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liberté soient déclarés incapables de posséder aucun eraploi public pendant vingt ans.

M. l'abbé Joubert a fait remarquer que la conduite du comité de Blanzac était moins répréhensible que celle du comité d'Angoulême, que même en ce qui concerne ce dernier il fallait tenir compte des circonstances actuelles. Le peuple, a-t-il dit, est agité de soupçons; celui d'Angoulême s'était attroupé; le comité n'a pu se dispenser de faire arrêter le sieur abbé de Blinières et d'instruire la procédure en public. Dans ces moments qui ne sont pas dans l'ordre naturel des choses, il n'est pas étonnant qu'on soit forcé de sortir des règles ordinaires de la justice.

M. Le Chapelier. Le comité d'Angoulême a été entraîné, par la présence du peuple, à faire une procédure illégale, mais excusée par les circonstances. Le secret de la poste peut quelquefois être violé pour le salut du peuple qui est la loi suprême. Le comité d'Angoulême n'a pas brisé le cachet; il faut en cette circonstance, comme cela a eu lieu pour le comité de Mâcon, prononcer qu'il n'y a lieu à délibérer.

M. de Cazalès. Je ne puis m'associer à la demande de M. de Beaumetz concernant les membres du comité d'Angoulême, en les déclarant incapables de remplir aucune fonction publique. Ceci n'est pas de la compétence de l'Assemblée. Je blâme énergiquement la violation du secret des lettres, l'abus que le comité a fait de la force, j'adopte le projet d'arrêté proposé par le comité des recherches avec cette réserve « que l'Assemblée conserve le droit à chaque citoyens offensé de se pourvoir devant qui de droit. »

M. le marquis de Foucault-Lardinalie rapporteur. Cette réserve est inutile; le droit existe incontestablement et l'introduire dans un article, ce serait insinuer qu'il n'existait pas auparavant.

M. le Président rappelle les amendements proposés. Ils sont écartés par la question préalable.

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L'arrêté proposé par le comité des recherches est ensuite mis aux voix et adopté ainsi qu'il suit:

L'Assemblée nationale, après avoir entendu la lecture du procès-verbal dressé par le comité d'Angoulême contre les sieurs abbé de Blinières et marquis de Baraudin, et des lettres y transcrites, déclare que les sieurs de Blinières et Baraudin sont, comme tous les citoyens, sous la sauvegarde de la loi;

« Que n'étant accusés d'aucun délit, ils n'auraient pas dû être arrêtés, ni le secret de leur correspondance violé;

«Que le paquet de lettres portant pour souscription: « correspondance du vicomte de Saint-Simon avec sa femme », déposé au greffe de l'hôtel de ville d'Angoulême, n'a pas dû y être retenu, et qu'il doit être rendu sous le sceau qui y a été apposé; déclare au surplus que conformément aux principes adoptés par l'Assemblée, le secret des lettres doit être constamment respecté. ›

M. le Président fait donner lecture du résultat du scrutin pour la nomination du président et de trois secrétaires.

M. Fréteau de Saint-Just a réuni la majorité absolue des suffrages pour la présidence. MM. le baron de Menou, Chasset et Charles de Lameth ont été élus secrétaires. Après eux, MM. Du

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fraisse-Duchaye, l'abbé Coster et le marquis de Bouthillier ont eu le plus de voix.

M. le Président fait également donner lecture du résulta du scrutin pour la nomination des dix commissaires nommés pour conférer avec le ministre des finances et les administrateurs de la Caisse d'escompte et pour examiner les divers plans proposés sur la Banque nationale et la Caisse d'escompte. Les commissaires élus

sont:

MM. Lecouteulx de Canteleu,
Anson,
Dupont,

Laborde de Méréville,
D'Ailly,

De Cazalės,

L'abbé Maury,

Le marquis de Montesquiou,

De Talleyrand, Périgord-évêque d'Autun,
Le baron d'Allarde.

Les membres qui ont ensuite réuni le plus de suffrages sont:

MM. Le duc du Châtelet,

Le comte de Mirabeau,
Roederer.

