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Christ na point excepté dans son jeûne de quarante jours; et nous ne romperions pas même le jeûne du dimanche, comme il ne l'a pas rompu, si les saints Pères catholiques n'eussent défendu unanimement de jeuner en ce jour, à cause de la joie de la résurrection du Seigneur; pratique qui a été autorisée par les évêques au concile de Gangres. Il traite Nicétas de perfide sterco raniste, comme s'il eût été dans les sent:ments de ceux qui pensaient que l'Eucharistie était sujette aux mêmes suites que les autres aliments; ce qui ne se voit nulle part dans aucun endroit de ses écrits. Humbert ne l'appelle donc ainsi que parce qu'il disait que l'Eucharistie rompait le jeune. Nous prenons l'Eucharistie en très-petite quantité afin de ne pas en dégoûter les hommes charnels; mais aussi nous ne doutons pas que dans la moindre particule on ne reçoive la vie tout entière, c'est-à-dire Jésus-Christ. Chaque jour, soit à tierce, soit à none, ou à toute autre heure, nous célébrons la messe parfaite, et nous ne réservons point une partie de l'oblation pour célébrer cinq jours de suite une messe imparfaite; parce que nous ne lisons point que les apôtres aient rien réservé de l'hostie qu'ils reçurent à la première Cène, et il ne paraît nullement par leurs actes que, dans la suite, ils aient ordonné ou fait quelque chose de semblable. Il cite la fausse décrétale du Pape Alexandre, et ajoute: « Nous n'ignorons pas que vos saints Pères ont établi l'usage de célébrer la messe à l'heure de tierce, les dimanches et jours de fêtes solennelles, à cause de la descente du SaintEsprit à cette heure-là, et qu'ils ont ordonné qu'on la célébrerait de même à l'avenir; mais il n'en est pas des jours de jeune comme des dimanches et des fêtes solennelles. On peut sans péché célébrer des messes parfaites les jours de jeûne, à l'heure de none ou de vêpres, puisque Jésus-Christ a institué ce grand sacrement le soir, et qu'il a consommé son sacrifice sur la croix à l'heure de none; encore donc que les heures de tierce et de none soient les plus convenables, on peut, à l'occasion d'un voyage ou par quelqu'autre nécessité, célébrer la messe à d'autres heures, sans préjudicier à l'intégrité du jeûne, comme on ne l'enfreint point en célébrant dans la nuit de Noël. »

Humbert reprend les Grecs de ce qu'en roupant le pain sacré, ils ne recueillaient point les miettes qui tombaient de côté et d'autre; ce qui arrivait encore quand ils essuyaient les patènes avec des feuilles de palmier ou des brosses de soies de porc; de ce que plusieurs d'entre eux serraient le corps de Jésus-Christ avec si peu de respect qu'ils en rompaient les boîtes, et que plusieurs les pressaient avec la main de peur qu'il n'en tombat. Il y en avait aussi qui consommaient les restes de l'Eucharistie comme du pain commun, jusqu'à en prendre au delà de leur appétit, et qui les enterraient ou les jetaient dans des puits s'ils ne pou

vaient manger le tout. Plusieurs d'entre eux ne jeûnaient que peu ou point pendant le carême, et passaient le jour entier à boire et à manger; d'autres portaient de la nourriture à l'église, et la prenaient avant d'en sortir; quelques-uns ne jeûnaient qu'une semaine, qu'ils appelaient le carême de saint Théodore. C'était encore l'usage, chez les Grecs, après l'unique repas du carême, de prendre des fruits ou des herbes par forme de collations. On n'en usait pas de même chez les Latins; on ne mangeait qu'une fois, et on ne permettait à personne de rompre le jeune, excepté dans le cas d'une grave intirmité.

