Page images
PDF
EPUB

1

Avant J. G

elle regnera fur eux fans violence. Votre aieul Vou-ti étendit fes conquêtes jufqu'à la mer Cafpienne; mais pour des terres fteriles qu'il acquit & qu'il eft fi difficile de conferver, cet Empereur ruina fes finances, & diminua confidérablement le nombre de fes fujets

[ocr errors]

Cette morale eut fon effet. Ping-ki,
Duc ou Gouverneur de toute la frontière
de l'occident, agiffant felon ces princi-
pes, engagea plus de trente petits Souve-
rains barbares à fe rendre Tributaires de
l'Empereur; & l'on vit un puiffant Roi
de Tartarie venir de fon plein gré, fuivi
d'un nombreux cortége reconnoître
Suen-ti pour fon Seigneur. Ce fut à l'oc-
cafion de cet événement qu'il s'éleva une
grande conteftation dans le Confeil.
Princes & Miniftres, tous opinèrent d'a-
bord que le Roi Tartare ne devoit pren-
dre féance à la Cour qu'après les Princes
du fang. L'Empereur ne goûtant pas cet
avis, plufieurs l'abandonnèrent; & leur
fentiment fut qu'on devoit placer ce Mo-
parque étranger immédiatement après
le Prince héritier.. Mais le Préfident du
Tribunal des Rites ayant été mandé, il
"fit obferver que ce n'étoit pas ici un
Vaffal ordinaire, ni un Prince, que la
» force ou le befoin euffent conduit aux
"pieds du thrône impérial; que c'étoit
"un Souverain indépendant, attiré par
» la feule réputation de Sa Majesté, qui
» venoit rendre hommage, moins à fa
puiffance, qu'à fes vertus; qu'il falloit
"donc recevoir ce Tartare d'une maniè
» re digne de lui, le combler d'honneurs,
»& lui donner rang au-deffus même du
"Prince héritier. Tout le Confeil entra
dans ces raifons; & il fut réfolu de s'y
conformer.

دو

[ocr errors]

Avant J. C.

Il en coûta bien plus au Monarque pour fuivre l'avis du grand Cenfeur de l'Empire dans l'occafion que voici. Il s'étoit élevé de grands troubles dans un desRoyaumes de l'occident, Tributaires de la Chine; & l'Empereur y avoit envoyé un Mandarin de confiance, nommé Foufong. Cet homme également vif & habile, trouva le pays dans un affreux défordre le légitime Prince avoit été tué, & le meurtrier devenu ufurpateur de l'Etat, refufoit hautement de reconnoître l'autorité impériale. Fou fong ne délibéra pas long-temps; il raffemble à la hâte quelques troupes des Etats voifins, marche contre le rebelle, le bat, le prend, & lui fait auffi tôt trancher la tête. Il employa le refte de l'année à pacifier toute cette frontière, & à mettre la Principauté conquife fur le pied des Provinces Chinoifes. Ayant repris enfuite le chemin de la Cour, il s'y rendit, bien perfuadé qu'on alloit le recompenfer d'une façon diftinguée. L'Empereur y étoit tout difpofé, & les Miniftres entroient fans peine dans les vues du Souverain. Mais il n'en fut pas ainfi du premier Cenfeur de l'Empire. Il foutint que Fou-fong ayant agi fans ordre dans cette levée de bouclier, il avoit donné un exemple pernicieux, qui méritoit d'être puni. Cependant, ajoûta t-il, comme il a réuffi dans fon entreprife, mon avis eft qu'on le laisse vivre, après l'avoir dépouillé de tous fes: emplois. Le Confeil revint à cet avis, & l'Empereur fut obligé d'y foufcrire.

