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- étant donné la nature humaine - un vrai miracle, que la politique restât étrangère aux associations ouvrières. 4o Si les unions réussissent, et que partout les prix s'élèvent, la situation de l'ouvrier n'en sera pas changée. Et quel sera le sort du consommateur?

Faisons maintenant quelques extraits statistiques.

Nous trouvons, page 16 et suivantes, un tableau indiquant le produit des droits de consommation dans les divers cantons. Voici, en centimes, la moyenne annuelle (1860-1869), par tête, des droits sur les spiritueux dans les cantons qui suivent Zurich néant; Berne 90; Lucerne 71; Uri 12; Schwyz 92; Obwalden 75; Nidwalden 92; Glarus 3; Zug 34; Fribourg 36; Soleure 3; BâleVille 64; Bâle-Campagne 50; Schaffhouse, les deux Appenzell, Saint-Gall néant; Grisons 63; Argovie 57; Thurgovie néant; Tessin 30; Vaud 75; Valois 93; Neuchâtel et Genève néant.

Dans quelques-uns des cantons qui n'ont pas de droits de consommation, cette taxe est représentée par des patentes et des licences (deux mots pour la même chose), ou aussi par des octrois. L'octroi de Genève a produit, en 1869, 544,155 fr., et celui de Carouge, 36,539 fr. Les droits de consommation, les postes et les douanes, produisent ensemble, en moyenne, 3 fr. 07 cent. par tête pour les caisses cantonales (minimum, Appenzell, Rhodes intér., 61 centimes; maximum, Bâle-Ville, 12 fr. 92).

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M. Max Wirth a dressé un tableau des conditions imposées aux citoyens suisses pour jouir des droits électoraux dans un autre canton que celui où ils sont nés. Ces droits leur sont refusés dans les cantons suivants : Schwyz, Glarus, Zug, Bâle-Ville, Grisons, Tessin, Vaud, Genève. Dans les cantons qui suivent ils sont admis, parfois avec quelques restrictions: Zurich, Berne, Lucerne, Fribourg, Solerne, Bâle-Campagne, Schaffhouse, Saint-Gall, Argovie, Thurgovie, Valois, Neuchâtel. Dans ces cantons, on distingue les bourgeois de plein exercice des habitants, et quelquefois encore des simples séjournants. Enfin, dans les cantons ci-après, les conditions sont les suivantes : dans Appenzell, Rhodes intérieur, on est de suite membre de la commune; dans Appenzell, Rhodes extérieur, au bout d'un an; dans Uri et Nidwalden, au bout de deux ans; dans Obwalden, au bout de quatre ans. Toutefois, dans ces cantons aussi, il y a des restrictions: par exemple, on est électeur, mais sans être éligible à certaines fonctions.

Signalons un tableau météorologique de la Suisse, des études sur le mouvement de la population, et un travail sur la production, la consommation et le prix du sel en Suisse. Nous omettons, pour ne pas trop allonger la liste, plusieurs articles d'une importance pure

ment locale. Le journal que nous venons d'analyser avait été dirigé, jusqu'à l'année dernière, par M. Stoessel; ce dernier ayant été nommé préfet (statthalter) d'un des districts du canton de Zurich, c'est M. W. Gisi, de Berne, qui est devenu le rédacteur du journal

L'Arbeitgeber des frères Wirth, de Francfort, renferme enti autres une série d'articles intitulés: « Le socialisme moderne et ser bases scientifiques, » dans lequel nous sommes étonnés de trouver le nom de M. Schaeffle, professeur d'économie politique, et actuellement ministre du commerce en Autriche, accouplé à ceux de Lassalle et de M. Charles Marx, de Londres (n" du 22 juillet et suivants). C'est un travail remarquable et tout de polémique, dont nous ne pouvons donner que quelques passages. On sait que la théorie de M. Marx (1) (qui a été adoptée par Lassalle et par l'Internationale) est basée sur cette proposition que l'augmentation de valeur conférée à un produit par le travail est due en entier à l'ouvrier. Le capital est considéré comme indûment retenu par le salaire, et il est complétement fait abstraction du travail intellectuel. Les souffrances (réelles ou prétendues) sont donc attribuées uniquement à un vice dans la distribution des produits, au lieu d'être ramenées à leur insuffisance, tandis qu'en réalité le nœud de la difficulté gît dans la production et non dans la distribution. M. F. Wirth cite l'exemple de la fabrique de machines Vulcain, de Stettin où, avec 1,600 ouvriers, on a construit pour 1,316,000 thalers de machines, et il montre que, si l'on avait fait la part de l'ouvrier d'après les principes de M. Marx, chacun d'eux aurait vu son salaire augmenté de 21 ou 22 centimes (1 3/4 Sgn.) par jour. Cette augmentation insignifiante n'aurait pas sensiblement ajouté à leur bien-être, tandis qu'en portant à la réserve une somme de 100,000 fr. la fabrique se trouve en état de traverser les mauvais jours. M. Marx semble croire que chaque entreprise doit toujours prospérer.

