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une même foi et les mêmes espérances. » Cécilius lavait reproché aux chrétiens de n'avoir ni statues, ni temples, ni autels, ni sacrifices; Octave se contente de répondre que l'homme est la véritable image de Dieu, que le monde même est trop petit pour renfermer une majesté infinie, et qu'il est beaucoup plus convenable de lui édifier un temple dans notre esprit et de lui dresser un autel dans notre cœur. Puis il ajoute : « Quoi que nous ne voyions pas de nos yeux le Dieu que nous adorons, il nous est présent par ses œuvres; non-seulement il est auprès de nous, mais il est encore en nous. Rien ne lui est caché, pas même nos plus secrètes pensées. Nous ne vivons pas seulement sous sa puissance; mais, s'il est permis d'ainsi parler, nous vivons avec lui. Pour Dieu, tout l'univers ne fait qu'un lieu. Les rois de la terre ne voient ce qui se passe dans leurs états que par les yeux de leurs ministres; mais le monarque du monde n'a besoin de personne pour l'avertir. »

Cécilius objectait: Il n'a servi de rien aux Juifs d'adorer un seul Dieu avec des temples, des autels et un grand nombre de cé rémonies. « Vous êtes dans l'erreur, lui répond Octave, apprenez au contraire que tant que les Juifs demeurèrent fidèles à ce même Dieu que nous adorons, tant qu'ils s'appliquèrent à observer ses lois dans l'innocence et la sainteté, ils en furent protégés. Faibles à leurs commencements, misérables et condamnés à la servitude, ils s'accrurent au point de devenir bientôt un peuple immense, riche, indépendant. Ni la multitude de leurs ennemis, ni le défaut d'armes, ni le besoin de fuir l'oppression, ne mirent obstacle à leurs progrès. Dieu les sauva, en faisant concourir les éléments à leurs triomphes. Consultez leurs annales, ou si vous l'aimez mieux, lisez les écrits plus récents de Flavius Josèphe et de Julien qui nous en ont laissé l'histoire, et vous verrez que c'est leur changement de mœurs qui leur a attiré les calamités sous lesquelles ils gémissent aujourd'hui, calamités qui leur avaient été prédites bien longtemps avant qu'elles vinssent les frapper. Ce sont eux qui les premiers ont abandonné Dieu; il est donc faux de dire qu'ils aient été conquis avec leur Dieu; c'est Dieu qui les a punis de leur désertion en les livrant à l'épée des Romains. >>

il montre ensuite que toutes les sectes philosophiques ont cru, ainsi que les chrétiens, que le monde devait finir un jour par un embrasement général; que Pythagore et Platon ont admis la résurrection des corps et l'immortalité de l'âme, que les poëtes, aussi bien que les philosophes, ont reconnu que les méchants souffriraient après cette vie des supplices éternels, et que ce que l'on appelle destin n'est autre chose que ce que Dieu réserve à chacun, selon ses mérites, et non une fatalité inévitable. Il ajoute que la pauvreté, si reprochée aux chrétiens, leur fait honneur, parce qu'elle est volontaire. S'ils se trouvent dans la mi

