plus de mille ans d'orthodoxie, honorée par tant de saints et de docteurs, vous vous soyez avisé de calomnier l'Eglise des Latins, en anathématisant et en persécutant publiquement tous ceux qui participent aux sacrements faits avec des azymes. Nous avons été informé de votre entreprise par le bruit commun et par la lettre écrite en votre nom aux évêques de la Pouille, laquelle prétend prouver que Notre-Seigneur institua avec du pain levé le sacrement de son corps qu'il donna à ses apôtres; ce qui se trouve réfuté par l'autorité de l'Ecriture. qui défendait aux Juifs, sous peine de mort, d'avoir dans leurs maisons de pain levé, pendant les huit jours de la Pâque. Est-il à présumer que Jésus-Christ ou ses disciples aient prévariqué en ce point? >>

Léon IX ne répond pas aux autres calomnies répandues dans le libelle du patriarche de Constantinople, parce qu'il l'avait fait dans un écrit particulier, dont il avait chargé ses légats, et dans lequel, comme nous l'avons dit, il réfutait plus au long, l'erreur des Grees touchant le pain fermenté.

Dans la lettre adressée à l'empereur Constantin Monomaque, le Pape le loue de son zèle pour le rétablissement de la paix entre les Grecs et les Latins. Il rapporte en abrégé ce qu'il avait fait lui-même pour dé livrer les Eglises de Dieu de la persécution des Normands; la conférence qu'il avait eue réduire, non en les mettant à mort, mais avec le duc d'Argyre, sur les moyens de les en les ramenant au devoir par la crainte des hommes, et la résolution où il était de chasser ces barbares, avec son secours et celui de l'empereur Henri. « C'est alors, lui ditil, que combattant particulièrement pour la cause de Dieu, vous serez surnommé deva devant les hommes. » Il se plaint des entrelui monomaque, comme vous l'êtes déjà prises de Michel Cérularius contre les Latins d'Antioche. Il prie Constantin de rendre à et contre les patriarches d'Alexandrie et l'Eglise romaine ses patrimoines situés dans les lieux dépendants de son empire, et lui recommande ses légats.

Aux évêques d'Afrique. Il restait à peine cinq évêques en Afrique sous la domination des musulmans; trois de ces pontifes se plaignirent au Pape de l'évêque de Gommi, qui semblait s'arroger les droits de métropolitain, au préjudice de l'évêque de Carthage, ville que l'on ne regardait plus comme capitale, parce que depuis longtems elle était tombée en ruines. Léon IX leur re pondit par deux lettres, dont l'une est adressée à Thomas que l'on croit avoir éle évêque de Carthage. Il y témoigne sa douleur de voir l'Eglise d'Afrique réduite a un si petit nombre d'évêques, elle qui en avait envoyé jusqu'à deux cents aux anciens conciles. Il déclare ensuite que le titre de métropolitain de toute l'Afrique appartient à l'évêque de Carthage; que sans son coseutement l'évêque de Gommi ne peut ni consacrer ni déposer d'évêques, ni convo quer le concile provincial; et que tout s pouvoir ne passe point les bornes de son diocèse. Le Pape ajoute, qu'à l'égard d'un concile général, on ne peut en tenir sas l'ordre du Saint-Siége; ce que vous trouve rez, lui dit-il, écrit dans les saints canos, si vous l'y cherchez. - La seconde lettre est adressée à deux évêques nommés Pierre et Jean. Ainsi que dans la précédente, le Pape déclare que l'Eglise de Carthage aura dans tous les temps, comme elle avait é jusqu'alors, le privilége de métropole, que cette ville reste déserte, ou qu'elle recou vre sa première splendeur. Il rapporte e suite, comme ces deux évêques lui en avajest témoigné le désir, l'établissement des arche vêques et des métropolitains. Mais tout ce qu'il en dit est tiré des fausses décrétales al

مقالات

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DICTIONNAIRE DE PATROLOGIE.

tribuées aux Papes Clément, Anaclet, Anicet

et autres.

