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yen sacrifiant un peu de ténacité pour augmenter la densité, ce qui est avantageux pour les petites pièces.

Le meilleur moyen serait de faire l'alliage de toutes pièces; mais si par la faculté de se procurer de la mitraille pendante, on : veut l'employer, il faut la fondre en lingots, dont on détermine la nature, et y ajouter ce qui manque pour la porter au titre. Pour appliquer l'or sur le bronze, il faut d'abord le combiner au mercure. On emploie habituellement l'or appelé fin, mais dont le titre n'est souvent que de 995 à 998/1000. Quelquefois on emploie l'or de ducats à 976 ou 983/1000; mais cela offie beaucoup de difficultés.

L'or tenant beaucoup d'argent donnerait un ton vert; et la présence du cuivre, en grande proportion, rend l'or très difficilement soluble dans le mercure, et procure un amalgame grenu, s'étendant mal sur le bronze, et donnant une teinte rougeâtre désagréable.

L'or est réduit en feuilles au moyen du battage, afin qu'il soit plus facilement soluble dans le mercure: celui-ci doit être pur; pour cela il faut qu'il ne fasse pas la queue et ne laisse aucun résidu sur la peau de chamois dans laquelle on le passe. Si, après l'y avoir fait passer à plusieurs reprises, il renfermait encore des substances étrangères, il serait nécessaire de le distiller. V. MERCURE. Pour préparer l'amalgame, on chauffe un creuset dans lequel on introduit une partie d'or, et quelques instants après on Y verse 8 parties environ de mercure, on agite avec une tige de fer'; et après l'avoir laissé chauffer quelques instants, on le verse dans l'eau, on le lave avec soin, et on le comprime avec les denx pouces contre les parois de la terrine : l'amalgame est alors pâteux ; on le conserve dans un vase à l'abri de la poussière; il renferme environ 9 à 11 d'or et 91 à 89 de mercure. Le mercure que l'on trouve au fond de la terrine contient de l'or on s'en sert pour faire un nouvel amalgame.

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Lorsqu'on opère cette combinaison, il se dégage toujours des vapeurs de mercure, dangereuses non-seulement pour la respiration, mais même pour l'absorption par la peau : on les évite en la faisant sous la forge que nous décrirons plus loin; et pour éviter le contact du mercure avec les mains, il faudrait que l'ouvrier portât des gants de peau, de vessie ou de taffetas ciré;

mais, en supposant l'absence de ces précautions, qu'il lavât soigneusement ses mains après avoir terminé ce travail.

Si on se contentait d'appliquer à la surface du bronze l'amalgame préparé comme nous l'avons indiqué, la dorure s'opérerait mal; il faut imprégner la pièce avec de l'acide nitrique ou avec une dissolution de nitrate de mercure. Il est important que l'acide employé ne contienne ni acide hydrochlorique ni acide sulfurique. On le purifie de la manière suivante : après l'avoir introduit dans une cornue, on le fait bouillir vivement, jusqu'à ce que l'acide qui passe puisse dissoudre le mercure sans donner de résidu, et on change le récipient; puis on recueille à part l'acide qui passe ensuite à une douce chaleur, en distillant aux 45 ; le résidu de la cornue et le premier acide distillé sont mêlés pour servir au dérochage du bronze; l'acide pur doit être conservé dans des flacons bouchés à l'émeri.

Si l'on employait, au contraire, de l'acide nitrique du commerce, il se précipiterait du chlorure et du sulfate de mercure qui offriraient deux inconvénients, en rendant la liqueur trouble et en eulevant une portion considérable du mercure en pure perte.

