ment Cruel ron quatre mille prifonniers, qu'il traite- avoit faits fur les vaiffeaux dont il fait aux s'étoit faifi. Après une petite reprison- montrance fur le tort qu'avoient parChi- les Mancheoux de vouloir ufurper chikōg. l'Empire, & de retenir à Pekin niers fon pere Chinchilong, il déclara à ces malheureux qu'ils auroient la vie fauve & une liberté entière de s'en retourner chacun chez foi: Cependant, ajoûta-t-il, ce fera à condition que vous voudrez bien vous charger de porter mes plaintes à votre Maître. Peut-être feriez-vous tentés d'oublier ma commiffion; mais voici un gage de ma part, qui fûrement vous en fera fouvenir. A ces mots on faifit ces pauvres gens, & leur ayant coupé le nez & les oreilles, on alla les expofer ce jour-là même fur une des côtes du Foukien. Cet indigne traitement exécuté, le Corfaire ne laiffa pas de réfléchir fur la qualité de l'infulte qu'il venoit de faire à l'Empereur, & fur la grande puiffance de ce Prinse. Il vit bien que le Monarque outragé outragé ne tarderoit pas à vouloir fe venger avec éclat ; que la Cour de Pekin feroit infailliblement tous fes efforts pour armer une & plufieurs flottes qui viendroient le relancer dans fon ifle ; & qu'ainfi le meilleur parti qu'il eût à prendre ; étoit de s'éloigner au plutôt, & de difparoître pour un temps, allant chercher ailleurs un établiffement plus folide. Tout bien examiné, il s'attacha à l'ifle de Tayvan, fi connue parmi nous blir das fous le nom de Formofe, dont une Formo partie étoit occupée alors par les fe. Hongmao-Laolanfi. (22) Nous. font communément ces (22) Hongmao en chinois fignifie poil roux ou blond; & c'eft Fefpèce de fobriquet qu'on donne à la Chine aux Laolanfi, & aux Ynkeli, c'est-àdire aux Hollandois & aux Anglois. On voit bien que cette aux François, on les dénomination peut guéres tomber fur nos François, & qu'elle convient encore moins aux Portugais & aux Efpagnols. Ces derniers Tome II. ne nomme tout fimple- Chin chikōg va s'éta l'iЛle de Con barbare Pekin à verrons en un autre endroit quel fut le fuccès de fon entreprise, & ce fera en parlant d'une guerre civile, où le fils de Chinchikong eut beaucoup de part. On peut bien penfer que l'Empereur & fes Miniftres reffentirent vivement la perte qu'ils venoient de faire d'une flotte confidérable, qui leur avoit coûté tout à la fois bien de la dépense & bien des foins. Mais à quoi nul homme fenfé ne pouvoit s'attendre, c'eft que les quatre mille prifonniers dans l'état pitoyable où ils étoient réduits, fe verroient encore les victimes de la mauvaise humeur de la Cour. que Dès que le Prince & les Manduite darins du Foukien eurent reçu à de la terre cette infortunée troupe de Cour de matelots & de foldats mutilés, ils l'égard fe hâtèrent de les faire partir pour des pri- Pekin, perfuadés que la vue de renvo- ces miférables, en excitant la comyés par paffion des Miniftres, les engage foniers Chin chikōg. totalement inconnue dans la langue de ce vaste Empire. roit à tirer au plutôt vengeance La ce de fe révol Il faut avouer que cette mauvaife humeur des Miniftres Impé- Provin riaux avoit bien des motifs d'écla- Koueitter jufqu'à un certain point. La cheou Province de Koueitcheou venoit te en fatout récemment de fe révolter en veur du Prince faveur du Prince de Kouei & ce qui allarmoit encore plus l'Em- ei. de Kou pereur & les Grands de fa Cour, c'eft que le brave Oufankouei, réfidant alors dans le Yunnan avoit part, difoit-on, à cette révolte. Ce foupçon n'étoit cependant fondé que fur l'inaction de ce Prince Feudataire ; c'eft-à-dire fur ; ce qu'il n'avoit pas empêché la rébellion du Koueitcheou, fe trouvant fi près de cette Province. On va voir bientôt que ce grand Vaffal de l'Empire ne méritoit pas d'être foupçonné. Deux Généraux Chinois mécontens de la Cour, étoient les vrais Auteurs de la conjuration dont il s'agit. Leurs troupes une fois gagnées, ils levèrent le mafque, & firent déclarer tout le Koueitcheou pour le Prince refugié au Royaume d'Ava. Ce Monarque Ming fut bientôt averti de ce qu'on faifoit en fa faveur à la Chine; & comme il avoit déjà une petite armée de Chinois, que l'attachement à leur chevelure bien plus que le zéle pour fa perfonne, avoit fait fortir de leur |