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mangeant principalement le soir, la nuit et le matin, se cachant ou restant inactif dans le jour. Ces insectes sont souvent en si grand nombre qu'en peu de temps ils ont mangé les feuilles d'un bois et sont obligés d'émigrer pour recommencer leurs ravages dans un autre pays et aux dépens d'autres bois. Les larves (fig.5), bien connues sous le nom de vers blancs, attaquent toutes sortes de racines, ce qui, vu leur grand nombre, cause des dommages sensibles dans les jardins et dans les champs.

Les Cetoines, drap mortuaire et dorée (fig. 6), très-communes, à l'état parfait, l'une sur les fleurs de chardons, l'autre sur les roses et les fleurs de sureau, dont le suc leur sert de nourriture, sont nuisibles à l'état de larve en creusant des galeries nombreuses dans les troncs d'arbres.

L'insecte parfait paraît fin d'avril ou commencement de mai, selon que la saison est plus ou moins avancée, et vit 15 à 20 jours; après l'accouplement qui dure de 10 à 24 heures, le mâle meurt et la femelle pond ses œufs, ordinairement aux environs des bois, dans les terres légères ; elle dépose de 20 à 40 œufs dans des trous qu'elle creuse de 8 à 10 pouces. Si les œufs ont été pondus en mai 1836 les larves en sortiront un mois après, resteront deux ans en cet état, rongeant toutes les racines qu'elles rencontreront et hivernant, pour se garantir du froid, à une profondeur de près d'un mètre. C'est donc en juin 1838 qu'elles se changeront en nymphes. Elles resteront dix mois dans ce nouvel état, puis se changeront en insectes parfaits qui sortiront en mai 1839.

Si les jardiniers et les laboureurs ont soin de laisser multiplier les carabes sans les inquiéter, ces insectes qui ne peuvent causer aucun dommage détruiront un grand nombre de larves de hannetons : s'ils ont soin en outre d'écraser tous les vers blancs qu'ils trouveront, soit en bêchant, soit en labourant, ils pourront voir diminuer les dégâts. Mais c'est surtout l'insecte parfait qu'il faut détruire, et il est facile, en secouant les arbres pendant le jour, d'en ramasser une grande quantité qu'on doit de préférence brûler. Ce moyen est plus expéditif et plus sûr. Si on voulait les noyer, on en laisserait échapper un grand nombre, car ces in sectes que l'on pourrait croire morts dans l'eau n'y sont qu'asphixiés, et peuvent rester ainsi un et deux jours, puis reprendre leur vol s'ils fiuissaient par gagner la terre.

Lucane.

Cet insecte (appelé Cerf volant), un des plus beaux que l'on trouve dans le département, ne cause aucun dommage à son état parfait car alors il mange très-peu et semble, comme la plupart des coléoptères, n'arriver à cet état que pour se reproduire. Avec ses mandibules développées et dentées il serrerait assez fortement le doigt, mais non jusqu'au sang. Sa larve cause peu de dommage, elle creuse des galeries dans la partie ligneuse des arbres, mais elle n'attaque que les vieux ou ceux déjà malades et dont elle hâte la ruine.

Ténébrion.

On trouve communément dans la farine des larves longues, cylindriques, jaunes, dont les anneaux sont lisses et que l'on donne aux rossignols (fig. 7); ce sont les larves du Ténébrion de la farine qui se multiplient tellement, si on néglige celle-ci, qu'il devient impossible de s'en servir. L'insecte parfait se cache dans les endroits les plus obscurs de nos maisons; il est commun surtout dans les boulangeries et les moulins à farine.

Clairons, Méloès.

(Le Clairon des ruches fig. 8). Cet insecte est bleu avec les étuis rouges traversés par trois bandes d'un bleu violet. Il se trouve communément sur les fleurs à son état parfait, et sa larve vit dans les ruches où elle dévore celle de l'abeille.

(Le Méloès proscarabée fig. 9). Il est d'un noir violet luisant, long de vingt-cinq millimèt. Ses élytres rudimentaires ne recouvrent qu'une faible partie de l'abdomen qui est très-volumineux, surtout chez la femelle. On le trouve sur le bord des chemins, dans les champs en jachères et les luzernes où il se traîne à terre, se nourrissant des feuilles des végétaux. La femelle pond une grande quantité d'œufs d'où sortent des larves agiles qui grimpent sur les plantes, se répandent sur les fleurs et attendent que quelqu'abeille vienne s'y reposer; elles s'accrochent alors à ces hymenoptères et se font transporter dans les ruches où elles se nourrissent des larves. Ces clairons et ces méloès sont donc des insectes à écraser puisqu'ils nous portent préjudice en détruisant un grand nombre d'abeilles.

Dans quelques pays on se sert du méloès à la place de la cantharide ou en le mêlant avec elle. Les maréchaux en font aussi usage. Les Anciens l'appelaient Bupreste et lui attribuaient la propriété de faire périr les boeufs qui l'auraient mangé avec l'herbe.

