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construction auxquelles s'emploient les bois de marine; et comme ces termes ne sont pas familiers à tout le monde on a cru nécessaire d'en faciliter l'intelligence par des définitions prises dans les auteurs qui ont écrit sur cette partie.

L'ouvrage est terminé par trois tableaux indiquant les proportions que doivent avoir les pièces de construction des différentes espèces, d'après les tarifs arrêtés, tant à Brest le 16 novembre 1765, qu'au bureau de la marine le 15 thermidor an 7, (août 1799.)

La facilité que présente ce Manuel à toutes les personnes qui peuvent avoir des rapports avec la marine, pour le choix, la délivrance et l'emploi des bois destinés à son service, nous détermine à croire que le public ne verra pas sans intérêt rappeler cet ouvrage dont il est déjà en possession.

Mémoire sur l'amélioration des départemens du Golo et du Liamone (île de Corse), par M. DURAND (d'Agde, département de l'Hérault.) (1).

M. Durand, qui s'annonce comme ayant habité l'ile de Corse, dit avoir conservé de ce pays et de ses habitans des souvenirs qu'il voudroit, s'il est possible, faire contribuer à la prospérité de cette partie intéressante de l'empire, et ce sentiment l'a, dit-il, porté à faire hommage à S. A. Em. Mgr. le Cardinal FESCII, du mémoire dont nous allons rendre compte.

(1) A Paris, chez Bossange, Masson et Besson, rue de Tournon, n°. 8; et chez Arthus Bertrand, libraire, ru Hautefeuille, no. 23. (Petit ouvrage in-80., 114 pages).

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L'auteur commence par dire qu'une fausse opinion sur le climat de cette île et sur le caractère de seshabitans, a toujours éloigné les spéculateurs industrieux de tenter des entreprises utiles à la fois à euxmêmes et au pays; que les vues adoptées jusqu'à présent pour l'amélioration de la Corse, ont été trop rétrécies, et que ce n'est qu'en embrassant un plan plus vaste qu'on peut en espérer des succès; qu'il faut, pour ainsi dire, déblayer cette terre pour laquelle la nature s'est montrée si prodigue; que les montagnes couvertes d'antiques foréts offrent aux arsenaux de l'empire des ressources infinies; qu'enfin la nature de ses côteaux, de ses plaines, la force de la végétation, la douceur du climat, permettent d'en obtenir, pour nos manufactures, nombre de productions que la France tire de l'étranger d'où M. Durand conclut que la Corse pouvant offrir les productions du nord et du midi de l'Europe, est susceptible de devenir une des parties les plus florissantes de l'empire.

Le mémoire qui suit cette introduction embrasse différens objets d'utilité publique, dans le détail desquels nous ne suivrons pas l'anteur : il traite, en effet, de l'agriculture, des écoles à établir pour en propager les procédés, des terres communales, des bestiaux, des desséchemens, de la population, de la conscription militaire, des productions de la Corse, de la PÊCHE, des FORÊTS, des salines, des eaux minérales, des mines et carrières, du comdes routes, de la compagnie d'Afrique et de son commerce, des manufactures, des forges à fondre le fer, et des maisons de charité.

merce,

Nous nous bornerons à parler de ce qui concerne plus particulièrement l'objet de ces Annales, la péche et les forêts.

La pêche, dit M. Durand, est une source de richesses pour la Corse; les rivières, les étangs et la mer lui fournissent du poisson en assez grande quantité, non-seulement pour ses besoins, mais pour augmenter ses moyens de commerce.

Les rivières renferment des truites et des anguilles. d'un goût exquis.

Les étangs voisins de Bastia fournissent en profusion des huîtres, des muges, des aloses, et beaucoup d'autres poissons.

Toutes les espèces de poissons connues dans la Méditerranée, non-seulement se trouvent autour de la Corse, mais plusieurs d'entr'elles, le thon surtout, semblent s'être plus particulièrement fixés sur ses rivages.

Les Génois avoient des madragues (1), qui furent détruites pendant les guerres; le Roi, à l'époque de la réunion de la Corse, céda le privilége des madragues au prince de Conti, que le dérangement de ses finances empêcha de profiter de cette faveur.

M. de Marbeuf étoit parvenu à rétablir cette pêche: les établissemens qu'il avoit formés ont été détruits pendant la révolution.

