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ployer d'autres espèces, pourvu que leur durée res pective soit dans le même rapport.

Ajoutons enfin que la planche indique, dans un rapport d'échelle convenable, (celui de 1 à 2,000) les diverses dimensions des arbres, suivant leurs espèces et, leur âge; et qu'elle offre dès lors avec exactitude le coup-d'œil que présentera l'avenue à chaque époque trentenaire ou opéreront les abattis déterminés par le projet.

Mémoire sur la naturalisation des arbres forestiers de l'Amérique sepientrionale; par F. A. MICHAUX.

Extrait.

M. Michaux (avant son dernier, voyage en Amérique, qu'il entreprit sur la fin de janvier 1808. et dont il est de retour depuis quelques mois) a donné l'excellent Mémoire dont nous allons rendre compte. Nous aurons le plaisir de remarquer que les promesses faites par ce botaniste forestier, ont eu tout le succès que les circonstances ont pu permettre, et que nos pépinières forestières ont été enrichies par les envois d'un nombre considérable de plants des meilleurs bois de l'Amérique septentrionale.

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Les heureux succès, dit M. Michaux, qui furent le résultat des tentatives de Malesherbes «ét de Duhamel, pour naturaliser en France différentes espèces d'arbres forestiers de l'Amérique "septentrionale, engagerent plusieurs personnes à «<imiter leur exemple; mais ce ne fut véritablement «qu'après la guerre de l'indépendance américaine, que ces sortes de cultures qui n'avoient jus

« qu'alors été considérées que comme objets de pur « agrément, commencèrent à l'être sous le point « de vue d'une utilité réelle. On fut amené à cette «< considération importante, par les informations "successives qu'on reçut des Etats-Unis qui, à « cette époque, se trouvoient en relation directe avec «la France. L'ancien Gouvernement s'étant fait « rendre compte de ces tentatives particulières, ap

précia bientôt l'importance qui pourroit résulter, << pour les constructions civiles et maritimes, de l'in

troduction dans nos forêts, d'un grand nombre « d'arbres exotiques, très-propres à ces différens << usages: il s'occupa donc, dès 1784, de recher«cher les moyens les plus convenables de réaliser « ce projet, et M. le comte d'Angevillers fut «< chargé de l'exécution. On choisit le parc de Ram« bouillet, pour en faire les semis en grand, et ré«partir ensuite les jeunes plants sur les différens

points de la France. Nolin et M. Lezermes « furent chargés de la direction de ces pépinières. « Ce fut avec raison qu'on jugea insuffisante la voie

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du commerce pour se procurer aussi abondam«ment que cela devenoit nécessaire, les graines et «<les plants dont on avoit besoin; d'autant plus que « ce qu'on avoit obtenu jusqu'alors, étoit venu par la voie de l'Angleterre, et coûtoit extrêmement << cher. On se décida donc à envoyer en Amérique une « personne pour faire passer en France ces différens objets. Mon père, qui arrivoit alors de l'Asie, fut chargé de cette mission: il s'embarqua, le 5 août « 1785, pour New-Yorck, où il arriva le rer, octobre "suivant, accompagné d'un garçon jardinier qui lui « avoit été donné par M. Thouin ».

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M. Michaux parle ensuite de la pépinière que son père établit à New-Jersey, pour y élever de jeunes

plants d'une belle venue, qui devoient être envoyes en France la seconde ou troisième année, et de celle qu'il forma en 1788 à Charles Town, dans la Caroline méridionale, et qui depuis est devenue remarquable par la vaste collection d'arbres, d'arbustes et de plantes qu'il y avoit rassemblés. Ce fut le fruit de plus. de soixante voyages dans l'intérieur du continent dont il avoit reconnu la majeure partie des productions végetales, notamment les arbres et arbustes qui croissent dans une étendue de plus de cinq cents myriamètres (mille lieues) de pays.

Des envois considérables furent faits en France pendant cinq années consécutives; mais les objets étoient distribués à des seigneurs, ou à des particuliers, qui en garnissoient leurs maisons de campagne; quelquefois même la moitié de ce que l'on recevoit, passoit en Allemagne pour les jardins de l'empereur d'Autriche; enfin, la plus petite partieétoit envoyée à Rambouillet. C'est à ces causes que M. Michaux attribue le peu de profit qui résulta de ce voyage pour l'utilité générale.