sère et l'affliction, ce n'est pas parce que Dieu les méprise, ni qu'il soit trop faible pour les secourir; mais c'est parce qu'il les éprouve, comme on éprouve l'or dans le feu. Les Romains ne sont parvenus à un si haut point de gloire et de grandeur qu'afin que, en tombant de plus haut, leur chute fût plus profonde. Il n'y a que la vertu qui doive mettre de la différence entre les bommes, et, par conséquent, c'est avec raison que les chrétiens ne tirent leur gloire que de la pureté de leurs mœurs. Au reste, ils méprisent également les pompes religieuses et les spectacles, parce que tout ce qui cache un artifice dangereux à l'innocence leur fait horreur. « Ainsi, poursuit-il, nous nous éloignons de vos sacrifices, nous n'avons pour vos libations que du mépris, non par aucun sentiment de erainte, mais par l'éner gie d'une liberté vraie, car bien que toutes les productions qui nous viennent de la main de Dieu ne changent point de nature par l'abus que l'on en fait, nous refusons d'y prendre part, pour éviter de paraître communiquer avec les démons à qui ou les offre, ou rougir d'être chrétiens. Nous sommes loin de méconnaître l'œuvre du Créateur, et nous goûtons le même plaisir que vous à jouir des fleurs du printemps, et à respirer ce doux parfum qu'exhalent la rose et le lis. Si nous n'en couronnons point nos têtes, c'est que nous les réservons pour l'odorat et non pour nos cheveux. Nous ne répandons point de fleurs sur la tombe de nos morts; et pourquoi le ferions nous? Qu'est-ce que cela fait à ceux qui ne sont plus? Heureux, ils n'en ont pas besoin; malheureux, ce ne sont pas des fleurs qu! les empêcheront de l'être. Nos obsèques à nous sont simples comme notre vie; les couronnes, dont nous aimons à les orner, ne sont point tissues de fleurs sujettes à se flétrir, mais de celles qui ne craignent point les ravages du temps, et que Dieu promet aux coeurs humbles et pacifiques; à ceux qui, pleins de confiance dans ses largesses, vivifient l'espérance par la foi, et anticipent leur béatitude à venir par la contemplation des biens immortels dont la résurrection les rendra possesseurs. Que Socrate déclare ne rien savoir, je ne vois dans ce sage, si fort préconisé par un oracle imposteur,qu'un pitoyable bouffon. Laissons à l'Académie ses doutes éternels, à tous ces graves philosophes leur orgueil, leurs basses flatteries, leurs systèmes corrupteurs et leurs déclamations contre le vice, dans lesquelles ils se font le procès à eux-mêmes. Nous, ce n'est point par les dehors que nous aspirous à être sages; nous ne faisous point de grands discours, mais de grandes choses. Nous nous félicitons d'être arrivés au but vers lequel ils tendaient sans pouvoir l'atteindre.

« Pourquoi manquerions-nous de recon naissance, et nous refuserions-nous à nousmêmes de jouir du bienfait que la bonte divine avait réservé aux jours où nous sommes? Sachons en profiter, en réglant nos mœurs sur notre foi; que la superstition

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MOD

DICTIONNAIRE DE PATROLOGIE.

soit réprimée, l'impiété anéantie et la vraie
religion en honneur. »

L'entretien fini, Cécilius reprit avec chaleur: « Je n'attendrai point là sentence de notre arbitre. Octave et moi, nous sommes également victorieux lui, il triomphe de moi, et moi de l'erreur où j'étais. Je crois à la Providence; je me rends à Dieu, et je confesse que la religion des Chrétiens, au nombre desquels je me range dès à présent, est la seule qui enseigne la vérité. »

Le style de ce dialogue est très-pur et très-élégant. Il y a beaucoup d'érudition et de solidité. Cependant quelques critiques modernes trouvent que c'est moins l'ouvrage d'un théologien qui a étudié les matières dont il parle, que la production d'un homme du monde. En effet, dom Ceillier, en avouant que l'auteur combat le culte des faux dieux avec autant d'ardeur que d'habileté, et que c'est toujours adroiteinent qu'il fait retomber sur l'idolâtrie les reproches que ses sectateurs adressaient aux Chrétiens, ajoute qu'il paraît moins instruit des dogmes de notre religion que de la mythologie païenne. Si Octave, poursuit-il, persuade Cécilius et lui fait abandonner la religion de ses ancêtres, c'est moins en lui prouvant la vérité de nos mystères qu'en lui découvrant la fausseté des mystères du paganisme. Mais cette réserve faite, nous pensons que c'est à tort que Dupin et ceux qui l'ont suivi reprochent à notre auteur une tendance vers le matérialisme.

