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digé ce mémoire s'exprimoit ainsi : « Ce mode de << plantation, où il ne s'agira que d'alterner les arbres « dont la maturité arrive à des âges différens, pré<< sentera tout-à-la-fois l'agrément de la variété, et << l'avantage de protéger des espèces plus difficiles, « par des espèces d'une croissance plus active. Il as«<surera à ceux qui viendront après nous, un moyen d'exploitation partielle, qui n'interrompra pas jouissance de la promenade; puisqu'on pourra "couper la moitié de la plantation sans nuire à la << beauté des allées. Aux bois blancs abattus, succé<< deront d'autres espèces dont la reprise ne sera << pas douteuse.

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On proposoit dans ce mémoire de planter les grandes allées transversales du bois de Boulogne, en ormes tortillards entremêlés de blancs de Hollande, et les autres allées aussi en ormes tortillards, entre lesquels devoient être placés des acacias, des platanes, des érables-plane, sycomore et rouge de Virginie, des tilleuls et autres espèces de prompte croissance, selon la nature du terrein. On recommandoit beaucoup le mélange des arbres dont le feuillage est épais, avec ceux dont le feuillage est clair, celui des arbres dont les branches s'étalent avec ceux qui pyramident, enfin le mélange des acacias avec les arbres à larges feuilles, pour former aux premiers des abris contre les coups de vents qui les brisent et les renversent souvent.

Voilà, sans contredit, la théorie des avenues per- . pétuelles bien établie; elle ne diffère de celle de M. Rast-Maupas, que nous allons faire connoître, que par rapport à la manière d'entremêler les espèces d'arbres Il veut que, lors de la première plantation, l'on place deux arbres de prompte croissance dans l'intervalle qui sépare chaque arbre de longue

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durée, et qu'après la coupe de ces deux arbres on plante, dans l'intervalle ou vide qu'ils ont laissé, un seul arbre dont la vie puisse se prolonger longtemps. Cette manière offre, comme il le dit, un avantage pour la réussite des arbres de remplacement, en ce qu'on n'est pas obligé de les planter de suite à la place d'un arbre nouvellement arraché, ce qui d'après les observations des cultivateurs, n'est pas sans inconvénient. Mais aussi la disparution subite de ces deux arbres de suite dans une allée, présente un vide bien grand, et qui produira pendant longtemps un effet désagréable. Cet inconvénient n'auroit pas lieu ou du moins seroit peu sensible, dans le mode qui avoit été proposé pour le bois de Boulogne; puisqu'on n'abattroit à la fois qu'un seul arbre intermédiaire. Il est vrai qu'on retomberoit dans l'autre inconvénient, qui est de planter sur le champ dans la même place qu'occupoit l'arbre arraché. Mais cet inconvénient seroit de peu d'importance, puisqu'on emploieroit de nouvelles espèces et que dans ce cas, on peut compter sur la réussite de la replantation, comme l'a prouvé Duhamel,

Au reste, nous pensons qu'en combinant les observations faites par M. Rast-Maupas avec ce que nous avons rapporté, on pourra en former un système de plantation utile; car le mélange des arbres de durées différentes, dans les plantations des avenues et des grandes routes, offre le triple avantage de doubler au moins le produit de ces sortes de plantations, de produire des effets plus variés et plus pittoresques, et de prévenir la disparution presque simultanée des arbres de toute une route, lorsque ces arbres, d'une espèce unique et d'une durée égale, sont arrivés à l'époque fatale de leur destruction.

Mémoire de M. Rast-Maupas.

« La durée de la vie des végétaux, dit-il, varie comme celle des animaux. Ce fait connu m'avoit fait naître l'idée de profiter de cette diversité d'existence, pour parvenir à former des allées, des avenues, des bordures de grands chemins, qui n'auroient jamais de fin, et que l'on pourroit appeler perpétuelles; elles n'auroient pas, par conséquent, le désagrément qu'on éprouve, lorsque la dégradation des arbres oblige de les abattre pour les remplacer par des nouveaux ; ce qui laisse un vide et une non-jouissance de douze ou quinze ans au moins, temps nécessaire pour leur donner une forme d'arbre; encore à cette époque est-elle bien foible.