Après cet exposé, il examine les points suivans 1. La réussite en France des arbres forestiers de l'Amérique septentrionale.

2°. Le choix des espèces qui, convenant le mieux à notre climat, fournissent la meilleure qualité de bois.

3o. La marche à suivre pour se procurer les plants. et les graines, et pour les faire parvenir en Franceen bon état.

4°. Les dépenses de cette entreprise.

Sur le premier point, il fait observer que le succès n'est pas douteux; puisque plusieurs domaines, jardins et pépinières en France, contiennent des arbres d'Amérique de très belle venue, qui ne

souffrent nullement de la gelée, et qui poussent avec la même vigueur que dans leur

pays natal. La réussite des graines envoyées par M. Michaux à l'Admininistration, confirment de la manière la plus incontestable ce qu'il disoit alors, et on sera convaincu par le Mémoire que nous nous proposons d'insérer dans un prochain numéro, que la culture des arbres du nord de l'Amérique, obtient dans nos climats le succès le plus complet.

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Quant au choix des espèces, il veut qu'il tombe sur celles reconnues comme fournissant des bois de bonne qualité, et surtout celles qui possédant cet avantage, sont susceptibles, par leur nature, de venir dans des terrains arides ou aquatiques. Il présente ensuite un tableau raisonné des arbres de 25 jusqu'à 100 pieds de hauteur, de l'Amérique septentrionale, et notamment des Etats Unis qu'on pourroit naturaliser en France avec avantage, Ce tableau renferme 90 espèces d'arbres, dont 20 espèces de chênes, 16 de noyers, 7 d'arbres résineux, 15 de peupliers, 3 de bouleaux, 4 d'érables, 3 de frênes, 2 de cyprès, 2 d'ormes, 2 de nissa, 2 de gleditzia ou féviers, 3 de magnolia, 2 de micocouliers, et le reste appartenant à des genres particuliers.. zu De ees go arbres, 50 s'élèvent de 60 a 100 pieds, 57. de 40 à 60 pieds; plus, trois espèces ajoutées, à cause de l'excellente qualité de leur bois, dont la hauteur est de 25 à 40 pieds.

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Les espèces que M. Michaux a fait passer sont, comme on le verra par le Mémoire que nous avons promis, au nombre des plus importantes à multiplier,

Il, indiquoit aussi un moyen facile de guider la préférence à accorder à certains arbres. Ce moyen, qui consistoit à rassembler des échantillons de bois d'Amérique assez gros pour en démontrer les qua

lités particulières, il l'a fourni à l'Administration, en lui rapportant une collection précieuse, qui servira dans tous les temps, à constater la force, la pesanteur et la beauté du bois d'un grand nombre d'arbres d'Amérique. Mais M. Michaux comblera la mesure d'utilité générale dont cette collection est susceptible, en publiant incessamment son travail sur les qualités et les usages des bois qui la composent.

Mais revenons à son mémoire: Il nous fait connoître les arbres dont nous pourrions enrichir nos forêts, sous les différens rapports des parties des Etats-Unis où on les trouve plus généralement, du sol où ils croissent, des qualités et usages de leurs bois, et de l'importance de leur multiplication dans nos climats. Par les détails simples et précis qu'il donne sur ces divers objets, on voit que 40 espèces importantes, dont 10 de chênes, et 8 de noyers, peuvent réussir sur un sol de médiocre qualité, pierreux ou montueux; 24 dans des lieux aquatiques ou très-humides; 18 dans un sol frais et fertile, et 8 dans un sol sablonneux et rocailleux; qué 51 espèces à bois dur sont propres à la charpente, aux constructions maritimes, et au charronage, et que 39 espèces sont à bois léger, dans différens degrés que la première classe des arbres à multiplier est de 36 dont 13 espèces de noyers et 10 espèces de chênes; la seconde de 30; la troisième de 14; et la quatrième de 9.

Il établit ensuite la comparaison des arbres de l'Amérique septentrionale avec ceux que produit la France.

« Suivant un Mémoire de M. Thouin, dit-il, en séré parmi ceux de la Société royale d'Agricul«< culture e 1786, il n'existe en France que 37 « espèces d'arbres qui s'élèvent au-dessus de dix

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