Aux évêques d'Italie. Informé que les abbés et les moines d'Italie sollicitaient les fèles, soit de leur vivant, soit au moment de la mort, de leur faire donation de leurs biens, il apporta un remède à cet abus, en ¡ défendant à ceux qui entreraient dans les monastères par un motif de conversion, de donner à la maison qu'ils auraient choisie - plus de la moitié de leur fortune, voulant qu'ils réservassent l'autre moitié à l'église où ils avaient reçu le baptême, la pénitence, l'Eucharistie et toutes les instructions du slut. Il adressa ce décret à tous les évêques d'Italie, afin qu'ils le fissent observer dans leurs diocèses. Il régnait un autre abus dans celui d'Ossimo. Après la mort de l'évê

que,

le peuple entrait à main armée dans sa maison, pillait tous ses biens, brûlait les maisons de campagne, coupait les vignes et les arbres, et ravageait tout avec une fureur qui surpassait celle des bêtes sauvages. Le Pape en écrivit au clergé et au peuple de cette ville, auxquels il représente que si le dernier évêque mort avait offensé quelqu'un pendant sa vie, on ne devait pas s'en venger sur Jésus-Christ à qui l'Eglise d'Ossimo était demeurée en garde, ni sur le patrimoine de l'Eglise d'où les pauvres tirent leur subsistance. Il défend à l'avenir de - semblables excès sous peine d'excommunication et d'anathème. Il paraît que l'évêque dont la mort donna occasion à ce brigandage, était le même qui vivait dans le désordre sous le Pape Clément II, et à qui saint Pierre Damien se plaignait qu'on laissat ses crimes impunis.

-

Entre les autres Au duc de Bretagne. lettres du Pape Léon IX, nous nous bornerons à rappeler celle qu'il écrivit au duc de Bretagne, au comte Anale et aux autres seigneurs du pays. Il leur notifie la sentence d'excommunication qu'il avait prononcée contre les évêques bretons, non-seulement parce qu'ils persistaient à ne pas vouloir reconnaître l'archevêque de Tours pour leur métropolitain, comme le Pape Nicolas I et ses successeurs l'avaient ordonné, mais parce qu'étant accusés de simonie, ils n'avaient pas comparu an concile de Rome, selon l'ordre qu'ils en avaient reçu dans celui tenu à Reims en 1049. Le Pape leur enjoint de ss trouver au concile indiqué à Verceil pour le 1 septembre de l'année suivante, c'est-à-dire en 1051.

BULLES. Nous n'entrerons point ici aans un détail qui pourrait fatiguer le lecteur, sans lui présenter aucun résultat avantageux. 1 sullit, pour notre dessein, d'avertir qu'il existe, sous le nom de Léon IX, plus de quarante bulles ou priviléges, tant dans la collection générale des conciles et l'Italia sacra d'Ughelli, que dans le recueil de dom Luc d'Acheri, dom Mabillon, dom Martène et autres Ces priviléges, comme les lettres du même Pontife, fort bien écrits pour le temps, seront toujours regardés comme des monuments de la science et de la piété DICTIONN. DR PATROLOGIE. III.

de leur auteur, ainsi que de son amour pour
la religion, la discipline de l'Eglise et l'ordre
monastique. Parmi ces bulles, nous en
trouvons une, datée du 7 octobre 1052, qui
tranche la question agitée pendant si long-
temps entre les Français et les habitants de
Ratisbonne, qui se vantaient les uns et les
autres d'être en possession des reliques de
saint Denys l'Aréopagite. Mais cette pièce,
toute à l'avantage des Français, porte avec
elle des caractères évidents de supposition,