Ceut grammes d'acide nitrique pur à 36° peuvent dissoudre, à froid, 100 grammes de mercure; mais la liqueur donnerait beaucoup de cristaux par le refroidissement : on ne doit donc emplover que 110 grammes de métal. La dissolution peut s'operer de la manière suivante : on réunit dans une fiole les quanuites d'acide et de mercure indiquées, et quand la dissolution est operee, oa la verse dans une bouteille propre, en y ajoutant 36. 300 ou 3 lit. 3 d'eau distillée : ou bien ou met 5k.500 d'eau dans une bouteille de six à sept litres, et on marque sur le col la hauteur à laquelle le liquide s'élève. On mesure de même 100 grammes d'acide nitrique pur dans une fiole pouvant en renfermer 1 10 environ, et on en marque la hauteur: par ce moveu ou n'a plus que des mesures à faire pour obtenir sa dissolucion. La grande bouteille étant vidée, on y verse le mercure o l'icide, et quand la dissolution est opérée, on y ajoute les it 100 d'eau.

Les pièces destinees à la dorure doivent d'abord être recuites, sod sa ies charbons, soit, mieux, dans des mottes qui donnent

une chaleur moindre, mais plus égale, il importe que toutes les parties, malgré leur différence d'épaisseur, soient bien uniformément chauffées, et, pour cela, il est bon d'opérer dans un lieu obscur; lorsque la pièce est assez chaude, on fait tomber le feu qui est autour, et on l'enlève avec un crochet, une tringle ou une pince, et on la fait refroidir lentement à l'air. Pendant que la pièce est au rouge, il se forme à la surface, de l'oxyde de cuivre et de zinc qui produisent des vapeurs nuisibles. Outre l'action de nettoyage, qui est le but ordinaire de l'opération, M. D'Arcet pense que l'on ramène les couches extérieures à l'état de cuivre rouge par la volatilisation d'une grande quantité de zinc; ce qui doit avoir une influence sur les opérations suivantes.

SECONDE

Dérochage. Quand la pièce est refroidie, on la déroche en la plongeant dans un baquet renfermant de l'acide nitrique ou sulfurique, très étendus d'eau, connus sous le nom d'eau sec et quand la surface est bien nettoyée, on lave et on sèche dans du son la surface est alors irisée; on plonge la pièce dans de l'acide nitrique à 36°, et on la frotte avec un pinceau à longs poils dans une terrine; enfin, pour lui donner tout l'éclat possible, on la passe dans une nouvelle quantité du même acide au même degré, auquel on ajoute un peu de suie ou de sel marin; le bronze doit alors être partout d'un beau jaune pâle et légèrement grenu.

L'acide sulfurique est préférable pour la première opération. Il conserve mieux le fini des pièces, et son prix est moins élevé; mais il ne peut servir pour les dernières. L'acide hydrochlorique pourrait être employé avec beaucoup d'avantage. Quand on fait usage d'acide nitrique, il faut opérer sous un manteau de cheminée ventilé.

Dorure. La pièce bien dérochée doit être immédiatement lávée et polie ensuite avec soin. On la place dans une terrine de terre non vernissée, et on la frotte avec un pinceau en fil de laiton ou gratte-bosse, trempé dans l'acide nitrique peu étendu d'eau, ou mieux dans la dissolution de nitrate de mercure, et on enlève avec le même instrument un peu d'amalgame que l'on étend sur toute la surface, en renouvelant à plusieurs fois, s'il le faut, l'emploi de l'acide ou de la dissolution et celui

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de l'amalgame; et on lave la pièce, puis on la fait sécher, et on la chauffe ensuite assez fortement pour volatiliser le mercure, comme nous allons le dire.

Dans l'opération dont nous venons de parler, les mains de l'ouvrier se trouvent en contact avec de la dissolution mercurielle et l'amalgame, et il se dégage des vapeurs d'acide hyponitrique très nuisibles. Pour éviter l'action des uns et des autres, l'ouvrier doit travailler avec des gants de vessie ou de taffetas ciré; et s'il ne pouvait les employer que pour garantir les mains et une partie des doigts, afin d'en avoir les extrémités libres, il faudrait qu'il se lavât avec soin, avant de manger, avec de l'eau chaude et un peu de savon.

la

Au lieu de vases en terre couverts d'un vernis à l'oxyde de plomb, qui sont d'abord mauvais pour placer l'amalgame, parce qu'ils sont lisses, et qui ne deviennent bons que quand ils perdent leurs couvertes, mais qui en même temps que terre poreuse se trouve mise à nu, permettent à la liqueur mercurielle de la pénétrer, les doreurs devraient se servir de vases en terre cuite ou grès.