Le bon caractère de ce Prince parut dès la première ou feconde année de fon régne par le trait que nous allons rap porter. Une efclave de fa mere lui mar

Avant J. C.

qua un jour fon étonnement fur ce qu'ayant autant de pouvoir qu'il en avoit, & le cœur fi bien placé, il laiffoit néanmoins fans recompenfe le Geolier des prifons du palais. Hé qu'a donc fait pour moi ce Geolier? lui dit l'Empereur. Ce qu'il a fait, repart cette femme; apprenez-le, Seigneur, puifque vous l'ignorez. Hélas, vous n'aviez encore que deux ans, -lorfque le Prince héritier votre pere, fut obligé de prendre la fuite. Transporté de colère, votre aïeul Vou-ti vous fit d'abord chercher par-tout ; & tant de gens de la fecte des génies vouloient votre mort, que nous défefpérions de vous fauver. Le bon it Geolier Ping ki fçut notre embarras, accourt dans votre appartement, & nous promet de vous mettre en fûreté. Nous nous flames à lui, Seigneur; & effectivement il vous cacha fi bien, qu'au un des ennemis de votre pere ne put venir à bout de vous découvrir. C'est lui aussi qui vous a nourri à fes dépens durant votre en ance, avant que votre oncle Tchao-ti eût pourvu à tous vos befoins. Ah, que m'apprends-tu là, s'écria le Monarque? Quoi, j'ai pu ignorer jusqu'à présent unfi grand fervice? Cet homme eft un prodige de modeftie: il aime bien plus ma perfonne que mes bienfaits. Qu'on me l'amène à l'heure même: tu verras fi je fuis ingrat. l'ing-ki parut auffi-tôt. L'Empereur l'embrafla avec bonté, l'appella fon cher pere, & le fit Duc. C'eft ce Ping-ki, dont nous avons déjà parlé, qui acquit à l'Empire tant de Vaffaux, & qui devint enfuite premier Miniftre. HIRCAN, fecond du nom Roi des Juifs

69.

Avant J. C.

[merged small][ocr errors]

Cet habile Romain, après avoir ruiné
le parti de Mithridate par une fage len-
teur détruifit la puiffance de Tigrane
par la rapidité de les opérations mili-
taires. Lucullus fut tout Romain en
Afie, & tout Asiatique à Rome: telle
eft inconftance des vertus purement
humaines.

POMPÉE fe rend maître du Tem-
ple de Jérufalem, après trois mois
de fiége
Naiffance d'Octave, petit neveu
de Jules-Céfar

Ciceron étouffe la conjuration de
Catilina

Triumvirat de Céfar, de Pompée & de Craffus

Tite-Live naît

Victoire de Céfar fur les Suiffes.

69.

637

60%

des

58%

Commencement de la conquête des

[merged small][ocr errors][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small]

Avant J. C.

Jules-Cefar, vainqueur à Pharfale. YUEN-TI, centiéme Empereur de la Chine, le huitiéme de la cinquiéme Dynastie

La grande faute que fit ce Prince, fut d'employer des gens fans expérience, & fur-tout de miférables Eunuques, dont le crédit ne ceffa point d'être funefte aux hommes de mérite. Un Roi Tartare foupçonné d'avoir fait périr trois. Envoyés Chinois, raffembloit des troupes de tous côtés, & achevoit de bâtir la feule Ville qu'il y eût alors dans la Tartarie. L'Empereur qui vit bien où ce dangereux voifin en vouloit venir erut devoir faire un dernier effort, pour lui infpirer des fentimens de paix. Il lui i envoya une ambaffade dans les formes, avec ordre de lui demander raifon de fa conduite, en prenant néanmoins un ton modéré, autant que le fujet pouvoit le permettre. Mais cette modération fut à pure perte. Le Tartare répondit fièrement: » qu'il n'avoit aucun compte à rendre à l'Empereur de la Chine; & "que fes deffeins devant éclater bientôt, la curiofité des Chinois auroit tout lieu d'être fatisfaite.

Une réponse fi fuperbe mit l'allarme dans la Cour, vù l'impreffion de timidité qui affectoit alors les Miniftres. Ils délibéroient avec chaleur fur les moyens de réfifter aux Tartares, lorfque Tchingtang, Gouverneur de la Frontière Chinoife, indigné, difoit-il, de l'infolence de ces Barbares, entra brufquement dans leur pays, furprit leur camp, & fe rendit maître de leur nouvelle Ville, qu'il ruina auffi-tôt de fond en comble,

48.

« PreviousContinue »