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plus, parcequ'ils professent toujours le même principe que, pour le bonheur de l'Europe, il faut que la France soit grande et forte;

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Qu'ils reconnoîtront et garantiront la constitution que la nation françoise se donnera. Ils invitent par conséquent le sénat à désigner un gouvernement provisoire, qui puisse pourvoir aux besoins de l'administration et préparer la constitution qui conviendra au peuple françois.

« Les intentions que je viens d'exprimer me sont communes avec toutes les puissances alliées.

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« Par Sa Majesté impériale,

« Le secrétaire d'état comte

DE NESSELRODE. »

Le 1er avril, le prince de Talleyrand (1), en sa qualité de grand-électeur, convoqua le sénat au lieu de ses séances ordinaires. Pour imprimer à cette assemblée le double caractère de liberté et de solennité qu'elle devoit avoir dans d'aussi graves circon'stances, les troupes étrangères qui remplissoient la ville (2) reçurent l'ordre de ne

(1) Ce fut chez le prince de Talleyrand que l'empereur Alexandre prit son domicile en arrivant à

Paris.

(2) Le nombre des troupes étrangères qui entrèrent à Paris le 31 mars s'élevoit à deux cent mille hommes, tant infanterie que cavalerie.

1814.

1814. pas approcher du Luxembourg. Jamais le sénat n'avoit été appelé à délibérer sur un objet plus important; jamais il n'avoit été plus libre dans ses délibérations. Le prince grand-électeur expliqua en peu de mots les motifs et le sujet de la convocation, et

Déchéan

ce de Na

poléon.

proposa,

1 D'établir un gouvernement provisoire, composé de cinq membres ;

2o De nommer une commission chargée de faire une constitution qui pût convenir au peuple françois.

Ces deux propositions ne souffrirent pas la moindre difficulté. Les opinions. furent unanimes.

Le sénat procédant ensuite et sans délai à l'établissement du gouvernement provisoire, nomma le prince de Talleyrand président; et membres MM. l'abbé de Montesquiou, le duc Dalberg, le comte de Jaucourt et le comte de Beurnonville. Le lendemain, 2 avril, le sénat, convoqué de nouveau, prit un arrêté que son importance exige que nous rapportions textuellement.

« LE SÉNAT CONSERVATEUR,

"Considérant que dans une monarchie constitutionnelle, le monarque n'existe qu'en vertu de la constitution ou du pacte social, que Napoléon Buonaparte, pendant quelque temps d'un gouvernement

ferme et prudent, avoit donné à la nation des sujets de compter pour l'avenir sur des actes de sagesse et de justice; mais qu'ensuite il a déchiré le pacte qui l'unissoit au peuple françois, en levant des impòts arbitrairement,

« En ajournant sans nécessité le corps législatif,

«En entreprenant une suite de guerres sans fin, dans l'intérêt de son ambition, « En confondant tous les pouvoirs,

<< En détruisant l'indépendance des corps judiciaires, et la responsabilité des ministres ;

« Considérant que la liberté de la presse, établie et consacrée comme l'un des droits de la nation, a été constamment soumise à l'action de sa police, et qu'en même temps il s'est servi de la presse pour remplir la France et l'Europe de faits controuvés, de maximes fausses, de doctrines favorables au despotisme et d'outrages contre les gouvernements étrangers; « Que des actes du sénat ont subi par lui des altérations considérables;

« Considérant qu'au lieu de régner dans l'intérêt du peuple françois, Napoléon a mis le comble aux malheurs de la patrie, par son refus de traiter à des conditions raisonnables, par l'abus qu'il a fait de tous les moyens qu'on lui a confiés en hommes et en argent, par l'abandon des

1814.

1814.

Joie des Parisiens.

blessés sans pansement, sans secours et sans subsistances, etc.

<< Par toutes ces causes, le sénat déclare, et décréte ce qui suit :

« Art. I. Napoléon Buonaparte est déchu du trône, et le droit d'hérédité établi dans sa famille est aboli.

« II. Le peuple françois et l'armée sont déliés du serment de fidélité envers Napoléon Buonaparte.

« III. Le présent décret sera envoyé au gouvernement provisoire, aux départements et aux armées, et proclamé incessamment dans tous les quartiers de la capitale. »

Quant au gouvernement qui devoit remplacer celui de l'empereur, les habitants de Paris n'attendirent pas le décret du sénat, dont nous parlerons bientôt; ils prirent l'initiative dès le 31 mars, en arborant, ce jour-là, le drapeau blanc et la cocarde de la même couleur, et en criant de tous côtés: Vive Alexandre, VIVE LOUIS XVIII; la joie étoit universelle.

FIN DE LA SIXIÈME ÉPOQUE.

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DEPUIS LA RESTAURATION JUSQU'AU RETOUR DE
BUONAPARTE DE L'ILE D'ELBE.

L'HABITUDE de la souffrance et le poids de la tyrannie avoient endormi, et non pas étouffé au fond du cœur des François le sentiment de la fierté nationale. Il se réveilla le lendemain de l'invasion.

Le joug de fer que Napoléon leur avoit imposé venoit d'être brisé. Le premier moment de l'affranchissement fut donné tout entier à la joie, et ne craignons pas de le répéter, cette joie fut vive et universelle.

Mais si la présence de cette multitude de soldats étrangers, de ces Allemands, de ces Prussiens, de ces Cosaques... qui

1814.

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