Nicétas avait accusé les prêtres de l'Eglise latine de se faire ordonner d'abord et de se marier ensuite. Humbert relève ce mensonge « Chez nous, dit-il, personne n'est adniis au sous-diaconat qu'il ne promette de vivre en continence, même avec sa propre femme, et on ne permet à aucun de ceux qui ont pris quelque grade dans le saint ministère de se marier. » Il montre ensuite que si, d'après le principe de Nicétas, il était nécessaire que ceux que l'on admet aux grades d'évêques, de prêtres, de diacres, de sous-diacres fussent mariés et vécussent avec leurs femmes, même après l'ordination, saint Jean, saint Paul et saint Barnabé auraient été en faute, puisqu'ils n'étaient point mariés. H explique les canons qui défendent aux clercs de quitter leurs femmes, par le soin qu'ils sont obligés de prendre d'elles, même après leur ordination, en leur procurant les choses nécessaires à la vie, mais sans habiter avec elles comme auparavant; puis il prouve, par quelques épîtres décrétales des Papes, que tous les ministres sacrés sont obligés à la continence. Il n'en excepte que les lecteurs, les portiers, les exorcistes et les acolytes. Enfin, il pronouce anathème contre Nicétas et tous ceux qui pensaient comme lui s'ils ne changeaient de doctrine. Nicétas se rétracta, en effet, en présence des trois légats et de l'empereur, et anathématisa son écrit intitulé: De l'azyme, du sabbat et du mariage des prêtres. Les légats l'admirent à leur communion, et l'écrit d'Humbert, traduit en grec, fut conservé à Constantinople par ordre de l'empe

reur.

Relation de son voyage.-On possède encore parmi les écrits qu'Humbert composa sur le même objet une courte relation de son voyage à Constantinople, avec l'acte d'excommunication que les légals déposèrent sur l'autel de Sainte-Sophie, le 16 juillet, avant leur départ. Comnie ces deux pièces reproduisent absolument les mêmes idées, nous nous contenterons de rendre compte de la dernière. Les légats déclaraient qu'envoyés par le Saint-Siége pour connaître la vérité sur les rapports qu'on lui avait faits, ils avaient trouvé qu'à Constantinople les colonnes de l'empire, les personnes constituées en dignité, et les plus sages parui les citoyens, étaient des chrétiens d'une orthodoxie irréprochable; que Michel et ses partisans s'appliquaient tous les jours à seier

l'erreur parmi les populations; qu'ils vendaient le don de Dieu, forçaient leurs hôtes à devenir eunuques pour se laisser élever à tous les degrés de la cléricature et même à l'épiscopat, qu'ils rebaptisaient ceux qui l'avaient été au nom de la sainte Trinité; enseignaient que hors de l'Eglise grecque, il n'y avait ni salut, ni véritable église, ni sacrifice; permettaient le mariage aux prètres et aux ministres des autels, et qu'ils avaient retranché du symbole de Nicée les paroles qui attestent la procession du SaintEsprit; qu'ils gardaient les purifications des juifs, et refusaient le baptême aux enfants tant qu'ils n'avaient pas atteint le huitième jour après leur naissance, la communion aux femmes en couche, et refusaient d'admettre à l'Eucharistie ceux qui, suivant l'usage de l'église romaine, se rasaient la barbe et les cheveux. Les légats ajoutaient que Michel n'avait tenu aucun compte des remontrances du Pape Léon IX; qu'il avait de plus refusé de les voir, de leur parler, de leur donner des églises pour célébrer la messe; qu'il avait même fermé celles des latins et anathématisé le Saint-Siége. Pour toutes ces raisons, au nom de la sainte Trinité; par l'autorité du Siége apostolique, des sept conciles et de toute l'Église, ils Souscrivaient à l'anathème prononcé par le Pape, et disaient eux-mêmes anathème à Michel, à Léon d'Acride, à Constantin, sacellaire de Michel, et à tous ceux de leurs sectateurs qui s'obstineraient à demeurer dans leur parti. Les légats prononcèrent de vive voix, en présence de l'empereur et des grands de la cour, une autre excommunication, conçue en ces termes : Quiconque blâmera avec opiniâtreté la foi du Siége de Rome avec son sacrifice, qu'il soit anathème, et cesse d'être considéré comme catholique, mais comme hérétique et fauteur d'hérésie. On remarque que les erreurs imputées aux Grecs dans cet acte n'étaient, pour la plupart, que des conséquences tirées de leur doctrine ou de leur conduite, mais qu'ils n'avouaient pas. Ces trois écrits ont eu plusieurs éditions. Baronius et Canisius les ont publiés en 1604, le premier dans le tome XI de ses Annales ecclésiastiques, et le second dans le tome VI de ses Lectiones antiquæ. Ils ont été réimprimés plusieurs fois, et on les retrouve dans le Cours complet de Patrologic.

