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« Douze vaisseaux de ligne et autant de Frégates ont été lancés depuis un an. Vingt-cinq autres vaisseaux et vingt frégates, en construction, attestent, l'activité de nos chantiers. »

« Nos ports sont entretenus et réparés ; la création de celui de Cherbourg avance de manière à promettre que son bassin pourra contenir des escadres avant deux campagnes. »

« La Spezia va devenir un second Toulon, la réunion à la France de presque tout le littoral de la Méditerrannée, assure, pour nos arsenaux et nos équipages, des denrées, des bois et des hommes. Venise Ancóne, Naples, tous les moyens de la Hollande et de l'Italie sont en mouvement. >>

Comme MM. les agens forestiers concourent par leurs travaux aux approvisionnemens tant des chantiers des constructions civiles, que des arsenaux maritimes, ils ne peuvent voir qu'avec intérêt l'emploi si utile du produit des forêts confiées à leur admi

nistration.

SECTION II. AMÉLIORATIONS.

S. II. Procédés.

Nouvelle Méthode d'Exploitation des Bois.

M, Douette - Richardot, cultivateur à Langres département de la Haute-Marne, a fait connoître dans un ouvrage qu'il a publié, sous le titre de Pratique de l'Agriculture, une nouvelle méthode d'exploiter les bois, qui consiste à les couper entre deux terres. Sans nous prononcer pour ni contre cette méthode, dont nous n'avons pas été à même. de vérifier les résultats, nous devons la faire connoître, ainsi que les succès avantageux qu'elle pa

roit avoir eus. Il seroit bien important de répéter, dans plusieurs endroits et sur différentes espèces de bois, les expériences de M. Richardot, et d'en rendre compte, afin de fixer les idées sur une innovation, dans l'art des exploitations, qui peut intéresser essentiellement l'amélioration des forêts, et mériter, par conséquent, l'attention du gouvernement. Nous nous empresserons de publier les mémoires et les notes qui nous seront adressés sur cet objet.

Les travaux de M. Douette-Richardot ont été examinés par une commission nommée par la société d'Agriculture du département de la Haute Marne composée de deux préposés forestiers et d'un ingénieur des ponts et chaussées. Ces commissaires ont rendu compte de leur vérification, dans un rapport détaillé et bien circonstancié, qu'ils ont fait à la société savante qui les avoit délégués (1).

Le bois où M. Richardot a pratiqué sa méthode d'exploitation, contient environ 50 hectares il est peuplé de taillis et de quelques futaies de différentes espèces et de différens âges. Le chêne et le charme y dominent.

Le sol y est montueux, pierreux, la terre sablonneuse; elle se refuseroit à toute autre production qu'à celle du bois.

Pour établir des moyens de comparaison, M. Douette a fait exploiter une partie de taillis et de futaie selon sa méthode, et une autre partie suivant la méthode

ancienne.

Les commissaires ont remarqué dans les taillis

(1) Ce rapport, accompagné de notes, se vend chez MABCHANT, libraire, rue des Grands-Augustins, no 20a

dont la coupe avoit été faite entre deux terres 1o. que le plan de la section formée par la coupe, est à 5 pouces ou 14 centimètres au-dessous du niveau du sol; 2o. que les racines latérales tiennent à la base de la souche par leur écorce inférieure, et par une partie du corps ligneux ; 3°. que les brins du taillis s'élèvent aux points où la circonférence de la base se joint aux racines; 4°. que ces brins sont au nombre de douze à quinze; 5°. qu'ils ont 4 mètres (12 pieds environ) de hauteur, et 17 centimètres (6 à 7 pouces) de tour; 6°. qu'ils sont âgés de 6 ans ; 7°. qu'ils sont droits, très-adhérens à leurs racines et très-sains.

