Page images
PDF
EPUB

pure qu'elle coule sur des terrains primitifs : dans tous les cas elle renferme en dissolution une quantité d'air qui en forme, à peu près, terme moyen, 1/250; cet air se dégage en partie par la congélation, et peut être chassé en totalité en portant le liquide à l'ébullition cet air est beaucoup plus oxygéné que celui de l'atmosphère; car, tandis que celui-ci renferme 21 0/0 d'oxygène, l'air de l'eau en contient de 27 à 28, si on le recueille en totalité, mais si on le fractionne les premières portions en contiennent environ 24 et les dernières jusqu'à 36 p. o/o. La présence de l'air dans l'eau détermine certaines réactions qui donnent lieu à des altérations qu'il est nécessaire de prévenir. Ainsi, l'acide hydrosulfurique dissous dans l'eau aérée donne une liqueur laiteuse, parce que l'oxygène de cet air a brûlé une portion d'hydrogène de l'acide et précipité du soufre ainsi encore, le protochlorure d'étain, dissous dans l'eau aérée, donne un précipité blanc de peroxyde d'étain; ainsi, enfin, l'acide sulfureux, dissous dans la même eau, donne lieu à la formation d'une certaine quantité d'acide sulfurique.

En portant l'eau jusqu'à l'ébullition, et la laissant refroidir sans le contact de l'air, si elle doit être employée froide, on lui fait perdre celui qu'elle renferme, et elle cesse alors de produire les effets dont nous avons parlé.

L'eau qui coule sur des terrains primitifs, celle qui provient de la neige, de la glace et de la pluie, sont sensiblement pures; mais lorsque les terrains sont calcaires, renferment de la chaux sulfatée, des pyrites, etc., ce liquide peut renfermer toujours en dissolution, une plus ou moins grande quantité de ces substances ou de celles qui peuvent provenir de leur altération; dans quelques cas, l'eau devient seulement impropre à quelques usages; dans d'autres elle ne peut plus servir à aucuns. Comme pour un grand nombre d'opérations industrielles il est nécessaire d'employer de l'eau pure, ou qu'il faut au moins pouvoir reconnaître la nature des substances qu'elle renferme, nous devons indiquer ici les moyens de reconnaître la présence et de déterminer la nature des matières étrangères qui y existent le plus ordinairement.

Lorsqu'une eau est limpide, sans odeur, sans saveur sensible, on a la présomption qu'elle est pure; elle pourrait cependant

renfermer encore une petite quantité de diverses substances, par exemple, un peu d'acide carbonique et quelques sels.

Si l'eau a une odeur désagréable, elle renferme ou des matières organiques en décomposition, comme celle des marais, par exemple, ou de l'acide hydrosulfurique, ou quelques sels ammoniacaux.

Si, sans avoir d'odeur, elle offre une saveur plus ou moins forte, elle contient, sans aucun doute, des sels, et peut-être quelques autres substances en dissolution.

Les moyens très simples que nous allons indiquer permettent toujours suffisamment de déterminer la qualité de l'eau.

Évaporée, l'eau pure ne laisse aucun résidu; celle qui est plus ou moins impure en donne un qui est sans couleur s'il est formé seulement de sels, et coloré s'il renferme des substances organiques ou du carbonate de fer. Son poids indique le degré de pureté de l'eau : quand il monte seulement à quelques millièmes, l'eau peut être considérée comme sensiblement pure. Si le résidu, rougi, développe l'odeur des cornes brûlées, on est assuré de la présence de matières organiques azotées si on le mêle, avant de le rougir, avec un peu de chaux ou de potasse, il se produit alors un dégagement d'ammoniaque. Mais comme cet effet pourrait être dû à des sels ammoniacaux, alors, il faut renouveler l'essai sur une certaine quantité d'eau fortement concentrée : l'odeur ne se fera sentir que si ces sels existent.

Une eau de cette nature ne peut servir à presque aucon usage, même quand on la distille : si l'opération n'est pas conduite avec précaution, le produit est de mauvaise nature; en général, quand on veut obtenir une eau distillée très pure,'il faut la distiller lentement et n'en recueillir qu'une partie.

Un très grand nombre d'eaux renferment de l'acide carbonique qui ne s'en sépare que très incomplétement par l'ébullition, et qui passe avec le produit distillé. Pour éviter cet inconvénient, il faut placer dans l'alambic une certaine quantité de chaux éteinte qui l'absorbe entièrement.

Pour constater si une eau renferme des sels en dissolution et en connaître la nature, on la met en contact avec quelques réactifs.

La teinture ou le papier de tournesol indiquerait par sa couleur rouge, qu'il prendrait l'existence d'un acide.

L'oxalate d'ammoniaque, ou mieux l'acide oxalique, donne avec la chaux un précipité blanc.

Le chlorure de barium en forme un semblable lorsque l'eau renferme quelque sulfate ; ce précipité est indissoluble dans un excès d'acide nitrique ou hydrochlorique purs.

Le nitrate d'argent donne avec les chlorures un précipité blanc caillebotté, insoluble dans les acides et soluble dans l'ammoniaque.

L'eau de savon se coagule lorsqu'on y mêle une dissolution de sulfate ou de carbonate de chaux; cette même dissolution est impropre à cuire les légumes.

Ainsi, une eau renfermerait un sulfate, si elle précipitait en blanc par le chlorure de barium; un sel de chaux, si l'acide Oxalique formait un précipité semblable; un chlorure, si elle donnait un précipité blanc caillebotté avec le nitrate d'argent; et probablement elle renfermerait du sel marin, du sulfate de chaux, peut-être du carbonate de chaux.