Contre les simoniaques. Non-seulement Non-seulement Humbert fit tous ses efforts pour détruire les vains prétextes du schisme qui séparait les Grecs des Latins, mais il s'appliqua encore à combattre la simonie, que les décrets reitérés des conciles et des Papes n'avaient pu encore bannir du clergé, tant en Italie qu'en France et en Allemagne. L'ouvrage qu'il composa sur ce sujet, et le meilleur qui nous reste de lui, est divisé en trois livres. Ce qui l'engagea à l'entreprendre, fut un écrit d'un certain Spinosul (sic) ou de quelque autre épilogueur qu'il désigne sous ce nom, en faveur des ordinations simoniaques que cet auteur présentait comme valides et licites. Humbert invective fortement

le roi de France, Henri, qui, sans égard pour les remontrances des Papes Léon IX et Victor II, favorisait les simoniaques; ce qui prouve que ce traité fut écrit avant l'an 1060, époque de la mort de ce prince, et après le pontificat de Léon et de Victor, c'est-à-dire vers l'an 1057.

Le premier livre est en forme de dialogue, dans lequel il donne à son adversaire le titre de corrupteur, et prend celui de correcteur dans ses réponses. Il montre que Spinosule avait avancé une fausseté en disant que l'ordiuation de Formose avait été regardée comme valide dans le concile de Nicée, puisque, entre ce concile et le pontificat de Formose, il y avait un intervalle de plus de cinq cents ans. Encore qu'on ait reconnu pour légitimement ordonnés ceux qui n'avaient été ni choisis par le clergé, ni demandés par le peuple, ni consacrés par les métropolitains et les évêques comprovinciaux, trois conditions requises pour l'ordination d'un évêque, il n'était jamais arrivé cependant qu'on eût le même égard pour ceux qui avaient été ordonnés par simonie, quoique les trois conditions dont nous venons de parler se fussent rencontrées dans leur ordination. Il semble rejeter le baptême conféré par les hérétiques, même au nom de la Trinité, et il cite là-dessus les fausses décrétales du Pape Clément; mais il s'expliqua aussitôt et dit que, comme plusieurs s'en scandalisaient, il avait été ordonné que l'on reconnaîtrait comme valide, avec défense de le réitérer, tout baptême conféré au nom de la sainte Trinité. Il rapporte, à cette occasion, un grand nombre de passages des Pères et des conciles, et il en cite d'autres pour montrer l'éloignement que l'on doit avoir des hérétiques, et le peu do cas qu'il faut faire de leurs ordinations. Il est clair, dit-il, qu'on doit rejeter ceux qu'ils ont ordonnés, et cela pour deux raisons: la première, c'est qu'en recevant l'ordination d'un évêque hérétique, on participe à son hérésie; la seconde, c'est que par cette participation on devient passible d'une pénitence publique. Il prouve la nullité des ordinations simoniaques par plusieurs textes de saint Grégoire le Grand, de saint Ambroise, de saint Augustin et des conciles; après quoi il se fait à lui-même cette objection : Les canons commandent de déposer ceux qui ont été ordonnés par argent; ils avaient donc reçu la grâce spirituelle et le degré d'honneur dont on les prive, puisque la déposition est une privation de l'honnenr reçu. H répond qu'en réalité on appelle déposition, la privation d'un degré d'honneur qui n'en avait qu'extérieurement l'apparence; puis, pour prouver que ceux qui sont ainsi ordonnés ne reçoivent pas réellement la grâce du Saint-Esprit, il allègue le second canon du concile de Chalcédoine, qui déclare que cette grâce ne peut se vendre, parce qu'autrement ce ne serait plus une grâce. Le nom de grâce ne s'appliqué qu'à ce que l'on reçoit gratuitement, et non à co que l'on vend ou que l'on achète. Un pas

sage de saint Ambroise résout clairement la difficulté. « Celui qui est ordonné par simonie, dit ce Père, ce qu'il donne, c'est de l'or; ce qu'il perd, c'est son âme. Comment en perdant son âme peut-il acquérir la grâce du sacerdoce? » Il se pose ensuite cette objection: Mais, au moins, celui qui est bon, c'est-à-dire exempt de simonie, peut recevoir la grâce d'un évêque simoniaque; puis il répond que l'on ne peut acquérir la justice par une injustice. Dans tout ce livre, Humbert confond la grâce de l'ordination avec l'essence de l'ordination, ce qui lui faisait frapper de nullité à tous égards les ordinations entachées de simonie. Du reste, c'est la teneur du 1x décret qui se lit dans le recueil du Pape Nicolas II: Que tous les prêtres ordonnés sciemment par des évêques simoniaques, sachent qu'ils ne sont point ordonnés.

