Page images
PDF
EPUB

produits qu'ils peuvent nous fournir à meilleur marché que nous-mêmes. Sans doute, en les créant nous eussions fait une chose utile, mais dont l'utilité ne vaudrait pas ce qu'elle coûte, et ne remplirait pas la condition essentielle d'un produit, qui est d'égaler au moins en valeur les frais de production. La théorie des débouchés conduit donc nécessairement à la réforme des lois de douanes, puisque les douanes n'ont d'autre but que de forcer un pays à s'acheter, lui-même, à un très haut prix des articles que l'étranger lui fournirait à meilleur marché. Les douanes sont une institution essentiellement contraire à la liberté des débouchés et par conséquent à la liberté du travail. Elles empêchent de vendre en empêchant d'acheter; elles tendent à circonscrire chaque nation dans ses limites les plus étroites et à multiplier chez elle ces crises redoutables qui proviennent de l'engorgement des magasins et de la difficulté de vendre, conséquence inévitable de la difficulté d'acheter. Les efforts des hommes éclairés doivent donc se diriger vers l'amélioration des débouchés; et s'il nous eût été permis de citer ici des faits particuliers, nous aurions démontré que la France ne saurait trop se hâter de changer sa législation sur cette matière, si elle veut conserver quelques débris des débouchés jadis si brillants, aujourd'hui si restreints, qui étaient ouverts à ses fabriques. BLANQUI AÎNÉ.

DÉBOUILLIR. V. TEINTURES.

DÉBOURBAGE. V. PRÉPARATION DES MINERAIS.

DÉCAPER. (Technologie.) Dans un grand nombre d'opérations des arts, il est nécessaire d'enlever de la surface des lames de métaux que l'on doit mettre en œuvre, des portions plus ou moins considérables d'oxyde qui en recouvre la surface; on fait quelquefois usage d'une action mécanique, en les frottant avec un corps dur en poudre humecté; dans beaucoup d'autres cas, on se sert de divers acides, soit qu'on y fasse tremper les lames, soit qu'on se contente de les répandre à la surface : l'acide sulfurique et l'acide hydrochlorique sont habituellement employés à cet usage; quelquefois on se sert de vinaigre, ou, ce qui revient au même, de bière ou de farine aigrie. Pour le cuivre, on emploie, dans quelques cas, l'urine en putréfaction, qui agit par l'ammoniaque qu'elle renferme, et que l'on peut toujours rem

placer par l'ammoniaque elle-même. Dans tous les cas, il faut que la surface du métal soit complétement nettoyée de la couche ou des taches d'oxyde qui la recouvrent et devenue tout-à-fait brillante; et, pour conserver le brillant qu'elle acquiert, il faut immédiatement la laver et la dessécher, ou plonger les lames dans l'eau; sans cela l'oxydation s'y développerait avec intensité. Nous verrons, à l'article FER-BLANC, l'emploi du décapage qui, dans l'art du doreur, prend le nom de DÉRochage.

Si la couche d'oxyde est imprégnée plus ou moins fortement dans la lame de métal, le décapage y produit des altérations qui ne peuvent être réparées qu'en grattant la surface.

DÉCATISSEUR. V. DRAP.

DÉCHARGES. V. PAN DE BOIS.

H. GAULTIER DE CLAUBRY.

DÉCHIREURS DE BATEAUX. V. DÉBARDEURS.

DÉCIMAL (SYSTÈME ). ( Physique.) Les diverses mesures dont nous nous servons pour comparer les poids des corps, leur dimensions, leur superficie, leur volume, sont une des bases des transactions commerciales, des opérations industrielles et des recherches expérimentales des savants. C'est assez dire quelle est l'importance d'un système de mesures qui présenterait ce triple avantage de ne pouvoir être altéré avec le temps, d'être le même pour une grande étendue de pays, et de se prêter plus facilement que tout autre aux opérations du calcul. Tel est le système décimal adopté en France depuis la fin du siècle dernier. Les mesures usitées chez nous avant cette époque étaient loin de remplir ces conditions.

Les rois de France et les seigneurs avaient, dans des vues d'intérêt, altéré plus d'une fois les mesures employées dans l'étendue de leurs domaines. Ces mutations portèrent spécialement sur les monnaies. Le temps devait, au reste, amener dans la valeur de ces mesures de grands changements. En effet, on n'avait pas même pris la précaution de conserver des étalons, pour leur comparer, à diverses époques, les mesures employées dans le commerce, et prévenir la variation de ces dernières. Chaque province avait ses mesures : c'était presque une science que les connaître toutes; de là résultaient, pour les habitants des diverses parties du pays, des difficultés et de graves erreurs dans

de

[ocr errors]

les transactions commerciales. Enfin, on ne trouvait nulle part des mesures qui fussent en harmonie avec notre manière de compter par dizaines, centaines, mille, etc.

Philippe-le-Long avait bien ôté aux barons et aux prélats le droit de battre monnaie, et attribué ce pouvoir au souverain exclusivement; mais ses successeurs firent eux-mêmes varier plus d'une fois la valeur des pièces d'or et d'argent, et les autres mesures furent conservées dans les provinces, malgré leur défaut d'uniformité. Plusieurs de nos rois, et entre autres Louis XI, François Ier, Henri II, tentèrent eu vain de faire adopter par toute la France les mesures de Paris: leurs efforts furent infruc

tueux.

Cette utile réforme fut demandée dans plusieurs des cahiers des États-généraux. Déjà depuis long-temps les savants français la réclamaient; enfin, l'Assemblée Constituante, sur le rapport de M. Talleyrand, rendit, le 8 mai 1790, un décret qui fondait un nouveau système. L'Angleterre était appelée par ce décret à s'associer à la France dans cette œuvre de civilisation.

