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n'est pas ainsi qu'on débite ordinairement lorsqu'on veut obtenir des tenons de fil, mais bien plutôt en inclinant les patrons, ainsi qu'on le voit en d, même figure. Alors on enlève le tenon du côté de fil, et on perce la mortaise dans le bout opposé où se trouve le bois tranché.

Quand la courbe est alongée et que le morceau de bois est étroit, on débite en entre-coupe, ainsi qu'il est représenté par la fig. 333. Alors les assemblages se font à tenons, à clé, en bois Fig. 333.

de fil et rapportés. Si le morceau est peu long et suffisamment large, on débite, un bout de fil,

l'autre bois tranché, approchant comme en d, fig. 332. Il y a, dans ce cas, économie à en agir de la sorte, car l'entre-coupe occasione une perte de bois assez considéra

Fig. 334.

ble; l'entre-coupe en ligne droite, comme lorsqu'il s'agit de débiter des pieds de table, n'entraîne que peu de perte, et la figure 334 fera de suite comprendre comment on la pratique.

Fig. 335.

Si la courbe est en trompe, col de cygne ou toute autre courbe irrégulière, on débite de manière à ce que le bout faible soit en bois de fil et le bout fort en bois tranché : on réserve le tenon sur ce bout faible, et de l'autre bout on assemble avec un tenon en clef de fil rapporté ; la fig. 335 fera comprendre cette manière de débiter. On a pris des bras de fauteuil pour exemple: les tenons de

fil s'assemblent dans les montants du dossier; les tenons en clé sur le sommet des pieds de devant.

Lorsque la courbe est ondulée, comme dans les ceintures de devant des chaises, des fauteuils, etc., on tient toujours les tenons droit fil; et, dans ce cas, plus la planche est large, moins on

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qu'il est loisible d'entre-tailler, lorsque des accidents dans le tissu ligneux peuvent le rendre nécessaire les courbes a b sont en entre-taille. On ne doit débiter ainsi que lorsque le madrier est peu large et très long, sans cela il y aurait perte d'un quart en sus de la perte obligée; les courbes c d ne sont pas en entre-taille, peu importe alors la longueur du madrier à débiter. On remarquera que nous avons réuni dans la même figure en a et b deux exemples de tenons à arrasement double, et en cd, deux exemples de tenons à arrasement simple.

Nous ne pousserous pas plus loin nos exemples: on n'en finirait pas si l'on voulait prévenir tous les cas de l'importante opération du débitage; nous allons terminer par quelques conseils généraux. Pour débiter les bois verts, on doit se servir de scies à dents très écartées, affùtées de deux dents l'une, du même côté; on doit donner beaucoup de voie et tenir les dents droites, en dent de serpent. Pour les bois secs et durs, on prendra des scies à dents moins grosses et inclinées, ayant peu de voie. Il faut que la voie soit donnée également des deux côtés, sans quoi la scie tourne du côté où la voie est plus prononcée, et l'on ne débite point droit, ce qui cause une perte de temps, d'efforts et de matière. Il faut graisser souvent la scie lorsqu'on débite du bois; il faut la mouiller avec de l'eau lorsqu'on débite l'ivoire, la nacre, les os, l'albâtre et certaines autres substances pulvérulentes.

Quoique le mot debiter s'emploie quelquefois en parlant du bois coupé én travers, comme lorsqu'on dit qu'un bois a été débité en grume en forét, néanmoins dans son acception la plus commune, il signifie diviser en long, suivant le fil ou suivant des courbes déterminées, soit par le tracé, soit par des patrons ou calibres. Quant à la manière de débiter le bois en planches,

cartels, solives, madriers, nous renvoyons à l'article Bois et au mot PLANCHE. Cette partie du débitage ayant déjà été traitéc dans plusieurs bons ouvrages, il nous a paru moins indispensable de la faire entrer dans cet article déjà assez long.

PAULIN DESORMEAUX.

DÉBITER, DÉBITEUR. (Commerce.) Ce sont des termes de comptabilité commerciale qui s'emploient pour désigner les personnes ou les marchandises soldées. Ainsi, lorsqu'on fait un paiement à un correspondant, à un vendeur, on débite son compte du montant de la somme qui lui est payée; dans le cas contraire, on le crédite. Voy. COMPTABilité.

DÉBLAIS. V. TERRAsse.

DÉBOUCHES. (Economie politique. Commerce.) On appelle débouche's les lieux où les produits de l'industrie peuvent être facilement et avantageusement écoulés. Ces lieux sont quelquefois très éloignés ou très rapprochés des centres de production; ils peuvent se trouver dans le pays même de la fabrication des produits ou dans des régions qui en sont séparées par de grandes distances: on les désigne alors sous le nom de marché national ou de marché étranger. Ainsi, la Provence est un débouché pour les indiennes de Rouen aussi bien que le Brésil et les Indes orientales; les vins de Bordeaux se consomment à Paris et à Pétersbourg; les fers de Suède sont débités avec un égal succès à Londres et aux États-Unis. La connaissance des débouchés est d'une très grande importance pour les manufacturiers et pour les commerçants; les premiers ne peuvent même travailler avec quelque sécurité s'ils ne savent à l'avance quelle est l'importance du marché ouvert à leurs produits.

