Page images
PDF
EPUB

nouvelles possessions; et chaque possession nouvelle lui donnoit le besoin et le moyen de recommencer la guerre.

Il disoit, en parlant de l'Espagne: On arrachera l'Espagne de ses fondements. avant de la détacher de mon empire.

De Rome: Les états de Rome sont irrévocablement unis à l'empire françois.

De la confédération du Rhin: La confédération du Rhin est plus immuable que la triple couronne de la maison de Lorraine.

Du royaume de Westphalie: Il est plus facile d'anéantir l'Autriche qué le royaume de Westphalie.

1808.

guerre

d'Autriche.

C'est ainsi que son plan se dérouloit in- Seconde sensiblement, et qu'il ne craignoit plus d'annoncer sa monarchie universelle. Cela devint si clair, que l'Autriche, qui depuis deux ans s'obstinoit à fermer les yeux, fut enfin obligée de les ouvrir. Depuis la paix de Presbourg, elle étoit restée fidéle à ses engagements, lorsque son ennemi, qui ne respectoit rien, avoit souvent violé les siens. Il les avoit violés en s'emparant des états du pape et de ceux du roi d'Espagne: il les avoit violés en augmentant son état militaire; il les avoit violés en continuant d'occuper les places fortes d'Allemagne, que, par le traité de Presbourg, il s'étoit engagé d'évacuer.

L'Autriche se plaignit souvent de ces

1809.

infractions: peut-être même à cette épo-
que affecta-t-elle de se plaindre plus haut
que de raison, dans le dessein où elle
étoit de profiter des embarras dans les-
quels la guerre d'Espagne entraînoit son
ennemi, de se venger des humiliations
qu'elle en avoit reçues, et de réparer les
dommages qu'elle avoit soufferts. Il ne
lui restoit d'ailleurs d'autre parti à pren-
dre
que celui de chercher encore une fois
dans les hasards de la guerre la garantie
qu'elle ne trouvoit plus dans les traités
les plus solennels.

En conséquence, elle mit ses armées au grand complet, fit avancer des troupes dans la Bavière, et déclara dans un manifeste « que ce n'étoit point la France qu'elle alloit combattre, mais seulement l'homme dont l'ambition ne connoissoit plus de frein, et dont l'orgueil avoit si souvent abusé des droits de la victoire. »

Dans une proclamation adressée particulièrement aux habitants de la Pologne, en date du 16 avril 1809, l'archiduc Ferdinand disoit :

« Je vous annonce que l'empereur d'Autriche ne fait la guerre qu'à l'empereur Napoléon, et que nous sommes les amis de tous ceux qui ne défendent pas sa cause. Nous combattons contre lui, parceque nous espérons trouver dans la guerre une sûreté que nous avons inutilement

cherchée dans la paix. Nous combattons contre lui, parceque chaque jour de paix augmente sa puissance et ses usurpations. Nous combattons contre lui parceque ses forces augmentées de toutes celles des peuples qu'il subjugue, menacent de plus en plus notre indépendance et nos propriétés, etc. »

De son côté, Napoléon ne laissa pas sans réponse ces griefs et ces incriminations. Il accusa l'Autriche d'ingratitude et de perfidie; d'ingratitude en oubliant la générosité avec laquelle il l'avoit traitée après la bataille d'Austerlitz : de perfidie, en écoutant les conseils, en recevant les subsides, en secondant les projets hostiles de l'Angleterre.

Le sénat s'étant assemblé le 15 avril pour entendre la lecture de la correspondance de MM. de Metternich et de Champagny, ministres d'Autriche et de France, correspondance arrangée de manière à mettre tous les droits du côté de la France, et tous les torts du côté de l'Autriche, le sénat, disons-nous, entendit en même

temps et approuva le rapport dans lequel

le ministre de France disoit à l'empereur:

1809.

« Votre majesté n'a pas recueilli le tri- Manifeste but de reconnoissance qui lui étoit dû. de guerre L'empereur d'Autriche a bientôt oublié ce serment d'une amitié éternelle. A peine rétabli sur son tròne, égaré sans doute

de la France.

1809.

par des conseils trompeurs, il n'a eu d'autres vues que de réorganiser ses moyens de force, et se préparer à une nouvelle lutte. La guerre contre la Prusse fit promptement connoître ces dispositions malveillantes. L'Autriche se hâta de réunir des armées en Bohème, mais la victoire de Jéna vint déconcerter ses projets.

« Depuis, les troubles de l'Espagne ont éclaté. Ils étoient fomentés par les Anglois. Alors on vit plus clairement ce qu'on n'avoit qu'entrevu avant la bataille de Jéna. Le feu de la guerre allumé dans le midi ranima les espérances de l'Autriche: elle crut le moment favorable pour anéantir le traité de Presbourg. Elle arma. Toute la population fut appelée aux armes. Les princes autrichiens parcouroient les provinces, répandant des proclamations, comme si la monarchie étoit en danger. Le port de Trieste fut ouvert aux Anglois. Les courriers françois étoient assassinés dans la Croatie. L'Autriche ne gardoit plus de mesure. Ce fut alors que votre majesté, renonçant à tout espoir de paix avec elle, renonça en même temps à ses projets contre les Anglois, aux embarquements qui devoient avoir lieu à Brest, à Boulogne, à Flessingue et à Toulon. Tout fut contremandé. Les troupes de votre majesté se dirigèrent vers l'Allemagne, celles de la confédération furent aussi mises en mouvement:

« Non, ce n'est pas parceque la France veut la guerre que l'Autriche s'est mise sous les armes, c'est au contraire parcequ'elle a cru trouver la France affoiblie ́par une autre guerre, et qu'elle a jugé le moment favorable au rétablissement de son ancienne influence, qu'elle a fait ces prodigieux efforts. Elle fait la guerre, parcequ'elle en espère des succès. Elle fait la guerre sans un motif de plainte, sans la faire précéder d'aucune demande, sans laisser le choix d'un autre parti. Elle fait la guerre, lorsque votre majesté, loin de rien exiger d'elle, n'a manifesté que des vœux pour sa prospérité, lorsqu'elle lui a offert la garantie et l'intégrité de son territoire.... Ainsi ce n'est point pour sa sûreté qu'elle prend les armes; tous les bienfaits sont meconnus, tous les engagements sont violés. Votre majesté reçoit la nouvelle que les armées autrichiennes ont franchi l'inn. Elles ont commencé les hostilités. Une lettre du général en chef annonce aux généraux françois qu'il marche en avant, et qu'il traitera en ennemi tout ce qui lui fera résistance. Votre majesté peut se rendre ce témoignage d'avoir fait pour éviter cette guerre, si inconsidérément entreprise, tout ce que la prudence et la modération pouvoient suggérer. Elle vouloit épargner ce nouveau sujet d'inquiétude à ses peuples, et à l'hu

1809.

« PreviousContinue »