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On dame aussi les gros pavés afin d'en assurer la stabilité, et l'on se sert ordinairement à cet effet d'un pilon en bois d'environ i mètre 30 centimètres (4 pieds) de hauteur, et 16 centimètres (6 pouces) de diamètre, plus ou moins chargé de fer par en bas et pesant de 20 à 40 kilogrammes environ, qu'on manie au moyen de deux anses à peu près en demi-cercle, auquel on donne le nom de dame, damoiselle ou demoiselle.

GOURLIER.

Voir au surplus PAVAGE, TERRASSE, etc. DAMAS. (Métallurgie.) Acier sur lequel on distingue des dessins moirés, jaspés, fibreux, tourbillonnés. (V. ACIER.) DAMASQUINER. (Technologie.) Tracer sur des lames d'armes ou de couteaux des linéaments en or ou en argent, imitant le dessin des damas. Telle est la définition générale de ce mot. Mais l'art du damasquineur ne s'est pas renfermé dans ces limites étroites: il s'est étendu à toutes sortes de gravures, de ciselurcs et d'ornements destinés à relever le prix des lames riches sur lesquelles l'or, l'argent, l'azur, ont brillé dans des dessins étudiés d'armoiries, de devises et d'emblèmes. De nos jours, les armes sont moins ornées, parce qu'elles ne sont plus le caprice du riche. Dans notre siècle positif, la qualité seule fixe l'attention; et si l'on voit encore quelques fusils de prix, on n'accorde ce prix élevé qu'à leur bonté supposée, bien plus qu'aux ornements qui les décorent. Il serait donc hors de saison d'entreprendre une description détaillée d'une opération que fort peu de nos lecteurs seront tentés de répéter jamais. Cependant nous devons en donner quelque aperçu, ne fût-ce que pour satisfaire une curiosité légitime.

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S'il s'agit de damasquiner une lame quelconque, ou des planches d'acier devant servir à des usages particuliers, tels que garnitures de manche, anses, etc., il faut entreprendre ce travail avant la mise en place de l'objet. Supposons qu'il s'agisse d'une lame de sabre après qu'elle aura reçu un poli préparatoiré, avant qu'elle soit trempée, on la mettra sur un feu doux pour la faire bleuir. Si l'artiste qui veut damasquiner est habile graveur, il se contentera de cette opération. S'il n'a pas une main légère, s'il ne grave pas à main levée, comme cela se rencontre souvent dans l'orfêvrerie, il étendra sur la lame chaude une composition faite avec 45 grammes(1 once 1/2) de cire

vierge, 30 grammes (t once) de mastic en larmes et autant de spath calciné, broyé bien fin. On commence par faire fondre la cire ; on saupoudre avec le mastic bien broyé, qu'on mélange peu à peu en remuant le tout. Quand ces deux matières sont bien mélangées, en les tenant toujours sur un feu doux et les agitant sans cesse, on met le spath peu à peu et en le mélangeant bien. C'est avec des rouleaux de cette pâte qui se durcissent lorsqu'ils sont refroidis, qu'on frotte sur la lame à l'endroit où l'on veut faire des damasquinures; puis on noircit la lame à la fumée d'une lampe ou d'une chandelle. C'est sur cette partie noire qu'on dessine avec une pointe obtuse d'acier trempé bien dur, en ayant soin d'appuyer assez pour que le dessin traverse la couche de composition et découvre l'acier. On fait alors, avec la même composition ramollie au feu, un petit encadrement haut de7 millimètres (3 lignes environ), autour de la place dessinée, et l'on verse dans le bassin que forme cet encadrement, de l'acide nitrique étendu d'eau et ramené à 25 degrés, mélangé avec un peu de vinaigre et de sel de cuisine on laisse l'acide mordre dans le métal. Lorsqu'il a produit son effet, on le remplace par une nouvelle addition d'acide, si on juge que les traits ne sont pas assez pro fonds; mais ordinairement une seule mise suffit; les traits sont assez profonds alors pour ne point redouter de faire des échappées. On renverse l'acide, on étend celui qui reste avec de l'eau, on fait chauffer la lame pour en ôter la composition, on l'essuie bien, et dans cet état elle est préparée à recevoir l'action du burin.

