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Brossures du plateau. C'est un mélange d'amalgame de cendres, de poussière, de débris de charbon, de crins de la brosse, etc. Après les avoir délayés dans l'eau, on y verse de l'acide nitrique à 36°, en petite quantité à la fois, à cause de l'effervescence; on sépare les charbons et tout ce qui nage à la surface, et on décante pour avoir l'amalgame : la liqueur peut être réunie aux eaux blanches.

L'amalgame distillé donnerait de l'or à bas titre, à cause du cuivre qui s'y combine; on le traite par l'acide nitrique à 36°, qui dissout d'abord du mercure; mais bientôt le cuivre le précipite et en prend la place. Quand la liqueur renferme un peu de mercure, ce dont on s'assure lorsqu'elle précipite par du sel marin, on la décante et on lave l'amalgame : quant à la liqueur, on précipite le cuivre par le fer.

Cendres du fourneau à passer au mat. Elles renferment de l'or entraîné par le mélange salin employé; on les traite comme cendres d'orfèvres.

Liqueur et dépôt du tonneau à mettre au mat. L'eau, légèrement acide, marque 5 à 6o à l'aréomètre; elle ne renferme pas ordinairement d'or, mais les boues en contiennent : on peut les traiter par différents procédés.

Si la liqueur renferme de l'or, on l'en précipite par une dissolution de proto-sulfate de fer; on décante et on lave avec soin. Ces eaux peuvent servir aux fabricants d'alun et aux salpêtriers. Le résidu, recueilli sur un filtre et séché, est fondu avec du salpêtre et du borax, ou avec de la litharge, de la résine et du flux blanc; mais il est difficile à fondre à cause du plâtre et du sulfate d'alumine basique qu'il contient. M. D'Arcet préfère les moyens suivants.

de

On traite le résidu lavé, par l'acide hydrochlorique, qui facilite la dissolution du plâtre et du sous-sulfate d'alumine : l'or reste en suspension avec du sable, de la terre, un peu plâtre et quelques ordures; on le laisse déposer; on décante la liqueur, et on traite le résidu par de l'acide sulfurique faible et beaucoup d'eau, puis on le fond avec de la litharge, 1/100 de résine, du salpêtre et du borax.

Si l'eau du baquet au mat ne contient pas d'or, on la sépare, et on traite le dépôt par un grand excès d'une dissolution de

carbonate de potasse ou de soude; on laisse en contact une dizaine de jours, en agitant fréquemment; on jette ensuite la liqueur, et on traite le résidu par l'acide hydrochlorique en léger excès; on lave, et on fond ce résidu, peu volumineux, qui donne l'or.

Enfin on peut suivre le procédé suivant : on sature par un excès d'acide hydrochlorique les sels calcaires, et on y ajoute un mélange de 3 d'acide hydrochlorique et 1 d'acide nitrique à 36o, on agite souvent pendant quelques jours; et, après avoir laissé déposer, on décante la liqueur dans un pot de grès, et on y verse une dissolution de sulfate de fer pour précipiter l'or, qu'il suffit de recueillir sur un filtre, de sécher et d'amalgamer avec du mercure.

On traite une seconde fois le résidu par l'eau régale.

Boue du baquet à gralle-bosser. Elle renferme de l'or, des fils de la gratte-bosse et du bois; on la lave, et, après l'avoir séchée, on la fait rougir pour brûler le bois, puis on la traite comme les gratte-bosses.

Fieilles gratte-bosses. Elles sont pénétrées de beaucoup d'or; on les fondait autrefois avec du nitre, on les coupellait avec du plomb, ou bien on les tenait quelque temps dans du mercure chaud; mais ces procédés sont coûteux. M. D'Arcet Y a substitué le suivant.

On les distille d'abord dans une cornue de fonte pour en retirer le mercure, et on traite le résidu par l'un des procédés sui

vants :

Mis en contact avec l'acide nitrique ou sulfurique à chaud, le cuivre se dissout, et il reste l'or qu'on lave sur un filtre et qu'on fond avec du borax.

Ou bien on en fond 500 grammes avec 3000 de sulfure de plomb en poudre, et 100 de limaille de fer que l'on recouvre avec 300 à 400 grammes de sel marin décrépité et pulvérisé : on obtient directement l'or fin : les scories fondues avec un peu de limaille de cuivre ou de fer, donnent un second culot d'or qui paie les frais de cette partie de l'opération.

Suie des cheminées. La suie des cheminées de doreurs renferme beaucoup de mercure et de petites quantités d'or; après l'avoir lavée à grande eau, on peut la faire tourner au mercure,

mais M. D'Arcet préfère la passer au tamis pour en séparer les platras, la traiter par l'acide nitrique pour obtenir le mercure, et faire tourner le résidu pour recueillir l'or.

Balayures de l'atelier. Si elles sont trop pauvres pour être traitées à part, on les réunit avec les cendres de la forge à passer et celles du fourneau au mat on les brûle en les plaçant couche par couche, avec du bois et du charbon, sur la sole de la forge; on tamise, on lave et on traite comme cendres d'orfé

vres.

Ramonage des cheminées de doreurs. Les ramoneurs employés à cette opération sont exposés à des accidents graves. Après divers essais, M. D'Arcet propose, pour les en préserver, les moyens suivants qui lui ont bien réussi.

Les doreurs devraient avoir chez eux une veste ronde, un pantalon à pieds, des gants et un capuchon en toile épaisse, d'un tissu serré. Quelques heures avant le ramonage, on devra faire passer de l'eau en vapeur dans la cheminée, et quand le ramoneur sera revêtu des habits dont nous venons de parler, on devra lui placer sur la bouche une éponge mouillée, attachée avec un ruban : le ramoneur étant sorti de la cheminée, on le fera laver, et on pourra lui donner du lait à boire; les habits qui auront servi devront être lavés à grande eau, passés à la lessive et gardés pour l'usage.

