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voient nous attirer de cruelles représailles, et nous seroient reprises un jour, pour aller, avec les nôtres, enrichir les palais et amuser à leur tour l'orgueil des habitants de Vienne.

1809.

L'Angleterre, qui n'avoit pas peu contribué à entraîner l'Autriche dans l'abyme où elle venoit de tomber, fit tout ce qu'il étoit humainement possible de faire pour la sauver. Elle envoya des armes et de l'argent à son alliée ; elle réussit à détacher la Suède de la confédération; elle fit bombarder la capitale du Danemarck, dont lé roi voulut rester fidéle à son alliance avec Napoléon. Elle mit en mer un armement Expédi formidable, qui, à la fin de juillet, alla tion de jeter l'ancre à l'embouchure de l'Escaut, Walcheet débarqua vingt mille hommes dans l'île de Walcheren.

L'objet immédiat de cette expédition étoit de s'emparer d'Anvers et des quatorze vaisseaux qui étoient dans le port de cette ville, de détruire ses vastes et beaux chantiers, et de rendre la navigation de l'Escaut impraticable pour les vaisseaux de guerre.

Mais l'Angleterre avoit un autre but, et plus important et plus conforme aux intérêts de l'Autriche: c'étoit de faire en sa faveur une puissante diversion sur les côtes de France; c'étoit d'occuper les François dans leurs foyers; c'étoit de les

ren.

18ος,

obliger à garder pour leur propre défense ces myriades de conscrits qui alloient incessamment réparer leurs pertes sur les bords du Danube. Ce plan étoit bien conçu ; mais il fut déconcerté, 1o par la rapidité avec laquelle Napoléon, marchant de victoires en victoires, termina par celle de Wagram une campagne que l'on croyoit à peine ouverte à Londres; 2° par l'incroyable et presque miraculeuse célérité avec laquelle M. Fouché, celui de ses ministres que l'empereur avoit laissés à Paris, qui étoit le plus en état de le suppléer, fit trouver une armée là où il ne devoit pas y avoir plus d'un bataillon. On ne sait comment il fit, mais, à sa voix, une armée de trente mille hommes parut sortir de dessous terre, et arriva à l'embouchure de l'Escaut, au moment où les Anglois faisoient leur débarquement, et croyoient débarquer sur une plage déserte (1).

Au lieu de surprendre les François, ils furent surpris eux-mêmes. Tout leur plan d'opérations fut rompu. Ils n'approcherent pas d'Anvers : ils se bornèrent à détruire les ouvrages de Flessingue, et se rembarquèrent avec précipitation, après avoir perdu, par les maladies, plus des deux tiers de leur armée.

(1) Pour prix du zèle et du talent qu'il déploya dans cette circonstance, M. Fouché fut exilé en Provence. Son maître n'aimoit pas et craignoit les hommes qui pouvoient le remplacer.

L'empereur quitta Vienne le 16 octobre, et arriva le 18 à Munich, où il séjourna trois jours, pendant lesquels il décida le roi de Bavière à donner sa fille en mariage au prince Eugène, vice-roi d'Italie. Il partit de Munich le 21, et arriva le 26 à Fontainebleau, lorsqu'on le croyoit encore à Schoenbrunn. Il mettoit de l'importance à ces courses rapides, et à ces rentrées imprévues.

De retour dans sa capitale, après celle de toutes ses campagnes à laquelle il attachoit le plus de gloire, il résolut d'étaler aux yeux de ses sujets le spectacle de sa grandeur, en invitant tous les rois qu'il avoit créés, et tous les princes de la confédération, devenus autant de vassaux de sa couronne, à venir à Paris, à venir à Paris, pour assister aux fêtes de la paix, ou plutôt pour augmenter l'éclat de sa cour. Ils y vinrent.

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Ce fut alors que la capitale de la France parut en effet celle de l'Europe. On vit à-la-fois réunis dans son enceinte les rois de Saxe, de Bavière, de Wurtemberg, de Hollande, de Naples, de Westphalie, le vice-roi d'Italie, le prince primat, le grand-duc de Bade, etc. Tous ces princes accompagnèrent l'empereur à Notre-Dame, où fut chanté un Te Deum en mémoire de la paix; et de là à la salle du corps législatif, dont sa majesté fit l'ouverture par le discours suivant :

1809.

18c9.

Ouver

ture du

Messieurs les députés des départements au corps législatif, depuis votre dernière session j'ai soumis l'Aragon, et corps lé la Castille, et chassé de Madrid le gouvergislatif. nement fallacieux formé par l'Angleterre. Je marchois sur Cadix et Lisbonne lorsque j'ai dû revenir sur mes pas et planter mes aigles sur les remparts de Vienne. Trois mois ont vu naître et terminer cette quatrième guerre punique.

« Le génie de la France a conduit l'armée angloise; elle a terminé ses destins dans les marais pestilentiels de Walcheren. Dans cette importante circonstance, je suis resté éloigné de quatre cents lieues, certain de la nouvelle gloire qu'alloient acquérir mes peuples. François, tout ce qui voudra s'opposer à vous sera vaincu. Votre grandeur s'accroîtra de toute la haine de vos ennemis. Vous avez devant vous de longues années de gloire et de prospérité à parcourir; vous avez la force et l'énergie de l'Hercule des anciens.

« J'ai réuni la Toscane à l'Empire: ces peuples en sont dignes par la douceur de leur caractère, par l'attachement que nous ont montré leurs ancêtres, et par les services qu'ils ont rendus à la civilisation européenne.

« L'histoire m'a indiqué la conduite que je devois tenir envers Rome. Les papes, devenus souverains d'une partie de l'Ita

lie, se sont constamment montrés les ennemis de toute puissance prépondérante dans la péninsule. Ils ont employé leur influence spirituelle pour nuire à la nôtre. Il m'a été démontré que cette influence étoit contraire à l'indépendance de la France, à la dignité et à la sûreté de

trône.

e mon

« Par le traité de Vienne, tous les rois et souverains mes alliés ont acquis et acquerront un accroissement de territoire.

« Les Provinces Illyriennes (1) portent sur la Save les frontières de mon empire. Contigu avec celui de Constantinople, je suis en situation de surveiller les intérêts de mon commerce dans la Méditerranée et le Levant. Je protégerai la Porte si elle veut s'arracher à la funeste influence de l'Angleterre ; je saurai la punir si elle se laisse dominer par des conseils perfides.

« La Hollande, placée entre l'Angleterre et la France, est le débouché des principales artères de mon empire. Des changements y deviennent nécessaires (2): la sùreté de mes frontières et l'intérêt des deux pays l'exigent.

«La Suéde a perdu, par șon alliance

(1) Ce fut de ce nom qu'il baptisa la Carniole, l'Istrie, la Dalmatie, le cercle de Willach, Trieste, Fiume et autres provinces qu'il avoit enlevées à l'Autriche par le traité de Vienne.

(2) Cette phrase présageoit la réunion prochaine de la Hollande à son empire.

1809,

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