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DISCOURS ET PROCLAMATIONS.

ANNÉE 1848.

La nouvelle de la révolution de février arrive à Londres; à peine informé de ce grand événement, le Prince Louis-Napoléon se rend à Paris et adresse aux membres du Gouvernement provisoire la lettre sui

vante :

Messieurs,

« Le peuple de Paris ayant détruit, par son héroïsme, les derniers vestiges de l'invasion étrangère, j'accours de l'exil pour me ranger sous le drapeau de la République qu'on vient de proclamer.

<< Sans autre ambition que celle de servir mon pays, je viens annoncer mon arrivée aux membres du Gouvernement provisoire, et les assurer de mon

dévouement à la cause qu'ils représentent, comme de ma sympathie pour leurs personnes.

Agréez, Messieurs, l'assurance de mes senti

ments.

<< LOUIS-NAPOLÉON BONAPARTE. »>

Le Gouvernement provisoire ayant craint que la présence à Paris d'un neveu de l'Empereur ne fût une cause de trouble et d'embarras, le Prince Louis-Napoléon quitte Paris après avoir adressé la lettre suivante aux membres du Gouvernement provisoire :

«

<< Messieurs,

Après trente-trois années d'exil et de persécution, je croyais avoir acquis le droit de retrouver un foyer sur le sol de la patrie.

« Vous pensez que ma présence à Paris est maintenant un sujet d'embarras : je m'éloigne donc momentanément. Vous verrez dans ce sacrifice la pureté de mes intentions et de mon patriotisme.

« Recevez, Messieurs, l'assurance de mes sentiments de haute estime et de sympathie.

<< LOUIS-NAPOLÉON BONAPARTE. »

Louis-Napoléon est élu représentant; le Prince décline cet honneur et explique ainsi les raisons qui ont dicté sa conduite :

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<< Je n'ai pas encore répondu à la lettre que vous m'avez adressée de Saint-Lò, parce que j'attendais votre retour à Paris, et l'occasion de vous expliquer ma conduite.

« Je n'ai pas voulu me présenter comme candidat aux élections, parce que je suis convaincu que ma position à l'Assemblée eût été extrêmement embarrassante. Mon nom, mes antécédents ont fait de moi, bon gré, mal gré, non un chef de parti, mais un homme sur lequel s'attachent les

regards de tous les mécontents. Tant que la société française ne sera pas rassise, tant que la Constitution ne sera pas fixée, je sens que ma position en France sera très-difficile, très-ennuyeuse et même très-dangereuse pour moi.

« J'ai donc pris la ferme résolution de me tenir à l'écart et de résister à toutes les séductions que peut avoir pour moi le séjour de mon pays.

« Si la France avait besoin de moi, si mon rôle était tout tracé, si enfin je pouvais croire être utile à mon pays, je n'hésiterais pas à passer sur toutes ces considérations secondaires pour remplir un devoir; mais, dans les circonstances actuelles, je ne puis être bon à rien je ne serais, tout au plus, qu'un embarras.

:

« D'un autre côté, j'ai des intérêts personnels graves à surveiller en Angleterre : j'attendrai donc encore quelques mois ici que les affaires prennent en France une tournure plus calme et plus dessinée.

J'ignore si vous me blâmerez de cette résolution; mais, si vous saviez combien de propositions ridicules me surviennent, même ici, vous comprendriez combien davantage à Paris je serais en butte à toutes sortes d'intrigues.

« Je ne veux me mêler de rien; je désire voir la République se fortifier en sagesse et en droits, et,

en attendant, l'exil volontaire m'est très-doux, parce que je sais qu'il est volontaire.

« Recevez, etc.

<< LOUIS-NAPOLÉON BONAPARTE. >>

Plusieurs élections doubles ou nulles ayant laissé des vides dans l'Assemblée, les colléges électoraux sont convoqués pour le 3 juin. Les candidatures sont offertes à Louis-Napoléon, qui déclare qu'il ne les acceptera pas. Néanmoins le Prince est élu par la Seine, l'Yonne, la Charente-Inférieure et la Corse.

Informé de son élection, le Prince adresse aux électeurs des remercîments ainsi conçus :

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« Vos suffrages me pénètrent de reconnaissance. Cette marque de sympathie, d'autant plus flatteuse que je ne l'avais point sollicitée, vient me trouver, au moment où je regrettais de rester inactif, alors que la patrie a besoin du concours de tous ses enfants pour sortir des circonstances difficiles où elle se trouve placée.

« Votre confiance m'impose des devoirs que je

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