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3. Exploitation souterraine des combustibles fossiles.

Les différents combustibles fossiles autres que la tourbe, l'anthracite et le lignite, étaut exploités par les mêmes procédés que la houille, nous ne nous occuperons ici que des méthodes suivies pour l'exploitation de la houille véritable.

Nous rappelerons d'abord ce que nous avons dit plus haut que la houille se trouve toujours en couches plus ou moins inclinées, jamais en filons.

L'épaisseur et l'inclinaison du gite exercent pour les couches de houille comme pour les gîtes métallifères la principale in fluence sur le choix du mode d'exploitation.

Plusieurs circonstances forcent à modifier dans certains cas pour l'exploitation des couches de charbon les procéds suivis pour celle des minerais métallifères. Telles sont la r reté des matières stériles pour remblayer, matières que le gate. souvent composé entièrement de houille compacte, est lon de fournir en aussi grande abondance que le gîte métallifere; la nécessité quelquefois d'un aérage très vif pour chasser l'air flammable qui tend à remplir les travaux; la nécessité de se procurer la houille en gros blocs pour les besoins de l'industrie, la nécessité d'abattre rapidement les massifs, afin que la pression du toit et l'action de l'air ne détériorent pas le charbon, enfi le danger des inflammations spontanées dans quelques cas.

A. Les couches étant peu ou moyennement épaisses (dur demi mètre à 3 ou 4 mètres environ) et inclinées sous un angk quelconque.

On suit pour les exploiter deux marches principales:

La première consiste à pousser, à partir du puits ou de la ga lerie à travers bancs qui atteint la couche, des galeries de toute sa hauteur, avec ou sans remblais derrière soi, en laissant subsister pour soutenir le toit des massifs ou piliers de charbon que plus tard on abat en totalité ou en partie, ou que l'on abandonne dans la mine..

L'abattage des massifs ou piliers se nomme dépilage et s'o père toujours plus facilement que le percement des galeries, puisque les massifs ou piliers se présentent toujours dégagés sur plusieurs faces. La largeur des massifs et des galeries dépend de

la consistance du toit, de celle du charbon, etc.; on donne aux galeries la plus grande largeur possible, afin de diminuer le nombre des entailles et d'augmenter le volume des blocs qu'on abat.

La seconde marche consiste à tout enlever devant soi et à remblayer par derrière en se ménageant un chemin à travers les remblais pour revenir au puits ou à la galerie d'extraction. Chacune de ces méthodes générales est susceptible de modifications importantes que nous allons indiquer.

Quelque soit la marche adoptée, on commence toujours par percer, à partir du puits d'extraction, une galerie suivant la direction et souvent une galerie suivant l'inclinaison, qui servent à explorer la couche jusqu'à une grande distance du puits principal d'extraction.

On divise ensuite quelquefois la couche en massifs ou piliers par des galeries croisées; mais cette subdivision de la couche n'a pas toujours lieu comme pour les minerais métallifères, nous en verrons plus loin la raison.

A Liége, en Belgique, on pousse dans les couches de larges galeries d'exploitation (tailles) T,T, parallèles entres elles et séparées par des murs de charbon M, M', et on les remblaye derrière soi en se ménageant un chemin à travers les remblais (fig. 451).

La direction des tailles dépend, comme dans les gîtes métallifères, de l'inclinaison du gîte et en outre de la direction des fissures naturelles du charbon.

On n'abat le charbon que le jour, et la nuit des ouvriers poussent à l'extrémité de chaque taille des trous de sonde en patte d'oie, a, a', pour explorer la

fig. 451.

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couche et reconnaître les vieux travaux ou les cavités naturelles remplies d'eau ou de gaz au milieu desquels on exploite.

Lorsque l'eau pénètre tout d'un coup dans la galerie par un trou de sonde, on la laisse s'écouler, ou si elle est en très grande abondance on bouche le trou avec des tampons en bois, on ferme la taille par une digue et on abandonne cette partie de la mine.

Une grande partie de la couche ayant été explorée au moyen de ces tailles parallèles prolongées à de grandes distances, on commence à abattre les massifs. On attaque d'abord les massifs les plus éloignés du puits d'extraction en commençant par l'estre mité la plus voisine de ce puits, marchant dans la direction des premières galeries ou tailles et remblayant plus ou moins complètement derrière soi. Cette méthode est appelée Méthode par massifs longs.

fig. 452.