Un de MM. les trésoriers chargé de recevoir les dons patriotiques annonce à l'Assemblée qu'ils ont entre les mains la somme de...... recueillie dans les bureaux en faveur du vieillard de Franche-Comté qui a été admis un jour à la séance. Il représente que ce vieillard étant pressé de partir, les trésoriers demandent l'autorisation de lui remettre la somme dont il est question. Cette demande est accordée.

M. Duplessis d'Argentré, évêque de Limoges, écrit à M. le président une lettre, en date du 5 décembre, par laquelle il le prie de demander à l'Assemblée un congé et un passe-port, afin de pouvoir s'absenter pendant trois semaines, pour aller dans son diocèse vaquer à des affaires qui demandent sa présence, et dont il a prévenu l'Assemblée à sa dernière séance, tenue à Versailles le 15 du mois d'octobre; sa demande lui a été accordée.

M. le Président accorde pour lundi, à deux heures, la parole pour le don patriotique de la Faculté de médecine, qui doit être présenté par le doyen de la Faculté.

M. le Président léve la séance et l'indique pour lundi prochain, à l'heure accoutumée.

ANNEXE

à la séance de l'Assemblée nationale du 5 decembre 1789.

Réflexions d'un citoyen soumises à l'examen et aux lumières de l'auguste Assemblée des représentants de la nation française, par Lalande (1).

Projet d'un papier-monnaie, portant 3 0/0 d'in

(1) Ce document n'a pas été inséré au Moniteur.

térêt au profit du porteur, pour faire le remboursement pressant d'une portion de la dette nationale. Il pense que l'on doit par préférence commencer par rembourser les effets les plus à charge à l'Etat, et ce dès le 1er janvier 1790: les emprunts faits depuis 10 ans; c'est-à-dire :

1o Les primes provenant des billets de 1,200 livres ;

2o L'emprunt de 1782;

3o Les billets de 600 livres et de 400 livres en forme de loteries, faits en 1783;

4° L'emprunt de 125 millions fait en 1784; 5o Celui de 80 millions fait en 1785.

Pour lever la difficulté de ce dernier, on pourrait évaluer la quittance de 1,000 livres à 950 livres en raison des intérêts de 50 livres qui sont échus au premier janvier 1790; et le bulletin qui en dépend, à 100 livres, comme étant séparé de la quittance de finance.

Il n'y a pas de propriétaire qui ne reçoive avec plaisir son remboursement, d'autant plus que ces effets perdent en ce moment, 15, 20 et jusqu'à 25 0/0 sur la place.

Il serait bien sage de faire ces remboursements de la manière qui suit, observant que la forme du papier que l'on propose, seraît sûrement sortir l'argent des mains des capitalistes et spéculateurs, qui trouveraient un grand bénéfice dans la propriété de ces billets, au lieu de leurs numéraire en espèces qui ne leur rapportent rien.

L'on pourrait fabriquer autant de papier-monnaie qu'il en faudrait pour faire le remboursement de la dette nationale, dite criarde, et remboursable au plus tard dans trois ans de la manière sui

vante :

Ce papier peut se faire par cinquième en partie égales de 100 millions chacune, en supposant que 500 millions suffisent pour la totalité de ces remboursements.

Les premiers 100 millions, en morceaux de 10,000 livres, à raison de 4 0/0.

Les seconds, également de 100 millions, par morceaux de 4, de 5, ou de 6,000 livres, à raison de 3 1/2 0/0;

Les troisièmes, également de 100 millions, par morceaux de 1,000 livres à raison de 3 0/0 (1)

Les quatrièmes également de 100 millions, par billets de 100 livres, à raison de 2/1 0/0.

Les cinquièmes, également aussi de 100 millions, par billets de 50 et de 25 livres, à 2 pour 0/0, ce qui porterait la totalité de l'emprunt à 3 0/0 à la somme de 45 millions d'intérêts.