Le second livre est un tissu de passages de l'Ecriture et des Pères contre les hérétiques en général et contre les hérétiques en particulier, Humbert soutient que ceux qui sont ordonnés par un évêque simoniaque, quand même ils ne lui donneraient rien pour se faire ordonner, sont coupables du moment qu'ils s'en servent comme d'un évêque légitime; et en effet, ils ne s'adresseraient point à lui s'ils ne le considéraient comme évêque. Il dit, à cette occasion, que les péchés d'ignorance n'excusent pas, et ne doute point que ces troupes de gens simples et grossiers qui se laissent séduire par les hérétiques ne périssent justement. Il avoue toutefois qu'il ne peut comprendre comment leur perte s'accorde avec la justice. Il rapporte les progrès de la simonie à l'igno rance de la loi de Dieu, à l'avarice et à l'avidité des dignités ecclésiastiques, et la regarde comme la cause de la destruction des Eglises et des monastères, surtout en Italie.

Il commence le troisième livre en répondant à une objection. Les défenseurs de la simonie disaient: Nous n'achetons point la grâce invisible du Saint-Esprit, ni la consécration ecclésiastique, mais seulement les revenus de l'Eglise. S'il en est ainsi, dit le cardinal Humbert, que ne vous contentez-. vous de ces revenus que vous avez achetés, et pourquoi vous emparez-vous aussitôt du siége épiscopal et de son autorité, avant même d'ètre ordonnés évêques. Quel droit avez-vous d'exiger une consécration que vous convenez n'avoir pas acquise? Avouez que ce ne sont point les possessions de l'Eglise que vous avez achetées, mais le droit de les avoir qui n'est donné que par la benédiction épiscopale. Le concile de Chalcédoine a détruit cette objection en déclarant qu'un économe des biens de l'Eglise, qui aurait acheté cet emploi, serait déposé, tout aussi bien que l'évêque, le prêtre ou le diacre ordonnés par simonie. Toutefois l'économe n'est établi par aucune consécration; mais le Saint-Esprit opère dans tous les degrés du ministère, même dans les plus petits, et jusqu'en celui d'économe. Humbert se plaint du pouvoir que les princes

laïques s'attribuaient dans l'élection des évêques, au préjudice du clergé, presque toujours obligé de suivre le sentiment des seigneurs séculiers qui, en donnant à l'élu l'investiture par la tradition de la crosse et de l'anneau, s'attribuaient toute l'autorité pastorale. Il regarde comme illégitimes toutes les ordinations faites dans ces conditions, et ne veut pas que l'on compte au nombre des évêques ceux qui sont ainsi consacrés; parce que l'investiture est une espèce de vente quoiqu'elle n'en porte pas le nom. La simonie fit de grands ravages en Italie, dans les Gaules et en Allemagne, sous le règne des Othons; mais l'empereur Henri, fils de Conrad le Salique, s'appliqua à la détruire et y réussit en partie pour l'Allemagne; tandis qu'au contraire elle faisait de grands progrès en France, sous la protection du roi Henri. Humbert rend ce témoignage aux Grecs qu'ils étaient exempts de ce défaut, et que ni l'empereur, ni aucun laïque ne s'arrogeait le droit de disposer des Eglises, des ordinations ou des bénéfices. « C'est dit-il, ce que j'ai appris de la bouche même de Constantin Monomaque pendant que j'étais à Constantinople. La disposition de toutes ces choses appartient aux métropolitains et aux autres personnes ecclésiastiques. Il n'y a pas eu là-dessus de variation dans l'Eglise grecque depuis le grand Constantin, qui déclara hautement dans le concile de Nicée que les causes ecclésiastiques n'étaient point de son ressort. On doit donc dire qu'à cet égard l'Eglise grecque est plus libre que l'Eglise latine, et moins soumise à la puissance des laïques qui chez les Latíns s'approprient, aliènent ou vendent nonseulement les églises, mais leurs biens, leurs droits et leurs offices, sous prétexte qu'ils en sont les défenseurs. Leur tyrannie envers l'Eglise surpasse celle des Lombards, quoique ces peuples soient barbares et ariens. Agilulfe, leur roi, n'empêcha pas le Pape de pourvoir librement, et suivant l'ancien usage, l'Eglise de Milan d'un métropolitain.