En Silésie on pousse également dans la couche des tailles parallèles T,T,T", fig. 452. Mais on ne remblaye pas derrière soi, on se borre à soutenir le toit au moyen d'étais placés au milieu des tailles.

On abat ensuite les massifs en les recoupant au moyen de traverses. On attaque en premier lieu les massifs au point le plus éloigné du puits d'ex

traction en commençant par le massif inférieur M' ou par le massif supérieur M""" suivant que la couche est plus ou moins inclinée. On remonte ordinairement de l'une des premières tailles parallèles T, T', à la taille supérieure, on soutient provisoirement le toit au moyen d'étais et on les retire en recalant pour le laisser ébouler au fur et à mesure qu'on revient vers le puits principal. Cette modification de la méthode par massifs longs prend quelquefois le nom de méthode par massifs courts.

Aux environs de Newcastle on divise les couches par piliers au moyen de galeries croisées nou remblayées.

Tantôt on ne donne à ces piliers que les dimensions rigoureu sement nécessaires pour qu'ils puissent soutenir le toit et on les abat ensuite complètement ou partiellement en atiaquant d'abord les piliers les plus éloignés du puits principal, revenant à reculons vers ce puits et laissant ébouler le toit dans les parties dont on a extrait la totalité du charbon.

La première marche ne convient que lorsqu'on exploite à de petites profondeurs et que le charbon n'a pas une très grande valeur. A de grandes profondeurs on serait obligé d'abandon

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ner des massifs de charbon très épais pour résister à une plusforte pression et la perte serait d'autant plus sensible que le combustible minéral aurait plus de valeur.

Dans ce dernier cas, à Newcastle, on divise le plan des couches à exploiter en un certain nombre de grands carrés dont l'intérieur est subdivisé en piliers, et dont les côtés deviennent les axes de murs de charbon que l'on conserve autour de ces piliers (fig. 453)

fig. 453.

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La mine est ainsi partagée en autant de compartiments distincts. Un éboulement, une inondation ou tout autre accident survenant, ne se fait pas sentir au-delà du compartiment où il a commmencé, et, en donnant des noms particuliers à chacune de ces grandes cases, on se dirige plus facilement dans ces immenses labyrinthes.

Cette ingénieuse disposition des travaux, connue sous le nom de Pannelwork, ou méthode par piliers et compartiments, a été imaginée par M. Buddle, l'un des ingénieurs les plus distingués de l'Angleterre.

Les piliers sont abattus par tranches en disposant les ouvriers par gradins. Les murs de charbon qui entourent les comparti

ments sont également démolis, mais seulement en dernier lies lorsque tous les piliers ont disparu.

Les méthodes qui consistent à enlever la totalité du charbou en s'éloignant du puits principal et remblayant derrière soi, sont toutes comprises sous ces deux titres : Méthode par grande tailles; méthode par gradins.

Déjà nous avons expliqué, en parlant de l'exploitation des massifs métallifères, comment on les abattait par grandes tailles. Lorsque c'est une couche de charbon qu'on exploite au lieu d'une couche métallifère, on ne forme pas de massifs. Dès que la galerie d'allongement, que l'on perce toujours à partir du puits principal, est ouverte sur une grande longueur, on procède à l'abattage du charbon, en plaçant un grand nombre d'ouvriers sur une même ligne qui suit la direction de la couche ou qui est plus ou moins inclinée sur cette direction, selon l'inclinaison de la couche ou la position des fissures régulières. Ces ouvriers pratiquent les entailles en dessous et aux extrémités des massifs. D'autres ouvriers qui les précèdent abattent les grands prismes de charbon, cernés par des entailles au moyen de cartou ches ou de coins placés contre le toit, et enfin, viennent ceux qui recueillent le charbon abattu, le transportent au puits d'extrac fig. 454.

tion, remblayent une portion de l'es pace excavé et posent des étais en bois pour soutenir la portion du toit qu' reste à découvert (Voy, fig. 454),

Lorsque les ouvriers enlèvent tout le charbon à partir de la grande ga lerie d'allongement, il faut qu'ils construisent des murs en remblais ou en maçonnerie pour soutenir le toit de cette galerie qu'il est important de conserver. D'autres fois, ils laissent

subsister des piliers de charbon le long de la galerie. La méthode par gradins (fig. 455) consiste à abattre le charbon par tranches contiguës en plaçant les ouvriers par échelons et remblayant derrière eux. Il suffira d'étudier la figure pour s'en faire une idée nette.

Lorsqu'on n'a pas à craindre un dégagement considérable de

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