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1809.

en disant
que
cessé de régner.

la maison de Lorraine avoit

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Le 10 juillet, Napoléon étant devant Znaïm, que le duc de Raguse assiégeoit fit cesser le feu, dès qu'il apprit que le prince Jean de Lichtenstein étoit envoyé vers lui par l'empereur d'Autriche pour traiter de la paix, et demander en conséquence une suspension d'armes.

La suspension fut accordée dans l'instant et signée le lendemain : elle devoit durer un mois, pendant lequel des plénipotentiaires, nommés de part et d'autre, furent chargés de négocier et de les conditions d'une paix définitive.

proposer

Trois mois s'écoulèrent dans un silence absolu, et sans qu'on entendit parler ni de négociations de paix, ni de la reprise des hostilités, ni, ce qui étoit bien plus extraordinaire, de Napoléon lui-même, qui aimoit beaucoup à parler et à faire parler de lui.

Quelle étoit la cause de cette réserve? On fit beaucoup de conjectures, à ce sujet, en Europe comme en France. On dit qu'il méditoit de grands projets, on dit qu'il étoit malade (1); on alla même jusqu'à

(1) Voici ce qu'on lisoit dans les papiers anglois vers la fin de septembre: « Il paroît que Napoleon a été sérieusement malade à Schoenbrunn. On dit que sa maladie est une fièvre de cerveau produite par ses fatigues excessives et par son extrême attention

dire que sa maladie étoit une aliénation mentale.

Le fait est qu'on ne savoit rien, et que le secret de cette profonde dissimulation, confié seulement à trois ou quatre familiers, fut parfaitement gardé, et n'a été découvert que plus de quatre mois après, par l'événement qu'il préparoit.

Ce ne fut que dans le mois de novembre suivant qu'on apprit que, parmi les conditions que le vainqueur imposoit au vaincu, il en étoit une qui arrêta long-temps, et qui faillit plus d'une fois à rompre toutes les négociations. Les sacrifices qu'on imposoit à François II, en qualité de monarque, étoient déja bien grands; mais ceux qu'on exigea de lui, en qualité de père, lui parurent long-temps au-dessus

de ses forces.

Non seulement l'empereur d'Autriche devoit céder plusieurs provinces, soit au vainqueur de Wagram, soit à ses alliés les princes de la confédération; mais on le forçoit à donner sa fille bien-aimée à l'un des hommes qu'il détestoit le plus, à un soldat qui n'avoit pour l'obtenir d'autre

à tout ce qui concerne son armée. Il est au moins positif qu'il a fait venir de Paris deux chirurgiens et son premier médecin (Corvisart). Cependant, si nous en croyons les papiers de Vienne, sa maladie ne l'a pas empêché de faire la revue de plusieurs corps de son armée assez éloignés de Schoenbrunn. »

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1809.

Paix de
Vienne.

titres que son épée, à l'ancien complice des jacobins, au bourreau du duc d'Enghien, à l'ennemi enfin qui naguère l'avoit accablé d'outrages, avoit lâchement insulté à son malheur, l'avoit publiquement traité de prince láche, imbécille ou perfide. On conçoit de combien de sentiments pénibles le cœur de cet infortuné monarque dut être déchiré, et quelle violence il dut se faire avant de consentir à immoler sa fille sur l'autel de la paix.

« Si la voix de la nature s'élevoit avec force contre un pareil sacrifice, commandé par la victoire, la voix de l'humanité, le besoin de la paix, l'amour de ses peuples, lui en faisoient un devoir, et lui arrachèrent un consentement, au prix duquel on lui rendoit sa couronne, et qui lui parut le seul moyen de mettre un terme à l'effusion du sang et aux malheurs du monde. » (1)

Enfin cette paix, négociée avec tant de mystère, et depuis si long-temps attendue, fut signée à Vienne le 14 octobre 1809, au nom de l'empereur des François, par M. le comte de Champagny, duc de Cadore; et par le prince Jean de Lichtenstein, au nom de l'empereur d'Autriche.

« Par ce traité, l'empereur d'Autriche ɔédoit et abandonnoit à l'empereur des

(1) Histoire du 18 brumaire, troisième partie

François, pour faire partie de la confédé ration du Rhin, 1o les pays de Salzbourg, de Berchtolsgaden, et la partie de la haute Autriche qui comprend Veissenkirch, Widersdolf, Misselbach, Greist, Heist, Jeding, etc.

« 2o Le comté de Gorice, le territoire de Montefalcone, le gouvernement et la ville de Trieste, la Carniole, le cercle de Willach en Carinthie, Fiume et le littoral hongrois, l'Istrie autrichienne, etc.

« 3o Il cédoit et abandonnoit au roi de Saxe les enclaves dépendantes de la Bohème (elles sont dénommées), la Gallicie occidentale, un arrondissement autour de Cracovie.... » Les salines de Vieliczka devoient appartenir en commun à l'empereur d'Autriche et au roi de Saxe.

4o Il cédoit et abandonnoit à l'empereur de Russie, dans la partie orientale de la Gallicie, un territoire renfermant quatre cent mille ames.

« 5o Il renonçoit, pour l'archiduc Antoine, à la grande maîtrise de l'ordre teutonique.

« Go Il reconnoissoit tous les changements survenus ou qui pourroient survenir en Espagne, en Portugal et en Italie.

"

70 II adhéroit au système prohibitif adopté par la France contre l'Angleterre, et devoit faire cesser toute relation avec la Grande-Bretagne. "

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1809.

De son côté, l'empereur des François, roi d'Italie, etc., vouloit bien garantir l'intégrité des possessions de sa majesté l'empereur d'Autriche dans l'état où elles se trouvoient d'après le présent traité, etc.

La présente paix fut déclarée commune aux rois d'Espagne (Joseph Napoléon), de Hollande (Louis Napoléon), de Naples (Murat), de Bavière, de Saxe, de Wurtemberg, de Westphalie, et à tous les membres de la confédération du Rhin, etc., etc.

Le dimanche 29 octobre la paix fut proclamée à Paris par des hérauts d'armes, et avec toute la pompe que comportoit cette cérémonie, dans toutes les places publiques. Le soir la ville fut illuminée de la manière la plus brillante. Les habitants, entraînés et séduits par le prestige de la gloire, oublièrent dans ce moment le prix énorme qu'elle leur coûtoit, pour se livrer, comme des enfants, aux épanchements de la joie, aux fêtes et aux réjouissances qui leur furent prodiguées à cette occa

sion.

Ils allèrent admirer avec une complaisance pleine de vanité les tableaux, les statues, les bustes antiques, les manuscrits précieux, les éditions rares, et autres dépouilles de l'Autriche, qui furent exposées dans les salles du Louvre; sans se douter que ces mêmes dépouilles pou

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