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HISTOIRE

DE LA CONQUETE DE LA CHINE

PAR LES

TARTARES MANCHE OUX.

LIVRE CINQUIEME.

ES Mancheoux fe voyoient maîtres de la Chine; mais tout leur faifoit fentir qu'ils n'y étoient pas fans ennemis. Le plus puiffant & le plus dangereux, étoit le Corfaire Chinchikong, qui avoit fans aucune conteftation 1 Empire de la Mer.

Au commencement de cette andevenu née (1652) ce Marin plus hardi que jamais depuis la

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Chin

Fon

mort du Prince Néchingouang, fit une defcente dans le Foukien, qui eut de très-grandes fuites. Non content de ravager la côte à fon ordinaire, il voulut affiéger dans les formes la Ville de Hayton- Def ching, (16) réfolu de ne rien ou- cente de blier pour s'en rendre maître à chikog quelque prix que ce fût. Les Man- dans le cheoux accoururent au fecours kien, de cette Place de tous les coins où il bat les Tarde la Province, & formèrent une tares & bonne armée, qui s'avança con- prend tre les Pirates avec toute la con- ching. Haytonfiance de gens accoutumés à vaincre. Le Général Tartare ne doutoit pas qu'en ufant de diligence, il ne vînt à bout de furprendre Chinchikong, & de le forcer dans fon camp. Mais cet ennemi étoit trop alerte, pour pouvoir être aifément furpris. Informé de la marche des Mancheoux, il alla au devant d'eux, les attaqua brufquement, & leur tua autour de

(16) Haytonching, latitude, & au 137 d. petite Ville du Fou- so m. 20f. de longikien fur la mer au 25 d. 39 m. 24 f. de

tude.

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fept mille hommes: le refte prit lâchement la fuite & fe diffipa. Revenu au fiége, le Vainqueur fit de nouveaux efforts pour le terminer à fon avantage, & il y réuffit par un affaut. Tout ce qui se trouva en armes dans Haytonching, fut paffé au fil de l'épée : mais les Bourgeois ne fouffrirent aucun mal.

Les Tartares du Foukien fe cantonnèrent alors en différens poftes, où ils attendirent tranquillement une nouvelle armée qui les mît en état de prendre leur revanche fur un ennemi qui ne s'endormoit pas. Chinchikong fe voyant maître de la campagne, rançonna effectivement plufieurs Villes qui fe trouvoient fans défense; outre un grand nombre de Bourgs & de Villages qui furent foumis à de groffes contributions, en argent, en grains ou en beftiaux. Le butin qui fe fit en cette occafion ne pouvoit être plus confidérable, & on fe hâta de le tranf porter fur les vaiffeaux.

que

Au bout de quatre à cinq mois le Corfaire ayant réuni tout fon monde aux environs de Haytonching vint avec fes meilleures troupes mettre le fiége devant Changcheou. (17) Cette Place avoit été notablement renforcée & bien munie durant le temps les Pirates s'amufoient à courir la Province: auffi fit-elle une très-belle défenfe. Déjà le fiége traînoit en longueur; & une nombreuse armée de Tartares s'avançoit à grandes journées pour obliger les affiégeans à le lever. Ils le levèrent en effet; mais quelque diligence que fit Chinchikong, les Mancheoux arrivérent encore à temps, donner fur fon arrière - garde, qu'ils pourfuivirent avec chaleur

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31 m. 12 f. de latitu de, & au 135 d. 40 m. de longitude. Affez près de cette Ville eft l'ifle d'Emoui, ou Amoui, fi connue des Navigateurs Européens.

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jusqu'auprès de Haytonching Le mal cependant n'eût pas été faite des grand pour les Corfaires fi le Corfai- Général Tartare s'en fût tenu là. lesMan- Comme il avoit réfolu de délivrer cheoux entièrement la Province de ces prenent brigands, (ainfi les appelloit-on à Haytoching. la Cour) il voulut pouffer fa pointe jufqu'au bout, en ufant néanmoins d'adreffe pour les engager à une bataille. Il mit une partie de fes troupes en embuscade fur la route de Haytonching, & avec un médiocre détachement il alla infulter l'ennemi qui étoit campé fous le canon de la Place. Chinchikong reçut les Tartares à fa manière c'est-à-dire très-bien : il les pouffa même, & les fit reculer. Ceux-ci reculèrent fans façon & en bon ordre jufqu'au-delà de l'embufcade là fe fit un changement de fcéne, auquel les Pirates ne s'attendoient pas. Ceux qui fuyoient s'arrêtèrent, pour fe tourner contre les troupes qui les pourfuivoient; & les Mancheoux de l'embufcade les prenant au même temps

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