Le remboursement de ces billets en papiermonnaie pourrait s'effectuer de la manière suivante, à commencer au plus tard au 1er avril 1790, avec le produit des rentrées des finances, qui se feront du 1er janvier prochain à cette époque, suivant l'aperçu provenant tant du don patriotique que des impositions, ainsi que de la refonte de l'argenterie qui est en activité à la monnaie, de même que l'espoir des grandes rentrées d'une portion des biens du clergé et des domaines du Roi, qui viendront successivement à l'appui l'un de l'autre, à mesure que les besoins naîtront, soit par la vente ou l'aliénation de ces biens.

On doit encore observer que cet intérêt ne se porterait jamais à 45 millions, il peut même trèsbien ne se porter qu'à 20 millions en raison de la

(1) Les billets au-dessus de 1,000 livres pourraient être assujettis à être passés à ordre, comme les lettres de change, afin d'éviter les grands malheurs des contrefaçons.

marche des remboursements annoncés ci-dessus. Les premiers remboursements commençant au 1er avril 1790 n'auraient que trois mois d'intérêts à payer, ainsi que les autres qui se succéderont par gradation jusqu'à parfait remboursement.

Si ces billets-monnaie pouvaient être dignes du suffrage de Nosseigneurs les représentants de la nation, et qu'ils méritassent là peine d'être décrétés avec amendement ou sans amendement, ces billets pourraient porter le titre suivant :

BILLET national, décrété par l'Assemblée générale des représentants de la nation française, et sanctionné par le Roi.

L'on suppose un billet de 1,000 livres (1).

Je payerai à vue, au porteur, la somme de mille livres, avec l'accroissement des intérêts, à trois pour cent et remboursable au plus tard au premier janvier 1793.

Paris, ce 1er janvier 1790.

Nota: Ce papier-monnaie aurait cours dans toute l'étendue du royaume. Il aurait bientôt acquis le crédit qui lui serait nécessaire, étant protégé et cautionné par la nation et la loyauté française. Les capitalistes et spéculateurs y mettraient bientôt leur confiance, connaissant la sagesse et la bonté du Roi, la justice de cette grande et honorable Assemblée, et l'équité du ministre des finances.

L'auteur se flatte que si le lecteur prudent, sage et éclairé, examine avec attention le plan proposé, il le trouvera le plus propre à remédier promptement et avec certitude à l'extinction de la dette nationale.

ASSEMBLÉE NATIONALE.

PRÉSIDENCE DE M. FRÉTEAU DE SAINT-JUST. Séance du lundi 7 décembre 1789, au matin (2).

M. de Boisgelin, archevêque d'Aix, près de quitter la présidence, ouvre la séance par le discours suivant:

Messieurs, il m'est permis encore un moment d'offrir à cette augute Assemblée l'hommage de mon respect et de ma reconnaissance. Si j'ai pu remplir avec exactitude la tâche honorable qui m'était imposée, votre bienveillance seule pouvait en aplanir toutes les difficultés. J'ai pensé que mon premier devoir était de consulter vos désirs, et j'ai fait mon unique étude d'en observer et d'en suivre tous les mouvements. J'ai vu l'amour de la patrie, digne et convenable passion des esprits raisonnables, éclater avec transport dans vos intéressantes discussions. J'ai vu vos décrets émanés du sein de cette utile effervescence des sentiments vertueux et des idées justes; j'ai vu se former en un si court espace de temps ces administrations et ces municipalités qui doivent donner la durée à votre constitution; j'ai vu prête à se terminer la grande question dont dépend le destin de l'Etat; et bientôt la nation entière achevant votre ouvrage, exercera sous l'empire des

(1) Ce billet serait revêtu des signatures nécessaires. (2) Cette séance est incomplète au Moniteur.

lois un pouvoir sans abus, des droits sans priviléges, et la liberté sans trouble et sans excès.