Humbert remarque que les Papes et les métropolitains conservèrent leur autorité jusqu'au règne des Othons; mais alors elle commença à décroitre par la négligence ou la faiblesse des Papes, tandis que les princes laïques empiétaient sur les biens de l'Eglise et sur ses dignités, passant des prières aux menaces pour les obtenir, puis les donnant, soit par des brevets, soit par les investitures, sans consulter les métropolitains. Cet usage, dit-il, quoique criminel, a tellement prévalu qu'on le croit canonique, et il n'est pas jusqu'aux femmes à qui saint Paul défend de parler dans l'église, qui ne donnent des évêchés ou des abbayes par investiture à des clercs qui ont gagné leur faveur, ou qui leur ont rendu des services temporels. Il applique à cet abus les reproches que l'impie Porphyre adressait à TEglise tout entière, lorsqu'il disait que sou sénat était composé de femmes, et que c'étaient elles qui donnaient aux ministres les

ornements sacerdotaux qu'il ne leur était pas permis de recevoir d'ailleurs. Il s'étend ensuite sur les fléaux dont Dieu punit les princes usurpateurs des biens et des droits de l'Eglise, et traite de piété aveugle celle qu'ils ont fait paraître dans l'érection des églises ou des monastères, qu'ils ne fondaient qu'avec des biens enlevés à l'Eglise. Il met cette différence entre les mauvais prêtres catholiques et les simoniaques, que ceux-là ne laissent pas de conférer la grâce et le salut par l'administration des sacrements, tandis que ceux-ci, n'étant point véritablement ordonnés, ne peuvent donner ce qu'ils n'ont pas reçu. On compte jusqu'à cinquante-trois chapitres dans ce troisième livre; mais les neuf derniers manquent comme ou peut s'en convaincre par la table dans laquelle ils sont indiqués. Cet ouvrage est très-propre à inspirer une sainte horreur de la simonie, à en faire sentir les suites pernicieuses, et à montrer les grands maux qu'elle avait déjà causés dans l'Eglise. De plus, il est écrit avec un ton de piété qui touche et une politesse qui n'était pas alors très-commune. On y trouve de l'éloquence et une grande érudition. L'auteur, il est vrai, y cite quelquefois de fausses pièces, telles que les décrétales altribuées aux premiers Papes. Il paraît surtout qu'il avait beaucoup lu les poésies de saint Prosper, et qu'il les goûtait singuliè

rement.

AUTRES ÉCRITS-Richer, chroniqueur de Schones, et Jean de Bayon attribuent à Humbert des hymmes et des répons pour les of fices de plusieurs saints, en ajoutant qu'il les envoya à Bruuon, alors évêque de Tou pour les mettre en chant; mais Wibert qui a écrit la Vie de ce Pontife, depuis Pape, sous le nom de Léon IX, affirme positivement que ces pièces lui appartiennent tout entières et pour la forme et pour le fond. Ciaconius et Oldoin lui attribuent encore un recueil d'histoires, que Vassembourg ne désigne que sous le titre d'Historial de Humbert, cardinal de Sicile. Il est probable qu'ils veulent parler de la relation de ses voyages, car nous ne voyons nulle part qu'il ait composé d'autre ouvrage historique. Ceux qui l'ont fait auteur d'un commentaire sur la règle de Saint-Augustin l'ont confondu avec Humbert, cinquième général des Dominicains, qui mourut en 1227. On ne sait quelles raisons ont déterminé Oldoin à lui attribuer un Traité sur la virginité perpétuelle de la sainte Vierge. Il n'appuie sur rien cette opinion qui ne se trouve établie nulle part ailleurs; mais personne ne conteste au cardinal Humbert la traduction latine de la lettre de Michel Cérularius à l'évêque de Trani, ni la profession de foi que Béranger souscrivit au concile de Rome en 1039, et dont nous avons rendu compte en son lien.

HUNIBALDE, - historien dont on faisait quelque cas avant les siècles de la bonne critique, est tombé depuis dans un abandon qui ressemble à une obscurité complète. Il était Franck de nation, et quelques écrivains

en ont voulu faire un moine de l'ordre de Saint-Benoit, contemporain de saint Maur, en France. D'autres s'appliquent à reculer son existence, et le font florir sous le règne de Clovis le Grand; mais Du Cange ne croit pas qu'il ait écrit avant l'empire de Justin le Jeune, vers 560; et on verra par la suite qu'on pourrait encore le placer plus tard.

