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gion plus pure et entourée de plus de splendeur, etc. »

Ce fut dans un moment d'humeur qu'il se détermina à publier, dans la capitale du pays le plus catholique de l'Europe le décret qui réunissoit à son empire Rome et les états du saint-père. On sent qu'il vouloit à-la-fois mortifier la maison d'Autriche, et braver les opinions religieuses des habitants de Vienne, dont l'esprit et la conduite ne lui prouvoient pas assez de dévouement. On peut juger du mécontentement qu'il éprouvoit alors par la procla mation ci-jointe, qu'il fit publier et afficher le 27 juin.

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« Habitants de Vienne,

Depuis quelque temps l'esprit d'agitation et de désordre vous égare. Cet esprit séditieux s'est manifesté dans des groupes populaires, dans des attroupements contre la loi. Des prisonniers de guerre ont été enlevés avec violence; des armes, des munitions de guerre, des effets d'artillerie sont restés cachés; des insultes, des provocations, des voies de fait, suites inévitables d'instigations perfides et d'espérances illusoires, menacent la tranquillité publique. La clémence de sa majesté ne s'est pas lassée jusqu'à présent; mais une plus longue impunité deviendroit funeste elle a ordonné de réprimer ces

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Bataille

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D'un autre côté, il n'ignoroit pas que, depuis la bataille d'Esling, le prince Charles n'avoit pas cessé de se fortifier, et de recruter son armée des troupes qui lui arrivoient de la Hongrie, de la Bohème et de la Moravie. Il avoue lui-même dans un de ses bulletins (1) que sa position à VIENNE étoit très précaire. « Les François, disoit-il, sont maîtres de la capitale; mais cette possession leur est disputée, puisque les Autrichiens se maintiennent maîtres de la rive gauche du Danube et empêchent les arrivages des choses les plus nécessaires à la subsistance d'une si grande cité. »

Il n'y avoit qu'une grande et dernière bataille qui pût faire cesser un état de choses aussi dangereux pour lui. Il pouvoit la perdre; mais alors sa ruine étoit plus promptement décidée, sans être plus certaine : il pouvoit la gagner, et dans ce cas il restoit en effet le maître de l'Autriche. Il ne balança pas.

Il fit jeter sur le Danube quatre ponts, de sur lesquels une partie de son armée passa Wagram. le fleuve, tandis que l'autre le traversoit sur des bacs. Le 5 juillet, toute son armée (1) le vingt-cinquième bulletin.

se déploya dans la plaine de Wagram. L'armée du prince Charles occupoit la position suivante : sa droite s'étendoit de Stadelau à Gerasdorf; son centre, de Gerasdorf à Wagram; sa gauche, de Wagram à Neusiedel. L'armée françoise avoit sa gauche à Gros-Aspern; son centre à Raschdorf, et sa droite à Glinzendorf. Une circonstance particulière de cette bataille, c'est qu'elle se donna pour ainsi dire sous les murs de Vienne. Il y avoit des colonnes des deux armées qui n'en étoient pas éloignées plus de douze cents toises. La nombreuse population de cette ville couvroit les tours, les clochers, les toits, les mon ticules, pour étre témoin de ce grand spec tacle.

Le 6, le corps autrichien de Rosenberg et les corps françois du duc d'Auerstaedt, faisant un mouvement inverse, se rencontrèrent aux premiers rayons du soleil, et donnèrent le premier signal de la bataille. L'empereur se porta aussitôt sur ce point, qu'il fit renforcer par une division de cuirassiers du duc de Padoue, et par une batterie de vingt pièces de canon de la division de Nansouty. En moins de trois quarts d'heure le corps de Rosenberg fut culbuté, et jeté au-delà de Neusiedel.

Pendant ce temps-là, la canonnade s'engageoit sur toute la ligne, et le prince Charles, en se déployant, débordoit l'ar

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mée françoise de plus de mille toises. L'intervalle de Gros-Aspern à Wagram paroissoit couvert d'une immense ligne d'artillerie. Ce fut là que se frappèrent les grands coups; ce fut là que le général Macdonald, avec les divisions Lamarque et Broussier, fit plusieurs charges si à propos qu'elles décidèrent en grande partie le succès de cette journée. En moins d'une heure, le centre de l'ennemi s'éclaircit et perdit une lieue de terrain. Il étoit dix heures du matin. Le général Oudinot et le duc d'Auerstaedt marchèrent alors sur Wagram, qui fut pris et repris plusieurs fois. A quatre heures, les Autrichiens ne se battoient plus qu'en retraite. A la chute du jour, les François étoient restés maîtres du champ de bataille: il étoit couvert de morts et de blessés. Vingt-deux villages, tels qu'on en voit aux environs d'une grande capitale, furent réduits en cendres pendant cette terrible mêlée, pendant laquelle quatre cent mille hommes se battoient pour dè grands intérêts, sur un champ de bataille étudié, médité, fortifié depuis plusieurs semaines. Dix drapeaux, quarante pièces de canon, dix mille prisonniers, furent les premiers trophées de la victoire.

La perte de notre côté fut considérable. Les généraux Duprat et Lasalle furent tués; les généraux de Wrede, Seras, Grenier, Vignole, Sabuc, Defrance, Aldo

brandini, Corbini, Dausménil, SainteCroix, etc., furent blessés.

L'archiduc Charles combattoit pour le salut de la monarchie, et fit, en cette occasion, tout ce qu'on pouvoit attendre d'un grand capitaine; mais plus de la moitié de son armée étoit composée de nouvelles levées, de ces troupes qu'on appelle landwers, et il avoit devant lui de vieux soldats, accoutumés à vaincre, habiles à la manœuvre, conduits par les meilleurs officiers de l'Europe; qui, se battant à trois cents lieues de leurs foyers, étoient dans la nécessité de vaincre ou de périr. La partie n'étoit pas égale, la victoire fut décisive.

« A présent, disoit le vainqueur dans le vingt-sixième bulletin, à présent que la monarchie autrichienne est sans espé

rance,

ce seroit mal connoître le caractère de ceux qui la gouvernent, que de ne pas s'attendre qu'ils s'humilieront, comme ils le firent après la bataille d'Austerlitz. A cette époque, ils étoient, comme aujour d'hui, sans espoir, et ils épuisèrent les protestations et les serments. »

Il n'y avoit ni bienséance ni modération dans ces paroles: elles insultoient au malheur, et confirmoient durement la sentence que le même vainqueur avoit déja prononcée après la bataille de Ratisbonne,

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