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Mat. On fait chauffer la pièce assez fortement pour brûler légèrement l'épargne; les portions épargnées prennent alors une belle couleur d'or; on les couvre avec un mélange de 40 de sel marin, de 25 de nitrate de potasse et de 35 d'alun, liquéfiés dans leur eau de cristallisation; on reporte la pièce au feu et on la chauffe jusqu'à ce que la couche saline devienne homogène, presque transparente et se fonde; on plonge alors subitement les pièces dans de l'eau froide, qui détache le sel et même l'épargne; on plonge ensuite dans l'acide nitrique faible; on lave à grande eau, et on sèche au soleil, au feu, ou en essuyant avec un linge fin.

L'opération doit être faite sous la forge, à cause des vapeurs nuisibles qui se dégagent.

Or moulu. Après avoir gratte-bossé la pièce un peu moins que de coutume, on la fait revenir à une chaleur plus forte que pour le mat; et après l'avoir laissée refroidir un peu, on étend dessus avec un pinceau, en réservant les brunis, la couleur formée d'alun, de sel marin et de sanguine, délayés dans du vinaigre; on chauffe sur les charbons jusqu'à ce que la couleur commence à brunir, on plonge dans l'eau et on frotte avec un pinceau imbibé de vinaigre si la pièce est unie, et d'acide nitrique faible si elle est gravée ou ciselée, on lave et on sèche à un feu doux.

Or rouge. On trempe la pièce sortant de la forge à passer, dorée sur buis et chaude, dans un mélange de cire jaune, d'ocre rouge, de vert-de-gris et d'alun, et on la porte sur un feu vif, en activant la combustion avec un peu de mélange que l'on y jette; quand la cire de la pièce est brûlée et que la flamme s'éteint, on plonge la pièce dans l'eau froide, et on la grattebosse avec du vinaigre: si la teinte n'est pas belle, on la couvre de vert-de-gris délayé dans du vinaigre; on fait sécher à un feu doux, on la plonge dans l'eau et on la gratte-bosse avec du vinaigre, et même avec de l'acide nitrique faible si la couleur est trop noire.

En 1816, un fabricant de bronze des plus distingués, Ravrio, avait fondé un prix de 3,000 francs, qui devait être décerné par l'Académie des Sciences au meilleur travail sur les procédés propres à préserver les ouvriers doreurs des accidents auxquels

ils sont exposés. Ce prix fut remporté par M. D'Arcet qui fit, à ce sujet, un travail complet sur cet art important, et parvint, par une étude dans les ateliers mêmes, à faire à cette industrie l'application d'un système de ventilation complet, qui ne laisse absolument rien à désirer. C'est de son mémoire que nous avoris extrait tout ce que nous avons dit sur ce sujet et ce qui nous reste à dire pour compléter cet article, ne pouvant trop regretter que les occupations de ce savant collaborateur ne lui aient pas permis de l'écrire lui-même. Ce travail n'est pas seulement une idée heureuse susceptible de produire de bous effets, il a été fécond en résultats importants; et si les doreurs le voulaient, ils pourraient se préserver de tous les inconvénients attachés à leur art.

Nous décrirons ici la forge complète que M. D'Arcet a fait construire dans un grand nombre d'ateliers, et qu'on ne saurait trop rappeler à l'attention des doreurs.

Après s'être assuré que la cheminée tire bien dans tous les temps, on fait les constructions suivantes :

Fig. 356. Élévation, vue de face, d'une forge complète.

Fig. 356.

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p Fourneau d'appel servant en même temps à chauffer le poêlon au mat; fcendrier de ce fourneau; n t cheminée du même fourneau construite en briques jusqu'au rétrécissement de la grande cheminée s de la forge, et terminée par un tuyau de ¡ôle montant de deux ou trois mètres au-dessus de ce rétrécis

sement.

b Forge à recuire les pièces de bronze: on peut aussi y déro. cher à blanc les pièces dérochées à l'eau seconde, y sécher les pièces dorées et y pratiquer les opérations dangereuses et l'exploitation des déchets.

c Cheminée qui établit la communication entre la forge à recuire b et l'espace d au-dessus de cette forge. Cette cheminée sert à porter les vapeurs nuisibles du dérochage dans la grande

cheminée.

u Baquet à dérocher; a forge à passer; 7 plateau aux brossures; ee charbonnier; o forge à passer au mat; g fourneau à

mettre au mat.