Hunibalde a écrit sur l'histoire un ouvrage considérable divisé en 18 livres, et dans. lequel il reprenait les choses dès la création du monde. Les six premiers étaient consacrés à décrire en particulier l'origine des Francs, que l'auteur faisait remonter jusqu'à la prise de Troie, en continuant leur histoire jusqu'au roi Anténor, tué par les Goths à l'embouchure du Rhin, l'an de Jésus-Christ 340. Les six livres suivants comprenaient la suite de cette histoire, depuis Anténor jusqu'à Pharamond. Enfin les six derniers la poussaient jusqu'à la fin du règne de Clovis, mort en 511. Cet historien avait, dit-on, tiré son ouvrage de divers auteurs plus anciens que lui, et particulièrement d'un certain Dorac, philosophe, et d'un Scythe ou Sicambre nommé Wastalde, que nous ne connaissons pas autrement. 1 avait eu recours aussi aux poésies et aux autres écrits des prêtres de sa nation. Mais avec tout cela il n'a réussi qu'à nous laisser un ouvrage fort suspect, et qui n'est regardé des savants que comme un ramas de mensonges grossièrement imaginés. Il y a beaucoup d'apparence que cel ouvrage n'était pas connu en France et que même il n'avait pas encore été publié du temps de Grégoire de Tours, puisque cet historien n'en parle nulle part et qu'il ne paraît pas y avoir puisé aucuns documents, comme dans quelques autres qu'il aime à citer. Cette considération nous ferait croire que Hunibalde n'écrivait tout au plus que vers la fin du vi siècle. Mais on ne peut guère douter que son bistoire ne fût devenue publique au siècle suivant; et nous ne serions pas surpris qu'elle ait été la source où nos historiens des vi et VII siècles ont puisé leur opinion favorite sur l'origine des Français, qu'ils font également descendre des Troyens. Du reste, aucun critique ne nous apprend si un ouvrage aussi célèbre, quoique rempli de fables, a jamais été imprimé. Ceux qui en parlent le plus n'affirment pas même l'avoir vu. Seulement ils prétendent que Vincent de Beauvais, Trithème, Antoine Démocharès et divers autres écrivains, y ont puisé beaucoup de choses sur l'histoire de nos rois de France.

HYPATHIA, originaire d'Alexandrie, était une femme si savante qu'elle surpassait tous les philosophes de son temps. Accusée d'empêcher la réconciliation entre saint Cyrille et Oreste, gouverneur de cette ville, elle fut arrêtée par une troupe de furieux conduits par un lecteur, nommé Pierre, assommée à coups de tuiles, mise en pièces, et ensuite brûlée, en 414 ou 415. Nous avons, dans la Synodique ou Appendix des conciles, une lettre attribuée à Hypathia, que l'auteur de cet ouvrage déclare avoir reçue d'un nommé

Epiphane, moine d'Alexandrie. Cette lettre est en faveur de Nestorius, et adressée à saint Cyrille. On voit qu'elle pensait à embrasser le christianisme, mais elle en était arrêtée parce que les Chrétiens enseignaient que Dieu est mort pour tous les hommes. Toutefois, il paraît qu'elle ne contestait qu'incidemment la vérité de cette doctrine, et que le sujet principal de sa lettre était de se plaindre qu'on eût fait condamner Nestorius, dont la croyance, disait-elle, s'accordait mieux avec la saine raison et les écrits des