On a proposé pour le nettoyage des cheminées des doreurs l'emploi d'une brosse que l'on fait mouvoir à l'aide de cordes, et qui est employée en Angleterre, mais la forme quadrangulaire de nos cheminées en rendrait l'usage moins avantageux, et il ne paraît pas qu'on ait essayé ici de s'en servir; on en trouvera la description, Bulletin de la Société d'encouragement, 1818, P. 32. H. GAULTIER DE CLAUBRY. DOUANES. (Économie politique.-Commerce.) On appelle droits de douanes (en anglais customs) les taxes imposées sur certaines marchandises à leur entrée ou à leur sortie d'un pays. L'établissement de ces taxes remonte à une très haute antiquité. Nous en trouvons la trace, chez les Grecs et chez les Romains, dans les droits qu'ils faisaient payer au blé, et qui formaient une partie importante de leurs revenus. Au moyen âge, les droits de douanes furent considérés comme des impôts sur les profits

des marchands, et ces droits furent toujours d'autant plus élevés qu'on supposait qu'ils atteignaient principalement les marchands étrangers. De là, le caractère exclusif qui, de tout temps, a distingué les douanes et qui distingue encore de nos jours cette institution fatale aux progrès du commerce et de la civilisation. Essayons d'en exposer les principes et les conséquences d'une manière impartiale.

Les droits de douane ont aujourd'hui deux buts différents, celui de grossir les profits du trésor et celui de protéger l'industrie. On comprend fort bien que le fisc s'enrichisse du montant d'un impôt prélevé sur des marchandises qui entrent ou qui sortent; mais on ne s'explique pas aussi aisément comment cet impôt établi sur certaines marchandises, peut contribuer à favoriser dans un pays la prospérité de l'industrie. C'est pourtant cette dernière considération qui est venue en aide à l'institution des douanes et qui les maintient encore de nos jours, en dépit des principes et des vrais intérêts des populations. Il est évident que le droit naturel de chaque homme est de se procurer où bon lui semble, en échange des produits de son travail, les produits du travail d'autrui. Que ces produits viennent d'Asie, d'Europe ou d'Amérique, peu importe; l'essentiel est qu'on puisse se pourvoir à bon marché et en bonne qualité.

Or, toute entrave apportée aux communications de peuple à peuple tend à restreindre le droit naturel qu'a tout homme de tirer le meilleur parti possible des fruits de son travail. Établir un droit sur un produit étranger, c'est condamner l'acheteur national de ce produit à une plus forte dose de travail et de fatigue pour se procurer une chose qu'il eût obtenue avec moins de peine et de dépense, sans l'existence du droit. C'est appauvrir le pays tout entier, excepté une seule classe de citoyens, celle qui profite de la protection de la taxe. En effet, cette taxe a pour résultat de rendre plus chers les produits qui y sont soumis, et par conséquent de profiter à ceux qui les fabriquent dans l'intérieur. Supposons que mille kilogrammes de fer anglais rendus sur nos côtes coûtent 200 francs; s'il existe, comme aujourd'hui, sur cet article, un droit de 270 fr. par mille kilogrammes, il est certain que la même quantité de fer fabriqué en France pourra être vendue 470 fr., sans avoir la moindre supériorité

sur le fer anglais. La France perdra donc 270 fr. par chaque tonne de fer fabriqué sous l'empire du droit.

fr.

C'est ainsi que toutes les industries qui emploient du fer, et elles en emploient presque toutes, se trouveront dans une position défavorable relativement au pays qui n'est point soumis à de pareilles taxes sur le fer étranger. Les machines, les faulx, les limes, les clous, les instruments de toute espèce y seront plus chers et les frais de production plus élevés. Lorsqu'il faudra paraître ensuite sur les marchés étrangers en concurrence avec les producteurs libres de tarifs, la concurrence sera impossible. Calculons maintenant la somme de sacrifices imposés aux consommateurs de la marchandise protégée, et nous verrons à combien de privations ils sont condamnés. Supposons que France consomme par année cinq cent mille tonnes de fer; la perte qui résulterait pour elle du droit actuel de 270 par tonne est de 135 millions de francs. Ces 135 millions de francs ont été enlevés aux consommateurs de fer et les ont appauvris d'un capital qu'ils auraient employé d'une manière assurément fort utile. Il peut même arriver que le fisc n'ait pas reçu un centime de cet énorme impôt, qui n'en a pas moins été payé par les contribuables. Supposons que les producteurs français aient livré leur fer à 468 fr. au lieu de 470, prix auquel fût revenu le fer anglais chargé du droit, il est certain que pas un kilogramme étranger de fer n'aura paru sur notre marché ni payé le droit au fisc, et cependant nos compatriotes n'en auront pas moins payé 468 fr. ce qu'ils auraient pu avoir pour 200 fr., sans l'existence du droit de 270 fr. par tonne.

On ne saurait donc nier que le principal résultat des droits de douane ne soit de faire renchérir, sur le marché intérieur, les articles taxés, de tout le montant de la taxe. Cette taxe est entièrement perdue pour les consommateurs. Profite-t-elle, du moins, aux producteurs? très rarement, comme on va le voir. On ne protége, en général, par les hautes taxes, que les denrées qui n'ont pas, dans un pays, des chances naturelles et positives de succès; car si elles avaient des chances sûres de succès, elles n'auraient pas besoin de protection. Les frais de production des articles protégés sont plus nombreux, plus élevés en France qu'à l'étranger; les profits des entrepreneurs qui les fabriquent

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