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Il s'occupe ensuite de la classification des arbres à feuilles et résineux. Il donne une nomenclature assez étendue de ces arbres forestiers, établie d'après leur propriété naturelle, leurs divers degrés d'accroissement; et à cet égard, il offre un tableau aussi utile que bien exécuté, dans lequel on peut voir d'un coupd'œil le nom vulgaire et botanique de chaque arbre mentionné dans sa nomenclature, avec l'âge auquel il peut parvenir, celui auquel il a acquis sa croissance, le caractère de ses fleurs, l'époque de sa floraison; les fruits, leur couleur, leurs semences, le temps de leur maturité, l'époque où elles lèvent hors de terre, la nature de leurs racines, la position de leurs boutons et de leurs feuillles, leurs formes, l'écorce des jeunes et vieilles branches, les expositions, et les terrains qui leur sont le plus favorables.

L'auteur fait sentir le besoin qu'ont les employés aux forêts de connoissances - pratiques qui concernent l'arpentage et le mesurage des bois ; et M. Baudrillart fait suivre les leçons que donne M. Burgsdorff, des instructions qu'a répandues notre administration forestière sur les-bois propres aux constructions navales et sur leur martelage.

Le traducteur y a joint le nomenclature et l'explication des termes adoptés pour désigner les principales pièces de construction que peuvent fournir les bois à la marine, et pour faciliter l'intelligence des personnes qui se livrent à cette partie. Il y a vingt-quatre planches qui représentent, dans les arbres, les différentes formes que doivent avoir ces pièces.

On ne lira pas sans intérêt les articles qui ont rapport à la culture, au semis, à l'aménagement des forêts, à leur produit, aux améliorations dont elles sont susceptibles, à leur entretien.

Le traducteur a terminé cet ouvrage par un exposé des délits et des peines relativement à la chasse à la pêche et aux délits forestiers, qu'il a extrait en grande partie de l'excellent ouvrage de M. Dralet, dont j'ai rendu compte dans ce Journal. Il ne pouvoit pas assurément prendre de meilleur guide qu'un ouvrage qui offre d'aussi nombreux matériaux pour la confection du Code forestier dont le besoin fait sentir tous les jours l'insuffisance de l'ordonnance de 1669, concernant les eaux et forêts dont on conservera nécessairement un très-grand nombre de dispositions, qu'on trouve par extrait dans la fin de cet ouvrage.

Il est terminé par une instruction pour l'estimation des forêts. On y trouve des vues très-utiles et faites pour guider les administrations forestières et les grands propriétaires; surtout si on les combine avec celles de Varenne Fenille, dont on apprécie l'expérience et les lumières, à proportion qu'on s'efforce de s'en pénétrer. (Extrait du Moniteur).

N°. 2. l'Observateur Forestier, ou Observations sur l'ordonnance de 1669, comme cause principale du dépérissement des forêts, par M. FANON, propriétaire (1).

Assurément aucun auteur n'avoit encore osé traiter ainsi l'ordonnance de 1669, ce chef-d'œuvre de législation, et lui attribuer la cause de la dégradation des forêts. Mettre un semblable titre à la tête d'un

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(1) Chez MARCHANT, libraire, rue des Grands-Augustins n°. 20; et chez ARTHUS BERTRAND, libraire, rue Hautefeuille, n°. 23.

ouvrage, déprécier ainsi une loi conservatrice du plus précieux domaine de l'état, et provoquer contre elle de dangereuses réclamations, dans un moment où l'on a besoin de toute sa sévérité, c'est un véritable attentat à l'autorité souveraine, qui a ordonné le maintien de cette loi. Il est vrai qu'en généralisant son titre, l'auteur n'avoit pas eu l'intention de condamner toutes les dispositions de l'ordonnance, et que son trait n'a été lancé, dans le cours de son ouvrage, que contre les articles de ce règlement qui concernent les aménagemens. Mais les personnes qui ne liront pas cet ouvrage, et qui n'en verront que le titre, n'en concevront pas moins des préventions défavorables, contre une loi qu'il est si important de faire respecter, et que malheureusement on est déjà trop disposé à éluder. On ne peut donc passer à M. Fanon d'avoir proclamé l'ordonnance de 1669, comme la cause du dépérissement des forêts, et d'avoir produit, sous un semblable titre, un ouvrage qu'il semble adresser au Gouvernement S

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Il s'agit maintenant d'examiner comment il justifiera ce titre scandaleux.