Pour en comparer la force avec celle des brins qu'ont produits les souches de la même espèce et du même âge, coupées au-dessus du niveau du sol, suivant le mode ordinaire, dans un terrain de même nature, les commissaires en ont examiné plusieurs qui ont repoussé sur des étocs de charme de 4 à 6 pouces de hauteur, et ils ont reconnu, 1o. que ces brins sont au nombre de trente à cinquante; 20. qu'ils ont 2 mètres environ de hauteur et II centimètres (4 pouces) de tour; 3°. qu'ils sont également âgés de 6 ans; que la plupart de ces brins se dessèchent; 4°. que le tronc qui les porte est altéré; que la partie des rejets qui, à l'extrémité inférieure, tient à la souche, est viciée, et n'exige qu'un foible effort pour être séparée du tronc.

Il résulte de-là, ajoutent les commissaires, que chaque brin de taillis produit par les racines d'un arbre coupé entre deux terres, est d'un volume beaucoup plus considérable que celui d'un brin produit par une souche coupée à quatre ou six pouces audessus du sol; que les rejets sortis d'une souche élevée ne réunissent pas, comme ceux qui résultent de

la coupe entre entre deux terres, tous les caractères qui promettent des arbres vigoureux.

Comme ils n'ont pas vu de souches coupées parfaitement à fleur de terre, ils n'ont pu en comparer le produit avec celui de la coupe entre deux terres; ils ont remarqué seulement que celles qui ont été coupées à trois ou quatre pouces, présentent un résultat plus avantageux que celles exploitées à huit ou dix pouces de hauteur.

Le chêne a été l'objet d'expériences semblables que la commission a répétées sur un grand nombre de

troncs.

Ils ont vu que, pour l'exploitation de cet arbre, on a suivi le même procédé que pour celle du charme; que M. Douette a fait enlever la souche en la séparant des racines à 4 pouces au-dessous du sol, que les racines latérales sont presque toutes adhérentes à la base du tronc, base qui forme le sommet de la racine pivotante.

On a eu pour résultat constant dans un taillis de 6 ans, que les brins, au nombre de 8 à 12, partent de la section des racines et s'élèvent verticalement à 3 ou 4 mètres de hauteur, sur un diamètre de 5 centimètres (2 pouces); que du centre des jeunes souches, sort un rejet qui forme le prolongement de la racine pivotante, et qui a une hauteur de 5 à 6 mètres ; il présente moins de circonférence à sa base que les brins qui partent des racines latérales; mais il est très-propre à fournir un beau baliveau (1).

( 1 ) On sent bien que le brin qui forme actuellement le prolongement du pivot, ne le formoit pas à son origine, puisque les racines ne s'allongent plus à l'extrémité où elles ont été coupées; mais ce brin est sorti obliquement au-dessous de la section de la racine pivotante qui se trouve au centre d'une

Examinant ensuite des souches coupées à 4 ou 5 pouces de hauteur, on voit qu'elles sont couvertes d'un grand nombre de rejets d'un pouce de diamètre à leur base, et de 2 mètres environ de hauteur. Ces rejets forment un buisson très-touffu, qui s'éclaircit par le dépérissement successif d'une grande partie des brins dont il est composé.

D'où il suit que la coupe entre deux terres a la même influence sur la reproduction du chêne, que sur celle du charme.

T

Sur les troncs qui s'élèvent hors de terre, le nombrs des brins est beaucoup plus grand, mais le volume de chacun est plus petit que dans un taillis coupé entre deux terres.

Après avoir comparé les brins séparément, il s'agissoit de les comparer en masse, et de savoir si leur volume total étoit plus petit dans un cas que dans l'autre.

Cette question n'a pu être décidée sur des taillis de 5 à 6 ans, mais elle l'a été sur des taillis de 10 à

II ans.

Les commissaires ont reconnu dans un bois exploité depuis 10 ans suivant l'ancienne méthode, qu'une partie des rejets venus sur des souches de chêne hors de terre, ont une direction verticale, que les autres sont foibles, penchées vers la terre et forment ce qu'on nomme des traînasses; qu'il en est déjà mort un grand nombre; que par là les brins de taillis bien-venans sont réduits à dix ou douze sur chaque

circonférence dont les racines latérales forment les rayons, et ce même brin paroît aujourd'hui, par l'effet de l'accroissement vertical qu'il a pris, ne former qu'un seul corps avec cette racine, comme l'écusson avec le sujet anquel il est uni depuis quelques années. ( Notes des Rapporteurs).

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