Ce dialogue a été longtemps regardé comme le vin livre du traité d'Arnobe: Adversus gentes. Baudoin reconnut l'erreur des premiers éditeurs, et publia cet ouvrage sous le nom de Minutius Félix, Heidelberg, in-8°, 1560; il a été souvent réimprimé depuis. Les meilleures éditions sont celles de Nicolas Rigault, avec des remarques, Paris, in-4, 1643; de Jacques Onzel, Leyde, in-8°, 1672; de Jacques Gronovius, ibid., in-8°, 1709; de J. Davis, Cambridge, in-8°, 1712; et de J. Goth. Lindner, Langensalza, in-8°, 1773. Le Dialogue de Minutius Félix a été traduit en français par Perrot d'Ablancourt, Paris, in-12, 1660, puis plus élégamment par l'abbé de Gourcy, dans son Recueil des anciens apologistes du christianisme; et entin, de nos jours, par M. l'abbé de Genoude, dans un Recueil du même genre, Paris, in-12, 1842.

Il existait, au temps de saint Jérôme, un traité De fato, qui portait le nom de Minutius, mais dans lequel les critiques ne reconnaissaient pas son style. Pierre-Antoine Bouchard a publié sur Minutius une Dissertation, suivie du catalogue des éditions et des traductions qui avaient paru de son diaJogue; Kiel, 1685.

MOCHIMUS. Aucun écrivain, grec ni syrien, ne fait mention de Mochimus; mais Gennade nous apprend qu'il était originaire de la Mésopotamie, qu'il fut prêtre d'Antioche, et qu'il composa un excellent traité contre Eutychès. Il ajoute qu'on lui attribuait encore d'autres ouvrages qu'il n'avait pas lus. MODESTE florissait sous Marc-Aurèle et DICTIONN. DE PATROLOGIE. III. ~

Commode. Il eut l'avantage, au jugement d'Eusèbe, de découvrir et de signaler mieux que personne les erreurs de Marcion. Son livre contre cet hérésiarque se voyait encore du temps de saint Jérôme; mais il est perdu depuis longtemps.

On lui attribuait encore, à cette époque, quelques autres ouvrages, dont les critiques habiles refusaient de le reconnaître pour l'auteur.

MODESTE, abbé du monastère de SaintThéodose, gouverna l'Eglise de Jérusalem pendant la captivité du patriarche Zacharie, emmené prisonnier par les Perses en 614. Quoiqu'il n'eût que le titre de vieaire, Photius ne laisse pas de lui donner celui d'archevêque de Jérusalem, parce qu'il en remplit les fonctions. Non-seulement il prit plit les soin de la ville, où il fit rétablir les églises brûlées, mais du diocèse tout entier et de tous les monastères du désert. Il avait fait trois discours dont il ne reste que des extraits: le premier sur les femmes qui achetèrent des parfums pour embaumer le corps de Jésus-Christ; le second, sur la mort de la sainte Vierge, et le troisième, sur la fête de la Rencontre, comme on disait alors, c'est-à-dire, sur la Présentation de JésusChrist au temple. Il avançait, dans le premier, que Marie-Madeleine, du corps de laquelle Jésus-Christ chassa sept démons. avait vécu vierge et souffert le martyre à Ephèse, où elle avait été trouver saint Jean l'Evangéliste, après la mort du Sauveur. Mais il ne rapportait ces faits que sur des histoires qui avaient cours de son temps. Photius hésité à lui attribuer le second, parco que le style lui en paraft différent; il trouve qu'il était fort long et qu'il ne renfermait rien de remarquable. Le troisième expliquait d'une manière figurée la loi qui ordonnait d'offrir en sacrifice des colombes ou des tourterelles pour la purification des femmes.