La Sardaigne, retire, dit-on, plus d'un million chaque année du produit de ses madragues. La Corse, aussi avantageusement placée, ne pourroit-elle pas obtenir les mêmes avantages, quand le Piémont et le pays de Gênes ont un si grand besoin de poisson salẻ (2). La pêche du thon fourniroit, d'ailleurs, en

(1) Espèce de filet, particulier à la pêche du thon.

(2) L'auteur annonce que ce besoin est tel, que c'est sur la réclamation de MM. les Préfets des départemens du Piémont et de la Ligurie, qu'est intervenue, l'année dernière, la loi qui dispense de tout droit de douane, le poisson salé venant de Sardaigne.

abondance une nourriture peu chère, dont la classe indigente pourroit profiter.

Les forêts semblent à l'auteur offrir une ressource beaucoup plus importante. Voici comme il s'exprime à cet égard:

« On ne parle jamais de la Corse, sans vanter les magnifiques forêts qu'elle renferme, Elles ont fixé l'attention de tous les gouvernemens, et excité leur envie. »

« Les Romains frappés de la beauté des bois de cette ile, en firent construire, au rapport de tous les anciens historiens, un vaisseau qui avoit cent voiles; les Chartaginois tirèrent long-temps de la Corse, des bois pour leurs constructions navales. Les habitans de cette île, ont toujours fait, avec leurs voisins, un grand commerce de planches, de chevrons, de poutres, et d'autres bois de charpente, Ainsi de proche en proche, tout se détruisoit, jusqu'à ce que des obstacles trop difficiles à surmonter, arrêtèrent enfin la dévastation. Ce n'est qu'à cette raison, que nous devons les trésors qui n'attendent plus que la hache du charpentier, pour enrichir les arsenaux de sa Majesté. »

<< De notre tems, les Gênois essayèrent les premiers l'exploitation de ces forêts. Celle d'Aëtonne, comme la plus considérable, excita leur active industrie. Mais la haine des habitans les força d'abandonner leur entreprise, au moment de recueillir le fruit des dépenses qu'ils avoient faites, pour la confection d'une route et autres travaux préliminaires. »

Lorsque la Corse fut réunie à la France, le gouvernement s'occupa d'abord de ses forêts; plusieurs ingénieurs de la marine, parmi lesquels on doit distinguer MM. Le Roi et Molinard, présentèrent d'excellens plans pour leur exploitation, qu'ils s'accordèrent tous à regarder comme étant très-possible. Il se forma diverses entreprises qui n'eurent pas de résul

tats très-heureux pour les actionnaires, à cause de l'ineptie ou de l'infidélité de ceux qui les dirigeoient mais elles servirent à faire connoître au port de Toulon, l'excellente qualité de ces bois : >>

« M. Vial de Bastia sut profiter, heureusement des fautes de ceux qui l'avoient précédé ; il se mit luimême à la tête de l'entreprise, et fournit, dans l'espace de 10 ans, plus d'un million de pieds cubes de bois, qui furent employés dans tous les vaisseaux alors en construction au port de Toulon. >>

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« Ce négociant, étoit parvenu à vaincre la répugnance que les administrateurs de cet arsenal avoient toujours montrée à se servir de ces bois pour mâtures, il avoit passé, au moment de la révolution, un marché pour la fourniture de plusieurs centaines de mâts par an, qu'il vouloit extraire de la forêt de Rospa dont il avoit commencé l'exploitation. >>

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Une compagnie, dirigée par M. Clément jeune, exploite actuellement, vingt-quatre mille pieds d'arbres de la forêt de Libio, canton de Vico; elle a fait, malgré la guerre, de très-belles livraisons aux arsenaux de Toulon et de Gênes. »

«Par ce que je viens de dire, on voit que l'exploitation des forêts de la Corse n'est point un problème, et que le plus ou moins de réussite a uniquement dépendu du talent et de la conduite de ceux qui la dirigeoient. »

« On n'a exploité jusqu'à présent, que les forêts les moins importantes. Celles d'Aetonne, de Tartaquie, de Lindinosa, de Rospa, sont encore intactes; ik est difficile de calculer lesressources qu'elles présentent. Leur état de vétusté, les dommages qu'elles ont essuyés les rendant beaucoup moins considérables qu'on ne le croiroit au premier aspect, mais je puis assurer qu'elles offrent encore l'espoir d'un bénéfice consi

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