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chambre, que le privilége de juridiction établi par l'art. 34 de la charte, suffisait au maintien de son indépendance, à sa dignité, et à la protection qu'elle doit à ses membres, la chambre revint à l'avis de M. le marquis de Malleville, et le rapport des pétitions individuelles devait être fait à la chambre le 22 juillet, lorsqu'une ordonnance royale annonça la clôture de la session qui se fit dans les deux chambres, le même jour, 22 juillet, aux cris de Vive le Roi!

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CHAPITRE VIII.

CHANGEMENS dans l'administration publique.-Retour des députés dans leurs départemens. Conspiration militaire. Naissance du duc de Bordeaux, --Réjouissances. —Promotions et souscriptions faites à cette occasion. Convocation des assemblées électorales. -- Elections et plaintes qu'elles excitent. ADMINISTRATION GÉNÉRALE. — Ordonnances sur les écoles. Nouvelle organisation de l'armée en régimens. — Marine. - Relations extérieures. Finances. Police et justice. — Augmentation du ministère. Convocation et ouverture de la session de 1820

1821.

Nous l'avons déjà dit, l'histoire des peuples, où le régime représentatif est établi, est dans leurs sessions législatives; c'est là que tout se rattache ou se révèle, et après celle que nous venons de parcourir, il reste peu de choses à dire de l'Etat de la France, de la lutte des partis, du système du gouvernement et même des événemens dont quelques-uns seulement sont dans le domaine du hasard.

Déjà l'on avait vu dans le cours même des débats les plus animés, et dans l'incertitude de leur issue, plusieurs révocations ou destitutions de fonctionnaires députés, dont la dissidence, avec le ministère avait, comme celle de M. Stanislas de Girardin, préfet de la Côte-d'Or, été marquée par des attaques plus ou moins hostiles contre son système. Les divisions intestines qui s'étaient manifestées, qui avaient éclaté jusques dans le sein du conseil d'Etat, y faisaient prévoir des changemens; aussi la session n'était pas close, qu'il parut un nouveau tableau du conseil d'Etat, arrêté le 16 juillet, où l'on voyait le nom de M. Benoit, qui en avait été rayé en 1817, à cause de son opposition au ministère d'alors; celui de M. Froc la Boullaye et de quelques autres députés, zélés défenseurs du nouveau système; mais on ne retrouvait sur la liste des conseillers d'Etat, en activité de service, ni M. Royer-Collard, ni M. Camille Jordan, ni M. de Barante, directeur général

des droits réunis, ni M. Guizot, ni quelques autres conseillers ou maîtres des requêtes engagés dans les rangs de l'opposition. On laissait bien aux deux premiers le titre de conseillers d'Etat honoraires; mais leur éloignement du conseil n'en fit pas moins de sensation, à cause de leurs services passés. Les libéraux en tirèrent avantage pour faire valoir ce qu'ils avaient dit lors des élections sur l'incompatibilité des fonctions publiques avec l'indépendance des députés; on leur répondait que l'opinion des conseillers d'Etat exclus, si estimables qu'ils fussent d'ailleurs, était de nature à ne pouvoir plus qu'entraver le système et arrêter la marche du gouvernement où l'on ne pouvait tolérer une dissidence systématique et générale.... Peu de jours après (ordonnance du 19 juillet) quelques préfets furent remplacés sans qu'on ait publié les motifs de leur remplacement; un grand nombre d'autres furent seulement changés de résidence (voyez l'Appendice, liste des promotions page 584). On rétablit les secrétaires généraux de préfectures (ordonnance du 1er août). Un mouvement considérable eut lieu dans les sous-préfectures, sans doute en conséquence du système adopté.

A côté de ces changemens qui semblaient annoncer une réaction politique, il faut observer que le gouvernement, si attentif aux dangers du moment, jetait un voile indulgent sur les fautes on les malheurs du passé; tandis qu'il faisait rayer de la liste des généraux en disponibilité le général Tarayre, il placait le général Cambronne à Lille, et rendait à leur patrie les généraux Grouchy, Clausel et Gilly, encore sous le poids des mesures de 1815.