Dans la route de Paris à Saint-Denis, il existoit une superbe avenue en grands arbres; apparemment leur vestuté a fait prendre la résolution de les arracher et de les remplacer par une nouvelle plantation: cette nudité m'a frappé; elle est d'autant plus affligeante, que dix ans ne suffiroient pas, non-seulement pour procurer un peu d'ombre aux voyageurs, mais encore pour former une apparence d'avenue.

Cette circonstance m'a suggéré l'envie de communiquer à la Société d'Agriculture de Paris le projet de former des avenues perpétuelles. Les idées les plus simples ne se présentent pas toujours, et restent inconnues pendant plusieurs siècles; on finit par être singulièrement étonné de les voir dans l'oubli pendant un laps de temps si considérable; celleci est dans ce cas, comme on le jugera bientôt.

Projet pour former, en arbres, des allées ou avenues qu'on pourroit nommer PERPÉTUELLES.

« Ce projet consiste à planter en même-temps et à mêler, dans la même plantation, les arbres dont la vie se prolonge beaucoup, avec ceux qui ont un terme d'existence plus court. Pour mieux faire sentir mon idée, qu'il me soit permis de faire une supposition: si on à une avenue à planter, au lieu de mettre la même qualité d'arbres à 5 ou 6 mètres de distance, comme cela se pratique sur les grandes routes, surtout celles qui avoisinent la capitale, je les mettrois à 12 mètres; et, au lieu de l'arbre qui auroit été placé dans l'intervalle, j'en planterois deux; tous deux se trouveroient par conséquent à 4 mètres de distance les uns des autres; les premiers seroient plantés en grands arbres, dont la longue durée est connue. Je la suppose, et pour cette première plantation, seulement de 60 ans, les deux intermédiaires, seroient plantés en arbres d'une vie bornée et d'une prompte croissance; deux qualités qui,pour l'ordinaire, marchent ensemble. Ces deux arbres seroient abattus au bout de trente ans ; c'est à cette époque que ceux plantés pour subsister plus long-temps auroient assez de force pour donner de l'ombre et pour présenter une avenue; surtout si on évitoit la malheureuse et générale habitude de leur couper la tête en les plantant; la privation des deux arbres arrachés n'en détruiroit pas l'effet, une nudité complète n'auroit plus lieu.

<< Dans l'intervalle ou vide que laisse la destruction de ces deux arbres intermédiaires, j'en plante un seul, qui se trouvera à 6 mètres de ceux subsistans, dont la vie peut se prolonger jusqu'à quatre-vingt

dix ans. Lorsque cette seconde plantation aura trente les arbres seront, à leur tour, en état de former une avenue. C'est le moment du les premiers plantés, suivant ma supposition, ont acquis soixante, ans; pour lors, ceux-ci sont abattus, et je remplace ce nouvel intervalle par deux arbres en état d'être coupés à l'âge de trente ans ; arrivés à l'époque de leur destruction, il restera encore, pour former mon avenue, des arbres de soixante ans. Je continue alors de planter l'intervalle, et j'y mets un seul arbre dont la vie peut se prolonger jusqu'à quatre-vingt-dix ans; ceux-ci auront le temps de prendre trente années de force, lorsqu'on voudra exploiter ceux qui avoient été plantés pour quatre-vingt-dix-ans de vie; on remplacera encore ceux-ci par deux arbres à couper à trente ans.

<< Il n'est pas nécessaire de suivre plus long-temps cette supposition et ce calcul; il nous donne déjà une jouissance non-interrompue et qui n'est pas finie de plus de deux cents ans; il suffira de combiner les plantations dans la suite, de manière qu'en abattant les arbres à trente ans d'existence, il en reste toujours qui auront aussi trente ans de plantation

au moins.

« J'ai cru devoir mettre sous les yeux de la société le tableau de dix plantations qui se succéderont, divisées, suivant ma supposition, par trente ans, il donnera une idée précise de mon projet on y verra que l'interruption n'aura jamais lieu, et qu'au moyen de ces renouvellemens trentenaires, on pourra nommer ces avenues perpétuelles.

On y verra encore une observation bien intéressante, c'est que la place, où doivent se planter les nouveaux grands arbres, aura trente ans de repos, celle des moyens restera vide pendant quatre

et que

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