m Ouverture réservée dans le bas de la cheminée du fourneau d'appel, dans laquelle on introduit le col du ballon servant à préparer la dissolution mercurielle. Lorsque le fourneau d'appel est placé dans la forge à recuire ou dans la forge à passer, on peut se servir de cette ouverture pour rendre la préparation de l'amalgame moins dangereuse: il suffit d'ôter le tampon qui ferme cette ouverture et de placer au-dessous le creuset dans lequel on prépare l'amalgame.

i Tonneau dans lequel on plonge les pièces mises au mat; il est placé sous un manteau particulier.

jj Châssis garni de vitres, servant à rétrécir l'ouverture et permettant à l'ouvrier de voir facilement sous la forge : on le rend facilement mobile verticalement au moyen de contrepoids.

hh Rideaux garnis de balles de plomb qui permettent de fermer plus ou moins l'ouverture pour augmenter le tirage. La cheminée générale est partagée en quatre, par des lauguettes qui montent un peu au-dessous du tuyau d'appel.

La dorure des montres donne lieu à des inconvénients du même genre que ceux que nous avons signalés; mais, comme on opère sur de petites pièces, l'appareil exige des dispositions par

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ticulières. Nous décrirons l'un des fourneaux qu'a fait construire

M. D'Arcet pour cette industrie.

Fig. 357. Coupe verticale de l'appareil en tôle.

a Place du tiroir; i carreau de verre

pour éclairer le fourneau; kk gouttière

en tôle dans laquelle entre le chapiteau : elle reçoit le mercure condensé sur les parois.

b Chapiteau de l'appareil.

ll Gouttières pour recevoir le couver

cle c.

On lute l'appareil avec de l'eau, unc dissolution de sel, du sable ou de la cendre que l'on répand dans les gouttières.

s Couvercle mobile pour nettoyer l'intérieur de l'appareil: on peut y substi-, tuer un vase en fer-blanc rempli d'eau pour laver les pièces dorées.

Fig. 357.

nuisibles.

Fig. 358.

hh Poignées pour porter l'appareil. m Tuyau servant à conduire les vapeurs Fig. 358. Vue de l'appareil monté. d Tiroir en tôle dans lequel on place un pot de terre cuite, rempli de poussier de charbon et de braise pour recuire les pièces.

e Ouverture destinée à faire rentrer dans la boîte en tôle les vapeurs qui n'y seraient pas parvenues par la porte q, r, u, t; ces vapeurs s'élèvent jusqu'à

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la petite hotte en verre placée en avant du fourneau, et sont entraînées par l'ouverture e placée à la partie supérieure de

cette hotte.

mm Tuyau disposé de manière que le mercure qui se condense retombe par le tube o dans le vase p plein d'eau; il se

rend au-dehors par un carreau de la croisée ou dans la che minée de la pièce: on peut en accélérer le tirage au moyen d'un quinquet placé au dessous.

n Clef pour régler le tirage.

Traitement des déchets des ateliers de Doreurs.

La valeur de la matière employée dans l'art du doreur rend nécessaires des procédés pour la retirer de tous les déchets des opérations. Nous allons les indiquer successivement.

Eaux de dérochage. Elles sont acides et renferment du caivre, du fer et du zinc; lorsqu'elles sont anciennes, le zinc qui s'y accumule précipite le cuivre.

Si l'on a employé l'acide sulfurique, on peut en précipiter tout le cuivre par le moyen de zinc ou de ferraille, on le lave et on le fond, ou bien on le vend comme mitraille.

Si l'eau seconde a été préparée avec de l'acide nitrique, on précipite le cuivre de la même manière, et si l'on voulait avoir des sulfates de zinc et de fer, on traiterait les liqueurs par l'acide sulfurique.

On peut exploiter en même temps la liqueur provenant du traitement des vieilles gratte-bosses.

Eaux blanches. Les eaux provenant de l'égoutture et da lavage de la table sur laquelle on applique l'amalgame, sont acides; elles contiennent en dissolution du mercure et du cuivre, et en suspension des brins de brosse, des fragments de tannée, des fils de gratte-bosses, de l'amalgame d'or, des sels mercuriels insolubles. On les décante, on lave et on sèche la matière que l'on trouve au fond: on la traite par du mercure, qui dissout l'amalgame et le sépare; on passe cet amalgame dans un tamis pour en séparer les corps étrangers, et ensuite à la peau de chamois; on met ensuite dans la liqueur des lames de cuivre, qui précipitent tout le mercure, que l'on distille; le résidu est fondu avec un peu de nitre et de borax pour obtenir le peu d'or qu'il

renferme.

Cendres de la forge à passer. Après les avoir tamisées pour en séparer le charbon et les matières grossières, on les lave pour en retirer l'amalgame, et on les traite comme les cendres d'orfèvres.

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