Les députés dont plusieurs, et surtout les libéraux, avaient quitté ce qu'on peut appeler le champ de bataille, dès le moment que la grande question électorale avait été décidée, furent accueillis dans leurs départemens suivant la prédominance des opinions les plus actives et les plus populaires. A Dijon, à Rouen, à Saint Quentin et dans plusieurs autres villes, on donna aux députés libéraux des banquets, des sérénades et des fêtes par souscription. Dans quelques cités, à l'arrivée des députés du côté droit et du centre, de M. Corbières à Rennes, de MM. Bellart et Bourdeau à Brest, des rassemblemeus composés en grande partie de jeunes gens encore

dans les écoles, se formèrent autour de leur auberge; on lear donna des charivaris, on leur chanta des couplets injurieux, on leur fit même des insultes personnelles que, dans la première effervescence des esprits, on ne put empêcher. A la nouvelle des scènes tumultueuses qui s'étaient passées à Brest (16 et 17 août), lors de l'arrivée de MM. Bellart et Bourdeau, dans cette ville, une ordonnance royale, du 24 août, prononça la dissolution de la garde nationale de Brest, et M. le lieutenant général, marquis de Lauriston, pair de France, y fut envoyé avec le titre de commandant supérieur des 12o et 13o divisions militaires, pour opérer le désarmement général, et prendre toutes les mesures que les circonstances pourraient exiger; circonstances que les proclamations et arrêtés publiés alors par les autorités locales, représentent comme étant de la nature la plus grave. Cependant, à l'arrivée de M. le marquis de Lauriston, qui fixa son quartier général, le 8 septembre à Brest, le désarmement de la garde nationale s'opéra sans résistance, et des mesures d'une fermeté sage y rélablirent complétement l'ordre et la tranquillité.

A côté de ces insultes, faites aux députés royalistes, l'historien doit mentionner des désordres commis, comme par représailles, sur d'autres points et dans une autre opinion; tels qu'à Bordeaux, où M. de Beauséjour, député de la Charente-Inférieure, fut obligé d'invoquer la protection de l'autorité municipale, et surtout à Saumur, d'où M. Benjamin Constant est sorti sous escorte, après des querelles violentes excitées pendant son séjour entre des élèves de l'école militaire et des habitans du pays.

Ces désordres, dont la session a suffisamment expliqué la cause, mais qui n'auraient peut-être attiré, dans toute autre circonstance, que l'attention de la police locale, avaient acquis plus de gravité par les événemens qui se passaient à l'extérieur et dans la capitale même de la France, où l'on venait de découvrir un complot dont une longue procédure, instruite devant la cour des pairs, n'a que long-temps après révélé au public les détails..

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D'après les rapports officiels ou privés, qu'on en fit alors dans les journaux soumis à la censure, le gouvernement était informé

depuis quelque temps que des machinations étaient mises en œuvre pour porter les troupes à la révolte, à Paris et sur quelques autres points. Un certain nombre d'officiers et de sous-officiers des corps en garnison à Paris et même de la garde royale, avaient été séduits (1).

Au milieu du mois d'août, des avis positifs ne permirent pas de douter de l'imminence du danger. Des sous-officiers de la garde royale informèrent leurs chefs des propositions de révolte qui leur avaient été faites, et les aveux de quelques autres qui s'étaient d'abord laissés entraîner dans le complot, achevèrent d'instruire le gouvernement de tout ce qui se tramait.

Les conspirateurs, dans la crainte d'étre découverts, et soupçonnant que l'autorité était sur les traces de leurs machinations, prirent la résolution désespérée de tenter, dans la nuit même du 19 au 20 août, leur coup de main. A minuit, des hommes affidés devaient s'assurer des officiers supérieurs de chaque corps, et s'en défaire en cas de résistance. Les officiers qui étaient dans la conjuration se seraient aussitôt rendus aux casernes, auraient fait prendre les armes aux soldats, et auraient annoncé aux troupes assemblées que le Roi était mort. Ils espéraient pouvoir, à l'aide du trouble et de la confusion que cette nouvelle et les bruits mensongers dont ils l'auraient accompagnée, ne pouvaient manquer de produire, égarer la fidélité des troupes, les conduire à l'attaque des Tuileries et de la famille royale, renverser le gouvernement légitime, et proclamer le fils de Bonaparte sous la régence du prince Eugène, ou le rétablissement d'une république.

Il est à remarquer, que quelques jours avant l'époque fixée, la nouvelle de la mort du Roi avait été répandue dans beaucoup de départemens, et notamment à Metz, à Lyon, à Bordeaux, etc.

Le gouvernement qui suivait les trames des factieux, crut qu'il était temps de les arrêter, et d'éviter par-là qu'ils n'entraînassent dans les voies de la sédition un plus grand nombre d'hommes

(1) Moniteur du 20 août.

Annuaire hist. pour 1820.

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