Une autre proposition de M. Marx est également réfutée avec succès. M. Marx veut démontrer que les machines ont fait et font du tort aux ouvriers, « en permettant de se passer de forces musculaires et de remplacer les hommes par des femmes ou des enfants. » M. F. Wirth démontre que cette proposition est loin d'être vraie. Les machines exigent souvent la collaboration d'hommes vigoureux ou d'hommes intelligents, et beaucoup de machines ont eu pour effet de remplacer le travail des enfants.

M. Schaeffle voudrait établir une journée de travail normale.

(1) Nous nous proposons d'exposer prochainement cette théorie. 3 SERIE, T. XXIV. - 15 octobre 1871.

mais il se trouve obligé de reconnaître qu'elle ne saurait s'appliquer: 1° à l'agriculture; 2° à une foule d'industries.... Quant aux autres industries, la journée normale équivaudrait pour elle à la fixation officielle des salaires.

Mentionnons maintenant une proposition de Lassalle que M. Schaeffle semble admettre également, et qui peut se formuler ainsi: il ne sert à rien d'élever les salaires, car la hausse des salaires favorise l'augmentation de la population, et pour empêcher qu'il en soit ainsi, il faudrait remanier profondément l'organisation de l'Etat. Lassalle semble croire que l'État a de l'influence sur la capacité de l'estomac des citoyens.

L'Arbeitgeber est très-riche en renseignements économiques et techniques, mais l'espace ne nous permet pas de faire des extraits; nous ne saurions cependant nous abstenir de mentionner l'invention, en Amérique, d'un métier merveilleux destiné à révolutionner l'art du tissage. Nous le verrons bien.

Le journal le Finanze, de Florence, étudie (29 juillet) les difficultés qu'on éprouve pour faire rentrer l'impôt sur la richesse mobilière. Il en rentre environ 30 millions sur 60. Personne ne s'en étonnera en apprenant que l'impôt est de plus de 13 0/0 (13 20) du revenu (1). La prime de la fraude est trop forte pour qu'on ne cherche pas à la gagner. La seule mesure à prendre, c'est de réduire à 3 ou 4 0/0 le taux de l'impôt: il rentrera intégralement ce qui est moralement très-important et reconciliera les populations avec cette contribution détestée. Du reste, les populations s'habituent avec le temps à tous les impôts peu élevés, car le droit de mouture rentre maintenant avec plus de facilité qu'autrefois, comme le montre un tableau que nous avons sous les yeux. Nous allons reproduire ce tableau, en ajoutant que le Finanze n'en a pas expliqué les anomalies.

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Cote, par habitant, dans le premier semestre des années ci-après :

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(1) Un récent arrêt de la Cour de cassation de Turin, nous apprend un autre numéro de le Finanze, a décidé que les fonds placés à la Caisse d'épargne sont assujettis à l'impôt sur la richesse mobilière.

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Ces chiffres ne nous semblent pas mériter d'être pris pour base d'une étude comparée sur la consommation du pain dans les diverses provinces de l'Italie.

A un travail sur l'instruction primaire en Italie nous empruntons les renseignements suivants. Sur 100 personnes, 58 n'ont pas su signer les actes ou contrats dans lesquels elles étaient intéressées. C'est là la moyenne générale du royaume. La proportion est de 14 0/0 seulement dans la province de Turin, de 20 et quelques dans les diverses provinces piémontaises, de 30 à 40 dans le Milanais, et elle va crescendo en traversant les provinces autrefois romaines et napolitaines, pour aboutir à Syracuse, où elle atteint près de 86 0/0; ainsi, sur 10,000 habitants adultes de cette province, 8,581 ne savent pas signer leur nom!

