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La manière la plus simple et la plus sûre, à-lafois, d'exposer ses travaux, est de rappeler le rapport fait en 1806 à l'Athénée des Arts, par les commissaires de cette société, rapport, d'après lequel, elle a décerné une médaille à M. Douette-Richardot, dans sa séance publique du 20 octobre 1806.

Voici le texte même du rapport, lu, au nom de la classe de Physique et Mathématiques de l'Athénée, dans cette séance, par M. CHANLAIRE, avant la remise de la médaille.

« La classe a nommé MM. Charles Dumont, Tatin et Chanlaire, pour lui faire un rapport sur les travaux entrepris par M. Douette-Richardot.

«L'examen que vos commissaires ont fait des pièces authentiques, dans lesquelles ces travaux se trouvent indiqués, et qui en montrent à-la-fois, l'importance, l'étendue et les résultats, semble ne laisser à faire autre chose, que de présenter un tableau rẻrésumé des opérations utiles, auxquelles M. DouetteRichardot s'est livré depuis nombre d'années.

« Il y a, en effet, environ vingt ans que ce citoyen estimable s'occupe d'agriculture dans le département de la Haute-Marne ; et depuis que le Gouvernement a manifesté l'intention de favoriser, d'honorer ce premier des arts, depuis cinq ans surtout, M. Douette-Richardot s'est livré à l'ardeur de son zèle.

« Il a commencé par former des élèves, en donnant, sur le terrain même, des leçons à plusieurs ouvriers intelligens, qui ont répandu sa méthode. Il a ensuite publié, à ses frais, la notice de ses travaux, étonnans par leur nombre et par le désin téressement dont il a fait preuve dans leur exécution. M. Douette-Richardot ne pouvoit manquer d'être

protégé part les autorités : aussi le Ministre de l'intérieur, M. le Préfet du département de la Haute-Marne, M. le Sous-Préfet de Langres, et tous les fonctionnaires publics l'ont-ils fortement appuyé. Cette protection efficace devenoit d'autant plus nécessaire, que l'ambition, la jalousie, la méchanceté même poursuivant M. Douette Richardot, avoient médité. sa ruine, et l'auroient peut-être consommée.

«Des commissaires nommés par M. le Préfet de la Haute-Marne, ont, à différentes fois, et toujours en présence des autorités locales, vérifié les faits et constaté l'utilité des entreprises de M. DouetteRichardot, ainsi que les dépenses peu considérables qu'elles ont nécessitées.

« Et quelles sont ces entreprises?

« Défrichemens de montagnes arides et de terrains incultes, dessèchemens de marais, assainissement et fertilisation des terres, amélioration de culture, prairies artificielles, semis et plantations, pépinières, repeuplement et conservation des forêts, arbres placés sur les routes, jardins d'agrément et d'utilité, distribution bien entendue des eaux, éducation des animaux, croisement utile des races, et leur propagation, remèdes à leurs maladies. La chaleur du zele de M. Douette-Richardot a tout embrassé, et le succès a couronné ses efforts.

«Il seroit trop long, Messieurs, d'entrer dans le détail de ces opérations, qui tendent si évidemment à des objets de grande utilité. Le seul résumé de quelques-unes, montre M. Douette-Richardot occupé successivement sur le territoire dé plusieurs départemens, et indique ce qu'il a fait.

«Le domaine de Melleville offroit un marais environné de montagnes arides; le marais a été desséché, assaini, cultivé; les eaux bien distribuées, tant pour

le service du château, que pour l'arrosement des plantations; cent hectares on été mis en état de produit, et la valeur du domaine rendue quatre fois plus considérable : à peine l'estimoit-on à 40,000 fr., aujourd'hui, moyennant 10,000 fr. de dépense faite, cette valeur est portée à 150,000 francs..

« Au Val d'Osne, dix hectares, qui étoient sans valeur, offrent environ 600 fr. de revenu; le fonds. est estimé Sooo francs. On espère le porter à 12.

« Le clos des Dominicains de Langres a été acheté 11,000 fr. Une dépense de 2,110 fr. en a presque doublé la valeur.

« Huit hectares du Gorgeot de Valpelle étoient estimés 200 fr.; une dépense de 5,000 fr., dont on a déjà fait rentrer la moitié par les produits, élève aujourd'hui la valeur du fonds à 16,500 francs.