Il n'y a pas fort long-temps qu'on apprécie en Europe la valeur et l'influence des débouchés sur la production. Les travaux des économistes ont beaucoup contribué à rectifier les idées généralement reçues sur cette matière délicate. Depuis qu'on a reconnu que les produits ne se payaient en définitive qu'avec des produits, et que la balance du commerce, c'est-à-dire la prétention de vendre plus qu'on n'achète, était une chimère impraticable, il s'est opéré un mouvement de réaction dans la législation des peuples commerçants. Tout le monde a compris que les ventes n'étant autre chose que des échanges, soit qu'on reçût de l'ar

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gent, soit qu'on obtînt des marchandises, il fallait qu'un produit fût soldé par un autre produit, et qu'on s'exposait à périr d'encombrement en refusant d'accueillir les produits étrangers.

C'est un véritable préjugé de croire qu'il n'y a de commerce utile et productif que celui qui consiste à échanger des marchandises contre de l'argent. L'argent est une marchandise comme une autre, et l'on gagne souvent beaucoup plus à opérer ses retours en produits, quels qu'ils soient, qu'en numéraire. Supposons qu'un chapelier envoie une cargaison de chapeaux au Mexique, et qu'au lieu de recevoir des bois de teinture pour solde de ses chapeaux, il soit payé en piastres : ce fabricant sera obligé d'acheter avec ces piastres des bois de teinture en Europe, de seconde main, et il fera probablement moins de bénéfices que si ces bois lui fussent venus directement du Mexique, où il avait expédié ses chapeaux. Supposons encore qu'un négociant de Bordeaux envoie dix barriques de vins en Suède, et qu'il opère ses retours en fers du pays, au lieu d'être payé en lettres de change personne ne doute qu'un tel marché ne soit plus avantageux pour lui, attendu qu'il pourra réaliser sur la vente des fers de Suède en France des bénéfices qui eussent été moindres si le paiement eût été effectué en espèces.

C'est ainsi que la prospérité d'un pays dépend toujours, d'une manière plus ou moins intime, de la prospérité des pays voisins. Qu'une secousse commerciale ou des événements politiques ébranlent le crédit aux États-Unis, et la ville de Lyon éprouvera bientôt le contre-coup de cette crise par la réduction des demandes. La guerre civile qui se fait actuellement de l'autre côté des Pyrénées a suspendu toutes les relations entre la France et l'Espagne. Dans le même pays, quand l'une des provinces qui se servent mutuellement de débouchés, est frappée par quelque catastrophe, il est rare que la catastrophe n'atteigne pas, d'une manière sensible, la province correspondante. Quand la récolte des huiles manque à Marseille, la fabrication des toiles languit à Rouen, parce que le département des Bouchesdu-Rhône paie avec ses huiles les cotonades du département de la Seine-Inférieure. Ainsi s'établit entre les peuples une solidarité parfaite dans la bonne comme dans la mauvaise fortune. Une branche de commerce qui prospère fournit de quoi

acheter, et procure conséquemment des ventes à tous les autres commerces, et quand l'un de ceux-ci vient à souffrir, la plupart des autres languissent.

En général, on remarque que les temps où certaines denrées ne se vendent pas bien, sont précisément ceux où d'autres denrées montent à des prix excessifs; d'où il suit que chacun est intéressé au bien-être de tous, et qu'entre peuples, aussi bien qu'entre citoyens, il n'y a pas de malheur particulier qui n'ait quelque influence sur les malheurs publics. Un homme de talent végète dans un pays pauvre et peu civilisé, qui eût fait sa fortune dans une contrée éclairée et prospère; un marchand se ruine dans un village, qui se fût enrichi dans une ville opulente et industrieuse. Que ferait un manufacturier habile dans les parties sauvages de l'Espagne ou de la Russie? Il y vendrait peu, quoique affranchi de toute concurrence, parce qu'on produit peu; tandis qu'il s'enrichirait dans les districts populeux de l'Europe, où pourtant mille concurrents lui disputeraient la fortune. La raison en est simple; c'est que dans les villes populeuses, le fabricant est entouré d'une multitude de gens qui créent toutes sortes de produits, et qui font, avec la valeur de ces produits, des achats dont leur voisin profite pour sa part.

Tout grand établissement productif vivifie son voisinage. Les environs de Paris et de Londres sont, relativement, plus riches que la banlieue des villes où l'on crée moins de produits. Les États-Unis ont cherché à civiliser les Sauvages pour les transformer en producteurs, et par la suite en acheteurs; car on ne gagne rien avec des peuples qui n'ont rien à donner. Ces principes, aujourd'hui généralement plus répandus et mieux compris, tendent à rendre difficiles les guerres quelles qu'elles soient, parce que la victoire même entraîne après elle des dépenses et des pertes souvent irréparables, telles que celles d'un débouché ! C'est en vain qu'on prétend que les peuples pourraient se suffire et se servir de débouchés pour leurs pres marchandises : outre que l'expérience ne nous a pas encore offert l'exemple d'une nation complétement pourvue de tous les produits qu'elle est en état de créer et de consommer, il y aurait dommage à ne pas demander aux étrangers tous les

pro

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