Le numéro du 8 juillet indique le programme du congrès des chambres de commerce; voici un résumé des questions à l'ordre du jour : 1o Y a-t-il lieu de modifier la législation relative aux faillites? 2o Doit-on considérer comme sérieuses les affaires à terme, conclues à la Bourse, lorsqu'il y a eu versement total ou partiel des valeurs? 3o Faut-il modifier l'art. 461 du Code de commerce italien qui déclare nulle l'assurance du fret des marchandises, de profit espéré, etc. (voy. le Code de commerce français, art. 347)? 4o Quel effet a produit la législation actuelle du marché des métaux précieux? 5° Comment les chambres de commerce peuvent-elles faciliter l'enquête industrielle? 6° Comment encourager la navigation. à vapeur? 7o Y a-t-il lieu de modifier la législation du colportage? Le Finanze du 12 août renferme une circulaire du ministre du commerce qui déclare illégale l'émission des petits billets au porteur et tend à les faire supprimer.

En terminant, nous croyons devoir exprimer nos regrets des retards apportés à la conclusion d'un traité postal avec les États-Unis, retards qui nous privent de nos revues américaines. Cette fois-ci, c'est surtout la faute des États-Unis. Le port d'une lettre se paye en France 25 centimes et aux États-Unis 15 centimes; il serait donc naturel que le port entre les deux pays fût de 15+ 25+ les frais de transport intermédiaire; mais le directeur des postes américaines ne veut pas que la France impose ses lettres à un taux plus élevé que les États-Unis n'impose les siennes; n'est-ce pas là une

prétention bizarre? Il veut absolument que le port de la lettre soit partagé par moitiés; n'est-ce pas là un amour-propre mal placé? Du reste, nous ne tenons pas du tout à défendre notre administration postale, qui vient de supprimer la faculté accordée jusqu'à présent de faire circuler les épreuves corrigées au même prix que les imprimés; -nous disons supprimé, car le port de telle épreuve a élé trentuplé. Nous tenons à la main un spécimen de ces (petites) épreuves, et certes, on n'usera pas de la poste à ce prix-là. Le prix moyen a été septuplé. Elle a voulu engraisser trop vite la poule aux œufs d'or et l'a étouffée.

MAURICE BLOCK.

CORRESPONDANCE

CE QU'IL FAUT INSCRIRE DE PRÉFÉRENCE SUR LES MONNAIES. A M. le Rédacteur en chef du JOURNAL DES ÉCONOMISTES.

Paris, le 10 octobre 1871.

Monsieur le Rédacteur, le changement de forme de notre gouvernement vient d'amener, selon l'usage, un changement dans les empreintes de nos monnaies. Les aigles qui décoraient nos pièces de 20 francs ont cédé la place au Génie de la Liberté. Mais nous sommes encore sous un regime provisoire. Quel nouveau gage donnerons-nous à la Liberté quand nous serons définitivement constitués? Laisserons-nous son Génie sur nos pièces d'or, ou y mettrons-nous son bonnet ?

M'est avis que nous ferions acte de bon sens en supprimant tous ces emblèmes politiques qui durent si peu chez nous. Au lieu de charger le revers de nos monnaies d'attributs royaux, impériaux ou républicains, pourquoi n'y pas écrire tout simplement leur poids en grammes?

Aurait-on quelque objection sérieuse contre une telle proposition ? Voudrait-on soutenir qu'il est dangereux de faire connaître au peuple le véritable poids de chaque pièce, et serions-nous revenus au temps où les gouvernements se croyaient permis d'altérer ce poids et de fixer arbitrairement la valeur des monnaies ?

Non-seulement l'inscription du poids en grammes n'aurait aucun inconvénient; mais il en pourrait résulter de grands avantages, et c'est aux pièces d'or surtout que la mesure serait applicable. On sait, en eifel, que nos monnaies d'appoint, d'argent et de cuivre, n'ont qu'une valeur

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