MODUIN, élevé sur le siége d'Autun, dans les premières années du Ix siècle, fut un des prélats les plus fidèles et les plus attachés à Louis le Débonnaire. Il avait été élevé dans l'Eglise de Lyon, et il était abbé de Saint-Georges, en cette ville, lorsqu'on le choisit pour gouverner l'Eglise d'Autun. On voit qu'il obtint en cette qualité une charte de Louis le Débounaire, dès l'an 815. Il assista, en 835, au concile de Thionville, où l'on fit le procès aux évêques qui étaient entrés dans la révolte contre ce prince. Il ne nous reste des écrits de Moduin qu'un poëme en vers élégiaques, qu'il adressa à Théodulphe, évêque d'Orléans, en réponse à celui que ce prélat lui avait envoyé luimême de sa prison d'Angers. On reconnaît, en le lisant, que l'auteur s'était appliqué avec soin à la poésie et qu'il avait du talent pour ce genre d'écrire. Aussi fut-il lié d'amitié avec les meilleurs poëtes de son temps, c'est-à-dire avec Théodulphe, Walafrid Strabon, et Florus, diacre de Lyon. Ce dernier, dans un de ses poëmes, relève la naissance, le savoir et l'éloquence de Moduin. On croit qu'il mourut en 838; du moins

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est-il certain qu'il ne vécut pas au delà de 843, puisqu'en cette année Altée occupait le siége épiscopal d'Autun. On trouve son ouvrage imprimé à la suite du Recueil des poésies de Théodulphe, publié par le P. Sirmond, et dans le tome XIV de la Bibliothèque des Pères.

MOISE-BAR-CEPHA, c'est-à-dire, fils de 'Pierre, embrassa de bonne heure la vie religieuse dans le monastère de Sergius, sur le Tigre. Il fut tiré du cloître pour être fait évêque, et prit alors le nom de Sévère. I! remplit les fonctions épiscopales en diverses Eglises; ce qui fait qu'il est qualifié, tantôt évêque de Berthraman et tantôt de Beth Céno. On place sa mort en 913.

Traité du paradis. Il a composé en Syriaque un Traité du paradis, donné en Jatin par Masius, imprimé d'abord à Anvers, en 1569, et ensuite dans les Bibliothèques des Pères. C'est un assez gros commentaire sur ce que la Genèse dit du paradis.

I examine, dans le premier livre, s'il y avait deux paradis, un terrestre et un spirituel. Il adopte le sentiment qui n'en admet qu'un seul; mais il croit qu'en dehors du sens littéral, on peut expliquer le paradis dans un sens mystique. Toutefois il commence par le sens littéral. Quoique l'Ecriture ne marque pas le jour de sa création, il pense qu'il fut créé le troisième jour, puis que c'est alors que Dieu dit: Que la terre produise des herbes et des arbres, portant des semences et des fruits. Le paradis fut donc créé avant l'homme pour qui Dieu l'avait fait. Bar- Cépha dit, d'après saint Basile et d'autres anciens interprètes, que le paradis terrestre fut créé dans une région située à l'orient, et que c'est pour cela qu'en priant nous nous tournons vers l'Orient, pour contempler notre ancienne patrie et la rechercher. D'autres plaçaient le paradis terrestre au delà de J'océan. Après qu'Adam en eut été chassé, il fut longtemps sans fixer sa demeure; it vint enfin sur la montagne de Jébus où, plus tard, Jérusalem fut bâtie, y mourut et y fut enterré. Cet auteur juge de l'étendue du paradis terrestre par celle du fleuve qui J'arrosait, lequel était si vaste, qu'il se divisait au sortir de là en quatre grands fleuves. Il pense qu'il a subsisté jusqu'à l'avénement de Jésus-Christ, et que c'est là qu'Enoch et Elie ont été transférés, de même que les ames des justes morts avant le Sauveur.

Les interprètes ne s'accordaient pas sur Ja nature de l'arbre de la science du bien et du mal. Les uns disaient que c'était le froment, les autres la vigne, quelques-uns, le figuier. Ce dernier sentiment lui paraît le plus probable, parce qu'il est à présumer que nos premiers parents couvrirent leur nudité des feuilles mêmes de l'arbre qu'ils avaient sous la main. Or, l'Ecriture dit qu'ils se servirent à cet effet de feuilles de figuier. Il cite un discours de Philoxène de Mabage, sur l'arbre de vie, et soutient, contre cet écrivain, que la désobéissance d'Adam lui causa la mort et à tous ses descendants