Cantharide.

les

Les Cantharides, bien connues à l'état parfait, le sont peu dans leurs métamorphoses. On pense que la larve vit en terre et s'y nourrit des racines des végétaux. C'est en juin que ces insectes arrivent en masse et dévorent promptement les feuilles de nos lilas et de nos frênes. Il faudrait donc les détruire pour prévenir ces dégâts, si on ne le faisait pour vendre aux apothicaires qui les emploient de différentes manières. Le matin ou le soir, avant le lever ou après le coucher du soleil, on étend une toile sous les arbres où il y a des cantharides qui, en ce moment, sont engourdies sur les feuilles. En secouant l'arbre on les fait tomber sur la toile : on les expose alors à la vapeur du vinaigre chaud ou on les plonge dedans, pour les faire mourir plus promptement; on les laisse sé

cher et on les enferme dans des vases de terre. Il arrive souvent que les cantharides que l'on conserve ainsi sont mangées par de petits insectes: on fait périr ceux-ci en les exposant à une chaleur de 40 degrés.

Bruches.

Les Bruches sont de petits insectes que l'on trouve dans les fèves, pois et lentilles; ils n'attaquent pas les haricots. L'insecte parfait vole sur les fleurs, la femelle pond ses œufs sur les gousses encore peu avancées. La larve en sortant de l'œuf commence par faire un petit sillon entre l'amande et la coque de la graine, puis elle pénètre dedans et s'y fait une loge sans jamais attaquer le germe. Lors de la récolte on ne voit sur les fèves aucun caractère indiquant la présence des larves, si ce n'est un petit point qu'un œil exercé peut seul reconnaître. Ce point indique la place où la larve est entrée dans la graine en sortant de l'œuf. Quant elle veut se changer en nymphe, elle mange ce qui restait entre l'entrée de sa loge et la peau; on voit alors un disque transparent que perce, l'insecte parfait pour sortir de la fève. Si l'on fait une provision de ces graines, il faut, pour faire périr les larves, les exposer à une chaleur de 40 à 45 degrés ; mais les graines ne sont plus propres à la semaille : quant à celles réser– vées à cet usage, il faudrait, pour s'assurer qu'elles ne sont point attaquées, regarder avec attention s'il n'existe pas un petit point noir par où la larve serait entrée.

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Les Charansons, divisés en un grand nombre de sous-genres, nous causent de grands dommages en rongeant différentes parties des végétaux, ou vivant dans l'intérieur de leurs fruits et de leurs graines. La Calan dre du blé attaque le blé dans les greniers. Une couple de ces insectes peut donner dans l'année 6000 individus. L'insecte parfait mange trèspeu et un seul grain suffit à la larve. L'accouplement a ordinairement lieu au printems. La femelle ne pond qu'à 12 ou 15 degrés Réaumur, et un seul œuf sur chaque grain auquel elle fait une petite entaille enduite d'une matière collante. La larve est molle, blanchâtre, elle a les mandibules cornées et des mamelons au lieu de pattes; toutes les larves de charansons sont très-semblables entre elles. L'insecte parfait est blanc en sortant de la chrysalide, et il ne soulève l'épiderme du grain que lorsque son corps a pris toute sa consistance. Les grains mangés par les larves nagent sur l'eau et le charanson est sorti de tous ceux qui sont percés. Cet insecte aime la tranquillité et ne peut vivre dans l'air sec: on a construit des greniers mouvants avec des cylindres remuant le blé et formant un courant d'air, ce qui éloigne les insectes qui voudraient venir pondre leurs œufs; mais ces greniers sont dispendieux et impraticables pour le petit propriétaire celui-ci doit donc tâcher de les remplacer en remuant

les tas de blé le plus souvent possible, et attendre ainsi qu'une invention plus commode le débarrasse de ces insectes qui lui causent souvent de très-grandes pertes. On peut, commé pour les fèves, passer le blé à une chaleur de 50, 60 et même So degrés alors tout périt, œufs, larves et insectes, mais le blé ne peut plus germer.

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D'autres charansons nuisent aux arbres fruitiers (le Rynchyte du poi-rier) la femelle dépose un œuf à l'extrémité d'une jeune pousse qu'elle coupe ensuite longue d'un demi-pied environ, mais de manière à ce qu'elle tienne encore à la branche. La larve, en sortant de l'œuf, entre dans la moëlle et se nourrit dans l'intérieur de la tige. Comme cette larve ne saurait vivré dans une branche bien portante et où la sève fonctionnerait comme d'ordinaire, la femelle a soin de faire une incision à la tige qui se fane bientôt tout en restant pendue à la branche; mais si par ce moyen elle prépare une nourriture convenable à sa larve, elle nous facilite sa destruction : car il suffira, quand on verra les jeunes pousses se faner, de les enlever de suite et de les brûler.