Si le lavage de la pièce qui vient d'être gratte-bossée n'était opéré avec assez de soins, ou que l'on employât long-temps la même eau, comme le font beaucoup d'ouvriers, il resterait à la surface une certaine quantité de nitrate de cuivre provenant de l'action, sur ce métal, de la dissolution mercurielle; et en chauffant il déposerait sur l'or de l'oxyde qui le tacherait, ou du cuivre qui en changerait le titre.

Pour chasser le mercure de l'amalgame appliqué sur la pièce, le doreur la porte, au moyen de pièces convenables, au-dessus d'un feu de charbon, et la plaçant dans la main gauche garnie d'un gant épais, il la frappe avec une brosse à longs poils pour répartir bien également l'amalgame, et il recommence la même opération jusqu'à ce que le mercure soit entièrement volatilisé, ce qu'il reconnaît au bruit que produit une goutte d'eau qu'il jette dessus et au temps nécessaire pour la volatiliser.

Si on chauffait brusquement la pièce, il se ferait une perte, parce que l'amalgame se liquéfierait, et que la brosse en enlèverait une partie.

On repasse ensuite les parties défectueuses en y portant de

nouveau de l'amalgame, et quelquefois on en enduit en entier la pièce, et, dans tous les cas, on la lave, on la gratte-bosse avec soin avec de l'eau contenant du vinaigre, on la lave et on la sèche dans des mottes.

Si la pièce doit être brunie dans certains points et mate dans d'autres, on couvre les premiers avec un mélange de blanc d'Espagne, de cassonade et de gomme délayée dans l'eau, ce qu'on nomme épargne; on la chauffe de nouveau à une chaleur indiquée par la couleur que prend l'épargne; on la laisse refroidir, et on la passe au mat.

Si la pièce doit être brunie en entier, on la chauffe sans épargne et on la plonge, un peu chaude, dans l'acide sulfurique faible; puis après l'avoir lavée, on la brunit.

Le travail dont nous venons de parler est le plus dangereux pour les ouvriers, par la quantité de mercure qui pénètre jusqu'à la main au travers de la partie mince du gant et celle beaucoup plus grande qui se répand en vapeurs dans l'atmosphère. Les ouvriers qui s'y livrent éprouvent bientôt des accidents plus ou moins graves, et la plupart contractent des tremblements qui les mettent bientôt hors d'état de travailler, compromettent gravement leur santé, et même exposent quelquefois leur vie : on peut citer, à ce dernier égard, le funeste événement arrivé, il y a une dixaine d'années, en Piémont, où trois ouvriers périrent en travaillant à une pièce dont la dimension ne permettait pas de la placer sous la cheminée de l'atelier, et qu'ils chauffaient au milieu de l'atelier dans lequel ils travaillaient. On doit à M. D'Arcet des moyens si simples de se préserver de tout accident, que si l'on ne connaissait l'incroyable insouciance des ouvriers pour faire usage des plus faciles pré. cautions, on ne pourrait comprendre l'obstination que la plus grande partie des doreurs mettent encore à se servir des appareils perfectionnés que cependant l'autorité les oblige à construire, mais qu'ils négligent, dans beaucoup de cas, de faire fonctionner dans leur travail.

Bruni. On frotte la pièce avec des brunissoirs de sanguine que l'on trempe dans l'eau vinaigrée; on la lave à l'eau froide, et après l'avoir essuyée au moyen d'un linge fin, on la sèche sur un feu très doux.

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