Si, comme nous venons de le dire, l'artiste est sûr de sa main, il s'épargne toute cette préparation : après avoir coloré l'acier, soit par le feu, soit en le frottant avec une corne lorsqu'il est très chaud, soit même en le recouvrant d'une couche de cire et de noir de fumée, il fait son dessin avec la pointe dont nous venons de parler, qui raye assez profondément pour qu'un burin habile retrouve les contours.

Qu'on ait agi de l'une ou de l'autre manière, l'opération suivante est la même dans les deux cas.

L'artiste, armé d'un burin plat, affûté court, mais très vif commence à inciser l'acier de la lame, en faisant pénétrer son burin le plus profondément possible; car la profondeur du trait doit

presque égaler le diamètre du fil d'or ou d'argent qui doit ensuite y être inséré au fur et à mesure qu'il coupe le métal; et sans attendre que tout le dessin soit achevé, il introduit dans le trait le fil de métal et l'y fait tenir en le poussant avec un instrument presque tranchant et arrondi vers la pointe qu'il nomme repoussoir, puis, avec ce même instrument, ou un autre qui lui ressemble et qui se nomme mattoir, il refoule sur le fil inséré les bavures qui se sont levées lors du passage du buriu. De cette manière il emprisonne le fil de métal dans l'acier. I recommence alors à se servir de son burin, et ainsi de suite, jusqu'à ce que le dessin soit achevé.

S'il veut conserver en relief le fil de métal, il se contente, avec un mattoir, dont le bout présente une petite rainure et qu'il met à cheval sur le fil, de le brunir et de le lisser; mais le plus souvent, on veut que la damasquinure affleure; alors, soit avec une lime douce, soit avec un pierre à polir, il enlève toute la saillie du fil. Après quoi il ne s'agit plus que de donner le dernier poli à l'ensemble, et à mettre la lame au feu pour la bleuir, s'il s'agit de lui donner cette couleur qui rend plus visibles les linéaments de la damasquivure.

Tel est, en gros, l'opération du damasquineur; nous disons en gros, car dans la description de l'exercice d'un talent qui demande un long apprentissage, nous avons dû nécessairement passer beaucoup de choses sous silence; nous espérons cependant que, d'après le peu que nous en avons dit, on prendra une idée suffisante de ce travail difficile. PAULIN DESORMEAUX.

DANAÏDE. (Arts mécaniques.) Cet appareil, dû à M. Manoury d'Ectot, peut être considéré comme appartenant aux roues hydrauliques du genre de celles dites à réaction. Il produisit une grande sensation dans le monde savant au moment où l'inventeur le fit connaître; mais, sans prétendre qu'il n'a jamais reçu d'application industrielle, nous n'en connaissons aucun exemple, quelques recherches que nous ayons faites à ce sujet. Nous pensons toutefois que l'industrie pourrait en tirer un grand parti, tant à cause de sa simplicité que parce que la danaïde est, parmi les machines hydrauliques, une de celles qui donnent le plus grand maximum d'effet.

La partie principale de cette machine consiste en une cuve

de fer-blanc, aussi haute que large et dont le fond est percé, au milieu, d'un trou circulaire à travers lequel passe un axe vertical en fer qui ne bouche pas entièrement le trou, mais laisse autour de lui un anneau à jour, par où s'échappe l'eau à mesure qu'elle afflue dans la cuve. L'axe tourne avec la cuve sur un pivot et est retenu en haut par un collier.

M. Manoury a eu pour but de transmettre tout entière aux parties solides de la machine, la quantité quelconque de force vive due à l'eau affluant par le haut dans la cuve, pour être employé ensuite par l'appareil lui-même à produire un effet utile, qui ne soit diminué que de la petite quantité absolument nécessaire à l'eau pour s'échapper par l'orifice du fond.