Je remets à mon successeur, honoré par deux fois de voзsuffrages, une place qui semble devenir la sienne par ses talents, comme par votre choix; il semble qu'il ne lui reste plus qu'à surmonter la prospérités avec le même courage qui l'a rendu supérieur à toutes les disgrâces. Ses premiers succès sont le gage de ceux qui lui sont encore réservés, et cette flatteuse épreuve de ses propres forces doit lui donner, au milieu de ses travaux, l'activité, la confiance et le repos.

M. Fréteau de Saint-Just, nouveau président, a pris place au siége, et après avoir annoncé que le port de Toulon était en danger et qu'il fallait se håter d'y envoyer une force nationale il a dit: Messieurs, je voudrais vous entretenir de ma vive reconnaissance; mais comment vous faire connaître par des paroles des émotions aussi vives et aussi profondes que celles que j'éprouve? Il est des sentiments qu'aucune expression ne saurait dépeindre, comme il est des témoignages de bienveillance, de confiance et d'estime, qu'une vie entière de travaux, de services et de zèle ne saurait payer.

Telle fut, Messieurs, cette scène touchante du 24 octobre, qui sera, dans tous les instants de mon existence, présente à ma mémoire, ou plutôt à mon cœur, où vous daignâtes, avec un empressement si unanime, m'offrir la prorogation de ma séance dans le poste honorable auquel vos bontés m'élèvent une seconde fois.

Tel est encore le choix inattendu qui m'autorise à vous présenter en ce moment mès remerciments et més vœux.

Ceux-ci seront comblés, Messieurs, si fidèles, comme vous voulez toujours l'être, à ces règles si sages que votre prudence a tracées, vous en respectez l'utile sévérité dans tous les instants de vos délibérations.

Il en est, je le sais, où l'aridité inévitable des matières, la longueur pénible des discussions, l'embarras et la délicatesse des avis proposés, conduisent l'Assemblée à des positions difficiles, et semblent placer sa prudence entre des écueils à travers lesquels elle poursuit longtemps des résultats qui semblent la fuir.

Daignez, Messieurs, daignez alors vous laisser uniquement guider par l'amour de la paix, par l'esprit d'union et de concorde, par le respect pour la liberté si désirable des opinions, par le Souvenir enfin de ce que vous vous devez à vousmêmes au milieu du grand et honorable spectacle que vous donnez au monde.

Daignez penser qu'il est impossible d'obtenir tous les jours ces séances touchantes et consolantes, où les fruits du travail et du zèle, du talent et de l'étude vous sont offerts avec des développements qui saisissent l'admiration, et qui surprendraient en un moment l'unanimité de vos suffrages, si la multitude et la variété même des vues que le génie vous présente ne suspendaient votre choix.

Vous retracerai-je, entre autres, le souvenir de l'une de ces séances, de celle de samedi, où Vos opinions semblèrent autant d'oracles destinés à revivifier dans le cœur des assistants tous les sentiments honnêtes et à épurer la morale de l'empire lui-même; où leurs résultats préparérent d'une manière spéciale le triomphe de la vertu de cette première vertu nationale, la droiture, la loyauté, le respect pour la foi publique.

Poursuivez, Messieurs, au milieu de tels succès

vos brillantes destinées, et préparez pour le plus juste des hommes et le plus respectable des rois le jour mémorable où, secondé de vos efforts, recueillant le fruit de vos communs travaux, il fera entrer, après tant d'orages, le vai-seau de l'Etat au port de la justice, de la paix et d'une liberté durable, et où la plus belle et la plus légitime des couronnes, celle de ses vertus, en ornera la poupe, après une si périlleuse navigation. (Puis s'adressant à M. l'archevêque d'Aix, M. Fréteau ajouta :)

Après avoir exprimé ma reconnaissance à l'Assemblée, vous me permettrez, Monsieur, de vous témoigner ma sensibilité pour les choses trop flatteuses dont il vous à plu m'honorer; vos rares talents, exercés sur tant d'objets, et qui sont devenus si précieux pour nous, le zèle qui a doublé vos forces, cet amour inaltérable de ce qui est juste, et ce tact sûr et délicat, qui vous le fait discerner d'une manière si prompte à tous ces dons heureux, ajoutés par le travail ; une extrême facilité; tels sont les avantages que Vous venez de consacrer au bien de la patrie et à la gloire de l'Assemblée, qu'il paraît bien difficile de servir dignement après vous.