Une autre espèce (le Rynchite Bacchus ou de la vigne, fig. 10) fait beau coup de tort aux vignes en les dépouillant de leurs feuilles. Comme la femelle du rynchite du poirier, celle-ci coupe les pétioles des feuilles de la vigne de manière à ce qu'elles restent suspendues: elle les roule en forme de cornet, y pond ses œufs et prépare ainsi à ses petits une retraite qui leur servira de nourriture. Les années où ces insectes se sont beaucoup multipliés, où par conséquent on voit dans les vignes presque toutes les feuilles roulées, il faut enlever celles-ci et les brûler : le feu est pour les insectes le meilleur moyen de destruction. En agissant ainsi on ne fait aucun tort à la vigne, car on n'enlèvera que les feuilles qui n'auraient pas tardé à tomber et on préservera des rynchites celles qui sortiront d'autre s bourgeons.

Scolytes.

Nous voyons tous les jours des chênes, des ormes des frênes, etc., de tout âge, perdre leur écorce et mourir. Chacun a pu reconnaître sur le bois un sillon principal d'où partaient un grand nombre de petits sillons tellement répétés que l'arbre en était couvert; c'était encore un dégât causé par de petits insectes. En effet, les Scolytes (fig. 11), à leur état parfait, se jettent sur des arbres sains pour y prendre leur nourriture; la sève suinte par les trous que font ces insectes à l'écorce, l'arbre souffre et l'année suivante la femelle perfore dans les fissures de ces arbres malades, pratique une galerie entre l'écorce et le bois, pond des oeufs de chaque côté de cette galerie et vient mourir à l'entrée qu'elle ferme ainsi par son cadavre. Les petites larves qui sortent des oeufs se répandent des deux côtés de la galerie et mangent l'aubier jusqu'au printemps, époque à laquelle elles se changent en chrysalides. Le nombre de ces larves est si considé

rable et le dégât tel que, la sève ne pouvant plus circuler, l'arbre meurt. Des taches livides indiquent celui qui est attaqué par les larves. Dans ce cas le seul remède, pour arrêter le mal, est d'abattre cet arbre et de l'enlever de suite, sans donner à l'insecte parfait le temps d'en sortir el d'attaquer les arbres voisins. Sur nos routes bordées d'ormes, on remarque un grand nombre de ces arbres dépouillés de leur écorce et sillonnés par les larves des scolytes. Le peu de soin que l'on met à faire disparaître ceux qui sont attaqués est la principale cause du mal. Lorsqu'un orme, couvert de sillons, vient à mourir, on le laisse debout jusqu'à ce qu'il tombe de lui-même, et les insectes ont le temps de se propager. Aussi tous les ormes voisins finissent-ils par périr les uns après les autres, comme on peut le voir particulièrement sur la route de Paris à Lyon entre Joigny et St.-Aubin-sur-Yonne.

Longicornes.

Les larves de ces insectes attaquent principalement les arbres à bois tendre, le peuplier, le bou'eau, etc. Elles creusent le plus souvent des galeries dans le bois : ces galeries lorsqu'elles ne sont pas multipliées, ou que l'arbre n'est pas trop jeune, ne nuisant pas à la circulation de la sève, ne l'empêchent pas de pousser. Presque tous les peupliers sont endommagés par la larve de la Saperde Chagrinée (fig. 12) et on trouve souvent autour des troncs de ces arbres les détritus du bois dont se sont nourries les larves: aussi presque toutes les planches de la bille, à partir du tronc, sont elles plus ou moins trouées, selon qu'il avait été ravagé par les galeries des saperdes.

vera,

La femelle de la Saperde effilée, très-commune sur le noisetier, fait une ou deux petites incisions à chaque nouvelle pousse et y pond un œuf à chaque incision. Tous les bouts de branches fanent bientôt et si l'on coupe une de ces pousses à l'endroit où l'insecte a fait l'incision, on trouen la fendant en deux, la larve de la saperde mangeant la moëlle. Beaucoup de personnes en voyant les feuilles du noisetier se faner, croient que cet effet est produit par la chaleur : il leur sera facile de se convaincre du contraire, et elles feront bien d'enlever toutes les pousses jaunies et de détruire, en les brûlant, toutes les petites larves qui y faisaient leur séjour.

La larve du Capricorne heros creuse des trous profonds dans les chénes. L'insecte parfait, long de 50 millimètres, est rare dans nos pays. Je n'en ai trouvé qu'un individu à Champcevrais dans le tronc d'un chêne l'on avait laissé mourir de vieillesse.

que

La larve du Callidiè sanguin (fig. 13) vit sous l'écorce du chêne, mais seulement quand ces arbres sont abattus. L'insecte parfait se trouve communément dans les chantiers et même dans nos maisons. Il est noir, avec le corselet et les étuis veloutés d'un beau rouge sanguin.

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