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Il croit qu'Adam ne savait pas que Dieu devait accorder un royaume céleste à ceux qui observeraient ses commandements; que ce fut un véritable serpent qui tenta Eve, et que Satan avait auparavant demandé à Dieu la permission de la tenter par l'entremise de cet animal; qu'il n'est pas fait mention des anges dans le second livre de la Genèse, jusqu'au moment de leur apparition à Agar, de peur que les Juifs ne les adorassent comme des dieux; que la Divinité n'abandonna ni le corps de Jésus-Christ ni son âme dans le temps de sa passiou, pas même dans le tombeau et dans les enfers; que l'âme du bon larron fut transferée avec celles de tous les justes, arrachées aux enfers, dans le paradis même d'où Adam avait été chassé, et qu'elles doivent y rester jusquà la résurrection générale.

Dans la seconde partie, il donne des significations mystiques à tout ce que l'Ecri ture rapporte du paradis terrestre, et, dans la troisième, il répond aux objections des hérétiques, dont les uns, comme Simon le Magicien, accusaient le Créateur d'impuissance, sous prétexte qu'il n'avait pu conserver Adam dans l'état où il l'avait créé, et les autres, avec Théodore et Nestorius, soutenaient que le péché d'Adam n'était pas la cause de la mort de l'homme. Bar-Cépha enseigne donc que, si Adam est tombé de l'état dans lequel il avait été créé, ça été par un effet de son libre arbitre et non par la faute du Créateur. L'arbre de vie n'a tourné au préjudice d'Adam, que par l'abus qu'il en a fait en mangeant du fruit qui lui Stait interdit. Encore que le premier homme ait été mortel de sa nature, c'est-à-dire com posé d'un corps sujet à la dissolution de ses parties, Dieu, néanmoins, l'aurait rendu immortel par sa grâce, s'il n'eût point péché. S'il avait été créé immortel, comme le dit Julien d'Halycarnasse, il aurait conservé

que les mauvais anges. L'auteur dit nellement qu'Adam est devenu mortel par son péché, et que c'est par ce péché que la mort est entrée dans le monde. Il produit divers exemples tirés des livres saints, pour montrer que Dieu a souvent puni les péchés des pères dans les enfants. Moïse montre beaucoup d'érudition dans cet ouvrage et une grande lecture des Pères grecs et sy riens.

AUTRES ÉCRITS. On cite, sous le nom de Moïse-Bar-Cépha, un Commentaire sur l'Ancien et le Nouveau Testament. Il fait la même mention de l'amplification qu'il avai faite sur l'Evangile de saint Matthieu. composa encore une liturgie imprimée dafi le tome II des Liturgies orientales, par Renaudot, et un Commentaire sur la liturg syrienne. Son Traité de l'âme est cité dans la première partie du Traité du paradis, el son Traité des sectes, dans la troisième partie. On a de lui, dans les manuscrits du Va tican, une explication des cérémonies usi tées dans la tonsure des moines, et plusieurs homélies sur les principales fêtes de l'a

née, entre autres sur la Dédicace de l'Eglise, sur l'Annonciation du prêtre Zacharie, sur l'Annonciation de la sainte Vierge, sur la tentation de Jésus Christ et sur la guérison miraculeuse du lépreux. C'est avec regret que nous sommes obligés de ranger BarCépha parmi les sectateurs des monophysites.

MONTAN, hérésiarque du ir siècle, était né à Artaban, bourg de la Mysie. Il embrassa le christianisme, croyant parvenir aux premières dignités ecclésiastiques; mais trompé dans cette attente, et dévoré d'une ambition excessive, il résolut de se faire passer pour prophète. Ayant attiré à son partie deux dames de Phrygie, nommées Priscille et Maximille, qui abandonnèrent leur mari pour le suivre, il débuta par annoncer qu'il était le prophète que le Saint-Esprit avait choisi pour révéler aux hommes les vérités fortes qu'ils n'étaient pas en état d'entendre au temps des apôtres.

