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saurai remplir; nos intérêts, nos sentiments, nos vœux sont les mêmes. Enfant de Paris, aujourd'hui Représentant du peuple, je joindrai mes efforts à ceux de mes collègues, pour rétablir l'ordre, le crédit, le travail, pour assurer la paix extérieure, pour consolider les institutions démocratiques et concilier entre eux des intérêts qui semblent hostiles aujourd'hui, parce qu'ils se soupçonnent et se heurtent, au lieu de marcher ensemble vers un but unique: la prospérité et la grandeur du pays.

« Le peuple est libre depuis le 24 février; il peut tout obtenir, sans avoir recours à la force brutale. Rallions-nous donc autour de l'autel de la Patrie, sous le drapeau de la République, et donnons au monde ce grand spectacle d'un peuple qui se régénère sans violence, sans guerre civile, sans anarchie.

« Recevez, mes chers concitoyens, l'assurance de mon dévouement et de mes sympathies.

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La commission exécutive ayant fait proposer dans les bureaux de l'Assemblée d'annuler la quadruple élection de Louis-Napoléon et de maintenir contre lui la loi qui exile du territoire français la famille Bonaparte, le Prince envoie de Londres la protestation suivante :

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« J'apprends, par les journaux, qu'on a proposé, dans les bureaux de l'Assemblée, de maintenir contre moi seul la loi d'exil qui frappe ma famille depuis 1816; je viens demander aux Représentants du peuple pourquoi je mériterais une semblable peine.

« Serait-ce pour avoir toujours publiquement déclaré que, dans mes opinions, la France n'était l'apanage ni d'un homme, ni d'une famille, ni d'un parti?

« Serait-ce parce que, désirant faire triompher sans anarchie ni licence le principe de la souveraineté nationale, qui seul pouvait mettre un terme à nos dissensions, j'ai deux fois été victime de mon hostilité contre le Gouvernement que vous avez renversé ?

<< Serait-ce pour avoir consenti, par déférence pour le Gouvernement provisoire, à retourner à

l'étranger, après être accouru à Paris, au bruit de la Révolution?

« Serait-ce pour avoir refusé, par désintéressement, les candidatures à l'Assemblée qui m'étaient proposées, résolu de ne retourner en France que lorsque la nouvelle Constitution serait établie et la République affermie?

<< Les mêmes raisons qui m'ont fait prendre les armes contre le Gouvernement de Louis-Philippe me porteraient, si on réclamait mes services, à me dévouer à l'Assemblée, résultat du suffrage universel.

« En présence d'un roi élu par deux cents députés, je pouvais me souvenir que j'étais l'héritier d'un Empire fondé par quatre millions de Français.

« En présence de la souveraineté nationale, je ne peux et ne veux revendiquer que mes droits de citoyen français; mais ceux-là, je les réclamerai sans cesse, avec l'énergie que donne à un cœur honnête le sentiment de n'avoir jamais démérité de la patrie.

Recevez, Messieurs, l'assurance de mes sentiments de haute estime.

« LOUIS-NAPOLÉON BONAPARTE. »

L'Assemblée nationale repousse le projet de décret proposé par la commission du Pouvoir exécutif et admet Louis-Napoléon. Cependant l'élection du neveu de l'Empereur avait produit une vive sensation; et les fauteurs de trouble, les mécontents de tous les partis, cherchaient à exploiter l'émotion générale à leur profit et pour la perte du nouvel élu.

Louis-Napoléon en est informé, et il écrit la lettre suivante au Président de l'Assemblée nationale :

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« Je partais pour me rendre à mon poste, quand j'apprends que mon élection sert de prétexte à des troubles déplorables et à des erreurs. Je n'ai pas cherché l'honneur d'être représentant du peuple, parce que je savais les soupçons injurieux dont j'étais l'objet; je rechercherais encore moins le pouvoir. Si le peuple m'imposait des devoirs, je saurais les remplir.

« Mais je désavoue tous ceux qui me prêtent des intentions ambitieuses que je n'ai pas. Mon nom est un symbole d'ordre, de nationalité, de gloire, et ce serait avec la plus vive douleur que je le

verrais servir à augmenter les troubles et les déchirements de la patrie. Pour éviter un tel malheur, je resterais plutôt en exil.

« Je suis prêt à tous les sacrifices pour le bonheur de la France.

Ayez la bonté, monsieur le Président, de donner communication de ma lettre à l'Assemblée. Je vous envoie une copie de mes remercîments aux électeurs.

« Recevez l'assurance de mes sentiments distingués.

<< LOUIS-NAPOLÉON BONAPARTE. »

Ces paroles ne peuvent désarmer quelques ennemis passionnés de Louis-Napoléon. Ils se soulèvent contre lui dans l'Assemblée nationale avec une nouvelle fureur. Louis-Napoléon met, par cette lettre, un terme à ces débats :

«

Londres, le 15 juin 1848.

<< Monsieur le Président,

« J'étais fier d'avoir été élu Représentant à Paris et dans trois autres départements; c'était, à mes

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