Ces deux discours reçoivent de fréquents applaudissements.

L'Assemblée vote des remerciments à M. l'archevêque d'Aix pour la manière dont il a géré la présidence.

Un membre a ensuite proposé d'envoyer une députation à la reine, pour faire à Sa Majesté des compliments de condoléance, à l'occasion de la mort de sa sœur ; à quoi l'on a procédé sur-lechamp.

La lecture du procès-verbal a suivi; et sur ce qu'il s'est élevé une difficulté, pour savoir s'il contiendrait le précis de chacun des plans de finances qui avaient occupé la précédente séance, l'Assemblée a décrété que l'extrait seul du plan qu'elle avait soumis à l'examen des 10 commissaires y serait inséré.

L'on a lu les adresses de diverses villes et communautés dont suit la teneur :

Adresse du comité électif de la ville de Bernay en Normandie, qui demande pour sa ville un corps administratif et un siège de justice royale; il présente à l'Assemblée nationale sa soumission à ses décrets.

Délibération du comité municipal de la ville de Lagnieu en Bugey, contenant une nouvelle adhésion à tons les décrets rendus et à rendre par l'Assemblé nationale,et notamment à celui portant contribution du quart des revenus. Pour présenter cette délibération, et demander que la ville de Lagnieu soit érigée en chef-lieu de district, la communauté générale a député M. Dupuy, maire de la ville.

Adresse de félicitations, remercimens et adhésion du corps municipal et de la garde nationale de Bar-le-Duc. Ils promettent solennellement d'employer tous les moyens qui sont en leur pouvoir pour assurer l'exécution des décrets de l'Assemblée.

Délibération du même genre de la communauté de Lahacourt en Barrois. Elle offre pour sa contribution un don patriotique d'une somme de 1,000 écus à prendre sur les deniers provenant de la vente de ses bois communaux, qui sont actuellement dans la caisse du receveur des bois de la province. Ils se soumettent en outre à fournir gratuitement et annuellement le service en bois présenté à Sa Majesté le jour du jeudi-saint, pour le repas de la Cène.

Adresse d'adhésion et de félicitations de la paroisse de Saint-Malo; elle demande une municicipalité, une juridiction royale, un bureau de poste aux lettres, la division de la paroisse en deux parties, et une école gratuile.

Adresse du même genre des officiers de la sénéchaussée et des principaux habitants de la ville de Lesneven; ils réclamentavec instance la conservation de cette sénéchaussée.

Délibération des officiers du bailliage de Montrichard, par laquelle ils déclarent qu'ils rendront à l'avenir la justice gratuitement, ainsi qu'ils l'out fait depuis le 4 août dernier.

Adresse des citoyens de la ville d'Ainay-leChâteau en Bourbonnais, portant respect, reconnaissance et adhésion à tous les décrets de l'Assemblée nationale; elle demande la conservation et l'extension de sa justice, et manifeste son désir de rester unie à la capitale de sa province.

Adresse des citoyens de Saintes, qui représentent à l'Assemblée nationale que cette capitale de la Saintonge, doit par toutes les convenances locales, et d'après les principes de l'Assemblée, être cheflieu de département.

Adresse des citoyens de la ville de Pont-l'Évêque en Normandie, contenant leur soumission, leur attachement et leur dévouement absolu aux décrets de l'Assemblée, ainsi que leur amour constant, inviolable et immuable pour la personne sacrée du Roi.

Acte d'adhésion des religieux Augustins de Lille à l'adresse de MM. les curés des villes et châtellenie composant le bailliage de Lille en Flandre, à L'Assemblée nationale.