La cause principalé du dépérissement des forêts, edit-il, tient à un vice dans l'exploitation, et plus << particulièrement dans la manière de les aménager, « et ce vice ne paroît pas encore bien connu ».

Celui qu'il indique provient de la disposition de l'ordonnance, qui prescrit, selon lui, « de réserver «la majeure partie des forêts en massifs de fu«tate, sans aucun temps limité pour les cou

per». Voilà comment l'ordonnance est la cause principale du dépérissement de sforêts Voilà com-* ment on lui prêté une disposition qu'elle ne ren

rine pas, et comment, en partant d'une fausse supposition, on fait mille raisonnemens suivis

de conséquences également fausses! car il n'est pas vrai que l'ordonnance prescrive de réserver la majeure partie des bois en futaie; il n'est pas vrai qu'elle soit un obstacle à ce qu'on' coupe les futaies, lorsque les arbres sont parvenus à leur maturité. Donc, sous ce rapport comme sous aucun il n'est pas exact de dire qu'elle soit la cause du dépérissement des forêts, ni de la perte d'une grande partie de leurs produits.

autre,

L'ordonnance de 1669 veut que l'on réserve un nombre déterminé de baliveaux par arpent de futaie et par arpent de taillis, mais nulle part elle ne prescrit de faire des futaies pleines, que dans les bois des communautés de religieux et d'habitans; encore n'est-ce pas la majeure partie des bois de ces communautés qu'elle ordonne de mettre en réserve; elle ne demande la réserve que du quart de ces bois, et l'on ne peut qu'applaudir à la sagesse de cette disposition, qui a pour but de fournir des bois de construction pour les maisons, et d'assurer des secours en cas d'incendie et autres accidens extraordinaires. On doit souhaiter le maintien d'un usage aussi utile, et celui des articles de l'ordonnance qui défendent d'abattre le quart en réserve, sans l'autorisation du gouvernement. C'est aux agens forestiers à juger de l'âge auquel les coupes en devront être faites.

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M. Fanon entre ensuite dans le détail des inconvéniens attachés au systême des futaies en massif; il dit qu'elles ne sont pas coupées en temps utile qu'on laisse pourrir les arbres sur pied; que ces futaies ne croissent plus quand elles sont exposées à l'air; que les arbres cèdent aux efforts des vents, à cause de la foiblesse de leur tige, relativement à leur hauteur, et contractent ainsi une courbure qui

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read les couches ligneuses excentriques d'un côté, et occasionne par conséquent la rareté des pièces de longueur; car, en supposant, dit-il, un chêne << de 80 pieds de hauteur, si l'excentricité de ses «<couches commence à 20 ou 25 pieds, on est forcé «de le scier à cette longueur, pour tâcher de retrouver une seconde ligne droite, au bout de laquelle il faut encore faire la même opération; de sorte que les plus grands arbres ne fournissent «que de courtes pièces. >>

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Ce reproche pourquoi ne pas l'appliquer bien mieux aux futaies sur taillis, qui sont continuellement balottées par les vents; et certes, il n'est pas fondé en parlant des futaies en massif; car ce mode d'aménagement est présenté comme le plus propre à favoriser la haute crue des arbres.

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D'après ce premier aperçu, continue M. Fanon, « on ne peut disconvenir qu'il eût été difficile, pour «<les auteurs du projet des futaies en massif, de << trouver un moyen plus directement opposé au but

qu'ils se proposoient. Je ne calculerai point ici la <<< perte des revenus annuels dont ce genre d'exploi«tation a privé l'Etat depuis plus d'un siècle, ni « celle que l'immensité des parties de nos plus << belles forêts, devenues stériles par ce désastreux « système, doit lui causer encore; le Gouvernement << en connoît bien l'étendue ».

Ce n'est point à l'ordonnance qu'il faut attribuer le vice des exploitations, c'est à l'insouciance de quelques anciennes maitrises qui ont négligé l'amé nagement des forêts. On se ressentira encore long temps de cette négligence funeste, attestée par l'état de dépérissement de nos plus importantes forêts, où il s'en fait des coupes à des époques trop éloignées et de manière à faire manquer une partie du recru.

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