DISCOURS. Plusieurs bibliographes attri-
buent à Léon IX quelques bomélies ou
sermons, imprimés, selon eux, à la suite do
ceux de saint Léon le Grand, dans les édi-
tions de Louvain, 1560, de Cologne, 1565 et
1598, et d'Anvers, 1583; mais ils ne spécifient
rien en particulier, et ne nous en donnent
pas d'autre connaissance. Nous ne savons
en fait de discours que ceux qu'il prononça
en divers conciles, et qui font partie des
actes de ces assemblées. Il y en a un autre
dans la chronique d'Hirsauge et dans les
Annales de Baronius, dont voici quelle fut
l'occasion. Léon IX étant en Allemagne en
1049, logea chez le comte Adelbert, son
neveu. Comme ils se promenaient ensemble
sur une montagne du voisinage, le Pape
decouvrit un endroit qui lui paraissait propre
pour y établir un monastère. Il s'en expli-
qua avec le comte, et apprit de lui qu'en
effet ses ancêtres en avaient fondé un en
l'honnenr de saint Aurèle; mais que depuis,
les moines s'étant relâchés, le monastère
était tombé en ruines. Le Pape demanda ce
qu'on avait fait des biens qui en dépendaient,
et ce seigneur ne put ou ne voulut donner
là-dessus aucun éclaircissement; mais
Léon IX, s'étant informé auprès d'un clerc
fort âgé, qui avait vu les moines de saint
Aurèle dans leur ferveur, apprit de lui que
l'aïeul du comte Adelbert avait, par un
motif d'avarice, détruit le monastère et
usurpé tous les biens; et que, dans l'incur-
sion des Normands, l'abbé avait caché sous
la terre le corps de saint Aurèle. A force
de chercher on le découvrit, et il s'exhaladu
tombeau une odeur très-agréable. Les osse-
ments étaient enveloppés d'une étoffe de
soie, ayec une inscription en ces termes :
Le corps de saint Aurèle, évêque du temps du
roi Arnoul, a été mis ici sous l'abbé Harde-
rade. Le Pape l'ayant lue, s'écria: « Malheur
à ceux qui ont réduit en solitude ce lieu
sanctifié par la présence corporelle et les
mérites d'un si grand prélat. » Puis, faisant
fermer le tombeau, il s'adressa au comte,
son neveu, et à Wiltride sa femme; il leur
représenta, en présence de quelques cardi-
naux, l'énormité du crime que son aieul
avait commis en détruisant ce monastère,
et en s'en appropriant les biens. Il lui
ordonna de le rétablir au plus tôt, d'y
remettre la communauté dans l'état où elle
était auparavant, et de restituer tout ce
qu'on lui avait enlevé. Le comte Adelbert,
touché de ce discours, se jeta à genoux, et,
les larmes aux yeux, il confessa son péché,
en promettant de remettre toutes choses

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en état. A cette condition sa faute lui fut pardonnée.

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Combat des vices et des vertus. On possède encore sous le nom de notre Pontife, à la suite des œuvres de saint Léon le Grand, un traité du Combat des vices et des vertus, qui lui est contesté par Pierre Canisius, mais que les auteurs de l'histoire littéraire de la France lui attribuent, en insinuant que ce traité pourrait bien être la même chose que les homélies ou sermons que nous n'avons pu retrouver dans les éditions citées plus haut. Ce traité est divisé en vingt-cinq chapitres, dans chacun desquels l'auteur introduit un vice, en le mettant en opposition avec la vertu qui le combat. Il commence par l'orgueil et l'humilité, et finit par l'amour de ce monde avec le désir des biens futurs. Le fond principal est tiré de l'Ecriture sainte, et l'auteur faisait tant de cas de ce traité qu'il le regarde et le qualifie lui-même comme un livre d'or.

Rétablissement de Saint-Evre. - Dom Mabillon nous a conservé un autre petit écrit que publia notre pontife, lorsqu'il n'était encore qu'évêque de Toul, sur le rétablissement du monastère de Saint-Evre. Cet écrit rapporte ce que chacun donna à l'abbaye de Saint-Evre, soit en or, soit en argent, soit en ornements, soit en denrées, il est daté de l'an 1030.