La commission nommée par l'Académie des Sciences fit subir quelques modifications au projet de l'Assemblée, et décida 1o qu'on prendrait pour unité de longueur la dix millionième partie de la distance du pôle à l'équateur, sous le nom de mètre; 2o que toutes les autres mesures de longueur seraient dans un rapport décimal avec cette unité. En prenant pour base les dimensions du globe, on rendait impérissable le nouveau système. En adoptant un système décimal, on donnait au calcul des mesures toute la simplicité possible. Ce second avantage est déjà fort sensible dans les calculs d'argent, et il n'est, sans doute, aucun de nos lecteurs qui n'ait apprécié la prodigieuse différence qui existe entre les comptes par francs, décimes et centimes, et ceux qu'il fallait opérer avec les nombres complexes de livres, sols et deniers. Mais cette différence est sur-tout palpable quand il s'agit d'évaluer les surfaces, comme dans l'arpentage et le toisé, et sur-tout quand il faut calculer des volumes, comme le font à chaque instant les ingénieurs des ponts-etchaussées.

Uu des caractères principaux du système métrique, c'est de lier entre elles toutes les espèces de mesures.

F

3

མི་

Ainsi, l'unité de longueur ou le mètre est le dix millionième du quart du méridien; l'unité de surface pour les terrains est l'are ou carré de dix mètres de côté ; l'unité de volume pour les bois est le stère ou cube d'un mètre de côté; l'unité de volume ou de capacité pour les liquides est le litre, qui équivaut à un cube d'un décimètre de côté ; l'unité de poids ou le gramme

est le poids de la masse d'eau pure qui remplit un cube d'un centimètre de côté, quand elle est aussi dense que possible; enfin, l'unité d'argent monnayé ou le franc, doit peser cinq grammes l'argent y est allié de un dixième de cuivre). Toutes les autres mesures de chaque espèce valent dix fois, cent fois, mille fois, ces unités, ou en sont le dixième, le centième, le millième. Cette liaison des poids, des monnaies et des mesures linéaires, offre une foule d'avantages particuliers qu'il serait trop long de mentionner ici. Ainsi l'expression du volume d'une masse d'eau pure est en même temps celle de son poids; un litre pèse un kilogramme; in mètre cube mille kilogrammes, ou ce qu'on appelle un tonneau de mer.

Ce n'est pas ici le lieu d'expliquer les opérations difficiles auxquelles ont dû se livrer les savants français et étrangers pour mesurer la distance du pôle à l'équateur et fixer la longueur du mètre. Mais nous ne devons pas laisser croire à nos lecteurs que ce problème ait été complétement résolu par les commissaires du gouvernement français. La mesure des dimensions de la terre exige une telle habileté dans les opérations géodésiques, une telle connaissance et des sciences physiques et du calcul, qu'on devait s'attendre à bien des erreurs, à bien des divergences entre les résultats obtenus par les observateurs et par les autres savants qu'on chargea plus tard de revoir leurs travaux. Quoi qu'il en soit, on admit pour la longueur du mètre 443 lignes et de l'ancienne toise de France; et un mètre de platine qui, à la température de oo, avait cette longueur, fut construit par les soins de l'Académie pour servir d'étalon.

1000

Le fameux astronome Delambre, l'un des commissaires chargés de mesurer le méridien, avait reconnu des erreurs dans les calculs sur lesquels reposait cette détermination du mètre, et, de sa pleine autorité, il avait changé les résultats reconnus par la loi. Les corrections adoptées par les savants depuis cette époque, et indiquées dans la plupart des ouvrages, laissent

[ocr errors]

encore quelque chose à désirer; et il n'y a pas long-temps que les savantes recherches d'un physicien que nous avons déjà cité dans cet ouvrage, de l'auteur de la Petite Physique du Globe, l'ont conduit à une nouvelle estimation du mètre plus exacte que celles qu'on avait données avant lui. Cette estimation résulte de la comparaison des mesures des arcs du méridien faites jusqu'ici; elle est de 443 lignes 39/100.

Ce serait à tort qu'on tirerait de ce qui précède, cette consé. quence, que le mètre admis en France doit être changé, et avec lui tout notre système de mesures nouvelles. Sans doute le mètre de 443 lignes 296/100 n'est pas la dix millionième partie du quart du méridien, quand on le prend à la température de la glace, comme on le croyait d'abord; mais il correspond exactement à cette fraction quand on suppose qu'il ait reçu un alongement convenable par une élévation de quélques degrés. SAINTE-PREUVE. DÉCOLORIMETRE. (Chimie industrielle.) Lorsqu'il s'agit de déterminer la valeur réelle d'un charbon décolorant, il faudrait pouvoir le faire agir dans des circonstances données, sur une liqueur étalon qui pût toujours être reproduite: c'est une difficulté qui n'a encore pas encore été surmontée entièrement; cependant l'appareil que M. Payen a fait connaître sous le nom de décolorimètre, peut être utilement employé. Nous le décrirons ici, en renvoyant à l'article NOIR ANIMAL, ce qui a rapport aux divers moyens que l'on peut mettre en usage pour parvenir au même but.

[blocks in formation]

Le décolorimètre se compose d'un tube horizontal en cuivre AA, fig. 337, dans lequel entre fortement un autre tuyau de même substance BB ouvert par cette extrémité. Les deux extrémités opposées des deux tubes sont fermées par des disques en verre. Sur la

« PreviousContinue »