Voici comment il y est parvenu: A l'axe vertical est fixé un tambour également de fer-blanc concentrique, à la cuve et fermé aux deux bouts. Ce tambour, qui tourne avec la cuve, en remplit presque toute capacité, et ne laisse entre sa paroi et celle de la cuve qu'un intervalle de quatre à cinq centimètres. Ce vide s'étend également entre le fond de la cuve et celui du tambour, qui toutefois sont plus rapprochés l'un de l'autre. Entre ces deux fonds se trouvent disposées plusieurs cloisons qui les réunissent, et qui sont dirigées comme les rayons d'un cercle, depuis la circonférence jusqu'au bord de l'orifice annulaire du fond de la cuve.

L'eau arrive entre les deux circonférences du tambour et de la cuve, au moyen d'un ou plusieurs tuyaux qui communiquent avec un réservoir supérieur. Le bas de ces tuyaux répond au niveau de l'eau dans la cuve, où ils sont recourbés pour que l'eau s'écoule horizontalement et tangentiellement à la circonférence moyenne entre celle de la cuve et celle du tambour. La vitesse acquise par l'eau dans la chute depuis le réservoir supérieur, fait prendre à la machine, autour de son axe, un mouvement qui, en théorie, s'accélérerait peu à peu, jusqu'à ce que la vitesse de la machine fût la même que celle de l'eau qui vient du réservoir, de manière qu'il n'y eût plus de choc sensible entre l'eau affluente et celle qui est contenue dans la machine.

Ce mouvement circulaire imprime à la masse d'eau comprise entre les deux surfaces cylindriques du tambour et de la cuve, une force centrifuge avec laquelle elle presse, de dedans en de

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hors, les parois de la cuve. Cette force centrifuge agit également sur la portion d'eau comprise entre le fond du tambour et celui de la cuve, mais avec une intensité décroissante de la circonférence au centre.

La masse de l'eau est donc animée de deux forces opposées l'une à l'autre la pesanteur et la force centrifuge. La première tend à faire sortir l'eau par l'orifice annulaire du fond de la cuve; la seconde tend au contraire à l'en écarter; à ces deux forces s'en joint une troisième, le frottement, qui, dans les machines ordinaires, diminue l'effet utile indiqué par la théorie, en absorbant souvent une portion considérable de la force vive, et qui, dans celle-ci, tourne au profit de la machine; car on conçoit que l'effet serait nul sans le frottement qui s'exerce tangentiellement aux parois de la cuve et du tambour dans le seus de leur mouvement; alors l'eau seule prendrait un mouvement de rotation et n'entraînerait point la machine avec elle.

De la combinaison de ces trois forces, il doit résulter un écoulement plus ou moins rapide par l'orifice annulaire du fond de la cuve; et, moins il restera de force vive à l'eau en sortant, plus il y en aura d'employée à faire tourner la machine, et par conséquent à produire l'effet auquel elle sera destinée.

La cause motrice est le poids de l'eau écoulée, multipliée par la hauteur du niveau supérieur du réservoir au-dessus du fond de la cuve, et l'effet utile est ce même produit, moins la moitié de la force vive conservée à l'eau qui s'écoule par l'orifice annulaire.

Pour faire produire à la danaïde le plus grand effet possible, il faudra donner à la cuve une hauteur plus grande que la moitié de la hauteur de la chute, de manière que la moitié de cette hauteur soit parcourue par l'eau en descendant dans les tuyaux, et que l'autre moitié soit égale à la hauteur à laquelle l'eau est maintenue dans la cuve par la force centrifuge.

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. Cet article est extrait, en grande partie, d'un rapport fait par Carnot à l'Institut. Dans les expériences faites alors par la commission, on a trouvé que l'effet utile était constamment supérieur aux sept dixièmes de la force motrice, et qu'il approchait ordinairement des 75 centièmes de cette force, même sans défalquer le frottement des poulies et la raideur des cordes employées pour ces expériences.

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