La sévérité de sa morale et l'amour du merveilleux lui firent un grand nombre de partisans, qui l'appelaient le Paraclet.

L'Eglise d'Orient condamna, vers l'an 172, Jes erreurs de Montan, et l'orgueilleux sectaire, loin d'être touché des charitables avertissements des pasteurs légitimes, persista dans son schisme et y entraîna ses disciples. Les premiers montanistes n'avaient rien changé aux articles du Symbole; mais, séduits par l'idée d'une plus grande perfection, ils avaient ajouté à la rigueur des pénitences prescrites par les canons. Ils refusaient d'admettre à la communion ceux qui étaient coupables de quelques crimes, soutenant que nul n'avait le droit de les absoudre ; ils condamnaient les secondes noces comme des adultères; ils avaient établi jusqu'à trois carêmes fort rigoureux et des jeunes extraordinaires; enfin ils enseignaient qu'on ne doit point fuir les persécutions, mais au contraire les rechercher et braver les fers et la mort. Montan vécut, dit-on, jusqu'en 212, sous le règne de Caracalla; et plusieurs historiens prétendent qu'il mit fin à son existence en se pendant, ainsi que Maximille. Ses disciples, qui ont subsisté plus d'un siècle en Asie, et particulièrement dans la Phrygie, avaieut pénétré jusqu'en Afrique, puisqu'ils séduisirent Tertullien qui se sépara d'eux à la fin, mais, à ce qu'il paraît, sans condamner leurs erreurs. Ils se divisèrent en deux sectes; les uns suivirent.les opinions de Proclus, et les autres adoptèrent Jes erreurs du sabellianisme. Montan avait laissé un livre de Prophéties, qui ne nous est point parvenu. Miltiade et Apollonius ont écrit contre les montanistes, mais, comme nous l'avons remarqué, il ne nous reste de leurs ouvrages que les fragments conservés par Eusèbe dans son Histoire.

MOSCHUS (JEAN), moine grec, surnommé Eucrates, florissait sous les règnes de Tibère et de Maurice. Il embrassa la vie religieuse dans le couvent de Saint-Théodose de Jérusalem, et il habita successivement les bonds du Jourdain et le nouveau monastère de Saint-,

Saba,où il remplissait l'office de grand chantre. Poussé par une sainte curiosité, il visita ensuite les solitudes de la Syrie et de l'Egypte. et vint même jusque dans l'occident étudier les règles des cénobites qui s'y étaient établis. De retour dans sa retraite, il composa un ouvrage intitulé le Pré ou le Verger spirituel, qu'il adressa à Sophrone, son disciple et son compagnon de voyage, élevé depuis à la dignité de patriarche de Jérusalem. C'est le recueil des vies des saints solitaires de son temps. On y trouve des particularités intéressantes, des pensées et des maximes d'une haute sagesse; mais cette compilation est défigurée par des récits apocryphes, que les légendaires n'ont pas manqué de copier en les rapportant. Moschus partagea, diton, quelques-unes des erreurs de Sévère Acéphale, et mourut en 620. Son ouvrage a été longtemps conservé en manuscrit. Il en a paru d'abord une version italienne dont l'auteur est inconnu; la traduction latine par Ambroise le camaldule a été imprimée dans le tome VII des Vies des Saints de Lippomani, et elle forme le x livre des Vies des Pères de Rosweyde, qui y a joint de courtes uotes. Enfin le texte grec, divisé en 219 chapitres, a été publié par Fronton le Duc, dans le tome II de son Auctuarium, d'où il a passé dans le tome XIII de la Bibliothèque des Pères.

MUCIEN est cité avec éloge par Cassiodore, qui se servit de lui pour traduire en latin les trente-quatre homélies de saint Chrysostome sur l'épître aux Hébreux. Nous avons encore cette traduction, imprimée à Cologne en 1530. On croit généralement que ce Mucien est le même qui écrivit contre les évêques d'Afrique, qui s'étaient séparés de la communion du Pape Vigile, après qu'il eut condamné les trois chapitres. Il les traitait de schismatiques, et employait contre eux les mêmes raisonnements dont saint Augustin s'était servi contre les donatistes. Nous n'avons de cet ouvrage que ce que l'on en trouve dans la réponse que Facundus en a publiée, car on ne doute point que Mucien dont parle Cassiodore ne soit le même que Mucién contre lequel Facundus a écrit. Le changement fait dans une lettre de son nom peut être venu de l'inadvertance des copistes.