IBAS, évêque d'Edesse, dont le nom fut si fameux dans les quatrième et cinquième conciles généraux, avait été l'un des principaux protecteurs de l'hérésiarque Nestorius. Plus tard, ayant ouvert les yeux à la lumière, il se rangea dans le parti orthodoxe, et Dieu permit qu'il fût alors persécuté, comme soupçonné de tenir toujours à ses premiers sentiments. Dans le temps qu'il favorisait Nestorius, il avait écrit à un persan, nommé Maris, une lettre dans laquelle il désapprouvait hautement la sévérité dont Rabulas, son prédécesseur, avait usé envers Théodore de Mopsueste, et il avait même consulté pour savoir s'il ne se séparerait pas de sa communion. Ayant été nommé pour lui succéder, en 436, les membres du clergé opposés à son élection le dénoncèrent aussitôt comme le principal auteur des troubles qui agitaient l'église d'Orient, et l'accusèrent d'avoir cherché à augmenter le nombre des partisans de Théodore en traduisant ses écrits en langue syriaque. Saint Procle, patriarche de Constantinople, renvoya la décision de cette affaire à l'évêque d'Antioche, et les accusateurs ne s'étant point présentés, Ibas fut déclaré innocent des faits allégués contre lui, et ses ennemis furent déposés. Ils appelèrent de cette sentence à l'empereur Théodos, qui chargea d'autres évêques de terminer promptement des débats si contraires aux intérêts de l'Eglise. Ibas nia, même avec serment, tous les faits qu'on lui reprochait, et souscrivit, le 25 février 448, une profession de foi qui satisfit ses juges. Il fut en conséquence renvoyé à ses fonctions; et, pour prouver à ses ennemis qu'il ne conservait aucun ressentiment, il s'empressa de les réintégrer dans leurs dignités. Ceux-ci, loin d'être touchés de sa modération, renouvelèrent bientôt leurs plaintes, et l'empereur consentit à ce qu'lbas fût cité une seconde fois devant les évêques qui avaient déjà examiné sa conduite. Il sortit encore victorieux de cette lutte, mais il fut condamné en 449, dans le faux synode d'Ephèse, déposé de l'épiscopat et jeté dans une prison. Rétabli sur son siége en 451, par le concile de Chalcédoine, qui annula tous les actes de l'assemblée d'Ephèse, il chercha sincèrement à ramener la paix dans son église et mourut en 457. Sa lettre à Maris. Il ne nous reste de

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Apôtres que celle de saint Cyrille. Cette lettre, dans laquelle on remarque assez de vivacité, peut bien être d'une femme; mais, à coup sûr, on ne peut l'attribuerà Hypathia, morte lapidée, comme nous l'avons observé plus haut, dès l'an 415, c'est-à-dire seize ans avant la condamnation de Nestorius dont il y est fit mention. Comme nous n'avions point d'autre nom sous lequel nous pussions l'inscrire, nous avons imité les critiques, nos prédécesseurs, en la rattachant au nom d'Hypathia.

I

cet évêque que la lettre qu'il écrivit au prêtre Maris, qu'il représente comme un homme occupé nuit et jour à se pénétrer de la science de Dieu afin d'en instruire les autres. Il la commence par l'histoire de la dispute arrivée entre Nestorius et saint Cyrille. Le premier, dit-il, enseignait dans ses écrits que la sainte Vierge n'est pas mère de Dieu, ce qui le faisait regarder par un grand nombre de personnes comme infecté de l'hérésie de Paul de Samosate, qui affirmait que JésusChrist était un pur homme. Quant à saint Cyrille, il l'accusait de ne mettre aucune différence entre les deux natures, de sorte que pour lui il semblait tomber dans l'erreur d'Apollinaire. Il attaque particulièrement ces douze anathématismes qu'il déclare templis de toute sorte d'impiétés, parce qu'il suppose faussement que l'auteur ne reconnait qu'une seule nature après l'incarnation: doctrine nouvelle, dit-il, et qui n'est pas celle de l'Eglise qui, comme nous l'ont appris les saints Pères, enseigne qu'il y a en JésusChrist deux natures, une vertu et une seule personne, qui est le fils unique, NotreSeigneur Jésus-Christ. Ibas marque ensuite que les très-pieux empereurs, voulant mettre fin à ces contestations, ordonnèrent la tenue d'un concile à Ephèse, afin que les écrits de Nestorius et de saint Cyrille y fussent soumis à l'examen des évêques. Avant leur arrivée, saint Cyrille trouva moyen de prévenir les esprits et de faire condamner Nestorius; les Orientaux, qui n'arrivèrent que deux jours après, ayant appris la déposition de Nestorius, condamnèrent saint Cyrille et prononcèrent une sentence d'excommunication contre tous ceux qui avaient approuvé ses anathématismes. Telle fut la cause de la division qui régna depuis entre saint Cyrille et les Orientaux. Ibas traite de tyran Rabulas, son prédécesseur, mais sans le nommer. Il l'accuse d'avoir étendu sa haine non-seulement sur les vivants, mais encore sur les morts, et particulièrement sur Théodore de Mopsueste, en l'anathématisant publiquement dans son église, quoique par zèle pour la gloire de Dieu ce prélat eût converti à la foi et ramené à la vérité sa ville épiscopale et plusieurs autres églises très-éloignées. Il parle avec éloge de cet évêque et de ses écrits, et ne

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