<< Enfin, trois hectares du Gorgeot de Sevrain absolument sans valeur, sont estimés près de 9,000 francs, et donnent un produit de 3.50 fr. Il en a coûté 1532 fr. pour cette amélioration.

«Avec tant de titres à la bienveillance du Gouver nement, M. Douette - Richardot, vous le croire aisément, Messieurs, a été accueilli par S.Ex. le Ministre de l'intérieur qui, en manifestant sa satisfaction, luk a donné des encouragemens. L'auteur a désiré soumettre les résultats de ses expériences à la société d'Agriculture du département de la Seine, à celle du département de la Haute-Marne, dans lequel il avoit principalement travaillé. Ces deux sociétés luk ont décerné des couronnes; d'autres sociétés se sont empressées de l'accueillir dans leur sein; plusieurs grands dignitaires de l'empire, et nombre de fonc tionnaires publics de divers ordres, l'ont honoré des leur approbation.

* M. Douette - Richardot a même la satisfaction de compter parmi eux le titulaire de la sénatorerie de laquelle dépend le département de la-HauteMarne M. François de Neufchâteau), sur le rapport duquel la société d'Agriculture de la Seine a prononcé; et qui, en traversant le département, a eu, dernièrement encore, le moyen d'applaudir aux nouveaux efforts de l'auteur, et au mouvement heureux ainsi donné à l'agriculture.

« Son Ex. le Ministre de la marine, originaire de ce département, a pris un tel intérêt aux travaux dont il s'agit, qu'il a promis de les faire plus particulièrement connoître au Gouvernement.

«M. Douette-Richardot a donné un grand exemple; et les effets en sont déjà tellement sensibles, que dans le compte officiel, rendu au Ministre de l'intérieur par M. le Préfet de la Haute-Marne, on voit que les plantations récemment faites dans ce département, s'élèvent déjà à plus de douze cent mille pieds d'arbres. Il étoit naturel que M. Douette-Richardot se fixat d'abord dans son pays, et qu'avant de ter ailleurs ses procédés, il désirát que le département qu'il l'a vu naître, en tirât tous les avantages. Les contrariétés qu'il a pu éprouver dans le principe, n'ont fait qu'augmenter son zèle et assurer aux personnes qui l'ont secondé avec désintéressement, des droits à sa reconnoissance.

por

« M. Douette-Richardot a manifesté le désir de voir indiquer, comme l'ayant ainsi secondé, M, Mer, chini, ingénieur à Langres, et MM. Didier et Douette-Roger ses élèves; tous trois ont concouru de la maniere la plus désintéressée, au levé et à la rédaction des plans joints aux pièces. L'Athénée applaudira sans doute à ce sentiment de reconnois

sance.

"Vos commissaires vous proposent donc d'accorder à M. Douette-Richardot, la MÉDAILLE, et la lecture du rapport en séance publique ».

Paris le 19 thermidor an XIII.

Signés, CHANLAIRE, rapporteur; CH. DUMONT TATIN, commissaires ».

Nous voudrions être souvent dans le cas de parler de travaux aussi soutenus et aussi recommandables par leur objet.

S. II. Découvertes.

Nouvelle chaudière propre à économiser les combustibles, par M. le comte de RUMFORD.

Si les plantations doivent être encouragées, si le zèle avec lequel quelques personnes se portent à en entreprendre et à augmenter ainsi l'étendue du sol forestier de l'empire, doit être applaudi, les savans qui, à la suite d'expériences nombreuses faites dans le silence, et souvent à grands frais, parviennent à trouver des moyens d'économiser l'emploi des combustibles en général, et particulièrement celui du bois, nous semblent devoir s'assurer aussi des droits à la. reconnoissance publique.

Tout ce qui tend à économiser le combustible, ne peut être étranger à MM. les agens forestiers; journellement consultés sur la possibilité d'établir des usines qui ajouteroient à notre industrie, et à notre commerce, ils ont souvent des raisons de se prononcer contre de pareils établissemens, quelle que soit d'ailleurs leur utilité, parce que les approvisionnemens de la contrée et des usines qui y existent déjà, pourroient se trouver compromis.

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