MUNIO, qui de trésorier de l'Eglise de Compostelle devint évêque de Madognedo en Galice, et qui fut en même temps chapelain et secrétaire du roi Alphonse VII, a travaillé de concert avec Hugues, archidiacre de la même Eglise, au premier livre de son Histoire de cette Eglise, qui est regardée comme un des plus curieux monuments de l'ancienne histoire d'Espagne. Idace, qui nous apprend cette particularité, leur donne pour continuateur Girald, dont nous avons rendu compte dans le tome II de ce Dictionnaire. (Pour plus amples renseignements, voir son nom à la page 1083.)

MUSANUS s'était rendu célèbre dans l'Eglise, dès le temps de Marc-Aurèle, par un discours très-éloquent contre l'hérésie des

encratites, qui ne faisait alors que de naître.
Il l'avait adressé à quelques chrétiens qui
avaient abandonné l'Eglise pour embrasser
le parti de cette nouvelle secte. Nous n'a-
vons plus cet écrit, mais il existait encore
du temps d'Eusèbe qui place Musanus parmi
ceux dont les ouvrages ont contribué à trans-
mettre aux siècles suivants' la pureté de la
foi et la véritable, tradition des apôtres.
Théodoret décerne également à Musanus le
titre de défenseur de la vérité. Il vivait en-
core en 204, si l'on en croit la Chronique
d'Eusèbe.

MUSÉE, prêtre de Marseille,'florissait vers
le milieu du Ve siècle. Il avait acquis par
une étude assidue une parfaite connaissance
des saintes Ecritures, et, malgré le mauvais
goût qui régnait alors, il conservait toute la
pureté de l'ancienne éloquence. Vénérius,
évêque de Marseille, et Eusthate ou Eustase,
son successeur, faisaient une estime parti-
culière de son mérite. Ils le chargèrent du
ministère de la parole, et, en cette qualité,
Musée fit plusieurs homélies ou discours au
peuple, qui étaient entre les mains de tous.
les fidèles, lorsque Gennade écrivait. A la
prière de l'évêque Vénérius, Musée dressa,
pour l'office de l'église, un lectionnaire qui
servit beaucoup à instruire le peuple et à

célébrer les saints offices avec plus de ma-
jesté. Il y inséra des leçons tirées de l'Ecri-
ture avec des répons, des versets ou capitu-
les des psaumes, convenables au temps et
aux leçons pour toutes les fêtes de l'année.
Gennade ajoute que le mérite de cet ouvrage
était généralement connu, parce qu'il levait
tout embarras. C'est à ce travail de Musée
qu'on fait remonter l'origine du Bréviaire.

Sous l'épiscopat d'Eusthate, Musée com-
posa un Sacramentaire qu'il dédia à ce pré-
lat. C'était un assez gros volume et un ex-
cellent ouvrage dont Gennade loue la mé-
thode et le style. Il était divisé en plusieurs
parties, suivant la différence des offices, des
leçons et des psaumes qui se chantaient dans
l'Eglise. On y trouvait des prières que les
anciens appelaient Contestationes, et qui
étaient, à proprement parler, ce que nous
appelons aujourd'hui préface de la messe,
avec cette différence qu'elles étaient plus
longues qu'elles ne le sont maintenant. Quel-
ques savants croient, mais sans rien spéci-
tier, qu'il se trouve quelque chose de l'ou-
vrage de Musée dans le Sacramentaire de
saint Grégoire. Musée mourut sous les em-
pereurs Léon et Majorien, c'est-à-dire, au
plus tard en 461. Il ne nous reste rien de
ses ouvrages

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