OUVRAGES EN MUSIQUE.- Le Pape Léon IX était habile musicien et connaissait parfaitement les règles de la composition. Il se plaisait à faire usage de ce talent pour noter d'anciennes pièces et plus souvent encore pour en composer de nouvelles. On parle Surtout avec éloge d'un office de saint Grégoire le Grand qu'il mit en musique. Il fit aussi et nota des répons en l'honneur de plusieurs saints, comme saint Cyriaque, martyr, saint Heydulphe, évêque de Trèves et fondateur de Moyenmoutier, et sainte Othilie, vierge. Un auteur du XIIe siècle ajoute que Léon nota encore l'office de saint Nicolas, l'hymne Gloria in excelsis et quelques antiennes. En passant par Metz, après qu'il eut été élevé à la dignité de Souverain Pontife, il composa et nota, à la prière de Sigefroi, abbé de Gorze, des répons pour l'office de saint Gorgon, martyr, honoré d'un culte particulier dans ce monastère. AUTRES ÉCRITS. Wibert, l'historien de Léon, et l'anonyme à qui l'on doit la relation de sa mort, nous ont conservé quelques prières fort touchantes que fit alors le saint Pontife. On trouve dans un manuscrit provenant de l'ancienne abbaye de Vauclerc, un autre recueil de prières, sous le titre de Salutations de la sainte Vierge. Mais on doute avec raison que ces prières, tirées du psautier, par un nommé Léon, appartiennent réellement à Léon IX. Le même doute se renouvelle à l'occasion d'un autre petit ouvrage tiré du même manuscrit, et dans Jequel l'auteur, également nommé Léon, examine la question de savoir si, dans la dernière cène du Seigneur, les apôtres recurent passible le même corps que nous

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recevons impassible. Ce qui fortifie le doute. que nous avons exprimé et le change pour nous en fin de non-recevoir, c'est que ce traité n'est autre chose qu'une des dernières lettres d'Yves de Chartres. D'ailleurs, l'abbé Hameric à qui il est adressé ne commença à gouverner le monastère d'Auchin au plus tôt qu'en 1088, c'est-à-dire plus de vingt ans après la mort de Léon IX. Enfin Jacques Chiflet, et après lui dom Martene ont essayé de faire honneur à notre Pontife des Gestes des abbes de Moyenmoutier, contenant la Vie de saint Heydulphe et l'Histoire de ses successeurs, qu'il aurait composées comme il n'était encore que simple évêque de Toul; mais nous aurons occasion de montrer ailleurs que cet écrit appartient à Valcande, moine de ce monastère.

Léon IX savait joindre dans ses écrits la force à la politesse; mais il n'était jamais plus éloquent que dans ses invectives contre les vices et les désordres du clergé. Ses discours dans le concile de Reims firent trembler ceux mêmes qui ne se croyaient pas coupables de simonie; de sorte que plusieurs songèrent à se démettre des bé néfices qu'ils avaient obtenus par des voies illégitimes. Ce pieux Pontife parut dans le monde comme une lumière qui éclaira toute la France. Il menait la vie des apôtres, imitant leur zèle par son application à instruire les peuples, et à leur envoyer des ministres éclairés et prudents, capables de les diriger dans les voies qui conduisent à Dieu.

LÉON I ou l'Ancien, succéda à Marcien sur le trône d'Orient, le 7 février 457. Sa fa mille est inconnue, et tout ce que l'on sait de sa patrie, c'est qu'il était originaire de Thrace. Il signala les commencements de son règne par la confirmation du concile de Chalcédoine contre les eutychéens et par la paix qu'il rendit à l'empire, après avoir remporté de grands avantages sur les barbares. Trahi par le patrice Aspar, qui l'avait placé sur le trône dans l'espérance de régner sous son nom, il fit mourir ce perfide avec toute sa famille, en 471, et mourut lui-même en 474. On a de lui deux let tres la première adressée à Juvénal de Jérusalem pour le consulter sur l'usurpa tion de Timothée Elure, prêtre d'Alexandrie, qui s'était emparé du siége épiscopal de cette ville, occupé par saint Protère. La seconde est une lettre circulaire qui adressa à tous les évêques, pour avoir leur avis sur le concile de Chalcédoine et sur l'affaire de Timothée.

LÉON, surnommé le Sage et le Philosophe, à cause de la protection qu'il accorda aux lettres, était fils de Basile le Macédonien, auquel il succéda sur le trône, le 1" mars 886. L'empire était ouvert à tous les barbares: Trop faible pour leur résister, Léon appela à son secours les Turcs qui, après l'avoir débarrassé de ses ennemis, rentrèrent dans Constantinople et la traitèrent en ville con quise. Léon chassa de son siége le patriar che Photius. Excommunié par le patriarche Nicolas, parce que, contrairement à la dis

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