Lorsque la quantité de sels que l'eau renferme est très petite, cette eau peut servir à presque tous les usages; mais elle y devient impropre, lorsque la proportion est plus considérable, parce qu'elle devient susceptible de décomposer ou d'altérer un grand nombre de substances; les essais que nous avons indiqués peuvent éclairer beaucoup sur leur nature et leur proportion. L'eau peut renfermer aussi des substances organiques qui altèrent beaucoup certains produits, à la confection desquels elle serait employée; c'est ce qui arrive, par exemple, quand elle sert au BLANCHIMENT DES TISSUS il peut résulter de la présence de ces corps des taches qu'il serait très difficile ou même quelquefois presque impossible de faire disparaître. Plusieurs établissements ont dû leur manque de prospérité ou même leur ruine à des circonstances semblables.

[ocr errors]

Purification et conservation de l'eau. Dans un très grand nombre de circonstances et particulièrement à la suite des pluies ou des inondations, l'eau devient trouble, et souvent à un degré tel qu'il est impossible de s'en servir comme boisson, ou pour la cuisson des aliments; le repos, même prolongé, ne suffit pas pour l'éclaircir complétement, et on parvient difficilement à la rendre claire en lui faisant traverser une couche de

sable qui a peine à retenir les matières terreuses très divisées qu'elle charrie.

En outre, par son mélange avec les eaux pluviales et ménagères et celle des égoûts dans les grandes villes, ou en aval de ces villes, ou par le contact de grands amas de matières organiques en décomposition, l'eau devient souvent plus ou moins infecte, et sa purification est indispensable pour l'employer aux usages domestiques. On l'obtient par l'action du CHARBON (Voy. ce mot), qui a la propriété d'enlever les gaz qui produisent l'infection. Comme c'est particulièrement dans des appareils particuliers appelés FONTAINES, que l'on opère, nous renverrons à cet article les détails relatifs à leur construction, nous bornant à rappeler ici, que le charbon, dont la propriété absorbante est si considérable, qu'il suffit pour rendre absolument inodore l'eau des ruisseaux ou celle dans laquelle des animaux se sont putréfiés, n'exerce d'action que sur les matières déjà décomposées, et que par conséquent une eau devenue inodore peut reprendre, après quelque temps, son infection, quand elle renferme encore des substances organiques qui éprouvent la décomposition, après qu'on l'a séparée du charbon.

Ainsi la filtration enlève les matières qui se trouvaient suspendues dans l'eau, et le charbon absorbe les gaz que l'eau pouvait renfermer: le rôle de ces deux substances y est absolument distinct.

L'existence de substances organiques ou d'êtres organisés dans l'eau, donne lieu à une action qu'il est facile de prévoir, sur-tout si, conservée dans des tonneaux, elle trouve dans son contact avec le bois, une cause nouvelle d'altération qui se détermine bientôt, et rend l'eau puante et impotable si la nécessité ne force à en faire usage; c'est sur mer que cet inconvénient se presente au plus haut degré, et ce n'est pas le plus petit inconvenient des voyages de long cours.

La propriété reconuue par Lowitz, au charbon, de conserver Feau sans alteration, avait été mise à profit avec un très grand avantage à bord des vaisseaux; mais l'obligation de charbonner l'intérieur des tonneaux diminuait leur solidité, et la forme de ces vases ne permettant pas de profiter, aussi avantageusement que possible, de l'espace qui leur était destiné dans le bâtiment,

[ocr errors][ocr errors]

ont engagé la marine anglaise à y substituer des caisses en fer, auxquelles on pût donner les formes les plus convenables ; mais un inconvénient nouveau s'est offert dans leur emploi : l'eau ne se conserve qu'en déterminant l'oxydation du fer, et alors les caisses sont très promptement altérées, sur-tout à cause de la nécessité de remplacer par de l'eau de mer, l'eau douce qui a été consommée.

Pour obvier à cet inconvénient, il fallait donc remplir ces deux conditions: préserver les caisses d'altération et conserver à l'eau la propriété de ne pas éprouver d'altération. M. DaOlmy y est parvenu par les moyens suivants : il garnit intérieurement les caisses avec un mastic qui en empêche l'oxydation, et place dans l'eau des rognures de fer qui déterminent la même action que les caisses elles-mêmes.

C'est le mastic minéral que l'on emploie à cet usage. Pour l'appliquer, les ustensiles suivants sont nécessaires.

Une chaudière en fer, où l'on jette le mastic en petits morceaux; une cuillère en tôle avec un manche pour puiser le mastic fondu ; une spatule en fer pour remuer le mastic et en déterminer la fusion complète; un fourneau à chauffer les fers trois fers à repasser, épais, à pointes arrondies et trois autres d'une forme convenable pour pénétrer dans les angles des caisses.

Quand le mastic est fondu, l'ouvrier pénètre dans la caisse dont le couvercle n'a pas été posé, verse sur le fond, avec la cuillère, une petite quantité de mastic, et l'étend avec le fer aussi exactement que possible, et pour enduire les autres parties, il retourne la caisse sur ses diverses faces; cette opération est très facile, tandis qu'elle offrirait assez de difficulté si le couvercle avait été placé, et que l'ouvrier se trouverait dans une atmosphère de vapeurs épaisses: quand la caisse est entièrement enduite, on place le couvercle enduit de mastic, on le rive, et il suffit de raccorder les parties mises à nu par les clous, mais le mastic n'a pas souffert.

Pour que le mastic adhère bien, il faut décaper très exactement les surfaces; on les râcle d'abord, et on y passe ensuite une dissolution de soude; les fers doivent être chauffés, mais non rouges, parce qu'on ôterait ainsi au mastic une partie de

« PreviousContinue »