Adresse de la ville de Saint-Quentin, qui offre son hommage, son admiration à l'Assemblée, et une entière adhésion à ses décrets

Adresse de la viguerie de Sisteron, composée de soixante-quatre communautés, par laquelle elle adhère à tous les décrets de l'Assemblée, et elle ratifie expressément la renonciation faite par les députés de Provence à tous les priviléges, exemptions et usages de sa province.

Adresse de la ville de Soissons, qui applaudit aux décrets de L'Assemblée nationale concernant la nouvelle division du royaume, et présente les raisons qu'elle croit avoir pour être chef-lieu de département.

Mémoire de la ville de Thouars en Poitou, pour obtenir une justice royale dans son sein.

por

Adresse de la ville de Bourbonne-les-Bains, tant adhésion aux décrets de l'Assemblée, et en particulier à ceux du 4 août et jours suivants; elle offre à la nation une partie du produit di recepage du quart en réserve de la commune, destinant l'autre à l'achat des grains nécessaires pour le soulagement des pauvres, et demande à l'Assemblée nationale la permission de faire receper le dit quart en réserve; elle représente que la ville n'a reçu qu'une partie des décrets de l'Assemblée nationale, demande le changement du régime de la maitrise des eaux et forêts, et d'être nommée chef-lieu dans la nouvelle division du royaume.

Adresse de la ville de Mesle en Poitou, portant acte de soumission aux décrets de l'Assemblée nationale, et la demande d'une justice royale à Mesle et d'une cour souveraine à Poitiers.

Extrait des délibérations de la municipalité, du conseil permanent, des électeurs et de plusieurs citoyens réunis de la ville de Nimes en Languedoc, qui applaudissent à la nouvelle division du royaume, décrétée par l'Assemblée nationale, et

demandent que leur ville soit le siége d'un tribunal, et chef-lieu de département.

MM. les directeurs et professeurs du lycée annoncent à MM. les députés que le cours de droit public est ouvert pour eux sans aucune souscription, et ils les invitent à y venir quand cela leur sera agréable.

L'on a aussi lu le projet de réponse dont l'Assemblée avait chargé M. L'archevêque d'Aix pour lord Stanhope, president de la Société de la révolution en Angleterre ; ce projet est conçu en termes :

Il est digne, Milord, d'une Société célèbre, et d'un peuple libre, de s'intéresser à tous les progrès du bonheur et de la liberté publique. Depuis longtemps la nation française exerçait l'empire de ses connaissances et de ses arts. Elle dirigeait son gouvernement par ses opinions, quand elle ue se gouvernait pas encore elle-même par ses lois; elle poursuivait avec ardeur des vérités utiles; et, chaque jour étendant la lumière sur toutes les parties de son administration, elle semblait entraînée, comme par un mouvement universel, aux changements qui lui donnent sa consistance et sa force. Un roi que nous pouvons appeler le meilleur des hommes et le premier des citoyens, encouragait par ses vertus les espérances de sa nation; et maintenant un concours unanime établit une Constitution durable sur les droits imprescriptibles des hommes et des citoyens.

«L'Assemblée nationale a reçu, Milord, avec la plus vive et profonde sensibilité, l'adresse de la Société de la révolution d'Angleterre, elle a consigné dans une délibération solennelle, qu'elle me charge de vous communiquer, l'impression que lui a fait éprouver une déclaration qui respire les sentiments d'humanité et de bienveillance universelle qui doivent lier dans tous les pays du monde les vrais amis de la liberté et du bonheur des nations.»

M. Martineau observe qu'il manque à cette lettre l'idée importante du désir qu'a l'Assemblée de voir s'éteindre toute fâcheuse rivalité entre les deux nations, pour faire place à des sentiments de concorde et de fraternité, si véritablement convenables à leur gloire et à leurs intérêts réciproques. L'Assemblée prie M. l'archevêque d'Aix de l'y ajouter.

M. de Harambure, élève en pharmacie à l'HôtelDieu, offre à titre de don patriotique, deux médailles d'or qu'il a reçues pour prix de pharmacie, et l'Assemblée lui accorde séance à la barre.

