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le premier avis: difant que l'armée tartare étoit fûrement en pleine marche, & qu'en fort peu de temps Mort on la verroit paroître. Alors Chande Cha- hienchong transporté de colère fit chong. faifir ces meffagers trompeurs ▸

hien

ainfi les qualifioit-il, en les accablant d'injures, & en jurant de les faire pendre à fon retour. Il monte cependant à cheval, vêtu comme il étoit fans cuiraffe, & n'ayant pour armes qu'une lance. Déjà il fe trouvoit bien loin du camp, lorfqu'il fut reconnu par le Capitaine des déferteurs, qui le montrant au Général Mancheou, s'écria tout haut: voilà le Tyran, c'est lui-même. . . .. A ce cri un des archers bande fon arc, & courant à bride abbattue au devant de

il lui décoche

Chanhienchong
une fléche qui le perce au cœur
& le fait tomber mort aux pieds
du cheval.

Plufieurs de fes Officiers qui s'étoient hâtés de le fuivre, ne l'eurent pas plutôt vu étendu à terre, qu'ils s'enfuirent tous pré

cipitamment; ne doutant pas qu'il n'y eût là au moins cent mille Tartares qui alloient bientôt les accabler. Cette idée en très-peu de temps fut celle de toute l'armée. Ainfi chacun de ces bandits penfa efficacement à fe garantir du danger les uns firent offrir leur fervice aux Mancheoux, qui l'acceptèrent; d'autres fe retirèrent dans le Yunnan, où ils formèrent un gros parti, & la Province de Séchuen fe trouva par-là même entièrement foumife. Il fallut bien des années pour repeupler cet in-. fortuné pays, mais enfin on en vint à bout.

"

Fra

bliffe

ment

de Pe

Malgré ces fuccès, le Confeil de Régence n'en fentit pas moins la difficulté qu'il y auroit à ache- fait par ver promptement la conquête d'un la Cour fi vafte Empire. On propofa di- kin de vers expédiens pour hâter la con- quatre fommation de ce grand ouvrage, Feuda& après bien des délibérations, on s'arrêta à celui que nous allons dire. Il fut réfolu de combiner tellement enfemble les forces tartares

Princes

taires.

avec celles des Chinois fidéles qu'il en réfultât un moyen fûr d'arracher non feulement au Prince de Kouei fes quatre Provinces, mais de maintenir les autres dans le devoir. Cette combinaison confifta principalement à donner en fief à quelques-uns des plus grands Seigneurs de la Chine les quatre Provinces du Prince de Kouei fçavoir le Koantong, le Koangfi le Yunnan, & le Koueitcheou; avec ces autres trois, le Foukien, le Kiangfi, & le Houkoang. Le célébre Oufankouei, dont il paroît bien étonnant que l'Hiftoire n'ait pas dit un mot depuis fa dernière victoire fur Lyftching, eut pour fa part le Yunnan, & la moitié du Koueitcheou. On créa pour les autres Provinces trois nouveaux Feudataires, parmi lefquels étoit Kongionté reconnu dans toute la Chine pour un des vrais defcendans de Confucius. (11)`

(ir) Konfutfé, ou, comme on l'appelle en Europe, Confu- grands

ment

cius a été certaineun des plus Philofophes Son

Son titre étoit celui de Prince de

Tingnanouang.

que la Providence air fait naître dans la gentilité. Il vint au monde dans la Principauté de Lou, qui eft la Province, nommée aujourd'hui Chantong, l'an 550 avant l'Ere Chrétienne; & il mourut âgé de foixante & douze ans. Pour que le lecteur puiffe le former une affez jufte idée de ce grand homme, il fuffira de toucher ici quelque chofe des Occupations de Confucius durant la vie, de fes maximes fondamentales, de l'oppofition qu'il eut à effuyer, & enfin de la vénération toute fingulière qu'ont pour fui les Chinois, depuis plus de vingtcinq fiécles.

Les occupations de Confucius furent diverfes Intendances; l'emploi de premier Miniftre du Roi ou Prince de Lou; la révifion des trois premiers livres canoniques: Iking, Chiking, Chu-king; la Tome II.

compofition du qua triéme qui eft le Tchun-tfiou; les admirables leçons qu'il donna à fes difciples; & fes fréquentes courfes dans les différens Etats qui partageoient alors la Chi ne, toujours pour y répandre une faine morale.

fans

Rien de plus fimple que fes maximes: un Officier du Prince de Song leva le fabre fur lui pour le tuer; & Confucius rien perdre de fa tranquillité, fe contenta de parer le coup. Ses difciples paroiffant étonnés de fon fang froid, il leur répondit: j'ai fait tout ce que je devois faire fi le Tien s'intéresse à ma vie, il fera le refte; & je m'en repose fur lui. Le Prince de Ti lui ayant demandé avec emphase, en quoi il faifoit confifter le bon gouvernement, Confucius repartit auffi tôt: en ce que le maître foir maître; le sujet, sujet, D

Ces grands Vaffaux devoient payer à l'Empereur un tribut an-.

le pere, pere; le fils, fils. Durant fon mi niftère il fe vit obligé de faire mourir aflez promptement un ef prit brouillon de la Cour de Lou, nommé Chaotchingmao; ce qui furprit beaucoup fes difciples qui connoiffoient toute la douceur de fon caractère. Mais il leur dit: Un voleur de grand chemin eft fous vent moins coupable que cing fortes de perJonnes que je vais vous nommer, & qui font 1. un cœur fourbe; 2. un homme d'intrigues qui feme cu qui entretien des zizanies à la Cour; 3. un menteur de profeffion, qui fe fait un jeu d'abufer de la crédulité des fimples; 4. un médifant qui n'épargne perfonne,pourvu qu'il croie amufer ceux qui l'écoutent; 5. un méchant par réfléxion qui fe complait dans les traits malins de fa vie. Or Chaotchingmao réuniffoit tous ces vices. Pouvois-je le

laiffer vivre plus longtemps?

,

Le bon ordre que Confucius avoit mis dans la Principauté de Lou, allarma étrangement les autres Princes du voifinage Ils craignirent de fuccomber tôt ou tard fous une puiffance fi bien établie & qui alloit tous les jours en augmentant: mais le Prince de Tfi fe chargea de diffiper leurs allarmes. Sa Cour étoit le rendez-vous de toutes les chanteufes des environs; il choifit les plus habiles, & en fit présent au Prince de Lou. Ces petites filles captiverent bientôt fon cœr f & s'emparerent tellement de fon efprir, qu'il ne faifoit plus rien que de leur aveu. Le Miniftre Philofophe aves fes leçons de morale, fut trouvé ridicule & importun; on le congédia. Sa retraite au pays de Tlay ne lui valut que des affronts: grands

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