M. de la Luzerne, évêque de Langres, donne sa démission de député et est remplacé par M. Guyardio, son suppléant, dont les pouvoirs ont été vérifiés.

Un de MM. les secrétaires fait l'annonce d'une adresse de remerciments à l'occasion du décret de l'Assemblée nationale qui déclare l'ile de Corse province française. Voici le texte de cette adresse (1):

Messeigneurs, vous venez de décréter que l'ile de Corse fait partie de l'empire français, et que dès ce moment le Roi sera supplié d'y faire parvenir et publier tous les décrets de l'Assemblée nationale.

« Ce décret, sanctionné par le Roi, désiré depuis longtemps, l'objet des voeux les plus ardents

(1) Cette adresse n'a pas été insérée au Moniteur.

de mes compatriotes, ajouterait à la gloire de cette auguste Assemblée, si la France n'était pas familiarisée avec sa justice, sa sagesse, son impartialité.

«En attendant le tribut de reconnaissance de ma natiou entière, daignez agréer, Messeigneurs, le faible et respectueux hommage d'un de ses concitoyens; sans doute elle me pardonnera d'avoir devancé l'expression de ses sentiments mon excuse est dans mon cœur; et sûrs que j'ai pleinement satisfait leur gratitude et leur amour, les Corses s'empresseront d'approuver mon zèle, en même temps qu'il vous offriront le gage sincère de leur patriotisme et de leur fidélité.

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Depuis l'époque de sa réunion à la France, la Corse n'avait éprouvé que des malheurs. Echappée à l'administration oppressive et barbare des Génois, elle était retombée sous l'administration insouciante ou tyrannique des militaires français. Ses plaintes, si elles parvinrent jusqu'au pied du Trône, ne furent portées que par des organes impurs, qui les représentèrent au souverain, non pas comme les doléances de sujets perpétuellement vexés, mais comme les demandes d'un peuple inquiet et toujours plus enclin à la révolte qu'à l'obéissance.

« Si le despotisme militaire (1) s'est signalé moins par d'illustres que par de nombreuses proscriptions, il n'en faut trouver le cause que dans ce préjugé funeste, imprimé par nos ennemis aux chefs chargés de nous commander. Accoutumés à croire qu'il fallait conquérir plutôt que gouverner, ils ont cru qu'en cherchant à nous instruire, nous cherchions à nous soulever, et ils ont taxé notre fierté d'insubordination, notre courage de férocité.

"Mais cette influence dangereuse d'une prévention que le caractère de ma nation eût détruit facilement s'il eût été plus approfondi, c'est surtout dans l'administration de la justice qu'elle a fait plus de victimes. Notre honneur, notre existence, nos propriétés ont presque toujours été sacrifiées par l'intérêt, la partialité, l'ignorance et la mauvaise foi. Il est cependant des commandants et des magistrats qui furent également dignes de notre admiration, de notre reconnaissance; et la Corse ne se rappellera jamais sans attendrissement la mémoire des Chauvelin et des du Tressan, tandis qu'elle ne citera qu'avec horreur à la postérité les noms d'un de Vaux, d'un Chardon et d'un Boucheporn.

D'après ce tableau fidèle de nos malheurs, on s'étonnera peut-être de notre patience et de notre fidélité: la réponse est dans notre caractère. Ici l'on pourra m'accuser d'enthousiasme; mais j'assure du moins que je ne m'attirerai aucun reproche sur ma véracité. Que le caractère de ma nation, toujours malheureuse, longtemps calomniée, jamais connue, va se trouver différent de celui qu'on s'était généralement formé ! C'est surtout à vous, Messeigneurs, que je dois de le faire connaître dans toute son étendue.

« Les Corses sont bons, confiants, généreux et fiers, attachés cordialement à ceux qui les gouvernent avec douceur, humanité, justice; soumis seulement à ceux qui les oppriment au nom de l'autorité. L'équité la plus stricte est le premier de tous leurs principes et dirige toutes leurs actions. Leur confiance n'a point de bornes, lorsque l'homme en place auquel ils l'accordent

(1) Voy. le discours à la nation corse, à l'occasion de l'élection des députés aux Etats généraux, chez Garnery, libraire, quai des Granps-Augustins, no 25.

la mérite par ses vertus plus encore que par sa conduite. Doués d'un tact fin, d'une intelligence sûre, ils pénètrent le caractère de leurs chefs avant même qu'ils l'aient manifesté. La bienfaisance n'est pas chez eux le fruit de l'éducation ni le résultat d'une habitude forcée, mais une vertu naturelle, qui n'admet ni distinction, ni préférence. Incapables de la moindre bassesse, leur fierté les sauve de ces sollicitations ardentes pour tout ce qui n'est que faveur, mais leur commande impérieusement de poursuivre sans relâche ce qui leur est dû à titre de justice; et quarante années d'une guerre entreprise avec peu de ressources, soutenue avec peu de secours, terminée avec peu de perte, donnent une assez haute idée de leur courage.

<< Si la Corse n'a pas tenté de se soulever contre la France, c'est moins par reconnaissance pour l'administration, que par sa fidélité inviolable pour son Roi. Pendant près de 20 années, une progression effrayante de maux lui avait laissé peu d'espérance pendant près de 20 années, elle à vu s'accroître le terrible colosse du despotisme militaire; pendant près de 20 années, elle a vu s'accumuler les abus d'autorité, les vexations ministérielles, les rapines judiciaires; et cependant elle a souffert avec patience, avec fermeté. Certaine que son prince était juste, mais trompé, elle a trouvé dans son amour pour lui de nouvelles forces pour supporter la tyrannie, pour se dévouer à l'oppression. Qu'il lui eût été facile. Messeigneurs, de se soustraire à un joug si désespérant, de tromper la surveillance de ses chefs uniquement occupés de leur avancement ou de leurs intérêts, de jouer l'obéissance ou la crainte, la satisfaction ou la sécurité ! Mais ce caractère d'hypocrisie a toujours répugné à la franchise de ma nation; nous ne pensons pas à trahir; nous n'avons jamais pensé à feindre.

« Qu'il me soit permis, Messeigneurs, de citer comme une preuve de la générosité des Corses leur conduite modérée dans l'événement fatal arrivé dernièrement à Bastia et qui a hâté l'époque de notre bonheur. Lorsque les soldats du régiment du Maine ont eu la lacheté de massacrer, à coups de baïonnette, ces deux enfants qu'ils rencontrèrent dans les rues de Bastia, peu s'en fallut que toutes les troupes en garnison dans cette ville, ne devinssent victimes de la trop juste vengeance des habitants (1). Cependant, au moindre ordre qu'ils ont reçu, tout est rentrée dans le calme; aucune hostilité, aucune démarche vindicative n'a eu lieu; et depuis qu'ils se sont emparés des arsenaux, des magasins de munitions, ils n'en ont point fait usage pour expulser cette soldatesque coupable d'avoir obéi à des ordres aussi contraires aux intérêts de son Roi qu'à la raison et à l'humanité. Si la Corse eût voulu alors se séparer de la France, qu'elle occasion plus favorable! Une coalition secrète et sûre

(1) Peut-être ne serait-il pas inutile, serait-il nécessaire même, de rappeler ce commandant et ses agents, et de retirer de la Corse le régiment du Maine. Le rappel du commandant aurait deux objets; celui de lui faire rendre compte du mouvement des troupes à Bastia, qui n'a pu avoir lieu sans ses ordres, ou au moins sans sa participation, et celui d'avoir des éclaircissements sur le non-enregistrement des décrets de l'Assemblée nationale, excepté celui de la loi martiale, non-enregistrement fondé sur des motifs qu'on ne peut pas regarder comme bien patriotiques, et d'autant plus répréhensibles, que tous ces décrets ont été envoyés en Corse par l'intendant, qui a remis au ministre du département la date de ces différents envois.

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